Contenu du sommaire : L'exil chilien en France
Revue | Hommes et migrations |
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Numéro | no 1305, janvier-février-mars 2014 |
Titre du numéro | L'exil chilien en France |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- D'un exil à l'autre - Marie Poinsot p. 1
Dossier
- Un exercice de mémoire - Roberto Romero p. 6-7
- Le poids de la défaite. Retour sur les origines de l'exil politique chilien (1970-1990) - Franck Gaudichaud p. 9-15 La prise de pouvoir sanglante du général Pinochet, en septembre 1973, a conduit à l'exil de centaines de milliers de Chiliens, parmi eux, les militants de l'Unité populaire, coalition de gauche dont la tête de file était le président Salvador Allende. La dictature militaire tentera d'expurger, à tous les étages de la société, la mémoire de cette “voie chilienne au socialisme” tout en institutionnalisant la répression et la traque des opposants. De nombreux réfugiés n'auront alors de cesse de dénoncer le régime militaire, de soutenir les actions de résistance sur place et de mobiliser la solidarité internationale.
- L'accueil des exilés latino-américains en Europe - Raúl Morales La Mura p. 17-23 Depuis un demi-siècle, les flux migratoires n'ont cessé de se développer entre l'Amérique latine et l'Europe. La révolution cubaine comme l'avènement de la dictature chilienne et le sort des exilés latino-américains ont ému les populations européennes qui se sont montrées particulièrement accueillantes. Mais, dans le contexte de crise économique actuelle, les représentations changent et c'est à présent vers l'Amérique latine que se tournent certains Européens en quête d'une vie meilleure.
- Réalités sociologiques et politiques des exilés chiliens en France - Nicolas Prognon p. 25-31 Si l'accueil des Chiliens s'est fait dans des conditions très favorables en France dès 1973, leur intégration n'a pas été aisée. En cause, notamment, le syndrome d'un exil qui se voulait temporaire, la difficulté à trouver de nouveaux repères tant que les réfugiés gardaient les yeux tournés vers leur pays d'origine. Le choix individuel des migrants parmi les statuts qui leur étaient proposés, réfugié, étudiant ou travailleur immigré, a déterminé pour une grande part les modalités de leur socialité en devenir.
- Venceremos, Pinocho y las empa ñ adas... Grandir en exil à l'ombre du retour - Fanny Jedlicki p. 33-39 L'héritage de l'exil chez les descendants d'exilés politiques chiliens est complexe. L'histoire parentale transmise, le surnom donné au dictateur Pinochet, une chanson de résistance ou un plat traditionnel constituent autant d'éléments forts de la mémoire de l'exil. Le retour au pays perdu s'avère pourtant problématique. La mémoire familiale perd progressivement son rôle central dans les trajectoires des nouvelles générations.
- Les exilés politiques chiliens en France, quarante ans après le coup d'État - Mabel Verdi Rademacher p. 41-47 Il n'y a pas de profil type de l'exilé chilien en France. Au contraire, ils constituent une catégorie hétérogène avec un attachement variable à leur pays d'origine et des modalités différentes de socialisation en France. Ces critères permettent de définir plusieurs groupes parmi eux. Après l'abandon du mythe du retour au Chili, leur installation définitive dans leur pays d'accueil repose sur les liens forts tissés avec leurs compatriotes résidant en France, comme avec l'ensemble de la société française.
- L'accueil en France des réfugiés après le 11 septembre 1973 - Marie-christine Volovitch-tavares p. 49-56 La réussite notable de l'accueil des réfugiés chiliens en France repose sur un contexte particulier : la solidarité du monde associatif vis-à-vis des opposants à la junte s'est doublée de la bienveillance des autorités françaises. Le système d'accueil performant a concerné tout autant les réfugiés chiliens que les opposants latino-américains qui avaient trouvé refuge dans le Chili d'Allende. Information, hébergement, orientation professionnelle…, tout a été mis en œuvre pour que ces exilés puissent reconstruire leur vie en France.
- L'OFPRA et le traitement des demandes d'asile des Chiliens en France - Aline Angoustures p. 59-68 La période de l'accueil des réfugiés chiliens, entre le milieu des années 1970 et celui des années 1990, coïncide à l'Ofpra avec la modernisation de ses pratiques. Face à ce premier flux de demandes extra-européennes d'importance, les personnels de l'Ofpra ont dû modifier leur conception de l'asile et leurs méthodes d'examen des dossiers. Peu à peu va se généraliser l'entretien approfondi avec les demandeurs d'asile. Une façon de saisir au mieux les motivations politiques qui les ont poussés à l'exil et de réaliser les conditions d'un accueil juste et objectif.
