Contenu du sommaire : Nouvelles menaces, nouvelles sécurités
Revue | Raisons Politiques |
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Numéro | no 3é, décembre 2008 |
Titre du numéro | Nouvelles menaces, nouvelles sécurités |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Editorial
- De la sécurité nationale à la sécurité humaine - Frédéric Gros, Monique Castillo, Antoine Garapon p. 5-7
dossier
- La condition biomérique. Une approche socio-anthropologique des techniques d'identification biométrique - Gérard Dubey p. 9-33 Généralement le thème de l'identification biométrique est abordé par les sciences humaines sous l'angle de la problématique du contrôle, et en particulier du contrôle exercé par les Etats sur les individus. Or, si une filiation existe bien entre la logique de contrôle à distance mise en oeuvre par les Etats au 19e siècle et les techniques d'identification biométriques que nous connaissons aujourd'hui, une autre dimension doit être prise en compte. L'identification biométrique cristallise en même temps qu'elle révèle les tensions qui affectent nos représentations du corps et de l'identité. Ainsi le corps « par défaut » de la biométrie met-il paradoxalement à découvert d'autres figures de celui-ci qui transcendent le clivage désormais classique entre corps subjectif (ipséité) et corps objectif et laisse entrevoir d'autres modes de légitimation et d'autres rapports à l'identité. Ce sont ces micro-déplacements de sens que cet article propose d'analyser sur la base d'un travail empirique de type anthropologique.
- La sécurité humaine : Un renversement conceptuel pour les relations internationales - Florence Basty p. 35-57 L'apparition du concept de sécurité humaine est directement liée au bouleversement des règles du jeu de la scène internationale. Les paradigmes utilisés jusqu'au début des années 1990 pour comprendre et analyser les relations internationales se retrouvent caduques face à des menaces et des réalités nouvelles. Contrairement aux approches basées sur la sécurité nationale qui privilégient l'Etat reléguant ainsi l'individu au second plan la sécurité humaine nous oblige à nous intéresser aux menaces qui pèsent sur les individus au coeur des combats mortels livrés dans des Etats en décomposition. La sécurité humaine propose un nouveau cadre de compréhension et opère un renversement conceptuel pour les sciences politique.
- La Biosécurité. Vers une Anthropologie du Contemporain - Paul Rabinow, Stephen J. Collier, Andrew Lakoff p. 59-75 Cet article, qui a comme objet d'étude la biosécurité, représente un essai d'anthropologie du contemporain. Depuis la fin de la guerre froide, la préparation pour parer à une éventuelle menace bio-terroriste est devenue un élément important du dispositif de sécurité des Etats-Unis. Les auteurs considèrent que cette situation n'est pas seulement une donnée, mais aussi un problème. Ils se proposent d'utiliser les outils analytiques de l'observation de second degré pour étudier la manière dont la sécurité a été problématisée dans le processus d'émergence du dispositif de biosécurité américain. L'article cible le type de rationalité qui sous-tend l'articulation des domaines de la sécurité, de la recherche scientifique, du marché et de l'Etat. Deux aspects sont traités en particulier : le problème de la technologisation de la menace bio-terroriste et celui de la sélection des risques. Les auteurs veulent ainsi dépasser les lieux communs du débat public et, en s'appuyant sur des recherches ciblées dans des domaines particuliers d'expertise, dégager les pratiques et les modes de penser qui guident les choix et les distinctions contingents à l'oeuvre dans la constitution de ce dispositif. Les auteurs attirent l'attention sur le danger inhérent au dispositif, lié au caractère illimité du besoin de biosécurité.
- La naissance de la biosécurité - Pierre Luc Deziel p. 77-93 Cet article vise à étudier et à expliquer l'émergence d'une forme de sécurité que l'on nomme la biosécurité, et tente de démontrer comment celle-ci s'est construite dans le cas particulier des Etats-Unis. La thèse principale est que la biosécurité s'est construite comme un processus de régulation continu de la menace que représente le bioterrorisme, et ce plus particulièrement depuis les attaques à l'anthrax de septembre et octobre 2001. Quatre dimensions de ce mouvement de sécurisation sont distinguées et discutées, soit la prise de conscience de la menace bioterroriste, la surveillance et la détection, la prévention et la protection des corps biologiques et la planification et la réponse en cas d'attaque.
