Contenu du sommaire : Varia

Revue Le Mouvement social Mir@bel
Numéro no 195, avril-juin 2001
Titre du numéro Varia
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Entre néo-libéralisme et corporatisme : apports et limites de deux trajectoires singulières - Michel Margairaz p. 3-7 accès libre
  • Aux origines du néo-libéralisme en France : Louis Rougier et le Colloque Walter Lippmann de 1938 - François Denord p. 9-34 accès libre avec résumé
    Le néo-libéralisme est apparu en France à la fin des années 1930. Dans un contexte de crise, son émergence a été rendue possible par l'action et le discours prophétique de Louis Rougier, professeur de philosophie à l'Université de Besançon. Partisan d'une renaissance intellectuelle du libéralisme économique, préalable nécessaire à son renouveau politique, Louis Rougier a organisé à Paris en août 1938 le Colloque Walter Lippmann. Lors de cette réunion internationale sont présents des patrons influents, des hauts fonctionnaires, des intellectuels et surtout la génération montante des économistes libéraux. L'objectif est de définir un « néo-libéralisme », tenant compte des transformations du rôle de l'État dans l'activité économique, et de mettre en place une organisation internationale de libéraux en lutte contre le planisme. C'est ainsi qu'est né, en mars 1939, le Centre International d'Études pour la Rénovation du Libéralisme, qui, s'il disparaît avec l'entrée en guerre de la France, a pu réunir de manière inattendue universitaires, dirigeants d'administration, entrepreneurs et syndicalistes, et a servi de modèle à la Société du Mont-Pèlerin, créée par Friedrich Hayek et Wilhelm Röpke en 1947.
  • Un laboratoire de la doctrine corporatiste sous le régime de Vichy : l'Institut d'études corporatives et sociales - Steven L. Kaplan p. 35-77 accès libre avec résumé
    Paradoxalement, l'abolition des corporations par la Révolution française a donné naissance à « l'idée corporatiste » qui allait prospérer au XIXe siècle, s'enrichir suite à la Révolution russe et à la Grande Dépression, et atteindre son apogée sous Vichy. Cet article retrace l'itinéraire de l'Institut d'études corporatives et sociales qui était chargé, selon son très jeune directeur, M. Bouvier-Ajam, de préparer, voire réaliser l'avènement corporatif, socle socio-institutionnel de la Révolution nationale. Directement inspiré par une vision idéalisée d'un long Ancien Régime chrétien, cohérent et harmonieux, ce corporatisme vante cependant sa modernité et sa pertinence. Mais l'exégèse que donne Bouvier-Ajam à la doctrine suscite de l'opposition au sein de l'I.E.C.S. et de l'entourage du Maréchal. L'I.E.C.S. disparaît juste avant la Libération, qui incarcère son directeur pendant un an. Répudiant l'évangile corporatiste tout en nourrissant sa vive critique du capitalisme, Bouvier-Ajam devient communiste, côtoie les chefs du P.C.F. et collabore au C.E.R.M. Il prend ses distances en fin de carrière quand, devenu écrivain à succès, il brigue obstinément l'Académie française, s'appuyant sur le duc de Lévis-Mirepoix, ancien membre du comité de patronage de l'I.E.C.S.
  • La question syndicale dans l'enseignement privé au XXe siècle : éléments pour une histoire - Bruno Poucet p. 79-99 accès libre avec résumé
    Cet article se propose de combler une lacune dans la bibliographie : présenter les grandes lignes du syndicalisme dans l'enseignement privé au XXe siècle. Il en souligne l'originalité par rapport au syndicalisme présent dans l'enseignement public; il met au jour les principales évolutions depuis le début de ce siècle; il révèle l'existence d'une coupure majeure qui se situe après la Seconde Guerre mondiale : dans la première période, c'est le syndicalisme autonome qui l'emporte, dans la seconde, le syndicalisme confédéré.
  • Le changement social à la S.N.C.F. : l'exemple de la mise en place des Comités d'établissement et du Comité central d'entreprise (1982-1986) - Alexandre Renaud p. 101-118 accès libre avec résumé
    La loi Auroux du 28 octobre 1982 élargit les pouvoirs des Comités d'entreprise (C.E.) et imposa aux Établissements publics industriels et commerciaux (E.P.I.C.) de se doter de telles institutions. Devenant un E.P.I.C. au 1er janvier 1983, la S.N.C.F. dut donc s'assujettir au droit commun du travail en matière de C.E. Cette entreprise, qui s'était jusque-là tenue en marge de ce droit commun, dut alors intégrer un comité d'entreprise dans une organisation marquée par un fort centralisme décisionnel et une concertation sociale au particularisme accusé. Cette obligation ouvrit une réflexion profonde dans l'entreprise, révélant un monde cheminot en interrogation sur le poids d'un particularisme économique et social dont il s'agissait de savoir s'il fallait en défendre la pérennité ou en faire le deuil. Cette réflexion permit de relancer le débat interne dans l'entreprise et de rendre visibles un certain nombre de forces de changement et de résistance en matière d'évolution sociale à la S.N.C.F. Entre volontés de changement et résistance, la réponse qui fut donnée à la question de la mise en place des C.E. donna finalement à voir une S.N.C.F. arborant d'un prime abord le profil d'une entreprise paralysée par l'inertie, mais se découvrant dans un second temps capable d'engagement dans des démarches de changement social importantes, cette dynamique devenant clairement visible pourvu que l'on prenne le recul nécessaire à l'étude de ces évolutions s'inscrivant dans une temporalité inévitablement longue compte tenu de la taille, des spécificités techniques et sociales et des exigences de qualité et de sécurité qui s'imposent à cette entreprise.
  • Notes de lecture - p. 119-158 accès libre