Contenu du sommaire : De la démocratie en entreprise: dialogue social et représentation des salariés

Revue Politiques de communication Mir@bel
Numéro no 2, printemps 2014
Titre du numéro De la démocratie en entreprise: dialogue social et représentation des salariés
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Présentation du dossier. De la démocratie en entreprise - Stéphane Olivesi p. 5 accès libre avec indexation
  • "Rénover la démocratie sociale". Génèse d'une réforme et premiers résultats - Dominique Andolfatto p. 13 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Les relations professionnelles « à la française » ont connu un profond changement de leurs règles en 2008. L'article analyse les débats qui ont conduit à cette réforme ainsi que son mode de fabrication. La réforme a été négociée entre les syndicats, le patronat et l'État, la CGT, la CFDT et le MEDEF imposant leur référentiel (ce qui n'exclut pas des visions tactiques différentes). Deux aspects de l'implémentation de la réforme – la mesure d'audience des syndicats et la transparence de leur financement – montrent que les objectifs poursuivis sont loin d'avoir été atteints. La participation aux élections professionnelles reste contrastée et décline ; le paysage syndical n'a pas été simplifié ; la transparence du financement syndical n'est qu'un formalisme ; la sous-syndicalisation perdure… Manifestement, aucun changement de fond n'est intervenu malgré le chamboulement des règles juridiques. Cela interroge sur les réalités de la « rénovation de la démocratie sociale » qui a été entreprise.
    Industrial relations “à la française” have known a deep change of their rules in 2008. The paper analyzes the debates who explain this reform as well as its process. The reform was negotiated between labor unions, employers and the State. Two characteristics of the implementation of the reform – the measure of audience of labor unions and the transparency of their financing – show that the objectives were not reached for the moment. The participation in the professional elections remains contrasted and declines; the labor-union landscape was not simplified; the transparency of the labor-union financing is only a formalism; the sub-unionization continues… Obviously, no thorough change intervened in spite of the shake-up of the legal rules. That questions about the realities of the “renovation of the social democracy” which was committed.
  • Représenter les salariés dans l'entreprise après la loi du 20 aout 2008. Sur les limites de la "démocratie sociale" - Sophie Beroud et Karel Yon p. 51 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    La réforme de la représentativité syndicale fait désormais dépendre la reconnaissance syndicale des élections professionnelles. A-t-elle contribué à « rénover la démocratie sociale », comme l'annonçait la loi du 20 août 2008 dans son intitulé ? Qu'est-ce qui a changé depuis 2008 ? En nous appuyant sur une enquête de terrain menée durant trois ans, et plus spécifiquement sur deux monographies d'entreprises, nous décrivons la mise en œuvre des nouvelles règles de représentativité en soulignant leurs usages pluriels. La portée sociale des normes juridiques dépend en effet de leur appropriation par les équipes syndicales, mais aussi par les directions d'entreprises et les agents de l'État qui, au fil de leurs interactions, donnent progressivement réalité au nouveau régime de représentativité. Au-delà de sa fonction documentaire, l'article entend aussi remplir une fonction critique : en mobilisant le cadre théorique de la sociologie politique du vote et de la représentation, il invite le lecteur à prendre du recul sur l'équivalence souvent spontanément posée entre « vote » et « démocratie ». Nous montrons que le vote est moins un vecteur de démocratisation de l'entreprise ou du syndicalisme qu'un instrument disputé de légitimation des stratégies tant syndicales que patronales. Autrement dit, loin d'être une procédure neutre servant à l'expression d'intérêts ou d'opinions préconstitués, le déroulement même de l'élection joue un rôle central dans la définition des intérêts et des opinions légitimes.
    The reform of union representativeness linked union recognition to workplace elections. Did it renew industrial democracy, as the law passed in August 20, 2008 predicted? What has changed since 2008? Relying on a 3-year field study, and more specifically on two monographs of firms, we describe the implementation of the new rules of union representativeness by underlining the fact that they are subject to various uses. The social relevance of legal norms depends on their mobilisation by union representatives, managers and state agents. Interactions between those three groups of actors progressively shape the reality of the new regime of representativeness. Beyond a primary function of documenting the reform, the article also aims at fulfilling a critical function. Thanks to the theoretical framework of the political sociology of vote and representation, we suggest considering with hindsight the equivalence that is commonly drawn between “vote” and “democracy.” We show that voting is less a means of strengthening democracy within unions or firms than a contested tool for legitimising union, as well as management strategies. In other terms, far from being a neutral procedure for expressing pre-existing interests or opinions, the very process of electing representatives play a central part in defining which interests and opinions can be legitimately expressed.
