Contenu du sommaire : Varia
Revue | Les Cahiers d'Outre-Mer |
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Numéro | no 234, avril-juin 2006 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Hommage au professeur Lerat - Jean-Claude Maillard p. 147-150
Actualité
- L'épidémie de Chikungunya à la Réunion : une occasion de réfléchir au(x) paradoxe(s) insulaire(s) - Alexandre Magnan p. 151-160
Articles
- Économie maritime et insularité : le cas des îles tropicales - Jean-Claude Maillard p. 167-198 Alors que l'île des hautes et moyennes latitudes a dû l'essentiel de ses succès à la valorisation de ses possibilités halieutiques et, si limitées soient-elles, agricoles, l'île tropicale entre et s'épanouit d'emblée dans l'Histoire comme un substrat commercial de première importance, avant de trouver dans la gamme assez ouverte de ses potentialités bien d'autres occasions de promotion et développer parfois de surprenantes réussites. Elle prend ainsi à l'échelle du monde une importance démesurée relativement à ses possibilités réelles qu'on pense à l'étroitesse relative des lieux, à la commodité inégale de ses accès et aux servitudes propres à un espace naturel jamais aussi édénique que peut l'assurer le propos lénifiant et réducteur des dépliants touristiques. L'objet de cet article est de tenter une approche globale du destin de l'île tropicale et de rendre compte, à travers un certain nombre d'exemples remarquables, de la place qu'elle peut encore espérer tenir dans le jeu quotidien de l'économie-monde à l'orée de ce nouveau siècle.
- Migrations et territoires - Christian Pradeau, J.-F. Malterre p. 199-214 Le pavage territorial est la forme primordiale d'organisation de l'espace terrestre. Chaque territoire est le produit de l'histoire d'un État dont l'essence réside corrélativement dans la maîtrise de son territoire. Or la mobilité des populations en général et les migrations en particulier sont potentiellement pour les États une limite à leur souveraineté. De ce fait ils s'efforcent de les contrôler en les instrumentalisant. Mais de leur côté les migrations tendent à échapper à leur contrôle et même, en prenant un caractère de plus en plus souvent diasporique, à devenir des acteurs à part entière de la géographie du monde actuel. D'où des relations dialectiques, variables dans le temps et dans l'espace, entre migrations et territoires, entre pavage et réseau. Ces deux formes d'organisation de l'espace sont à la fois complémentaires et antagoniques du point de vue des États qui doivent impérativement en rester maîtres. D'où l'acuité et la complexité du problème dans le monde actuel.
- Géopolitique des parcs (trans) frontaliers en Afrique Australe - Sylvain Guyot p. 215-232 Les parcs localisés en position frontalière sont une création coloniale. Ils ont la spécificité d'avoir été utilisés comme outils géopolitiques à plusieurs niveaux. Pendant la période de l'apartheid, ces parcs frontaliers ont servi de zones tampons, de bases arrières voire de terrains d'actions illégales lors des guerres civiles appuyées par l'Afrique du Sud au Mozambique et en Angola. Actuellement, ces aires protégées ont été relégitimées par des discours post-apartheid officiels sur la paix et sur les coopérations touristique et environnementale nécessaires à adopter entre les États d'Afrique Australe. C'est dans ce contexte particulier qu'a émergé le concept des « parcs transfrontaliers de la paix » (TPP). Au-delà de l'idée bienveillante d'une « nature sauvage transfrontalière au service de la paix entre les peuples », quelle est la réalité des discours et des représentations actuelles autour de ce nouveau concept ? Quelle est la teneur réelle des jeux d'acteurs impliqués dans ces parcs : gérer les héritages de l'apartheid, faire participer les « communautés » locales, redistribuer les bénéfices du tourisme, maintenir une hégémonie sud-africaine, assouvir les motivations ambiguës de certains environnementalistes ?
- Saint-Martin/Sint-Maarten, une petite île divisée pour de grands enjeux - Marie Redon p. 233-266 L'article traite de l'île de Saint-Martin (archipel des Petites Antilles) ; son statut d'espace insulaire partagé entre deux entités politiques française et hollandaise lui confère un surprenant caractère d'imbroglio juridico économique, encore accentué par une population composée de plus de 100 nationalités, qui a doublé en 20 ans, sur une superficie d'environ 90 km2. Il s'agit d'examiner comment ces deux communautés coexistent sur un espace aussi restreint, en faisant face à des enjeux, notamment démographiques, communs tout en conservant une réelle bipartition, peut-être condition sine qua non au développement économique de l'île. Comment répondre aux nouvelles exigences d'un contexte d'immigration massive et de fréquentation touristique croissante alors que les différences de degrés d'autonomie par rapport aux métropoles posent d'épineux problèmes de gouvernance locale (infrastructures, éducation, santé, etc.) ? Si l'histoire de l'île a engendré une interpénétration certaine de ses deux pans, Saint-Martin et Sint-Maarten tendent aussi à s'inscrire dans l'aire nord-américaine, d'où une nette américanisation des modes de vie. Dans un même temps, la présence de la frontière et de deux formes d'entités culturelles au sein de l'île est un atout pour attirer les touristes (« Two for the price of one »), piliers de l'économie. La bipartition de l'île a aussi des effets pervers : contrefaçon, clandestins, trafics de drogues, réseaux mafieux avérés sur l'île, etc. ; individuellement, nombreux sont aussi ceux qui utilisent les avantages comparatifs en changeant de bord au grès des opportunités (impôts, charges patronales, etc.). Mais comment assainir un réseau économique dont un atout majeur est précisément la relative liberté inhérente à ces interstices légaux ? Telles sont les questions examinées au fil de cet article qui montre comment le prisme de cette petite île divisée offre de multiples entrées pour une approche des enjeux de l'aire antillaise contemporaine.
- La place des langues dans l'analyse du fonctionnement spatial : la mise à jour d'interactions systémiques : Étude de cas de la commune de Saint-Paul de la Réunion - Sandrine Carassou?Benjelloun p. 267-292 L'étude de la commune de Saint-Paul apparaît intéressante car elle se situe au confluent de deux tendances linguistiques contradictoires, plurilinguisme et unilinguisme. C'est véritablement un espace plurilingue et pluriculturel où le rapport entre les langues et la gestion du plurilinguisme révèlent un fonctionnement spécifique de l'espace. Car, la nature même des contacts de langues est conditionnée par le type de structure sociospatiale en présence. Et de façon rétroactive, l'analyse du contact des langues révèle un fonctionnement spécifique de l'espace. Or, l'identité d'un peuple est un enjeu essentiel de ce rapport particulier entre les langues et l'espace sur lequel elles sont parlées.
- Économie maritime et insularité : le cas des îles tropicales - Jean-Claude Maillard p. 167-198
- Bibliographie sélectionnée du Professeur Serge Lerat - Jean-Claude Maillard p. 295-296
- Denise Lartaut : (1918-2004) - Pierre Vennetier p. 293-294