Contenu du sommaire : Varia

Revue Le Mouvement social Mir@bel
Numéro no 197, octobre-décembre 2001
Titre du numéro Varia
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Editorial

    • Les rapatriés, une histoire en chantier - Jean-Jacques Jordi p. 3-7 accès libre
    • Les Juifs et la France en Tunisie. : Les bénéfices d'une relation triangulaire - Claude Hagège, Bernard Zarca p. 9-28 accès libre avec résumé
      Bien que tolérés par l'Islam après la conquête de l'Afrique du Nord, les Juifs de Tunisie y étaient dominés symboliquement. Ils n'eurent de cesse, dans la seconde moitié du XIXe siècle et au début du XXe siècle, qu'ils n'obtinssent une amélioration de leur condition et de leur statut grâce aux interventions des puissances européennes présentes en Tunisie et ayant des visées colonisatrices sur le pays, notamment la France qui y instaura son protectorat en 1881. Cet article examine comment les Juifs essayèrent de tirer profit d'une relation triangulaire dans laquelle ils occupaient une position intermédiaire pour obtenir principalement de la France une transformation de leurs institutions, un changement de leur statut juridique, la facilitation des conditions de leur naturalisation, jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale, et pourquoi ils échouèrent presque toujours dans leurs différentes démarches, cependant que l'implantation française en Tunisie allait radicalement changer leur condition socio-culturelle. La présence française entraîna une scolarisation massive des enfants de la communauté, dans les écoles de l'Alliance Israélite Universelle et dans les écoles publiques de la République, une très rapide mobilité sociale et une francisation du mode de vie de ses membres. Tout en gardant une identité forte, les Juifs de Tunisie se sont ainsi déportés du côté de la France à laquelle ils devaient l'accès à la culture universaliste et vers laquelle la moitié d'entre eux, relativement plus nombreux parmi les couches supérieures et intermédiaires, émigreraient après l'indépendance tunisienne, l'autre moitié, beaucoup plus populaire et donc moins francisée, choisissant de se fixer en Israël. La dynamique culturelle déciderait donc de leur destinée que les avatars de la politique franco-tunisienne et le conflit israélo-arabe allaient précipiter.
    • « Grandes et petites misères du grand exode des Juifs nord-africains vers la France » : L'exemple parisien - Charlotte Siney-Lange p. 29-55 accès libre avec résumé
      Les deux exodes de Juifs d'Afrique du Nord à partir de 1956 et de 1962 ont suscité en région parisienne la mise en place d'un dispositif d'accueil, la modification des institutions communautaires et quelques tensions entre Ashkénazes et Séfarades.
    • L'expertise médico-légale de la folie aux Assises 1821-1865 - Laurence Guignard p. 57-81 accès libre avec résumé
      Le Code pénal de 1810 fonde l'institution judiciaire sur l'affirmation du libre arbitre individuel. Cette vision de l'homme correspond à une conception traditionnelle de la folie qui s'assimile à l'inconscience. Or, dans la première moitié du XIXe siècle, la psychiatrie naissante propose une nouvelle conception de la folie compatible avec la conscience. A un criminel rationnel, ayant librement choisi son geste, s'oppose un possible aliéné dont la folie a troublé la seule volonté. Cet article se propose d'analyser, par le biais de l'expertise médico-légale, la rencontre entre psychiatrie et justice. L'expertise médico-légale progresse indéniablement, manifestant, du côté de la magistrature, le développement des doutes quant à la nature de l'acte criminel. Il ne faudrait cependant pas exagérer l'ampleur de cette victoire médicale. Si l'institution judiciaire traverse dans un premier temps une phase de turbulence, des procédures de contrôle de l'expertise se mettent rapidement en place, écartant les éléments les plus subversifs de l'aliénisme. C'est finalement l'évolution des doctrines psychiatriques qui permet l'institution d'une expertise assagie : le passage à l'organicisme autorise un partage des rôles entre magistrats et médecins. Ces derniers voient leur tâche strictement limitée à l'examen du corps tandis que l'étude de l'âme et des motivations du criminel reste l'apanage des magistrats. La conception traditionnelle de la folie se maintient et l'ordre judiciaire n'abandonne pas ses présupposés.
    • Du haschichin au drogué : constances et mutations de la sociologie des usagers de stupéfiants (1916-1939) - Emmanuelle Retaillaud-Bajac p. 83-104 accès libre avec résumé
      Dans la première moitié du XXe siècle, certaines évolutions socio-culturelles, mais aussi l'adoption d'une loi pénale destinée à enrayer la progression supposée des consommations de drogues ont contribué à modifier lentement la sociologie des usagers de stupéfiants. Encore relativement élitiste au XIXe siècle, la drogue conquiert dans l'entre-deux-guerres des catégories de populations à la fois plus populaires et plus marginales, au fur et à mesure que son commerce clandestin s'implante dans certains quartiers urbains et capte de nouvelles strates de clientèle. Le monde de la drogue demeure cependant une réalité sociale complexe, qu'on ne saurait ramener à la seule dimension d'une marginalité. L'étude de son devenir historique permet précisément de faire apparaître la pluralité de ses facettes.
    • Notes de lecture - p. 105-129 accès libre