Contenu du sommaire : Enjeux et moyens d'une foresterie paysanne contractualisée

Revue Les Cahiers d'Outre-Mer Mir@bel
Numéro no 258, avril-juin 2012
Titre du numéro Enjeux et moyens d'une foresterie paysanne contractualisée
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Déforestation : rôles des institutions - Lala Razafy Fara p. 191-212 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Une étude diachronique de la déforestation, entre 2000 et 2005, a été effectuée dans cinq Communes du Sud-Ouest de Madagascar. Les intensités de la déforestation sont liées aux modes de vie de la population locale, et à la présence d'une Communauté de Base (Coba) gestionnaire d'un espace forestier délimité à l'intérieur. L'étude a montré que toutes les Communes ont enregistré une déforestation ; que le taux de déforestation enregistré au sein des parcelles transférées varie suivant plusieurs facteurs : institutionnel, cohésion entre les membres, économico-politique, etc. Trois ans de présence institutionnelle avec les Coba ne sont pas suffisants pour bien les encadrer. En tenant compte des niveaux intellectuels des membres des Coba, la transmission des formations en matière de bonne gestion des ressources naturelles doit se faire avec beaucoup de répétitions (en moyenne deux fois par an dont l'une se fera sous forme de suivi-évaluation). Eu égard au mode de vie de la population locale (dépendant des ressources naturelles et exclusivement basé sur l'agriculture et l'élevage), des alternatives aux exploitations directes des ressources forestières doivent être développées ensemble. Les confiances mutuelles et les cessions des responsabilités données aux Coba doivent être appréciées à leur juste valeur. La technostructure persiste et perturbe les prises de responsabilité au niveau des Coba. Cela nécessiterait une clarification des rôles des Services étatiques. Pour le moment, à cause des manques de moyens classiques des Services étatiques décentralisés, ils ne peuvent fonctionner que sur un financement des institutions privées ou sur un financement par des « exploitants illicites ». Ces exploitants illicites sont en fait le résultat de la non acceptation des pouvoirs des Coba à différents niveaux. En effet, les travaux sur le terrain ont montré que ces « exploitants illicites » ont reçu des autorisations émanant non des Coba gestionnaires de la forêt mais des Services étatiques à des niveaux supérieurs (Cantonnement et/ou Circonscription des Eaux et Forêts). Différents conflits socio-économiques sont ainsi générés par ces conflits technico-politiques et économiques. À part les Ressources naturelles qui en souffrent, les Coba à leur niveau restent souvent des victimes. En effet, elles restent des spectatrices dans la mesure où elles ne tirent pas directement des profits économiques de la gestion des ressources naturelles, et elles risquent de voir les contrats de gestion des ressources non renouvelés à cause des non respects des clauses des cahiers des charges.
    Deforestation in South-Western Madagascar : the institutional structures A diachronic study of deforestation between 2000 and 2005 was conducted in five municipalities in South-West Madagascar. The severity of deforestation is related to the lifestyles of the local population, and to the presence of a grassroots community manager of a forest area in that community. It showed that all municipalities recorded deforestation, and the rate of deforestation recorded in transferred plots varied according to several factors : institutional, unity among the members, economics and politics, etc. Three years of institutional presence with the Grassroots Communities (GC) are not sufficient to properly guide them. Taking into account the learning capacity of the members of the GC, the delivery of training in proper management of natural resources must be done on a repeated basis (on average twice a year, one of which should be in follow-up/evaluation format). Given the lifestyle of the local population (natural resources-dependent and exclusively based on agriculture and livestock) alternatives to direct exploitation of forest resources must be developed together. The mutual trust and the transfer of responsibilities to the GCs should be given their due respect. The continued influence of other administrative structures hinders the GCs from taking on responsibility at their level. This necessitates a clarification of the role of State Agencies. For the moment, due to the lack of resources in the decentralized State Agencies, GCs can only work with private funding or with financing from « illegal operators». These illegal operators are in fact the result of the rejection of the authority of the GCs at various levels. Indeed, the workers in the field note that these “illegal operators” have received licenses not from GC managers of the forest but from State Agencies at higher levels (Rural District of Water, Forests and/or District of Water and Forests). Various social-economic conflicts have been thus generated by these administrative and economic conflicts. Apart from the natural resources that suffer as a result, the GCs likewise are often the victims. Indeed, they remain spectators to the extent that they do not directly derive the economic benefits from the management of the natural resources, and they may see their resource management contracts not being renewed because of non-compliance with clauses in contracts.
