Contenu du sommaire : L'imaginaire des médias

Cet article propose une réflexion autour des transformations de la métropole, de sa façon de causer et de motiver les processus actuels à sa mutation en simple virtualité, en archétype des médias et des imaginaires qui lui sont liés. Certains thèmes qui sont de nos jours les plus significatifs proviennent de la métropole, à savoir : la succession des médias et de leur virtualité, la domination du tragique et de l'éphémère. Néanmoins, les processus en cours poussent la grande ville dans une position marginale, car l'image qu'ils en donnent correspond à « des bribes de rêve », à des restes, encore présents mais dérisoires en comparaison au pouvoir et à la fantasmagorie des nouveaux médias.

Le tragique, le baroque et le grotesque sont des formes de l'imaginaire qui expriment la condition humaine : son ambivalence et intranquillité, son déséquilibre et vertige, l'énigme et le labyrinthe qui la constituent. Étant donné que la vie ne connaît plus de fondement sûr, de territoire connu et d'identité stable, ces formes de l'imaginaire expriment une vie qui ne connaît pas de répit. Le tragique, le baroque et le grotesque sont des figures opposées à l'idée de totalisation de l'existence, ce qui veut dire qu'il s'agit de figures contraires à l'idée de perfection et d'harmonie humaines. En tant que figures qui déclinent notre condition fragmentaire, marginale, mondaine et profane, elles exposent aussi le caractère visqueux, sinueux, vacillant et labyrinthique de cette condition.

L'article qui suit est une tentative d'éclaircir l'idée d'image récréative, en l'exemplifiant à partir de la photo fantaisiste et des jeux vidéo. L'image récréative est corrélative aux transformations dans la notion d'image diagnostiquées par Walter Benjamin dans L'œuvre d'art à l'époque de sa reproduction mécanisée. La récréation visuelle est ici comprise comme une pratique qui, résultant de l'avènement des médias tels la photographie et le cinéma, procure la « distraction » et se sert du modèle du collage. Malgré leurs différentes positions dans la généalogie de l'image, la photographie fantaisiste des premières décennies du XXe siècle, qui nous occupera principalement ici, et les jeux virtuels, sont également exemplaires de cette notion.

La concrétisation, via le déploiement du réseau cybernétique planétaire, de l'utopie œcuménique que le père jésuite Pierre Teilhard de Chardin désignait sous le nom de « noosphère », pourrait aussi désigner le processus par où achève de s'accomplir le nihilisme de la métaphysique occidentale. Elle ne doit donc pas nécessairement être confondue avec ce que l'on appelle le « monde imaginal des archétypes de l'inconscient collectif », bien qu'elle entretienne un rapport particulier avec celui-ci. Au final, c'est le mode d'être-au-monde de l'homme qui s'en trouve radicalement bouleversé.

L'humanité postmoderne accède au domaine du sacré à partir de ce qu'elle vit à travers les espaces virtuels. Les nouvelles technologies ouvrent une pluralité de mondes virtuels où l'individu peut, à nouveau, s'imprégner totalement de mythes et de symboles magico-religieux. Le corps lui-même se virtualise et intègre une nouvelle manière d'être dans le monde qui prend sa source dans un imaginaire initiatique vécu en commun. À la lumière du vitalisme contemporain, l'on voit renaître l'homo religiosus.

Le polbusting est une pratique de recréation et récréation à travers laquelle les acteurs de la culture électronique détournent et ridiculisent les messages et les corps de la politique contemporaine. Ces performances incarnent emblématiquement la sensibilité transpolitique de l'imaginaire actuel, indiquant la fête et le jeu comme les matrices sur lesquelles elle se fonde. Ainsi, il apparaît indispensable, pour comprendre la relation contemporaine entre imaginaire, médias et politique, de prendre sérieusement en considération ce qui se produit dans les nouveaux paysages médiatiques, dans la mise en scène de la vie quotidienne, dans la culture de l'éphémère et dans tout ce qui a été, jusqu'à présent, relégué aux marges et à l'ombre de la vie sociale.

Notre œil est continuellement stimulé dans l'action de captation du monde social qui nous entoure pour former un regard capable de comprendre et d'enregistrer le réel sous ses multiples facettes. Qu'est-ce qu'il advient à cet œil à l'ère de la profusion des technologies ? Comment changent les médias et leur proposition de « nouvelles » stimulations de la vision ? Dans une atmosphère contaminée par le déluge d'images et de mobilité technologique, le techno-œil sera une modalité d'expression du changement et de l'adaptation de la vision dans la porosité communicationnelle.

Cet article développe l'idée de territoire informationnel et de mobilité pour comprendre les nouveaux processus de spatialisation en œuvre avec les médias numériques, et plus particulièrement les médias localisés. Nous allons montrer qu'il y a une nouvelle façon d'utiliser l'espace public qui met l'accent non plus sur les informations dans le cyberespace « là-haut », mais sur les informations dans un contexte local « ici-bas ». Et cela produit des nouvelles significations des lieux et de l'espace urbain.

