Contenu du sommaire : Varia
Revue | Revue d'économie du développement |
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Numéro | volume 28, no 1, mars 2014 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Prix du mil, politique publique et malnutrition des enfants : le cas du Niger en 2005 - Giovanni Andrea Cornia, Laura Deotti p. 5-36 Entre mars et août 2005, le Niger a fait face à un doublement des prix du mil et à un afflux massif d'enfants en situation de malnutrition sévère vers les centres nutritionnels. L'ampleur et les causes de cette crise font encore débat. Cet article tente d'apporter un éclairage nouveau à ce débat en rapprochant les faits des principales théories sur les famines. L'article montre que la baisse des disponibilités alimentaires enregistrée fin 2004 n'est que très partiellement responsable de la crise alimentaire. La crise alimentaire trouve principalement son origine dans le mauvais fonctionnement des marchés nationaux et régionaux du mil, dans la chute du pouvoir d'achat de certaines parties de la population et dans l'échec des politiques de sécurité alimentaire, d'aide d'urgence et de financement des services de santé.Classification JEL : I 38, O 10, Q 10, Q 18.Between March and August 2005 Niger was hit by a doubling of millet prices and a sharp rise in the number of severely malnourished children admitted to feeding centres. The extent and causes of such crisis remain controversial. The paper reviews the evidence in this regard in the light of the main famine theories. It concludes that the decline in food output recorded at the end of 2004 explains little of the food crisis which was due to the entitlements failure of several household groups, the malfunctioning of the regional and domestic millet markets, and policy mistakes in the fields of food security, food relief and health financing.
- Accès aux infrastructures et affectation du temps des femmes : évidences et cadre conceptuel d'analyse - Pierre-Richard Agénor, Otaviano Canuto p. 37-73 Cet article porte sur l'étude des interactions entre l'accès aux infrastructures, l'affectation du temps des femmes et la croissance économique dans les pays en développement. Dans la première partie, nous examinerons les données probantes démontrant les répercussions de l'insuffisance d'infrastructures sur la capacité des femmes à affecter leur temps à des activités productives. Dans la seconde partie, nous présenterons un cadre quantitatif à l'appui de l'analyse politique, structuré selon un modèle de croissance économique informatisé, à générations imbriquées et différencié par sexe (modèle OLG), qui permet de mesurer ces interactions ainsi que les interactions des effets externes sur la santé au niveau intergénérationnel et intragénérationnel. Ce modèle est ensuite calibré à l'échelle d'un pays à faible revenu (le Bénin) de manière à pouvoir quantifier les effets d'une politique d'amélioration de l'accès aux infrastructures sur l'affectation du temps des femmes et les conséquences de cette mesure en termes de croissance, d'éducation et de santé. Nous examinerons également les retombées de l'analyse politique touchant au renforcement du rôle des femmes dans le processus de croissance des économies en développement.Classification JEL : I15, I25, J16, O41.Access to Infrastructure and Women's Time Allocation : Evidence and a Framework for Policy Analysis. This paper studies the interactions between access to infrastructure, women's time allocation, and economic growth in developing countries. The first part provides a review of the evidence on the impact of poor infrastructure on women's ability to allocate their time to productive activities. The second part presents a quantitative framework for policy analysis, in the form of a gender-based, computable overlapping generations (OLG) model of economic growth that captures these interactions as well as of inter- and intra-generational health externalities. The model is then calibrated for a low-income country (Benin) and used to quantify the impact of a policy aimed at improving access to infrastructure on women's time allocation, growth and education and health outcomes. Implications of the analysis for strengthening the role of women in the growth process in developing economies are also discussed.