  • Gestion communautaire et foncier forestier : le cas du Sud-Ouest de Madagascar - Socrate Ranaivoson p. 213-232 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'article centre son propos sur la question du « foncier environnement » en analysant les interférences entre la gestion des ressources et la gestion foncière. Il met en avant le fait que, dans un contexte où le nombre de zébus légitime l'occupation de l'espace, s'approprier la forêt par défrichement est un moyen endogène de sécurisation foncière. Aussi, du point de vue foncier, le transfert de la gestion des ressources forestières auprès de communautés locales a-t-il probablement déplacé le défrichement vers les forêts insuffisamment protégées. Les communautés qui ont obtenu des résultats positifs dans leur gestion étaient déjà nanties d'espaces forestiers.
    Community-based management and « forest land tenure » : the case of southwest of Madagascar
    The paper focuses on the « forest land tenure » topic. The analysis of interactions between the forest authorities and the communities is to determine the impact of forest clearing activities on the local communities and their organisation of space. The importance of cattle to local people justifies the clearing of forest : new occupation of land is a means to secure land access. From a land tenure viewpoint, the transfer of management has probably displaced deforestation to forests insufficiently protected. Those who have been relatively successful in their management were already wealthy and have managed the forest for generations.
  • Organisations paysannes et Gestion Locale Sécurisée dans le Sud-Ouest de Madagascar - p. 233-248 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans le Sud-Ouest malgache, région marquée par une grande précarité économique et par de sérieux problèmes affectant le milieu naturel, les forêts existantes sont au cœur d'enjeux mettant en présence populations autochtones et populations migrantes. Dans ce contexte, la mise en place de la Loi Gelose révèle une méconnaissance des structures sociales du pouvoir local et sa procédure se trouve instrumentalisée autant par les uns que par les autres. Les tensions qui en résultent montrent que l'action de transfert de gestion n'a pas su s'adapter aux réalités régionales et locales des relations des sociétés avec leurs ressources forestières.
    Farmer's Organizations and « Gestion Locale Sécurisée » in the South?
    West region of Madagascar. The situation in South-West region of Madagascar appears precarious in both economic and ecological terms. Indigenous people and migrants are facing challenges to manage the forests. In this context, the implementation of GELOSE shows a process of misinterpretation of the local power struggle by the planners. The transfer of management of forest resources to local communities becomes instrumental for the various strategies of the different stakeholders. Tensions continue to exist, as the transfer of management lacked the flexibility to adapt to the regional and local conditions for human-nature relations.
  • Community forest management on the agricultural frontier : charcoal makers, immigrant associations and land claims in Ankarafantsika, North-West Madagascar - Frank Muttenzer p. 249-272 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La gestion communautaire d'une frontière agro-forestière : charbonniers, associations d'immigrants et demandes de terre à Ankarafantsika (nord?ouest de Madagascar). En raison des opportunités de travail agricole, des immigrants ruraux se sont installés dans le nord-ouest de Madagascar depuis le XIXe siècle. Ce processus migratoire a pris de l'essor dans les années 1930. Il a débouché dans les années 1980 et 1990 sur l'occupation permanente des terres anciennement forestières aux abords et à l'intérieur d'une aire protégée. Plus récemment, un projet régional de développement rural a autorisé des associations paysannes à produire du charbon de bois dans la zone périphérique du parc national Ankarafantsika. Ces contrats de gestion communautaire des forêts sont proposés comme un dernier recours pour préserver les forêts protégées, procurer des revenus alternatifs aux occupants illégaux déplacés et freiner l'afflux de nouveaux cultivateurs pionniers. Mais les immigrants eux-mêmes ne semblent pas être concernés uniquement par la gestion durable de la filière bois énergie. Ils considèrent la gestion communautaire des forêts aussi comme un moyen pour légaliser les prétentions coutumières fondées sur une première occupation.
