Contenu du sommaire : Varia
Revue | Revue française d'économie |
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Numéro | Vol. XXIV, no 4, avril 2010 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Le cycle économique : une synthèse - Thierry Aimar, Francis Bismans, Claude Diebolt p. 3-65 Cet article présente une synthèse détaillée des théories des cycles économiques, des origines à nos jours. Partant des approches traditionnelles, nous abordons successivement l'analyse statistique du cycle économique, les auteurs majeurs, la période des Trente Glorieuses, les cycles longs, la synthèse néo-classique, la pluralité des théories contemporaines jusqu'au renouveau des études économétriques les plus modernes du cycle.The Economic Cycle: A Synthesis. This article presents a detailed synthesis of the business cycle theories, from its origins to the current period. On the basis of the traditional approaches, we present successively the statistical analysis of the business cycle, the major authors, the period of the Trente Glorieuses, the long waves, the neo-classical synthesis, the plurality of the contemporary theories until the revival of the most modern econometric studies.
- Théorie autrichienne du cycle et théorie des cycles d'équilibre - Christelle Mougeot p. 67-92 En considérant les cycles non comme le résultat de défaillances du marché mais comme la conséquence d'erreurs d'interprétation de la part d'agents optimisateurs, Lucas renoue avec les théories du cycle de l'entre-deux-guerres. Plus encore, il revendique une filiation avec Hayek. Cette descendance est cependant loin d'être légitime. Cet article se propose ainsi de montrer que les concepts - équilibre, anticipation et information -, les méthodes - analyse structurelle et tests économétriques contre analyse procédurale et historique - et les programmes de recherche - prévision contre coordination - séparent inéluctablement Lucas de Hayek.Austrian Business Cycles Theory and Equilibrium Business Cycles Theory. According to Lucas' equilibrium business cycle theory, cycles are not the result of market failure but due to unavoidable errors on the part of optimizing agents. This approach is built on pre-war theories. Because misleading price signals are the catalysts of cyclical fluctuations, which means that individual behaviour is fundamental to explain aggregated phenomena, Lucas' equilibrium business cycle theory is called « neo-austrian » economics. But these Austrian roots are controversial. This article shows that concepts - equilibrium, expectations and information -, methods - structural analysis versus procedural and historical analysis - and research programs - forecasting versus coordination - fundamentally divide Lucas and Hayek.
- Méthodes de recherche sur les fluctuations longues - Rainer Metz, Francis Bismans, Eulalia Damaso p. 93-133 La réponse à la question de savoir si les cycles longs existent ou non dépend principalement des méthodes statistiques utilisées pour les analyser. Depuis l'article fondateur de Kondratiev dans les années 1920, ces méthodes ont fait l'objet d'importants changements. La critique fondamentale délivrée à l'encontre des approches traditionnelles développées dans les années 1970, a conduit à la diffusion d'une approche par les filtres « idéaux » qui devait permettre, dans les séries chronologiques, une parfaite isolation des composants des bandes de fréquences prédéfinies. L'approche en termes de filtres a été ensuite concurrencée dans les années 1980 par l'idée dite de racine unité. Si une série chronologique suit une racine unité en termes de processus de filtre, même s'ils sont idéaux, cela conduit à des cycles de long terme faussés, dont la durée est semblable à celle des cycles de type Kondratiev. A partir de là, les filtres idéaux furent remplacés par des modèles stochastiques qui correspondent aux propriétés des séries chronologiques analysées. Mais cette approche fut à son tour concurrencée dans les années 1990 par le développement de filtres qui apparaissent également adaptés pour des séries chronologiques qui contiennent une racine unité. L'article traite, dans une première partie, du développement des approches traditionnelles (en termes de filtres et de modèle stochastiques) en comparant systématiquement leurs résultats au regard des cycles de Kondratiev. Dans une seconde partie, l'article présente l'état de l'art des approches en termes de filtres et de modèles stochastiques. L'idée défendue est qu'une approche en termes de modèles stochastiques et de filtres est pertinente uniquement si des points atypiques et des cassures structurelles sont considérés explicitement. Si de telles interventions sont correctement modélisées, il peut être montré que les filtres et les modèles conduisent à des résultats très similaires. Les considérations méthodologiques sont illustrées par des séries chronologiques de long terme qui sont souvent utilisées dans la recherche empirique sur les cycles longs.Methods of Long Wave Research. The answer to the question, whether long waves exist or not depends mainly on the statistical methods used for analysis. Since the seminal work of Kondratieff in the 1920th these methods underwent significant changes. The fundamental critic against the traditional approaches in the 1970th lead to the propagation and development of “ideal” filters which should allow the isolation of predefined frequency components from time series in an exact way. This filter-design-approach was challenged in the 1980th by the unit root hypothesis. If a time series follows a unit root process filters, even if they are “ideal” lead to spurious long term cycles with duration typical for Kondratieff cycles. Therefore no longer “ideal” filters were propagated but stochastic models which correspond to the properties of the time series analyzed. This model-based-approach was challenged again in the 1990th by the development of filters which seem appropriate also for time series which contain a unit root. The article will discuss in a first part the historical development of traditional-, filter-designand model-based-approaches comparing their results with regard to the Kondratieff cycles systematically. In a second part the article presents the state of the art of filter-designand model-based-approaches. It will be argued that filters and stochastic models are only adequate if outliers and structural breaks are considered explicitly. If such interventions are modelled correctly it can be shown that filters and models lead to highly similar results. The methodological considerations are illustrated by long term time series which are often used in empirical research on long wave analysis.
