Contenu du sommaire : Risque et quotidien
Revue | Sociétés |
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Numéro | no 77, 2002/3 |
Titre du numéro | Risque et quotidien |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Contributions
- Se mettre à l'abri ou jouer sa vie ? : Éléments d'une culture sociale du risque - Olivier Sirost p. 5 L'actualité du risque peut s'analyser comme une actualisation de l'archétype du mal. En examinant les attractions et répulsions à l'égard du mal qui se construisent en Occident à partir du 18e siècle, l'article tente de mettre en évidence quelques mécanismes de constitution de la société. Le risque participe à la construction sociale de la réalité en inversant les sensibilités à l'environnement et en déterminant des zones de vigilance dans la société. Il se démocratise à partir des années 1930 en France en surinvestissant les pratiques aventureuses et en participant à un libération généralisée du corps. Ce jeu permanent entre la quête de l'abri protecteur et la fureur de vivre pour vivre semble fondateur du trajet à partir duquel le risque actualise nos valeurs contemporaines.
- « Risque et culture » - Mary Douglas, Aaron Wildavsk p. 17-19
- Le savoir et le risque : appropriation et adaptation des connaissances en médecine générale - Marc Souville p. 21-36 L'épidémie du sida révèle un mécanisme de construction sociale à partir du risque encouru. Au plus fort de l'épidémie, de faux savoirs cultivés par la peur (réaction défensive spontanée) et colportés par la rumeur se diffusent jusque dans les milieux des professionnels de la santé. La rationalité du savoir médical est alors mise en balance par un débridement des phobies associées à la maladie. Entre la peur du médecin et les précautions qu'exigent le savoir médical, des figures du risque émergent telles que les homosexuels, les prostituées, les drogués.
- Les incertitudes de l'incident de Tchernobyl : L'émergence du sens dans les territoires contaminés en Belarus - Alfredo Pena-Vega p. 37-54 L'accident de Tchernobyl « est une tragédie invisible ». Voilà le paradoxe auquel nos observations nous ont confrontés. Pour nous l'invisibilité est à la fois un fait social et un événement complexe, il appartient aux perceptions du monde vécu qui expriment l'existence d'une réalité, et notamment un mode de comportement difficile à exprimer par la population. Les questions que l'on se posera dans cet article sont multiples : comment et pourquoi en vient-on à s'interroger sur l'invisible ? Comment rendre compte d'un certain nombre de traits marquants : social, sanitaire, écologique, existentiel à partir d'un mode d'explication qui tiennent compte de la complexité du réel? "
- Étude du sens des conduites à risque actuelles - Cécile Martha p. 55-68 L'article présente les résultats d'une enquête sur les représentations du risque auprès d'une population d'étudiants en sciences du sport. Après avoir passé en revue les cadres sociaux du risque (maîtrise, habitude, concentration, influence, confiance, images, idéologies), des motifs permettant d'éclairer les comportements en matière de sexualité, consommation de substances dangereuses, conduite automobile et pratiques sportives sont mis en évidence. Les motifs personnels tournent autour de la recherche de sensations ou d'accomplissement. Les motifs sociaux portent sur le partage de l'expérience et la valorisation. Enfin, la transgression de l'interdit et la valorisation sociale du dépassement caractérisent les motifs institués de la prise de risque.
- Le risque comme adjuvant, l'exemple des raves parties - Lionel Pourtau p. 69-81 Dans un temps de disqualification globale des systèmes de valeurs, les comportements à risque servent à donner des éléments identitaires, en particulier aux jeunes gens. Mais en parallèle, parce qu'ils sont condamnés par une Société globale à la recherche d'aseptie sociale, ils se fédèrent en groupes ou en collectifs déviants en fondant des systèmes de représentations collectives. Les raves parties, et en particulier leur forme clandestine les free parties, juxtaposent différents éléments de cette construction par le risque et l'opposition.
- L'engouement pour les raids-aventure ou la société du risque transfigurée par le destin - Marianne Barthelemy p. 83-93 Le succès des raids-aventure peut être appréhendé comme une cristallisation des significations, valeurs et affects qui tournent autour de ce que les observateurs du social nomment une « société du risque ». Par le caractère illusoire de présentation des raids-aventure comme étant des pratiques éminemment risquées, on entretien un symbolisme du danger. Dans les faits, les concurrents qui vivent les raids-aventure montrent combien il est nécessaire pour eux de renouer avec le destin, de déjouer les mécanismes du piège tendu par l'épreuve et de vivre une initiation. Le raid-aventure transfigure ainsi la vision aseptisée du danger pour générer des niches où le risque vécu trouve son expression pleine.
- Se mettre à l'abri ou jouer sa vie ? : Éléments d'une culture sociale du risque - Olivier Sirost p. 5
Marges
- La politique du retrait - Stéphane Hugon p. 95-99
- Activités sociologiques - p. 101-105