Du point de vue d'une sociologie du quotidien et de l'imaginaire, les nouvelles technologies ne peuvent pas être envisagées comme source d'aliénation ou d'homogénéisation. Elles ne conduisent pas à l'annihilation du discours ontologique (Freund) ou des potentialités imaginatives de l'homme (Ellul). Ni même à « l'arraisonnement » de l'être (Heidegger), dans le but de mobiliser l'homme comme simple objet technique. Les nouvelles technologies sont avant tout vecteurs de socialité. De surcroît, dans la postmodernité, le développement technologique est parfaitement compatible avec le réinvestissement mythologique (Durand) et le retour aux valeurs communautaires (Maffesoli). Les liaisons techniques qui se développent au sein des réseaux informatiques sont avant tout productrices de relations et d'interactions sociales.

Dans ce texte, nous irons voir les similitudes de Carl Jung et Gilbert Simondon par rapport à la façon de penser le concept d'individuation. Les contributions de ces deux auteurs permettent justement de repenser les formes d'imaginaire dans la société postmoderne pour une meilleure compréhension des nouvelles liaisons (ou médiations socio-digitales) humaines. À la fin du texte, nous suggérons certains exemples d'application du concept d'individuation.

La diffusion de l'usage des technologies de l'information et de la communication dans notre environnement quotidien est à l'origine d'une nouvelle configuration spatiale et d'une mutation des formes relationnelles qui en sont indissociables. Ces changements mettent également en œuvre une pensée partagée axée sur les représentations collectives dans le quotidien en reconnaissant la primauté de l'affect, au sens d'« être affecté » par les objets technologiques, l'espace et son expérience. La réflexion est ainsi fondée sur la médiation numérique dans ces trois dimensions de l'espace urbain (physique, sociale et imaginaire), où nous observons une hybridation des interactions socio-spatiales avec l'information et la communication numériques.

La radio est profondément liée à la vie quotidienne à une époque où la communication de masse s'est étendue à la densité sensitive du son et à la force significative de messages sonores qui cherchent l'immédiateté comme élément distinctif. « Médium chaud » dans l'expression de McLuhan, la radio correspond non seulement à une technique sophistiquée de transmission directe d'information, mais aussi et surtout à un art dont le langage a autant de rationalité que d'émotivité. Essayant de produire des portraits de la réalité sans images, la radio est porteuse par le son en général et par la parole en particulier du pouvoir constitutif de l'actualité. D'ailleurs, en concentrant toute sa vivacité imaginative dans un seul sens, le discours radiophonique essaye d'être séduisant et attractif. En effet, c'est de la nature même de la radio d'être émotive, passionnée, poignante. Voilà pourquoi elle est liée à l'imaginaire de plusieurs générations, non seulement en ce qui concerne la diffusion de l'information, mais aussi dans la mesure où elle se rapporte à une expérience esthétique particulière.

Cet essai propose d'aborder le cinéma avec un autre regard, un regard qui le prend comme un exemple plus complet à partir de la communication visuelle (Block, 2001). Il se concentre sur les génériques de films, en s'approchant de ses compétences de communication vers l'animation et le graphisme, surtout vers le domaine du motion design (Krasner, 2008). Ce changement de regard donne une autre dimension à la compréhension et à la perception du spectateur qui est en train de voir et de faire l'expérience du film.

L'exercice sémiotique que nous proposons dans ce contexte repose sur une conception ontologique et épistémologique de l'espace qui, dans une certaine mesure, se rapproche de la notion d'espace parcouru de Michel de Certeau. L'auteur s'intéresse aux « énonciations pédestres », aux pratiques de l'espace qui sont étrangères à une grammaire universalisante. Cette dimension de l'espace étant celle que nous chercherons à aborder, l'objectif de cet essai est de centrer notre attention sur les objets qui s'interposent sur les trajets sémiotiques en énonciation. Nous considérons que ces mêmes trajets sont composés de réseaux de relations hétérogènes, incorporés par des acteurs humains et non humains. Les contributions de Latour, de Donna Haraway et de Deleuze et de Guattari, entre autres, sont fondamentales pour une élucidation réflexive sur la nature de ces relations. L'espace s'ouvrant à la possibilité de la coexistence, nous chercherons à relater la coexistence matérielle des différents corps, des différents acteurs, des manières particulières selon lesquelles les objets transbordent de sens inusités et se transforment en éléments créatifs qui produisent indéfiniment l'espace, en même temps qu'ils sont produits par lui et partagent sa nature ineffable.

Ce texte se propose un exercice fort simple : déceler quelques figures typiques du baroque dans les annonces publicitaires récentes destinées à la télévision et au cinéma. Écrire sur l'audio-visuel comporte toujours un risque à ne pas ignorer : le risque d'écrire des séries de légendes sans images.

Les cartes postales appartiennent à un temps dans lequel la communication a signifié aussi un échange calligraphique. Elles sont contemporaines de l'image photographique. Les cartes postales sont pour l'histoire de l'écriture épistolaire ce que les weblogs sont pour l'histoire de la cyber-communication. Considérées de différents points de vue comme des moyens de communication marginaux, les cartes postales constituent un univers extrêmement riche de représentations de l'imaginaire contemporain.