- La datation du cycle français : une approche probabiliste - Olivier Damette, Zohra Rabah p. 135-163 Cet article utilise un modèle à changement de régimes markovien pour dater le cycle français. Il aboutit in fine à une périodisation tout à fait satisfaisante qui détecte effectivement les récessions qu'a connues l'économie française. De plus, il aboutit à une chronologie tout à fait comparable à celle obtenue sur la base des modèles non paramétriques « à la Bry-Boshan » popularisés, notamment, par Harding et Pagan [2002].Dating the French Business Cycle: a Probabilistic Reading. This article uses a « Markov-switching » model to date the French cycle. It reproduces in fine a satisfying periodicity which detects effectively the recessions of the French economy. Furthermore, the chronology derived by the model corresponds closely to the dates of recessions as established by « Bry-Boshan ».
- Evaluation de la synchronisation des cycles économiques dans la zone euro - Xiaoshan Chen, Terence C. Mills, Monique Flasaquier p. 165-187 Cet article donne un éclairage sur les conditions d'optimalité de la politique monétaire commune dans le cadre l'Union économique et monétaire européenne (UEM), en évaluant le degré de synchronisation des cycles économiques entre les différents Etats-membres. Les renversements des cycles économiques au sein de chacun des pays étudiés sont identifiés à partir de séries temporelles macro-économiques multi-variées qui utilisent à la fois des procédures de datation paramétriques et non-paramétriques. Le degré de synchronisation des cycles est illustré en utilisant les distances entre les cycles sur l'ensemble de l'échantillon et sur deux sous-échantillons. Les coefficients de corrélation sont calculés de façon à fournir une vision détaillée de l'évolution des cycles. Même si les pays qui forment le cœur de l'UEM se caractérisent par des cycles économiques plus synchronisés avec la zone euro agrégée que les autres pays analysés, ce phénomène reflète peut-être les pondérations relativement importantes qu'on leur a attribuées lors de la constitution de base de données agrégées pour l'Europe. En général, les résultats obtenus vont à l'encontre de l'affirmation proposée dans la théorie de la zone monétaire optimale (ZME) endogène, selon laquelle le fonctionnement d'une union monétaire devrait en lui-même augmenter la synchronisation des cycles économiques. De plus, les variations des performances économiques observées à travers la zone euro risquent d'entraîner des demandes divergentes en matière de politique monétaire et par conséquent risquent de limiter l'intérêt d'une politique monétaire commune. A ce jour, peu d'études ont cherché à mesurer la synchronisation des cycles en utilisant ceux extraits d'informations multivariées. L'article présenté ici contribue à ce domaine.Evaluating Business Cycle Synchronisation in the Euro Area. This paper offers an insight into the optimality of the European Economic and Monetary Union (EMU) and its common monetary policy by evaluating the degree of business cycle synchronisation among EMU member states. Business cycle turning points for each country are identified from multivariate coincident macroeconomic time-series using both parametric and non-parametric dating procedures. The degree of cycle synchronisation is illustrated using cycle distances over the whole sample and two subsamples. Rolling sample correlation coefficients of smoothed recession probabilities are also computed to provide a detailed picture of cycle evolution. Although the core EMU countries share more synchronised business cycles with the aggregate euro area than the other countries analysed, this may reflect the large weights they are assigned when constructing the aggregate euro area data. Overall, the results obtained go against the assertion proposed in the endogenous optimal currency area (OCA) theory that operating a monetary union will by itself increase business cycle synchronisation. Furthermore, variations in economic performance observed across the euro area may lead to diverging monetary policy requirements, and may consequently reduce the appropriateness of having a common monetary policy. To date there have been few studies measuring cycle synchronisation using cycles extracted from multivariate information. This paper contributes to this area.
- Théories réelles versus monétaires des cycles d'équilibre - Muriel Dal-Pont Legrand, Harald Hagemann p. 189-229 Après la domination de la théorie de la croissance pendant plus de deux décennies, la théorie des cycles occupa de nouveau le devant de la scène dans les années 1970. Certains auteurs tentèrent à plusieurs reprises de relier ces contributions modernes aux débats de l'entre-deux guerres : de Lucas [1977], citant Hayek à propos du défi que représente l'incorporation des phénomènes cycliques dans une théorie du système économique élaborée en termes d'équilibre, à Plosser [1989] défendant une approche purement réelle des cycles sur des bases méthodologiques. Plosser fera sur ce point référence à la position de Hicks dans la controverse qui l'opposa à Hayek concernant la nature fondamentale des fluctuations. En dépit du succès de la littérature moderne à produire une théorie des cycles d'équilibre, il apparaît à première vue que le même débat, déjà ancien, opposant les théories monétaires aux théories réelles des cycles est toujours présent. Une analyse plus poussée montre que les outils modernes de la dynamique ont profondément modifié la nature des arguments. L'objectif de cet article consiste à comparer les débats de l'entre-deux guerres avec ceux des années 1970 concernant l'analyse des fluctuations par la théorie économique.Real Versus Monetary Approches of Equilibrium Business Cycle Theory. After dominance of growth theory for more than two decades, business-cycle theory entered centre stage again in the 1970s. Different attempts, by various authors, have tried to connect these modern contributions to the interwar debates: from Lucas [1977], quoting Hayek on the challenge to incorporate cyclical phenomena into the system of economic equilibrium theory, to Plosser [1989] defending a purely real approach to business cycles from a methodological point of view. Plosser also referred to Hicks's position in his controversy with Hayek on the fundamental nature of fluctuations.Despite the success of the modern literature in providing an Equilibrium Business Cycle theory, at first sight it seems that the same (old) debate confronting real versus monetary approaches is still there. A closer inspection shows that the modern tools deeply affected the nature of the arguments. The purpose of this paper is to examine the differences between the interwar and the modern debates on how economic theory deals with fluctuations.