Contenu du sommaire : Varia
Revue | Etudes rurales |
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Numéro | no 175-176, 2005 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
I. Nouveaux chapitres d'histoire du paysage. Dossier d'archéogéographie
- Les gravures rupestres à parcellaire - Marlène Brocard p. 9 Les gravures à parcellaire, appelées aussi gravures topographiques, datent des Âges du Bronze et du Fer. Interprétées depuis leur découverte comme des représentations planimétriques d'espaces agraires, elles ne sont guère étudiées en tant que telles. L'objet de cet article est de combler cette lacune. L'auteur propose une analyse de morphologie agraire portant sur plusieurs gravures de l'arc alpin. Ces pétroglyphes figurent effectivement des formes agraires et présentent des analogies troublantes avec des parcellaires protohistoriques connus des archéologues qui travaillent sur l'Europe de l'Ouest.þ
- L'émergence de la planimétrie agraire à l'âge du fer - Gérard Chouquer p. 29-52 Dans la masse des changements qui affectent l'espace géographique durant la protohistoire, l'auteur repère et met en évidence l'émergence de la planimétrie à l'Âge du Fer. En quelques siècles, parfois même en quelques décennies, les voies, les habitats et les parcellaires donnent forme à l'espace rural. L'occupation de cet espace passe de l'état de points mal reliés à celui de trames plus continues. Une typologie est suggérée: la planification n'est pas propre à la conquête romaine; elle existe aussi dans les territoires gaulois, avec des formes spécifiques. L'émergence de la planimétrie est un fait irréversible dans la longue durée: elle initie une évolution des formes agraires, qui, malgré l'importance des changements ultérieurs, ne pourra plus s'affranchir de ce qui a été installé à cette époque.
- Sous le bocage, le parcellaire... - Magali Watteaux p. 53-80 Depuis Marc Bloch, le bocage fait partie de la «trilogie paysagère» traditionnelle française et, en dépit de son caractère récent, est considéré comme le cadre incontournable des travaux portant sur l'histoire des paysages de l'ouest de la France. Les derniers résultats de l'archéogéographie et de l'archéologie préventive modifient cette schématisation. En distinguant entre forme en plan et modelé, et entre les différentes échelles en jeu, les archéogéographes ont dissocié le raisonnement sur l'évolution du parcellaire des observations sur le processus d'embocagement. Ils ont découvert que la morphologie de la trame de base renvoie le plus souvent à un réseau auto-organisé et résilient auquel on ne peut attribuer un état-type pour le Moyen Âge. Il faut donc refuser une vision linéaire et travailler sur la dynamique des formes parcellaires dans l'espace-temps des sociétés.
- Assigner et fiscaliser les terres au moyen âge. trois exemples - Cédric Lavigne p. 81 Longtemps associée aux défrichements et au gonflement des terroirs qui caractérisent la période des XI-XIIIsiècles, l'étude des parcellaires ouvre aujourd'hui sur une autre réalité historique qui est la «reprise», tant aux marges qu'au c ur de l'Europe, d'un processus de colonisation agraire qui, dans son essence, procède moins du développement des campagnes que de l'affirmation du pouvoir royal et de la construction de l'État moderne. Après avoir analysé les différentes pratiques de l'assignation des terres, l'auteur montre que, si celle-ci répond à la nécessité de planifier l'installation de colons exogènes dans un contexte de conquête territoriale (cas de la péninsule ibérique), la colonisation répond aussi au souci d'asseoir une rente foncière, fondée sur une norme métrologique et fiscale (cas de la France méridionale). Dans les deux cas, notaires et arpenteurs contribuent à gérer l'assignation dans l'espace et dans le temps, participant des nouvelles normes juridiques et réglementaires imposées et diffusées par la renaissance de l'État.
- La transmission de la « nature » et du « rural » dans la ville : le cas de tours - Hélène Noizet p. 109-128 L'étude, dans la longue durée, des modes de transmission des informations spatiales sur le site de la ville de Tours atteste l'importance du rôle des chenaux fluviaux et du parcellaire rural dans le processus dit urbain. La cohérence entre la nature, le statut et la chronologie d'objets très différents est morphologique, et il faut inventer des notions hybrides pour en rendre compte. Ainsi du concept de «corridor fluviaire» appliqué au castrum de Saint-Martin, hypothèse au centre du propos.