  • La "démocratie d'entreprise" en actes. Ce que l'observation d'une négociation révèle des relations professionnelles "ordinaires" dans une PME - Mailys Gantois p. 79 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Ancré dans une approche ethnographique des relations collectives de travail en entreprise, cet article vise à restituer une part des observations effectuées lors des négociations annuelles obligatoires (NAO) et des réunions de délégués du personnel et en comité d'entreprise pour éclairer les logiques d'action des représentants de l'employeur et de salariés. Loin des représentations communément véhiculées sur la « démocratie sociale » en entreprise, observer les interactions entre représentants comprises dans leurs contextes de production permet de montrer que le mode de gestion paternaliste de l'employeur constitue un levier supplémentaire pour contrer le travail militant de transmission des revendications des salariés.
    Anchored in an ethnographical approach of enterprise labour relations, this paper gives an account to of observations during negotiations and union representatives meetings to highlight the logics that drive the actions of employer's representatives and unions' representatives. Aside from representations commonly relaxers on “social democracy” in the enterprise world, observations interactions between representatives understood in their social production contexts permits to show that employer paternalism constitutes an additional lever to block the union work of salaries transmitting their claims.
  • La démocratie, une question de genre ? La participation des femmes à la négociation collective - Sylvie Contrepois p. 113 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    La participation des femmes aux fonctions de représentation des salariés est aujourd'hui perçue comme un enjeu d'élargissement de la démocratie dans l'entreprise. La réalité de cette participation, son ampleur, ses modalités concrètes et ses implications en termes de rapports sociaux de sexe, sont toutefois très mal connues. Cet article s'intéresse à la participation des femmes à la négociation collective, une activité particulièrement stratégique puisqu'elle fixe les conditions d'emploi, de travail et de vie des salariés. Une première partie de l'article rend compte des données quantitatives existantes. Nous avons complété cet aperçu par le résultat d'un dépouillement partiel d'archives de la commission nationale de la négociation collective, couvrant trois secteurs d'activité : la métallurgie, l'hôtellerie et la banque. Il ressort de cet essai de quantification que la place des femmes apparaît relativement marginale dans les équipes de négociation. Une seconde partie s'intéresse aux trajectoires militantes de dirigeant-e-s fédéraux et confédéraux, afin d'appréhender notamment les processus de sélection des individus participant à l'activité de négociation. Il apparaît que les objectifs en matière de mixité des équipes ainsi que l'obligation légale de négocier l'égalité professionnelle favorisent dans de nombreux cas une intégration des femmes aux équipes de négociation. Mais celles-ci peinent ensuite à faire reconnaître la légitimité de leur participation.
    Women participation to employee representation is seen as a way to enlarge industrial democracy. But one knows very little about this participation: its importance, its form and effects on gender relationships. This article explores women participation to collective bargaining, a strategic activity that determines working, employment and living conditions for all wage earners. The first part gives an account of the existing quantitative data. We completed them with data from the Collective bargaining national commission's archives on three sectors: metal work, hotels, banking sector. This quantitative attempt shows that women are quite marginal within collective bargaining's world. The second part explores national trade union official trajectories, with the aim to understand how individuals are selected to participate in collective bargaining. It appears that the existing targets in terms of setting mixed teams and the compulsory collective bargaining on equal opportunities encouraged women inclusion. But it remains very difficult for them to establish their legitimacy in the collective bargaining field.
  • De la démocratie en entreprise. Entretien avec Marc Blondel - Stéphane Olivesi p. 145 accès libre avec indexation
  • La difficile féminisation du Monde diplomatique: ouvertures et résistances de la rédaction de 1954 à 2008 - Nicolas Harvey p. 171 accès libre avec résumé avec résumé en anglais avec indexation
    Le Monde diplomatique a connu, dans les années 1990, un processus de féminisation complexe où plusieurs rédacteurs s'opposèrent au principe de discrimination positive. Bien que le journal ait intégré le féminisme à sa ligne éditoriale à la même époque où il participa à la fondation du mouvement altermondialiste, l'intégration de la première cohorte de femmes a été un échec se manifestant par une ségrégation verticale et une ségrégation horizontale. Une seconde vague de féminisation, qui s'est déroulée dans les années 2000, a obtenu davantage de succès.
    In the 1990's, Le Monde diplomatique has known a complex feminization process where a lot of editors were opposed to the principle of positive discrimination. Even though the newspaper integrated feminism to its editorial line at the same time as it was taking part in the foundation of an altermondialist movement, the integration of the first women cohort was a failure emerging in a vertical as well as a horizontal segregation. A second wave of feminization in the years 2000 has gained more success.
  • Note de lecture

    - p. 189 accès libre