Contenu du sommaire : Faire durer l'événement

Revue Rives méditerranéennes Mir@bel
Numéro no 47, 2014/1
Titre du numéro Faire durer l'événement
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Introduction - Pascale Froment, Boris Grésillon p. 5-11 accès libre
  • Entretien avec Marcel Roncayolo : Marseille, le 4 mars 2013 - Boris Grésillon, Eric Verdeil p. 13-18 accès libre avec résumé
    Marcel Roncayolo, grand penseur de la ville, Marseillais d'origine, était l'invité d'honneur de la journée d'études qui a fourni la matière à ce numéro de Rives méditerranéennes. Son regard critique sur les notions d'événement, de culture, de métropole ou de capitale, appliquées au cas de Marseille, est riche d'enseignements. Nous reproduisons ici des extraits de cet entretien riche et passionnant, qui se déroula pendant deux heures dans l'appartement marseillais de Marcel Roncayolo.
  • Une écologie culturelle de la ville : Une lecture de l'œuvre de Marcel Roncayolo - André Donzel p. 19-30 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'œuvre de Marcel Roncayolo conserve toute son actualité dans la recherche urbaine parce qu'il a su faire fructifier l'héritage de l'écologie urbaine, inaugurée par les sociologues de l'École de Chicago entre les deux guerres. À travers ses recherches, en particulier sur Marseille, il aborde la ville comme un « phénomène culturel », mêlant pérennité et changement, longue durée et événement, et se déployant aux différents niveaux (physique, social et mental) de l'écologie urbaine. Cette communication rend compte de ce mouvement, à travers l'examen de plusieurs concepts-clefs qui ont contribué à définir la« grammaire » de Marseille, ainsi que des événements qui ont concouru à mettre en forme son imaginaire, depuis les expositions coloniales du début du 20e siècle jusqu'à l'opération Marseille-Provence 2013.
    The work of Marcel Roncayolo retains its relevance in urban research because he was able to grow the legacy of urban ecology, inaugurated by sociologists of the Chicago School between the two wars. Through his research, particularly in Marseille, he addresses the city as a “cultural phenomenon”, combining continuity and change, and unfolding at different levels (physical, social and mental) of urban ecology. This communication reflects the movement, through the examination of several key concepts that have helped to define the “grammar” of Marseille and events that have helped to shape its imaginary since the colonial exhibitions of the early 20th century until the operation Marseille-Provence 2013.
  • Paysage industriel et imaginaire à Martigues - Sophie Bertran de Balanda p. 31-44 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Martigues cultive la convergence d'images opposées, elle est ville industrielle et ville-patrimoine. Cette dualité est assumée. Grâce à sa géographie héritée, on l'a surnommée « Venise provençale ». Sa géographie inventée par les nécessités industrielles du siècle dernier a dessiné un chenal, entraînant la disparition d'étangs, d'îles et de salines. Aujourd'hui, il est encore difficile de mesurer l'impact sur l'imaginaire collectif de ces métamorphoses industrielles et urbaines, riches en paysages modernes et en aventures humaines. C'est à partir d'une relecture des cartes des XIXe et XXe siècles, de l'histoire de l'implantation du pôle pétrochimique, de l'analyse des photos aériennes, que l'on peut comprendre que cet imaginaire s'inscrit durablement autour du chenal de Caronte. Il enjambe les ponts, comme Toni l'immigré piémontais, héros du film de Renoir tourné ici-même en 1934, en plein bouleversement industriel. L'année 2013 ouvre de nouvelles perspectives à cette ville en changement permanent. Le Pays martégal participe au programme « Marseille, Provence, Capitale européenne de la culture ». De nombreux projets artistiques portés par la collectivité, prennent appui sur les paysages industriels. La curiosité que ces expériences font naître auprès d'un public élargi nous amène à penser que le paysage, fut-il industriel, devient un moteur culturel pour Martigues.
    Martigues cultivates the meeting between opposite images : it is an industrial city and heritage city too. This duality is completely assumed. Due to its heritated geography we nickname as “ Provencale Venice”. Its geography, invented by industrial needs of the last century, has designed a channel leading to disappearances of ponds, islands, salines. Nowadays, it is sill difficult to measure the impact on the collective imagination of those industrial and urban metamorphoses, wealthy in modem landscapes and human adventures. Thanks to a re-reading of maps (dated on the 19th and 20th century) of aerial photography, we can understand why this imaginary falls durably around the “Caronte” Channel. This Channel steps over bridges like Tony the “piémontais” immigrant, one of the Renoir's movies filmed here in 1934, during industrial disruption. The year 2013 gives new perspectives to this city in constant change. Martigues country takes part in “ Marseille European Capital of Culture” event. Many artistic projects leaded by Martigues, have a story link with industrials landscapes.Those experiences arise a real curiosity of the public, so apparently that we can think our industrial landscapes are becoming a cultural driving force for Martigues.
