Contenu du sommaire : L'ennemi

Revue Sociétés Mir@bel
Numéro no 80, 2003/2
Titre du numéro L'ennemi
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Contributions

    • L'ennemi nécessaire : Caractéristiques psychologiques et rôles dans l'identité du sujet - Emmanuelle Bonneville p. 5 accès libre avec résumé
      Cet article propose une approche psychodynamique des caractéristiques et rôles de l'ennemi dans la construction identitaire d'un sujet. Il s'agit d'une tentative de compréhension des phénomènes psychiques qui conduisent un individu à investir en négatif un objet concret, qu'il constitue en référence afin d'aménager la capacité d'autodétermination qui lui fait défaut. L'hypothèse principale correspond à l'idée que l'investissement d'un objet ennemi est un processus essentiellement défensif, qui vise à réduire une atteinte narcissique et à éradiquer un état de douleur psychique source d'affects dépressifs. Celui-ci serait inhérent à l'incapacité du sujet à intégrer dans l'évolution de la partie du moi qui correspond à l'identité certains éléments nouveaux et traumatiques, issus des aléas de l'activité pulsionnelle et/ou de la rencontre avec le réel extérieur. Une seconde hypothèse découle de la considération du fait que l'objet-ennemi est abordé sur un mode massivement projectif qui aliène le sujet. Elle concerne les conséquences, en termes de retour d'affects et d'angoisse, de la confrontation aux mouvements subjectifs de cet objet, conduisant à l'invalidation du système identitaire qui lui est corrélé.
    • Ennemi et décision : Hommage à Panajotis Kondylis - Panagiotis Christias p. 17-31 accès libre avec résumé
      Le problème des valeurs est lié à la problématique d'une science de la culture (Kulturwissenschaft) telle que la conçoivent Rickert et Weber. Or, dans l'oeuvre de Max Weber, les notions « conception du monde », « valeur », « décision » ne sont l'objet d'aucune analyse spécifique. Une telle analyse est effectuée par Panajotis Kondylis. La question de l'« ennemi» prend sens à l'intérieur de ce questionnement qui interroge la nature de la constitution des sociétés humaines.
    • La psychose de l'ennemi chez l'écrivain - Bernard Lonjon p. 33-40 accès libre avec résumé
      L'ennemi, indispensable à l'équilibre d'une société, revêt diverses formes. Dupoint de vue du littérateur, il peut être la censure, la critique littéraire ou la page blanche.Survolant les deux derniers siècles littéraires, nous visualisons les différentes facettes del'ennemi : l'armée pour Darien, les juifs pour Daudet, Céline ou Drumont, la famille pourGide ou Mauriac, le livre lui-même pour les intégristes, les écrivains pour Barbey d'Aurevilly,soi-même pour Bernanos. Charles Maurras, en inventant le bréviaire de la calomnie,répond au terrorisme verbal de Léon Bloy. Les asociaux dont il est fait référence ontparfois incité à la haine dans leurs écrits. Seuls les poètes parviennent à transcender l'étatde haine, si latent en chacun de nous...
    • L'ennemi comme monstre : Une réflexion sur la séparation entre le bien et le mal, à partir d'une analyse des conditions d'émergence et de l'usage symbolique de l'image monstrueuse d'Hitler - Paschalis Ntagteverenis p. 41-50 accès libre avec résumé
      Dès le début de la guerre froide et jusqu'à la guerre en Irak, la figure de AdolfHitler a été impliquée dans le discours qui visait à la « diabolisation » des nouveaux ennemis.Ce recours constant à l'image du monstre Hitler obéit à la même logique que l'applicationdu monstre juif par le régime nazi : une logique qui part de la séparation absolueentre le Bien et le Mal, pour arriver à la justification de la domination. Dans cet article,nous essayons d'examiner cette logique, sa structure et ses conditions de réalisation àpartir d'un cas concret, celui des conditions d'émergence et du rôle symbolique du monstreHitler, pour nous interroger sur la possibilité de l'apparition d'une logique fraternelle,alternative par rapport à la logique de la domination et la séparation majeure qui lasupporte. "
    • Le corps ennemi - Philippe Oliviéro p. 51-71 accès libre avec résumé
      Dans une perspective de psychologie sociale phénoménologique, nous étudionsune modalité de la construction sociale de l'expérience et de la représentation ducorps ennemi, à partir de la mise en oeuvre d'un modèle heuristique (sept facteurs) factorielet vectoriel de la subjectivation, de l'intersubjectivation et de l'intermatérialité. Noustentons de montrer la continuité cognitive entre la construction sociale et psychologiquede la subjectivité incarnée et celle de l'expérience du corps ennemi. Ce par quoi un sujetse donne à lui-même et se donne aux autres est aussi ce par quoi il refuse, nie, réfute,repousse, et hait. Si la construction du corps ennemi passe par le clivage ego-alter, cettemême construction fait fond de la connaissance et de l'expérience de soi-même et d'autruiincarné, la phénoménologie de la chair, de la subjectivation et l'intersubjectivation matérielle,de l'intermatérialité.
    • L'ennemi à l'âge des conflits asymétriques - Lionel Pourtau p. 73-88 accès libre avec résumé
      L'organisation actuelle des relations internationales fonctionne dans le cadredu monopole moral d'un système, la démocratie libérale et d'une hyperpuissance, lesAtats-Unis. Cette situation entraîne un développement des discours moralisateurs dans lespratiques politiques et guerrières. La disqualification morale de l'adversaire devient systématique.De façon structurelle, l'existence d'un ennemi semble un élément d'équilibrenécessaire qui explique que l'on en crée un nouveau chaque fois que l'ancien disparaît. Lamutation de la forme des nouvelles forces de contestation de l'ordre établi permet defaciliter la disqualification morale à partir de leur méthode non conventionnelle d'actions.
    • La figure de l'ennemi intérieur dans les théories conspiratrices aux Etats-Unis - Yves Viltard p. 89-98 accès libre avec résumé
      Il s'agit dans cet article de commenter l'ouvrage de Robert Allan Goldberg « Ennemy Within ». Il traite de ces formes particulières du discours américain que sont les théories conspiratrices. On les trouve dans le cinéma, la littérature, la télévision ou le journalisme. Elles se présentent comme entreprises de révision historiques. On peut y voir des formes particulières d'élaboration de discours mythologiques propres aux sociétés modernes. Mais c'est aussi une façon de donner une appartenance communautaire aux croyants.
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