Contenu du sommaire : Les marches

Revue Le Mouvement social Mir@bel
Numéro no 202, janvier-mars 2003
Titre du numéro Les marches
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Les territoires des mouvements sociaux. : Les marches aux XIXe et XXe siècles - Michel Pigenet, Danielle Tartakowsky p. 3-13 accès libre
  • Les marches de protestation aux États-Unis ( XIXe - XXe siècles) - Marianne Debouzy p. 15-41 accès libre avec résumé
    Les marches sont une forme d'action privilégiée des mouvements sociaux aux États-Unis comme en témoignent leur omniprésence et leur prolifération à diverses époques. Le répertoire de ces marches est d'une variété étonnante. Est-ce le signe d'une spécificité américaine ? Y a-t-il une tradition des marches aux États-Unis et pourquoi ? Cet article étudie sélectivement les formes qu'elles ont prises, leur mode d'organisation, leurs mots d'ordre, leurs rituels, leurs symboles et leur fonction. Que nous révèlent ces marches de la nature du politique aux États-Unis? Elles sont souvent spectaculaires mais n'impliquent pas un engagement idéologique fort. Ne reflètent-elles pas avant tout la méfiance à l'égard du politique et des politiciens et l'incapacité des organisations traditionnelles (partis, syndicats) à servir de relais à l'expression politique des citoyens ?
  • Les pemuda en politique. : Les répertoires d'action des marches protestataires des étudiants en Indonésie en 1998 - Romain Bertrand p. 43-51 accès libre avec résumé
    Les marches protestataires étudiantes du premier semestre 1998 en Indonésie n'ont pas, par elles-mêmes, mis à bas le régime autoritaire de l'Ordre Nouveau. Celui-ci s'est effondré à la suite de l'implosion du bloc hégémonique institué en 1966 qui associait bourgeoisie foncière musulmane, milieu entrepreneurial et forces armées. Mais les marches étudiantes ont mis en lumière un aspect crucial de la transition politique indonésienne : le recours à un imaginaire nationaliste spécifique, égalitariste et « javaniste », qui « réindigénise » la revendication démocratique en la dotant de précédents historiques locaux.
  • La sécession de la Padanie. : Ethnographie d'une re-fondation nationale en négatif - Lynda Dematteo p. 53-67 accès libre avec résumé
    Si la chaîne du Pô fut positivement un échec, sa surmédiatisation produisit un effet pour le moins paradoxal, car en transgressant sur un mode tragi-comique le principe de l'unité nationale, le leader de la Lega Nord a désamorcé les tensions, bien réelles, qui agitaient le Nord-Est italien avant de ressusciter par la crise le mythe national. Cette « déclaration d'indépendance de la Padanie » fonctionne comme une médecine magique : c'est essentiellement une régénération politique et nationale.
  • Les marches en France aux XIXe et XXe siècles : récurrence et métamorphose d'une démonstration collective - Michel Pigenet, Danielle Tartakowsky p. 69-94 accès libre avec résumé
    Charles Tilly situe sous la Seconde République le moment d'une « modernisation » majeure, en France, du « répertoire de l'action collective » dont le changement affecterait moins les types de contestation que les groupes protestataires et leurs attentes. Une analyse des marches déployées au XIXe siècle invite à affiner le propos et à mieux cerner la relation établie entre les formes de l'action collective et le processus de politisation des milieux populaires, compris comme modalité historique de leur accession à la sphère publique. Entre les années 1880 et le tournant du siècle s'affirme un nouvel usage de la rue qui, longtemps, peine à trouver son nom. « Défilés », « cortèges » ou « démonstrations » sont utilisés durablement de préférence à « manifestation » qui ne l'emporte qu'après la Seconde Guerre mondiale. Le terme de « marche » disparaît dès le processus amorcé. L'analyse du fait, poursuivie sur le XXe siècle, permet de comprendre pourquoi cette forme d'action est néanmoins susceptible de resurgir par intermittence, en particulier dans les années 1930 et à la fin du XXe siècle, pourquoi, aussi, le répertoire de la protestation collective française, longtemps spécifique à plus d'un titre, présente aujourd'hui, de plus fortes similitudes avec celui des autres pays d'Europe. Ce qu'atteste, entre autres, la réémergence des marches.
  • La marche de la dignité indigène - Sergio Tamayo, Xóchitl Cruz p. 95-111 accès libre avec résumé
    La marche de la dignité indigène déployée des Chiapas à Mexico du 25 février au 5 avril 2001 a pour objectif majeur de faire entrer dans la Constitution les accords de San Andrès relatifs aux droits et à la culture indigènes, signés en 1995. L'article étudie les modalités de sa préparation, son déroulement, son dénouement et ses résultats, à court et moyen termes. La marche vaut au moins autant, sinon davantage, par l'action qu'elle autorise que par ses résultats concrets.