- Le Chili et les mouvements migratoires - Ricardo Parvex p. 71-76 Depuis le XVe siècle, l'histoire du Chili s'est construite autour des migrations de peuplement. Si elle était au départ constituée par des mouvements de populations internes au continent américain, l'immigration des Européens au Chili commence avec la conquête espagnole. Elle se poursuit notamment aux XIXe et XXe siècles par l'arrivée de populations venues de toute l'Europe cherchant au Chili une terre d'accueil. La dictature de Pinochet va susciter d'importants flux en sens inverse : une partie de la population quittera le pays, contribuant à ouvrir le Chili au reste du monde.
- Réfugiés chiliens en Isère : une politique de l'hospitalité - Jacques Barou p. 79-86 L'accueil des réfugiés chiliens en Isère à partir de 1974 se fait sur fond d'une mobilisation sans précédent de la société civile et des institutions locales en faveur des victimes de la dictature de Pinochet. Ces exilés fortement politisés rencontrent la solidarité de la population locale, ce qui leur permet de s'installer durablement dans la région grenobloise.
- L'accueil des réfugiés politiques chiliens à Grenoble. - Anouchka Hrdy p. 89-94 La question de l'exil, et plus précisément de la venue des réfugiés politiques chiliens en France, permet de questionner les conditions de l'accueil réservé aux demandeurs d'asile actuels. L'histoire des réfugiés chiliens à Grenoble prend aujourd'hui une dimension mythique à tel point qu'on peut se demander comment leur accueil a été possible dans la bienveillance générale, dans une ville où l'on mure aujourd'hui les bâtiments vides pour les rendre indisponibles aux demandeurs d'asile.
- La commémoration des quarante ans du coup d'État du 11 septembre 1973 en Isère - Olivier Cogne p. 97-103 En juin 2013, le Musée de la résistance et de la déportation de l'Isère a présenté à Grenoble une exposition consacrée à l'histoire contemporaine du Chili et à la commémoration du coup d'État de Pinochet. Conçue en synergie avec les acteurs associatifs locaux, l'exposition Exiliados. Le refuge chilien en Isère 1973-2013 repose sur une chronologie large, de l'arrivée au pouvoir du président Allende en 1970 à nos jours. La transmission de la mémoire des exilés chiliens qui ont fui la dictature pour s'installer en Isère a fait de cette exposition un succès.
- Quand les intellectuels français s'engagent : Entretien avec Alain Touraine - Marie Lazaridis p. 105-107
- Résidence dans la langue - Jorge Edwards p. 109-112
- Littérature chilienne hors les murs - Bernardo Toro p. 114-117
- Exil et littérature dans l'œuvre de Roberto Bolaño - Adélaïde de Chatellus p. 119-125 Roberto Bolaño occupe une place charnière dans l'histoire de la littérature latino-américaine. Renonçant au réalisme merveilleux ou magique qui a fait le succès de la génération précédente, celle du Boom latino-américain, il développe une œuvre marquée par l'abandon des utopies, de l'héroïsme, de la morale. Chez lui, l'exil biographique croise la volonté de renouveler la langue et l'esthétique littéraire latino-américaines pour les ouvrir aux formes multiples de la littérature universelle.
- Une littérature de l'entre-deux : Roman et exil chilien chez Antonio Skármeta, José Donoso et Bernardo Toro - Catherine Pélage p. 127-133 L'écriture de l'exil appelle un double regard sur des trajectoires individuelles prises dans l'Histoire. La fuite hors du Chili de Pinochet ou le souvenir traumatique de la dictature constituent une mise à distance à la fois spatiale et symbolique, dont s'empare avec force la création littéraire chilienne à l'étranger. Antonio Skármeta, José Donoso ou Bernardo Toro mettent en scène cet entre-deux problématique où le silence des victimes de la dictature voisine avec leur mémoire meurtrie. Leurs textes rappelant la présence lancinante des ombres du passé.