- Nouvelles conflictualités et défense moderne : l'approche globale - Jean Coulloume-Labarthe p. 95-107 En ce début du 21e siècle, le rythme des progrès technologiques s'accroît toujours. Ces avancées peuvent être exploitées à des fins belliqueuses et portent en germe de nouveaux risques majeurs pour les nations. De plus, l'avènement de la communication de masse et notamment l'extraordinaire puissance de l'outil Internet, offre aux acteurs de toute nature un accès aux informations et aux savoirs les plus divers, conférant ainsi à la technologie un certain pouvoir égalisateur. Cette évolution met les nations en prise avec des acteurs d'une grande diversité recourant à des formes de conflictualité nouvelles. Les confrontations symétriques ainsi que la guerre entre Etats ne sont pas à exclure mais le plus souvent il faudra faire face à de nouveaux acteurs aux objectifs irréconciliables avec les valeurs qui fondent nos sociétés occidentales. Un rapide examen des nouvelles formes de conflictualité sera réalisé par le comité. Dans ce travail, il s'attachera à en définir les principales caractéristiques et les éléments à prendre en compte pour y faire face, en vue d'établir les différentes approches que la défense pourrait adopter. L'objet de cette étude est d'examiner les nouvelles formes de conflictualité essentiellement générées par l'explosion de la communication de masse et l'utilisation d'Internet, et de proposer une évolution des aptitudes et des capacités face aux nouvelles menaces dans les domaines de la défense et de la sécurité, à l'ère de l'information.
- Sécurité, précaution et prospective - Carl Trémoureux p. 109-123 Le présent texte vise à clarifier quelques concepts, pour contribuer à une réflexion concernant la sécurité, dont le caractère essentiellement politique est rappelé. Du fait des incertitudes caractérisant les menaces qui pèseront sur la sécurité collective dans le futur, une grande partie d'entre elles relève du domaine de la croyance. Cette catégorie de menaces ressortit d'une démarche de précaution et non de la prévention, adaptée aux flux de risques connus statistiquement. Il en résulte des conséquences, notamment de logique budgétaire. La prospective de sécurité est un volet essentiel d'une démarche de précaution.
- La peur de la violence et la figure du « dernier homme » - Monique Castillo p. 125-137 On parle beaucoup aujourd'hui des transformations qui marquent les pratiques de la violence, eu égard aux « guerres nouvelles » et aux violences urbaines notamment. Mais en même temps, ce qui frappe les esprits, c'est le fait que ces changements dans la violence ont lieu dans un monde qui se veut de plus en plus pacifique et pacificateur, dans un monde où la sécurité tend à devenir la valeur sociétale suprême, le bien public dominant de toutes les communautés. Une curieuse cohabitation s'installe : d'un côté, une frénésie de violence auto-régénérée alimente et perpétue la peur comme facteur de déstabilisation ; d'un autre côté, l'obsession sécuritaire conduit à des politiques uniquement vouées à lutter contre la peur de la violence. Par suite, les nouvelles pratiques de la violence obligent à repenser plusieurs types de questions : A-t-on affaire à un nouvel enjeu sociétal ? Les violences nouvelles sont-elles la mise en cause de la société de consommation ? A-t-on affaire à de nouveaux enjeux de pouvoir sur le plan symbolique et culturel ? Nous testerons une dernière hypothèse de travail sur la place du ressentiment dans une démocratisation sans démocratie.
- La condition biomérique. Une approche socio-anthropologique des techniques d'identification biométrique - Gérard Dubey p. 9-33
varia
- Peut-on désutopiser le cosmopolitisme ? : Réflexions sur la citoyenneté mondiale - Yves Cusset p. 139-159 Par-delà la multiplicité des discours sur l'internationalisation des règles juridiques et la globalisation culturelle, la question politique du cosmopolitisme reste encore entièrement ouverte. Le problème qu'elle pose peut aujourd'hui être ramené à l'antinomie entre une thèse habermasienne et une antithèse qu'on peut dire arendtienne. La première stipulerait qu'une politique effective des droits de l'homme est susceptible de donner à une société politique mondiale son fondement normatif quasi-constitutionnel, même s'il demeure éthiquement et culturellement faible. La seconde insisterait au contraire sur le caractère indépassable, même dans la perspective de droits universels, du lien entre citoyenneté et nationalité. La solution à cette antinomie passe par une réflexion à la fois ontologique et politique : ontologique sur la possibilité de repenser le commun hors des limites de l'identique, et historico-politique sur la possibilité d'une culture politique commune au-delà d'un ethnos commun et d'un espace public national. Cette double réflexion, ainsi que son apport pour penser l'antinomie politique du cosmopolitisme, est le principal objet de cet article.
- Peut-on désutopiser le cosmopolitisme ? : Réflexions sur la citoyenneté mondiale - Yves Cusset p. 139-159
lectures critiques
- Autour de Miguel Abensour - p. 161-171