  • De l'exposition à l'urbanisation. Le Caire d'Ismaïl pacha - Jean-Luc Arnaud p. 45-58 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Au milieu de l'année 1868, le gouverneur de l'Égypte Ismaïl pacha fonde plusieurs nouveaux quartiers à la frange de la ville ancienne du Caire pour encadrer les festivités d'inauguration du canal de Suez. Elles ont lieu un an et demi plus tard ; à ce moment-là, les nouveaux quartiers sont un vaste chantier ponctué de « monuments » construits en bois et décorés en carton-pâte. Cependant, en quelques décennies, ils deviennent ensuite le centre-ville du Caire. Cet exemple témoigne de la manière dont des travaux, qui ressemblent plus au montage d'une exposition qu'à une opération d'urbanisation, peuvent être à l'origine de structures durables. Il montre aussi que l'occupation de l'espace résulte d'une construction dans la longue durée à laquelle participe des acteurs multiples.
    In the middle of the year 1868, the governor of Egypt Ismaïl pasha set up several new neighborhoods near the old city of Cairo. That to organize the celebration of the opening of the Suez Canal one year and a half later. At the time of the celebration, the new neighborhoods were a large work in progress occupied by a few “monuments” built of wood and decorated with plaster. However, they became the downtown after few decades. This example demonstrates how works, which look like the construction of an exhibition more than the establishment of a new town, can produce sustainable urban structures. It shows also that the assignment of the space results of a long term process which involves several forces.
  • Pérenniser l'événementiel culturel dans la métropole lilloise après la Capitale européenne de la culture : le rôle des acteurs dans les manifestations de Lille 3000 - Bruno Lusso, Marie-Thérèse Grégoris p. 59-76 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Le succès de Lille 2004 Capitale européenne de la culture a encouragé les organisateurs de l'événement à lancer tous les deux à trois ans un festival culturel thématique appelé Lille 3000. Cette pérennisation de l'événementiel culturel a été rendue possible par la volonté de la mairie de Lille de poursuivre ces opérations, par l'implication financière grandissante du milieu entrepreneurial, et par le recours au bénévolat avec l'appui sur un réseau d'équipements culturels et d'espaces publics complémentaires. Toutefois, le festival Lille 3000 recherche davantage un objectif de développement touristique et de rayonnement artistique de la ville de Lille que de démocratisation culturelle. Si les populations locales participent par le biais d'ateliers thématiques et de parades à l'événement, elles demeurent souvent cantonnées dans des pratiques relevant de la culture populaire.
    The success of Lille 2004 European capital of culture has encouraged the event organizers to launch every two or three years a thematic cultural festival called Lille 3000. The sustainability of this cultural event has been possible thanks to the wish of the Lille municipality to continue these operations, the increasing financial involvement of national and regional firms, the use of volunteers and a network of complementary cultural facilities and public spaces. However, the Lille 3000 festival aims more at tourism development and Lille artistic influence than at cultural democratization. If local populations are involved in the event through thematic workshops and parades, they remain often cantoned in popular culture practices.
  • L'invention d'une « tradition » : le défilé de la Biennale de la danse de Lyon - Philippe Dujardin p. 77-82 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Deux manifestations festives contribuent désormais à la renommée de la ville de Lyon et de son agglomération : la « Fête des lumières » et le « Défilé de la Biennale de la danse ». Ni l'une ni l'autre de ces manifestations n'avait vocation, initialement, à être reconduite : pas plus l'inauguration de la Vierge dorée coiffant la chapelle de Fourvière le 8 décembre 1852, que la déambulation chorégraphiée du 15 septembre 1996. Autant que leur teneur propre, ce sont donc les conditions de reconduction de l'une et de l'autre qui demandent à être interrogées. Comment ce qui n'a vocation qu'à une manifestation unique est-il amené à être reconduit ? Comment le contingent en vient-il à faire « tradition » ? Des conditions de cette « advenue » nous demanderons compte à la plus récente de ces deux manifestations, soit le défilé de la Biennale de la danse.
    Two festive events have for a while now added to the fame of the city of Lyons and its conurbation : the Festival of Lights and the Biennial Dance Festival Parade. Neither of these events was initially meant to be repeated : the inauguration, on the 8th of December 1852, of the golden Virgin placed on top of the Fourvière chapel was meant to be just that ; the choreographed parade on the 15th of September 1996 was not intended to be done again. So the question has to be asked : why were they eventually repeated ? What conditions led to their becoming a yearly or biennial event ? How does a random happening finally becomes something people look forward to ? We shall investigate about the more recent of the two – the Biennial Dance Festival Parade – and the circumstances that led to its becoming a regular tradition.