    Rural immigrants from other parts of the island have been settling in North-West Madagascar since the 19th century due to labour opportunities in agriculture. The migratory process has gained momentum in the 1930s and has led in the 1980s and 1990s to the permanent occupation and settlement of formerly forested lands including a protected area. More recently a regional development project authorized local forest user associations to produce charcoal on land surrounding the Ankarafantsika National Park. These community-based forest management contracts are proposed as a last resort to preserve protected forests, provide alternative livelihoods to illegal occupants relocated from inside the park and to stem the influx of new pioneer cultivators. But the immigrants are concerned not only with making a living from producing charcoal. They also understand the community forest management associations as a means to legalise customary land claims based on first occupancy.
  • La Loi Gelose comme outil social de la ressource forestière - Patrick Dieudonné, Hervé Rakoto Ramiarantsoa p. 273-285 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Dans le Sud-Ouest de Madagascar la forêt fait l'objet d'enjeux entre les instances internationales et l'État pour qui ces espaces sont des zones menacées à préserver et les populations locales qui en font des zones de ressources vitales à exploiter. Dans ce contexte, l'acceptation du contrat Gelose par les Communautés de BAse (Coba) est plus une opportunité mobilisée suivant les circonstances, qu'un véritable engagement pour une gestion durable de la ressource. L'article montre que suivant la situation économique et les rapports entre les acteurs, le statut de la forêt change, de ressource collective pour le pâturage et la cueillette à une zone d'appropriation individuelle foncière : l'adoption locale du dispositif Gelose répond à une appréciation de la forêt qui s'inscrit dans une perspective sociale plus large que celle focalisée sur la seule préservation. La diversité des situations rend d'autant plus complexe la mise en œuvre de la formule « de Moins d'État à Mieux d'État ». 
    The Gelose law as social tool for forest resources.
    In the South-west of Madagascar, the forest is subject to challenge. Whereas for international organisations and the Madagascar state these natural spaces are to be protected, it happens that for the local populations they represent vital resources to exploit. For these latter, the forest status is changing from a common grazing space to a dedicated area for individual land appropriation, according to the economic realities and the relationships between the actors. Therefore, accepting Gelose Contract is more a mobilized opportunity according to the circumstances than a real commitment to a sustainable forest resource management. The great diversity of local situations makes all the more so difficult to going from « Less State to Better State.»
  • La gestion forestière communautaire dans le Sud-Ouest de Madagascar : une réussite sans profit économique ? - Thorkil Casse, Anders Milhøj p. 287-299 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Des villages du Sud-Ouest malgache connaissent un certain succès dans la gestion forestière communautaire par opposition à des villages où les conflits prévalent. En dépit de l'absence d'avantages économiques directs pour les ménages, la plupart d'entre eux acceptent les contrats de gestion locale. Les villageois avancent que l'amélioration des relations avec les autorités forestières est l'un des avantages importants de la gestion selon la Loi Gelose. Toutefois, nous n'avons pas pu identifier de différences significatives dans les propositions de contrats de gestion plus appropriés. La principale conclusion est que le modèle de transfert de la gestion forestière vers les communautés locales malgaches, du moins dans cette partie du pays, n'a pas significativement modifié l'attitude des villageois vis-à-vis de la conservation de la forêt.
    Is the local common management of forest in South-West of Madagascar a success despite economic benefits ?We focus on what characterize households in villagers, more successful in protecting the forest compared to those villagers, where conflicts prevail. Selecting the successful compared with the unsuccessful villages was based on criteria from the previous chapters on deforestation rates and forest tenure (Razafy Fara and Ranaivoson). Most households welcome the option of local management contracts, despite the lack of pure direct economic benefits. Improved relations to the forest authorities are highly appreciated by the villagers and one of the defined advantages of the Gelose contacts. However, we could not identify any significant differences in proposals to better local management contracts in the future. All households, regardless of being located in successful or unsuccessful villages, request access to non-managed forest areas, where they can, if needed, encroach on the forest resources without restrictions. The transfer of management model in Madagascar, at least in this part of the country, did not change the attitude of villagers towards conservation of the forest.
  • Échec ou succès ? La foresterie paysanne contractualisée dans ses paradoxes - Hervé Rakoto Ramiarantsoa, Bruno Ramamonjisoa, Lala Razafy Fara, Socrate Ranaivoson p. 301-310 accès libre
  • Maîtrise de l'espace et développement, IGUE John O., FODOUOP Kengne et ALOKO-N'GUESSAN Jérôme éds. : 2010, Paris : Karthala, collection, 9 ouvrages. - François Bart p. 311-314 accès libre