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Il est difficile de voir le monde de plus haut que Steiner dans son dernier ouvrage, Grammaires de la création. Il l'évoque dans la vivacité même de la création, dans son surgissement à partir de rien. Cette lumière du commencement lui semble avoir beaucoup pâli tout au long du XXe siècle.

Jusqu'à la formation du gouvernement Sharon en février 2001, Israéliens et Palestiniens ont vécu une période où guerre et négociation coexistaient. Le conflit aboutit aujourd'hui à un face-à-face inattendu entre deux politiques radicalisées, néo-sionisme d'un côté, néo-autoritarisme de l'autre. Des positions potentiellement tragiques.

De profonds malentendus se sont développés entre l'institution militaire et l'opinion. C'est le sens même du métier des armes qui est en question. Brouillé dans des engagements multiformes aux contours flous, il ne s'impose plus d'évidence et nécessite un effort d'élucidation.

Un monde sans pudeur est un monde sans foi ni loi, sans Dieu ni maître ; l'homme régresse dans la violence instinctive propre à l'animal ou dans la violence anonyme de la machine. Il s'identifie, dans l'un et l'autre cas, à l'automatisme pulsionnel, innommé et innommable.

L'incertitude quant aux frontières de la folie et de la normalité a quelque chose de propre à l'Espagne. Il suffit d'évoquer le visage des bouffons de Vélasquez, ces nains si sages, au regard infiniment plus intelligent que celui des rois dont ils étaient les fous, ou encore Les Caprices de Goya, dessins emplis de nuit...