Contenu du sommaire : Rom n. et adj. : infra-étranger

Les Roms constituent un ensemble de familles migrantes précaires qui, comme d'autres avant elles, vivent en bidonville. Pourtant les autorités publiques peinent à considérer ce qu'elles qualifient de « problème rom » sous les seuls angles du mal-logement et de l'insertion sociale. Est-ce à dire que l'insertion des Roms est trop coûteuse ? Leur prise en charge, qui relève souvent du bricolage, met en lumière les limites du travail social aux prises aux injonctions paradoxales des institutions et du manque de moyens, plus sûrement que les difficultés d'intégration de ces populations.

Lorsqu'il s'agit des Roms, la pratique nous montre que les enquêtes sociales servent avant tout à trier les gens susceptibles de rentrer dans tel ou tel dispositif d'hébergement ou d'insertion. Ici, on ne part pas du principe que toute personne à la rue doit pouvoir bénéficier d'un système de mise à l'abri, mais on admet que, parce que ce système est défaillant, il faut trier les bénéficiaires potentiels.

Après sept ans de démarches, concertations, négociations, relogements provisoires, vingt-huit familles roms vivant en bidonville ont pu s'insérer dans les dispositifs de droit commun, qu'il s'agisse du logement, de l'emploi, de la scolarisation ou de la santé. Une des rares initiatives réussies dans un contexte de pénurie de logement social et de montée de la xénophobie.

Les Roms ne sont pas nomades dans leur très grande majorité. Mais leur non-reconnaissance comme migrants les pousse au « sans-abrisme », c'est-à-dire à la relégation aux marges urbaines. La défense des Roms rejoint alors la lutte contre l'exclusion et le combat contre l'habitat indigne, comme le montre, André Gachet, militant lyonnais de longue date.

Bien que constamment désignés, dans les discours politiques, comme constituant une catégorie à part, aux caractéristiques culturelles particulières et à la marginalité ancestrale, les Roms en sont identifiés par aucun critère légal, ni en droit français, ni dans le droit de l'Union européenne. Comment alors accéder à la citoyenneté européenne et comment l'exercer en termes de liberté de circulation et de droit au séjour ?

Bien que le droit à l'éducation soit affirmé par la Constitution et garanti par la Convention européenne des droits de l'Homme, pour les Roms, ce droit fondamental restait à conquérir dans certaines communes françaises. Mobilisations et actions en justice ont permis que les mairies respectent enfin la loi et renoncent à la ségrégation. Mais au sein de l'Union européenne, les discriminations constatées dans nombre de pays envers les enfants roms ne sont pas encore suffisamment combattues.

« Paresseux et irresponsables ». Les stéréotypes ont la vie dure quand il s'agit des Roms. Quel que soit l'angle de vue, ils ressortent inexorablement. La parentalité et le modèle éducatif des parents roms ne font pas exception. En attendant, les reproches faits aux parents roms, cette déviance par rapport à l'idéal-type de nos sociétés, permettent surtout de ne pas réinterroger le reste, notamment le traitement différencié qu'on leur réserve.

Les discriminations sont légion dans l'accès des étranger·e·s à un titre de séjour, mais celles liées au genre semblent invisibles. Elles existent pourtant et relèvent tant de critères indirectement discriminants dans les textes juridiques que de stéréotypes de genre dans l'instruction des demandes. En fonction du statut visé, ces discriminations peuvent concerner l'un ou l'autre sexe, mais les femmes semblent bénéficier de titres plus précaires qui accentuent leur dépendance.

Les transferts de fonds des migrants vers leur pays d'origine ne cessent d'augmenter ces dernières années, jusqu'à largement dépasser l'aide public au développement. Constituent-ils pour autant cette manne attendue des organisations internationales, susceptibles d'enclencher le développement et de pallier les insuffisances de l'aide publique au développement et des politiques publiques des pays d'origine... et, ce faisant, d'enrayer les migrations ? La réalité semble tout autre.

En 1973, en Allemagne, une vague de grèves déclenchée dans les usines métallurgiques s'affranchit du cadre légal allemand qui fait de l'usine un lieu dé-conflictualisé. Ces grèves introduisent une rupture dans le schéma des relations industrielles allemandes. Celle menée dans l'usine Ford de Cologne a ceci de particulier que la critique de la mobilisation prit la forme d'attaques racistes.