Contenu du sommaire : Varia

Revue Le Mouvement social Mir@bel
Numéro no 212, juilet-septembre 2005
Titre du numéro Varia
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Toujours avec Madeleine Rebérioux - Patrick Fridenson p. 3-4 accès libre
  • Le travail dans la fonction publique, un continent peu exploré - Jacques Freyssinet p. 5-10 accès libre
  • Quand l'État ajuste. : Receveurs et receveuses des Postes sous la IVe République - Odile Join-Lambert p. 11-33 accès libre avec résumé
    Cet article s'inscrit dans le cadre des travaux d'histoire sociale du politique qui visent à questionner l'existence des « groupes » en les situant dans un espace social dont les frontières sont toujours à préciser au cours du temps. La IVe République apparaît alors comme fondatrice à la fois d'un système de promotion et de pratiques de carrière à l'égard desquelles l'institution du statut général des fonctionnaires compte moins que la façon dont les agents de l'État se l'approprient. Deux séries de questions sont examinées. La première consiste à mieux connaître les mécanismes des échelons décentralisés de l'État qui ont une dynamique et une temporalité propres : sous la IVe République, les agents de l'État comme les receveurs se révèlent plus influents dans la construction juridique de leur statut que ne le dit une partie de la sociologie des bureaucraties. Une deuxième série de questions consiste à observer la participation propre des fonctionnaires à la définition de leur mission par un changement d'échelle d'observation : les receveurs ont une influence sur l'organisation de leur carrière; une spécialisation des itinéraires professionnels et des tâches se constitue dans la pratique.
  • La grève des instituteurs et institutrices de la Seine de 1947 - Robert Hirsch p. 35-57 accès libre avec résumé
    A l'automne 1947, en même temps qu'un mouvement gréviste dans le pays, se déroule une grève de deux semaines des instituteurs et institutrices de la Seine pour le reclassement de la fonction enseignante. Le syndicat national (SNI) ne les suit pas et leur demande d'interrompre leur mouvement. Sa direction n'est pas d'accord avec les grèves animées par les communistes au niveau national. La section de la Seine du syndicat, appartenant à la même tendance, poursuit cependant son action malgré l'opposition des instances nationales. Elle ne parvient pas à élargir le mouvement en province et à d'autres secteurs de l'Éducation nationale. Au bout de deux semaines, avec peu de résultats, les militants de la Seine reprennent le travail. En refusant de choisir entre les deux tendances qui vont scissionner en décembre 1947 (la majorité de la CGT et la tendance Force ouvrière), ils ont ouvert la voie à l'autonomie, pour laquelle les syndicalistes enseignants se prononcent au printemps 1948.
  • De la « fête partisane » à la « fête d'État » : les célébrations et les rituels révolutionnaires au lendemain d'Octobre - Emilia Koustova p. 59-76 accès libre avec résumé
    A partir de l'analyse des moments forts de l'histoire des premières fêtes bolcheviques, telles que la commémoration du Dimanche rouge en janvier 1918, le 1er mai 1918 ou le premier anniversaire de la révolution d'Octobre, cet article étudie la naissance de la fête soviétique et, à travers elle, le processus de la construction d'un nouveau pouvoir public. Plutôt que de parler d'une création ex nihilo ou, au contraire, d'un prolongement direct des traditions du mouvement ouvrier prérévolutionnaire, l'auteur propose d'y voir un processus de transformation d'un modèle de la fête ouvrière, partisane et contestataire vers une fête publique, destinée à exprimer l'adhésion au nouveau pouvoir et à fonder la légitimité de celui-ci. Pour les bolcheviks et leurs partisans, l'enjeu et la difficulté sont immenses, car il ne s'agit pas seulement d'évincer les rituels concurrents et de s'affirmer comme la seule source du pouvoir symbolique, mais aussi et surtout de transformer un rituel de lutte, de subversion et d'exclusion en un acte d'institution, de légitimation et d'inclusion. Avec ce glissement de sens, des nouveautés majeures apparaissent là précisément où ? comme dans le meeting et la manifestation ? une continuité et une fidélité à la tradition rituelle du mouvement ouvrier prérévolutionnaire étaient clamées au plus fort. En même temps, on assiste à une récupération et un réinvestissement des formes anciennes qui, a priori, devaient disparaître avec d'autres débris du passé impérial. Cet article cherche donc à comprendre les logiques et à voir les tensions intérieures à ce processus de transformation, à discerner le nouveau dans les apparentes continuités et à découvrir les usages du passé ? que ce soit l'année 1917 ou les rituels impériaux ? dont on proclame pourtant qu'on fait table rase.
  • Le « poing levé », du rite soldatique au rite de masse. : Jalons pour l'histoire d'un rite politique - Gilles Vergnon p. 77-91 accès libre avec résumé
    Le rite du poing levé, devenu au mitan des années 1930 le signe de ralliement et d'appartenance de la gauche antifasciste en Europe, s'est pérennisé après la guerre, dans des contextes et des espaces fort différents de ceux de sa naissance, des Black panthers américains aux manifestants anti-mondialisation. L'article s'attache à étudier la genèse de ce rite politique, issu de la contre-culture communiste de l'Allemagne de Weimar, et son acculturation progressive dans d'autres formations politiques et d'autres pays. Rite « soldatique » minoritaire au départ, il change de sens en devenant un rite de masse en France et en Espagne, tout en demeurant un des usages du corps en politique, emblématique de l'ère des masses.
  • Notes de lecture - p. 93-108 accès libre