- Les gravures rupestres à parcellaire - Marlène Brocard p. 9
II. Varia
- Jardins d'île, jardins de ville au Vanuatu - Delphine Greindl, Virginie Lanouguère-Bruneau p. 129-148 Au Vanuatu, les jardins fournissent l'essentiel de la nourriture à 80% de la population. Mais ils sont aussi et surtout un lieu affectif où s'exprime une identité sociale. Une étude comparative menée sur deux groupes de même origine mais vivant, l'un en zone rurale (Mota Lava, îles Banks), l'autre en zone urbaine (Mango, île de Santo), montre que si des contraintes extérieures conditionnent l'organisation, la composition et l'utilisation de leurs jardins respectifs, ceux-ci continuent néanmoins à refléter les coutumes et les traditions de l'île d'origine de ces populations.
- Être maître de l'étang : Histoire d'une appropriation de l'eau au XIX siècle en Dombes - Vanessa Manceron p. 149-166 À l'heure où la Dombes est le théâtre d'une polémique sur l'assèchement des étangs et que sont discutés les principes de droit qui régulent l'appropriation de ces derniers, une élite citadine éprise d'agronomie et de chasse asseoit son emprise locale par l'entremise du foncier. L'étang apparaît comme l'une des pièces maîtresses de ce processus historique quand, passant d'une propriété collective indivise, il est remembré et aménagé à la faveur du nouvel adage local, selon lequel il convient d'«être maître de l'étang». Cette évolution, qui marque une rupture dans les modes de mise en valeur de l'étang, entérine et confirme une forme de hiérarchie sociale intimement liée aux modalités d'accès à l'eau.þ
- Plantations sucrières chez les paysans sénoufo de la Côte-d'Ivoire et du Burkina Faso - Marie Lorillard p. 167-182 Au sein des plantations agro-industrielles de la canne à sucre en Afrique de l'Ouest, les experts chargés du développement productiviste occultent souvent le discours critique que tiennent les paysans locaux vis-à-vis du nouveau mode d'exploitation de la terre et de son impact sur l'écosystème. Dans les logiques paysannes anciennes, tout un ensemble de pratiques religieuses était destiné à fixer des limites à une utilisation excessive des ressources naturelles. En affirmant que «le monde est gâté», les cultivateurs traduisent la crise d'un modèle agricole traditionnel et la dissolution des liens sociaux qu'il sous-tendait. Cette expression est le signe de la profonde métamorphose que connaît la société sénoufo qui, si elle a souvent été perçue comme particulièrement fermée, apparaît ici comme un monde en transition.þ
- Le sec et l'humide : Appréciations touarègues des consistances alimentaires au mali - Catherine Hincker p. 183-194 Dans l'ouest du monde touareg (confédérations des Imédédaghen et des Iwellemmeden), la consistance des aliments s'exprime en termes originaux : les aliments «secs» s'opposent aux aliments «humides». Avant d'être consommé, le mil doit être soumis à deux procédés: la préparation et la cuisson. La préparation vise à transformer cette céréale en un aliment «sec» ou «humide». En ce qui concerne la cuisson, la consistance attendue varie selon le plat envisagé : la pâte de mil doit ainsi être compacte et solide alors que sa bouillie doit être fluide et liquide. Caractéristique des Touaregs de cette région, la grande compacité de la pâte de mil ne répond pas au goût des groupes d'agriculteurs sédentaires voisins (Songhay, Dogons, Mandingues), qui préfèrent consommer cette pâte sous une forme gluante.
- Entre christianisme et altermondialisme : le syndicat paysan basque elb - Xabier Itçaina p. 195-214 Issu d'une triple matrice, catholique, identitaire et professionnelle, le syndicat paysan ELB, branche basque de la Confédération paysanne, témoigne d'une lecture originale du lien local-global. Les conditions de sa genèse, les itinéraires de ses militants et ses caractéristiques structurelles font de ce syndicat un réceptacle favorable à l'intégration de la dimension altermondialiste, quitte à se retrouver aux côtés d'organisations porteuses d'intérêts et d'identités parfois hétérogènes. D'un point de vue normatif, le positionnement d'ELB au croisement de quatre projets de société a poussé très tôt le syndicat à «mondialiser» son argumentaire. Son insertion dans des réseaux internationaux atteste cette ouverture. À l'échelle locale, ELB entretient un rapport ambivalent avec les arènes et forums liés à l'institutionnalisation de l'agriculture et du territoire basque et recourt à des répertoires d'action alternatifs.
- Jardins d'île, jardins de ville au Vanuatu - Delphine Greindl, Virginie Lanouguère-Bruneau p. 129-148
- Comptes rendus - p. 215-65535