Contenu du sommaire : Varia
Revue | Le Mouvement social |
---|---|
Numéro | no 209, octobre-décembre 2004 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Enfances en difficulté - Catherine Rollet-Vey p. 3-7
- Agrarisme et État-providence. : Le travail des enfants abandonnés sous la Troisième République - Ivan Jablonka p. 9-24 La traditionnelle association entre enfance abandonnée et Révolution industrielle occulte le fait que l'écrasante majorité des pupilles de l'Assistance publique, surtout ceux qui sont nés à Paris, vivent et travaillent non dans les grandes cités mais à la campagne. Cette politique de placement, nourrie par un agrarisme jamais démenti, permet de purger les villes tout en repeuplant les campagnes. A une époque où les bras commencent à manquer dans l'agriculture (à cause de l'exode rural et de la guerre), les pupilles de l'Assistance publique sont très demandés. Dans une certaine mesure, ils tirent profit de leur orientation forcée. Ils jouissent d'un salaire, peuvent acheter ce que bon leur semble et sont libres ? dans une certaine mesure ? de choisir leur patron, alors que de nombreux enfants de famille sont obligés de travailler gratuitement pour leur père jusqu'à un âge avancé. Mais les enfants abandonnés subissent aussi de nombreux abus : les mauvaises conditions de vie, la faiblesse des gages, le surmenage et les violences sexuelles causent des souffrances que l'administration ne se soucie pas de soulager. Au final, la politique de placement rural de l'Assistance publique n'a pas eu un effet notable sur les flux de population, mais elle a modifié en profondeur l'économie et la démographie de certaines régions, tout en perpétuant un secteur agricole peu mécanisé et faiblement concurrentiel.
- La structuration du champ de l'enfance et de l'adolescence inadaptées et handicapées depuis 1943 : l'exemple de Marseille - Jacqueline Roca p. 25-51 Les Associations Régionales de Sauvegarde de l'Enfance et de l'Adolescence Inadaptées ont contribué à la protection et à l'encadrement de l'enfance et de l'adolescence inadaptées (A.R.S.E.A.), enjeu et domaine d'intervention de multiples acteurs. L'étude plus spécifique de l'A.R.S.E.A. de Marseille se signale par la personnalité exceptionnelle de Germaine Poinso-Chapuis qui l'a présidée de 1946 à 1979 et par ses réalisations. L'article met en exergue les réseaux philanthropiques et professionnels dans lesquels cette association peu ordinaire s'est constituée, les liens avec les pouvoirs publics et les administrations concernées : Justice, Éducation, Santé et retrace son évolution. La mission qui lui était dévolue a-t-elle pu être réalisée ? Cette association est-elle une référence pour les autres A.R.S.E.A. ?
- Le « pèlerinage des émigrés ». : Itinéraires de dévotion et missions catholiques italiennes dans la France du Sud-Ouest - Laure Teulières p. 53-70 L'ancienneté de la présence italienne en France permet de s'intéresser dans la durée à la question des attitudes religieuses et de leur influence sur le destin d'une population immigrée. Hormis les usages attendus du catholicisme, le plus intéressant est de repérer les transformations conditionnées par la situation migratoire elle-même. L'analyse met ainsi l'accent sur les pèlerinages collectifs, considérant le cas des populations issues de la vague migratoire transalpine établie à partir des années 20 dans les campagnes du Midi toulousain. Organisés sous l'égide des Missions catholiques italiennes, ces rites constituent un des temps forts de la pratique religieuse en terre d'immigration, que ce soit, dès l'entre-deux-guerres, les divers « pèlerinages des émigrés » (et désignés comme tels) auprès de sanctuaires locaux, ou les grandes célébrations mariales itinérantes des années 1950-1960, lors des tournées en France des Vierges de Lorette et de Fatima. Leur évocation précise permet de repérer les différentes dimensions qui s'y entrecroisent : retrouvailles communautaires, moments partagés entre soi, célébrations « à l'italienne » empreintes de nostalgie, mais aussi, à l'inverse, affirmation d'une visibilité au sein même du pays d'accueil, naissance d'itinéraires de dévotion concourant à un nouvel enracinement symbolique et facteurs potentiels d'intégration.
- Jeunes issus de l'immigration portugaise : affirmations identitaires dans les espaces politiques nationaux - Jean-Baptiste Pingault p. 71-89 Invisibles, les jeunes d'origine portugaise ? La vulgate fait recette. Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé. Dès le début des années 1980, des jeunes militants, formés par des opposants au régime salazariste et des militants de la cause immigrée, tentent de construire un mouvement « thos ». Résolument politiques, ces jeunes militants, ayant souvent eux-mêmes connu l'immigration, se veulent « immigrés » avant tout. Il s'agit d'intégrer les Portugais à l'espace politique français, faire de Portugais en France des Portugais de France. Très actifs dans Convergence 84, ils n'en recueillent pas la publicité médiatique attendue : le conflit se joue entre Français et Maghrébins. Le concept d'invisibilité naît quelques mois avant Convergence : il est clair alors que les thos ne seront jamais les beurs. Fin des années 1980, nouvelle donne. Les jeunes sont déjà nés pour la plupart en France et trouvent dans le Portugal de la croissance et de l'Europe la ressource identitaire valorisante que leurs aînés puisaient dans le Portugal des ?illets. Les voilà « lusodescendants » : nouveau concept taillé sur mesure par les autorités portugaises pour un véritable marketing national. Le culturel avant tout. Il s'agit de forger les outils d'une perpétuation à long terme de l'identité portugaise en France. Les moyens ? L'Europe et le vote. La stratégie ? Le lobbying. Imposer le « label portugais ». Les résultats ? Une génération montante dans la communauté portugaise. Une visibilité au plus haut niveau de l'État en France et au Portugal mais, jusqu'à maintenant, des désillusions quant à la mobilisation de la communauté sur le vote.
Controverse
- La république, oui ; Mais qu'en est-il de la démocratie ? - Sheryl Kroen p. 91-103
- Notes de lecture - p. 105-144