  • La « Marche de la Constitution et de la Liberté » (19 septembre 1945) : une certaine idée de « l'Argentine authentique » - Marianne Gonzalez-Aleman p. 113-131 accès libre avec résumé
    A partir de 1945, alors que la situation internationale se retourne en faveur des forces alliées, les militaires, au pouvoir depuis 1943 en Argentine, voient leur légitimité contestée par une opposition « démocratique », composée essentiellement des partis traditionnels, des associations civiles antifascistes et de l'Université. Dès le mois de mai 1945, cette coalition antigouvernementale prend l'initiative de descendre massivement dans la rue pour exprimer sur l'espace public physique de la Capitale son attachement aux valeurs de la « Constitution » et de la « Liberté ». Au mois d'août, l'idée surgit d'organiser une grande mobilisation civique légale destinée à fournir la preuve incontestable que le peuple argentin rejette la dictature « nazie-fasciste ». La « Marche de la Constitution et de la Liberté » doit mettre en scène une fois pour toutes, de façon imposante et unanime, l'isolement du régime et de sa figure forte, Juan Domingo Perón.
  • La Marche Verte : un nationalisme royal aux couleurs de l'Islam - Marguerite Rollinde p. 133-151 accès libre avec résumé
    Le 6 novembre 1975,350 000 Marocains franchissent la frontière qui sépare le Maroc du Sahara espagnol. Cette mobilisation massive et pacifique est à la seule initiative du roi Hassan II qui entend lancer un défi à la communauté internationale, en « récupérant » un territoire contesté. Mais cette Marche aura surtout valeur de plébiscite qui unit le roi et son peuple autour d'un « acte de foi », qui « puise son essence et son élan dans une histoire séculaire ». Elle reste jusqu'à aujourd'hui un symbole fondateur du nationalisme royal marocain, dont toute remise en cause relève du sacrilège, même si vingt-cinq ans plus tard, rien n'est réglé sur le terrain et si le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui continue d'être nié.
  • La Marche Blanche de Belgique (octobre 1996) : un mouvement de masse spectaculaire, mais éphémère - Marc Hooghe, Gita Deneckere p. 153-164 accès libre avec résumé
    L'article présente une analyse des origines et des éléments déterminants de la mobilisation spectaculaire de l'été 1996, ainsi qu'un bilan provisoire des retombés de la Marche Blanche sur le fonctionnement du système politique belge. La Marche Blanche fut exceptionnelle et unique. Elle doit cette position unique non seulement à son origine ? l'affaire Dutroux, qui se situait essentiellement au-delà de la politique ? mais encore à certaines caractéristiques qui tiennent spécifiquement à la culture politique belge. Largement médiatisée, l'affaire Dutroux déboucha sur une vague de protestation inédite. L'énergie de la révolte fut canalisée dans une Marche Blanche de grande dignité dotée d'une signification politique marquée alors même que son organisation, émanation d'une coalition de groupuscules locaux et récents, fut mise sur pied en 13 jours. La Marche n'a pas manqué de faire impression sur l'élite politique du pays. A partir de ce constat, l'article montre comment les détenteurs du pouvoir firent des concessions dès qu'ils sentirent que l'ordre public était menacé. Pourtant, un an à peine après sa naissance, le rôle politique du « mouvement blanc » était terminé. Ainsi la signification politique de la Marche Blanche apparaît-elle fortement liée à son époque. Si l'ambiance prérévolutionnaire que le « mouvement blanc » réussit momentanément à créer lui assura un indéniable impact politique, elle ne donna pas davantage le jour à des organisations durables qu'à une nouvelle sociabilité ou à de nouvelles identités.
  • Les marches orangistes en Irlande du Nord. : Histoire d'un droit - Christine Kinealy p. 165-181 accès libre avec résumé
    L'histoire récente de l'Irlande du Nord est dominée par la violence religieuse. Cette violence est associée à l'Ordre d'Orange et à la détermination de ses membres, chaque juillet, à marcher en procession dans les rues d'un quartier catholique de Drumcree dans le comté d'Armagh. Les heurts et les polémiques que suscite chaque année ce défilé illustrent les problèmes politiques plus généraux auxquels est confrontée l'Irlande. L'article se penche sur l'historique de l'Ordre d'Orange et l'usage que celui-ci a fait des défilés pour affirmer la suprématie protestante sur les catholiques. L'étude minutieuse des modalités d'organisation de ces processions montre leur rôle en tant que moyens d'intimidation et de provocation des catholiques inscrits dans une histoire longue dont les origines remontent à la fin du XVIIIe siècle.
  • Notes de lecture - p. 183-205 accès libre
  • Léon Centner (1919-2002) - Michelle Perrot p. 222-224 accès libre