Contenu du sommaire : La participation politique en ligne : politics as usual?

Revue Participations Mir@bel
Numéro no 8, janvier 2014
Titre du numéro La participation politique en ligne : politics as usual?
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • La participation politique en ligne : politics as usual?

    • La participation politique en ligne, vers un renouvellement des problématiques ? - Laurence Monnoyer-Smith, Stéphanie Wojcik p. 5-29 accès libre avec résumé
      La recherche académique sur la participation en ligne a longtemps souffert d'un tropisme techniciste, qu'il soit utopiste ou critique : il s'agissait alors de saisir ce que la technologie « fait » au politique. Or les pratiques potentiellement qualifiées de « politiques » en ligne se sont diversifiées et multipliées, alors même que d'autres champs disciplinaires se saisissant de ces objets contribuaient à en opacifier les contours. Les tentatives récentes de clarifier les controverses sur les frontières de la participation en ligne illustrent la nécessité d'une production conceptuelle nouvelle, susceptible d'appréhender la spécificité des pratiques qui inventent leurs publics comme de nouvelles formes d'expression et de collaboration. Tel est l'objet de ce dossier.
    • La mise en technologie des projets politiques. Une approche « orientée design » de la participation en ligne - Romain Badouard p. 31-54 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article se propose de revenir sur une approche spécifique de la participation politique en ligne, qui s'intéresse non pas aux usages, mais au design des technologies de participation. Émergeant à la croisée des sciences de la communication et des science and technology studies, cette approche cherche à appréhender le processus de « mise en technologie » de projets participatifs, en observant comment des principes et des stratégies peuvent être traduits en ressources techniques. Parce qu'elles configurent nos possibilités d'action sur internet en leur appliquant des formats et contribuent à nous « faire agir », parce qu'elles structurent nos relations en ligne en nous attribuant des rôles et des ressources et conduisent à nous « faire interagir », ces technologies de participation soulèvent des questions en termes d'orientation des comportements politiques. C'est donc à une réflexion sur l'instrumentation numérique d'une « gouvernementalité participative » que nous invite l'étude du design des technologies de participation sur internet.
      Embedding Politics Into Technologies. Towards a design-oriented approach of online participation
      This paper addresses a specific approach of online political participation that focuses on the design of digital technologies. Connecting Communication studies and Science and Technology studies, it analyses of how political values become embedded into participative tools. In this paper, three points are tackled: how these technologies configure our actions on the Internet, applying formats to them, and thus “make us act” ; how they frame our online relations, assigning roles and allocating resources, and thus “make us interact” ; how they promote principles through these framings, and “make happen” specific modes of organization. In this regard, a design-oriented approach of online political participation raises question about the new forms of technological governmentality that they carry out.
    • Twitter, un nouveau « baromètre de l'opinion publique » ? - Julien Boyadjian p. 55-74 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article interroge l'hypothèse selon laquelle Twitter serait devenu un espace privilégié pour étudier, mesurer voire « prédire » l'opinion publique. Selon certains travaux, ce serait la forte présence de « leaders d'opinion » sur le réseau qui expliquerait son caractère « prédictif ». Afin de discuter cette hypothèse, nous avons constitué un panel de 1 228 individus dont nous avons suivi l'activité durant quatre mois. Le principal résultat est que la majorité des enquêtés, bien que fortement dotés en capitaux culturels, ne parlent que très rarement de politique : seule une minorité peut être apparentée à des « leaders d'opinion ».
      Twitter, a new opinion poll?
      This study questions the hypothesis according to which Twitter has become a privileged space to study, measure, even « predict » public opinion. Especially, according to several academic works, « opinion leaders » important presence on the network could explain its « predictive » character. To discuss this hypothesis, we created a panel of 1228 individuals and we followed their activity for 4 months. The main result is that the majority of the participants, although strongly endowed with cultural capital, speak only very rarely politics: only a minority can be assimilated to « opinion leaders ».
    • L'activisme numérique au regard du consumérisme politique : Pirates et Tea Partiers sous la loupe - Nicolas Baygert p. 75-95 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les potentialités liées au décloisonnement numérique de la parole politique facilitent le processus de co-construction d'une offre partisane d'un nouveau type. Le consumérisme politique vise à décrire ce phénomène. Il s'agit, à travers les exemples récents du Tea Party et du Parti pirate, d'appréhender l'émergence d'un activisme autogéré, voire peer-to-peer. Alors que ces deux mouvements innovent de par leur dynamique décisionnelle, il paraît néanmoins utile d'examiner leur impact réel sur le jeu démocratique, par-delà leur nature proprement contestataire, ainsi que d'évaluer leur capacité à refonder les modalités de la participation.
      The potentialities related to the digital decompartmentalization of political discourse facilitate the co-construction of a new type of political offer. Political consumerism aims at describing this phenomenon. The recent examples of the Tea Party and the Pirate Party are thereby mobilised to comprehend the emergence of new forms of self-managed, or even Peer-to-Peer activism. While these movements innovate through their decision-making processes one still has to question their real impact on democracy. Likewise, beyond their role as mere protest parties, one may judge the ability of these mobilisations to rethink the terms of political participation.
    • La rénovation par le web ? Dispositifs numériques et évolution du militantisme au PS - Clément Mabi, Anaïs Theviot p. 97-126 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La campagne victorieuse de Barack Obama en 2008 a été largement analysée par de nombreux observateurs en quête d'éléments transposables dans leur contexte national. Sous l'impulsion des trois « Bostoniens » ayant participé à la campagne démocrate, le Parti socialiste a mis en place un système de porte-à-porte coordonné par le site web toushollande.fr. Ce portail avait vocation à mobiliser les « militants rénovés » et des sympathisants. Nous souhaitons étudier comment le site toushollande.fr « traduit » dans son design cette volonté de décloisonnement de l'activité militante et donne une forme matérielle aux discours sur la rénovation du PS.
      The successful campaign of Barack Obama in 2008 has been widely discussed and analyzed by numerous think tanks identifying which elements are transposable within national context. Through the encouragement of the three “Bostonian” who participated in the Democratic campaign, the Socialist Party developed a system of door-to-door canvasing, coordinated by a website: toushollande.fr. In this paper, we wish to analyze how toushollande.fr website uses its design to directly convey the desire to decompartmentalize the activities of the party supporters and gives a material form to the promises for the renovation of the Socialist Party.
  • Varia