- Dynamique de l'emploi au Sénégal : un suivi de cohortes sur la période 1992-2011 - Abou Kane p. 75-105 Le marché du travail du Sénégal est caractérisé par une relative faiblesse du taux d'occupation. Il est largement admis que plus d'éducation conduit à de meilleures chances de trouver un emploi, mais au Sénégal, malgré l'accroissement continu du nombre de diplômés, la structure de l'économie ne permet pas encore d'employer toute cette main-d'œuvre.Dans cet article, nous suivons 32 cohortes d'individus en fonction de leur année de naissance à l'aide de cinq enquêtes nationales réalisées sur la période 1992-2011 par l'agence nationale de la statistique et de la démographie3. Nous avons ainsi pu étudier l'influence de certaines caractéristiques des individus et des ménages sur le taux d'occupation. L'analyse est faite en regroupant d'abord tous les secteurs d'activité, avant de distinguer le public, le privé et l'auto emploi. Quatre modèles ont été estimés en utilisant l'estimateur LSDV (Least Squares Dummy Variables).Les résultats montrent qu'il y a un effet âge, un effet cohorte et un effet taille du ménage. Cependant, ces effets varient en fonction du secteur considéré. Les plus jeunes cohortes ont des taux d'occupation relativement plus élevés, surtout dans le secteur privé. Cela contredit le sentiment le mieux partagé selon lequel les jeunes sénégalais sont relativement défavorisés sur le marché du travail, comparativement aux personnes plus âgées. L'éducation a un impact positif et significatif si l'on regroupe tous les secteurs d'activité, mais le fait d'arrêter ses études au secondaire réduit les chances d'être employé dans le privé. C'est l'enseignement supérieur qui a un impact positif et significatif sur la probabilité de trouver un emploi dans le privé. Les femmes ont moins de chances de travailler, surtout dans le secteur privé.En ce qui concerne la zone de résidence, vivre dans la capitale Dakar ou en milieu rural (au lieu d'être dans les autres centres urbains du pays) augmente la probabilité d'être travailleur indépendant alors que le fait de vivre à Dakar réduit les chances d'être employé dans le secteur public.Classification JEL : J21, J22, J45, J62, O15.Employment Dynamics in Senegal : A Birth Cohort Analysis over the Period 1992-2011Senegalese labor market is characterized by a relative weakness of employment rate. It's widely accepted that more education leads to better situation regarding employment. But in Senegal, despite the increasing number of new graduates, the business cycle doesn't allow them to find a job. In this paper, we followed 32 cohorts by constructing a pseudo panel over the period 1992-2011 to measure the influence of some individuals and households characteristics on the employment rate. The analysis is conducted by pooling together all the business sectors first, before dividing the sample into workers in public sector, private sector and self employed persons. Four models have been estimated by using Least Squares Dummy Variables (LSDV).The results show that there are age effects, cohort effects and households' size effects. However, these variables have different impacts according to the sector considered. The youngest cohorts have relatively high employment rates especially in the private sector ; which contradicts a largely shared feeling that unemployment is a problem only for youth in Senegal. In general, education has a positive and significant effect in the public sector whatever the level, while a secondary education has a positive effect in public and negative in the private sector. In this private sector the tertiary education has a positive and significant effect. Being female reduces the chance of working, especially in the private sector. As regards the residence zone, living in the capital Dakar or rural areas (rather than in other cities) increases the probability of being self-employed while living in Dakar reduces the probability of being employed in the public sector and has any significant effect for the private sector.
- Les émissions de CO2 du Brésil : impact de l'usage des terres, de leur changement d'affectation et de la foresterie - Jérôme Trotignon p. 107-134 L'Equation de Kaya exprime les émissions de CO2 d'un pays en fonction de facteurs économique, démographique et énergétique. Plusieurs travaux décomposent par période, à partir de cette équation, les effets sur les émissions brésiliennes des variables de population, de PIB par tête, d'intensité énergétique (contenu en énergie du PIB) et d'intensité carbonique (contenu en carbone de l'énergie). Ils ne tiennent pas compte des émanations de CO2 engendrées par le secteur UTCATF (usage des terres, changement d'affectation des terres et foresterie). Pour mieux éclairer les enjeux des politiques climatiques, nous proposons une analyse de décomposition des facteurs d'évolution des émissions qui inclut les statistiques du secteur UTCATF. Son influence dans la variation des émissions totales s'avère prédominante, aussi bien comme stimulant sur la période de déforestation massive de 1994-2000, que comme modérateur de 2000 à 2005, année où s'ébauche le programme de déforestation évitée.Classification JEL : CO2, O54, Q23, Q54.CO2 Emissions in Brazil : the Role of Land-Use, Land-Use Change and Forestery
The Kaya identity expresses carbon dioxide emissions of a country according to economic, demographic and energy factors. From this equation, several studies decompose into periods, the effects of the population, GDP per head, energy intensity (energy-to-GDP ratio) and carbon intensity (carbon-to-energy ratio) variables on Brazilian emissions. They do not take into account CO2 emissions generated by the LULUCF activities (Land-Use, Land-Use Change and Forestery). In order to better highlight what is at stake with climate policies, we propose a decomposition analysis of the behavior of the driving factors of CO2 emissions, including the LULUCF sector data. Its influence on the variation of total emissions proves determining, both as a stimulant over the period of massive deforestation of 1994-2000 and as a moderator from 2000 until 2005, the year when the avoided deforestation program was first drafted.