- Douleur de la séparation et quête de retrouvailles dans la poésie chilienne écrite en exil (1973-1990) - Benoît Santini p. 135-142 Les exilés chiliens ont produit de nombreuses œuvres poétiques dont la force répond à la violence qui a provoqué leur départ du Chili. Fortes et exaltées, ces œuvres sont emplies de nostalgie pour une patrie que les poètes chiliens en exil doutent de ne jamais revoir. Dans leurs œuvres, ils mettent en scène leur quête d'identité, leur errance et la présence paradoxale de leur pays lointain. Coincés dans l'entre-deux de l'absence, ces poètes conservent intact leur amour du Chili par-delà les aléas de l'histoire.
- Comment les anciens exilés chiliens contribuent à mettre fin à l'héritage politique de Pinochet - Eduardo Valenzuela-Chadwick p. 145-148 L'arrestation à Londres, en octobre 1998, d'Augusto Pinochet a été pour beaucoup le fait de la mobilisation internationale des anciens exilés chiliens en Europe. C'est le point d'orgue de leur combat mené pendant les années de plomb pour changer les règles du jeu politique imposées par le dictateur. L'impunité de Pinochet et de ses complices civils et militaires après leur départ constituait le signe patent qu'ils étaient restés les maîtres du pouvoir au Chili, verrouillant les institutions et toute possibilité de transformation sociale.
Chroniques
- Araucaria de Chile : La revue culturelle de l'exil chilien - Melina Cariz p. 152-155
- Une mémoire qui resurgit : Les travailleurs indochinois de la Seconde Guerre mondiale - Pierre Daum p. 156-159
- D'Indochine en Lot et Garonne, le périple des métis - Dominique Rolland p. 160-161
- Ces Français d'origine vietnamienne qui choisissent le retour - Laetitia Van Eeckhout p. 164-167
- L'ouverture au monde de la littérature vietnamienne : Entretien avec Doan Cam Thi - Laetitia Van Eeckhout p. 168-170
- La culture vietnamienne en Aquitaine : L'exemple de l'Association franco-vietnamienne Bordeaux-Aquitaine - André Le Vagueresse p. 171-172
- Entre histoire et mémoire : Le Musée de la mémoire de Santiago du Chili - Bernardo Toro p. 173-175
- Lazare Ponticelli, immigré italien et dernier poilu français - Marie-Claude Blanc-Chaléard p. 176-177
- Rendez-vous européen - Mustapha Harzoune p. 181-185
- Hommage à Ibrahima Sylla - François Bensignor p. 186-192 La disparition du fondateur du label Syllart Productions, survenue le 30 décembre 2013, est une perte pour le milieu des musiques du monde. Ce producteur infatigable a su faire apprécier la musique africaine aux publics occidentaux. On lui doit un trésor de créations, comme l'album Soro de Salif Keïta ou le lancement d'Ismaël Lô, la mise en œuvre des groupes concepts Africando et Mandé Kalou, ou la publication d'archives patrimoniales.
- 12 years a slave : Film britannique de Steeve McQueen - Anaïs Vincent p. 193-194
- Des étoiles : Film franco-sénégalais de Dyana Gaye - Anaïs Vincent p. 195
- Ellis Island, histoire d'un rêve américain : Documentaire français de Michael Prazan - Anaïs Vincent p. 196
- L'Absence : Drame français, guinéen, sénégalais de Mama Keita - Anaïs Vincent p. 197
- Abdelhafid Hammouche, Politique de la ville et autorité d'intervention. Villeneuve d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2012, 324 pages, 24 €. - Mustapha Harzoune p. 198-199
- Toumi Djaidja, La Marche pour l'Égalité. Une histoire dans l'Histoire, Entretiens avec Adil Jazouli, La Tour d'Aigues, éd. de l'Aube 2013, 160 pages, 13,80 €. - Mustapha Harzoune p. 199-200
- Bouzid, La Marche. Les carnets d'un marcheur : Arles, Sindbad/Actes-Sud, 2013, 155 pages, 14,90 €. - Mustapha Harzoune p. 201-202
- Abdellali Hajjat, La Marche pour l'égalité et contre le racisme, Nadia Hathroubi-Safsaf, La Longue marche des Beurs pour l'égalité, : Paris, Amsterdam 2013, 262 pages, 14 €.Le Kremlin-Bicêtre, Les Points sur les i, 2013, 174 pages, 17,90 €. - Mustapha Harzoune p. 202-204
- Christophe Goussard, Eric Bonneau, Les jours d'après : Paris, Filigranes éditions 2014, 72 pages, 18 €. - Françoise Schanbroeck p. 204-209