Contenu du sommaire : Les chiffres choisis de l'immigration
Revue | Plein droit |
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Numéro | no 77, juin 2008 |
Titre du numéro | Les chiffres choisis de l'immigration |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Édito
- Régularisations au compte-gouttes - p. 1-4
Les chiffres choisis de l'immigration
- Des statistiques fragiles et incomplètes - Catherine Borrel p. 5-9 De nombreux chiffres concernant les migrations circulent. Le plus souvent, ils portent sur le nombre d'entrées d'étrangers sur le territoire. Mais ils peuvent aussi concerner le nombre d'immigrés en situation irrégulière ou, de façon plus lointaine, étayer l'accusation de sous-estimation du recensement de la population qui laisserait de côté des centaines de milliers voire plus d'étrangers, ou aller jusqu'à alimenter le soupçon de manipulation du calcul du solde migratoire. Face à ces propos souvent empreints de mauvaise foi, le démographe est un peu désarmé car il ne peut que s'appuyer sur des données fragiles.
- Les démographes doutent mais les politiques savent - Bruno Aubusson de Carvalay p. 10-14 Les chiffres publiés de l'immigration irrégulière doivent être appréhendés avec la plus grande prudence. Tel est le leitmotiv des spécialistes, des démographes mais aussi des commissions chargées d'évaluer la politique d'immigration. Mais les politiques n'ont que faire de ces précautions. Seule compte l'« estimation politiquement utile de l'immigration irrégulière ».
- Le sens des chiffres de l'asile - Luc Legoux p. 15-19 Ces quinze dernières années, le nombre de réfugiés dans le monde a quasiment diminué de moitié, passant de 18 à 9,8 millions, évolution accompagnée d'une forte baisse de la demande d'asile en Europe. Malgré cela, le contrôle des flux de l'asile est de plus en plus au centre des débats. Paradoxe ? Non, simplement le nombre de réfugiés dans le monde n'est plus un indicateur pertinent de l'asile mondial, et le nombre de demandes d'asile en Europe reflète bien moins la situation des droits humains dans le monde que l'efficacité de l'endiguement des flux migratoires. Comme toutes les statistiques, particulièrement celles décrivant des faits sociaux, les chiffres de l'asile ont besoin d'être décodés.
- Une bouche, deux bras - Alfred Dittgen p. 20-23 La politique gouvernementale actuelle vise à décourager l'immigration familiale au profit de l'immigration de travail. Or, plusieurs études menées à partir des statistiques migratoires tendent à montrer que les immigrants adultes de pays tiers, quel que soit leur motif d'entrée en France, sont des personnes d'âges actifs, c'est-à-dire des travailleurs potentiels.
- Bonnes causes, mauvais chiffres - Alfred Dittgen p. 24-25
- Éloignement : la loi du nombre - Serge Slama p. 26-29 Interpellations en nombre, placements en zone d'attente, maintien en rétention de familles entières y compris de très jeunes enfants : tous les moyens sont mobilisés pour atteindre les quotas d'expulsion fixés. La mise en œuvre de cette « frénésie » du chiffre ne peut, bien entendu, se faire sans que les droits des personnes soient constamment et gravement bafoués. L'administration elle-même peine à exécuter cette vague d'éloignements.
- Compter les morts - Emmanuel Blanchard, Olivier Clochard, Claire Rodier p. 30-34 Pourquoi compter les morts de la migration ? Pourquoi se livrer à cette comptabilité macabre en tentant, en l'absence de données officielles, de rassembler les chiffres que parviennent difficilement à recueillir les ONG ? Parce que les victimes de la « guerre aux migrants » sont aujourd'hui une composante indissociable de la politique migratoire menée par l'Europe à ses frontières. Et parce qu'il est indispensable de donner une lisibilité à une situation trop souvent réduite à la fatalité ou au fait divers.
- Des statistiques fragiles et incomplètes - Catherine Borrel p. 5-9
Jurisprudence [Cahier central]
Hors-thème
- Retour forcé au Cameroun : récits d'après-expulsion - Pascaline Chappart p. 35-38 Étrangers irréguliers au regard des règles d'entrée et de séjour en France, ils ont été obligés de quitter le territoire et été reconduits manu militari au Cameroun. Déchus de leur statut social, dépossédés de leur passeport comme de leur projet de vie, ils ont été identifiés en tant qu'étrangers, ressortissants d'un pays tiers sommé de les réadmettre. Que deviennent après leur expulsion ceux qui avaient, nous dit-on, « vocation à retourner chez eux » ? Indésirables « là-bas », en France, le sont-ils également « ici », au Cameroun ?
- Des politiques sexuelles contre les minorités raciales - Judith Butler p. 39-43 Politiques sexuelles et politiques d'immigration sont souvent étroitement liées. Féminisme et politiques sexuelles progressistes sont instrumentalisés pour diaboliser des minorités religieuses et ethniques. L'État, par sa rhétorique de guerre et sa politique d'immigration, cherche à opposer les femmes et les minorités sexuelles aux nouvelles minorités religieuses, alors même que ces identités s'entremêlent : il y a des mouvements féministes musulmans, des organisations homosexuelles arabes, des coalitions diverses où des gens venus de tous ces groupes travaillent ensemble contre les discriminations, l'acharnement policier et la violence d'État.
- Les femmes sont aussi des militantes - Claudie Lesselier p. 44-47 Dans l'article ci-dessous, Claudie Lesselier, du Réseau pour l'autonomie des femmes immigrées et réfugiées (Rajfire), un collectif féministe de défense des droits des étrangères, membre du CNDF (collectif national pour les droits des femmes) et de diverses organisations auxquelles participe aussi le Gisti (RESF, UCIJ, Groupe asile femmes) reproche en particulier au dossier de Plein droit, « Femmes, étrangers : des causes concurrentes ? » (n? 75 décembre 2007) de s'être « focalisé sur les discours » et d'avoir occulté les dynamiques militantes.
- Retour forcé au Cameroun : récits d'après-expulsion - Pascaline Chappart p. 35-38