    • Offe, la démocratie dialogique et la lutte des classes : une critique participationniste du mouvement ouvrier - Karel Yon p. 127-146 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article propose une introduction critique à l'essai de Claus Offe et Helmuth Wiesenthal, « Deux logiques d'action collective ». Alors que Claus Offe est généralement reconnu comme un des principaux théoriciens des « nouveaux mouvements sociaux », ce texte dont il est le principal auteur donne accès à ses analyses sur le « vieux » mouvement ouvrier. L'article a souvent donné lieu à des interprétations le renvoyant du côté de la vulgate marxiste. Or une telle lecture ne rend pas justice à ce qui correspond plutôt au moment particulier où Claus Offe articule sa théorie naissante des nouveaux mouvements sociaux à la perspective indissociablement théorique et politique du marxisme. Son originalité est en effet de formuler une théorie de l'action syndicale qui fait de la formation dialogique des intérêts un ressort essentiel de l'émancipation des dominés. En resituant le texte dans son contexte théorique et politique, on défend l'idée que son intérêt se cache dans le décalage entre la raideur de son vocabulaire et le mouvement de sa pensée.
      The article offers a critical introduction to Offe and Wiesenthal's “Two Logics of Collective Action.” Whereas Claus Offe is widely recognized as one of the founding fathers of the theory of “New social movements,” this text – of which he is the main author – gives access to his analyses about the “old” labor movement. The text is frequently seen as a model of Marxist vulgate. On the contrary, I argue that its specific interest is in connecting Offe's emerging theory of New social movements with the Marxist approach which is inextricably theoretical and political. The originality of the text is that it formulates a theory of labor action that gives to the dialogic process of interest formation a crucial importance for the emancipation of the oppressed. By situating the text in its theoretical and political context, I argue that its interest is to be found in the discrepancy between the rigidity of its vocabulary and the momentum of its thought.
    • Deux logiques d'action collective - Claus Offe, Helmuth Wiesenthal, Karel Yon p. 147-172 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article critique la fausse équivalence entre organisations syndicales de salariés et d'employeurs induite par le concept de « groupe d'intérêt », qui dissimule les asymétries de pouvoir entre travail et capital. Il s'intéresse ensuite au rôle des formes politiques dans la construction des intérêts et pointe une contradiction. Alors que les modes d'action et de raisonnement supportés par les institutions de la démocratie libérale favorisent une rationalité monologique, la classe laborieuse, en raison de sa position dominée dans la structure de classe, a besoin de formes d'organisation dialogiques pour faire émerger ses intérêts véritables. La distinction entre modes d'action dialogiques et monologiques conduit à mettre au jour deux niveaux différenciés de la lutte des classes. Le premier, qui s'inscrit dans le cadre des formes politiques existantes, est celui des conflits économiques distributifs. Le second porte sur les formes politiques elles-mêmes.
      Two Logics of Collective Action The article starts by criticizing the concept of “interest group” in that it creates a false equivalence between labor and employer organizations, thus dissimulating the asymmetries of power between Labor and Capital. Then it analyzes how political forms shape interests and underlines a contradiction: whereas the institutions of liberal democracy underlie modes of thought and action that favor monologic rationality, the working class, because it is dominated in the class structure, needs dialogic modes of organization so as to arrive at its true interests. The distinction between dialogic and monologic modes of action leads to exposing two levels of class conflict. At a first level is the economic conflict within the existing political forms. At a second level is the conflict about the political forms themselves.
  • Lecture critique