Contenu du sommaire : Varia
Revue | Le Mouvement social |
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Numéro | no 230, janvier-mars 2010 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Éditorial
- Le XXe siècle argentin. Historiographie récente sur la nation et le nationalisme - Olivier Compagnon p. 3-6
- Dépopulation, fascisme et eugénisme « latin » dans l'Argentine des années 1930 - Andrés H. Reggiani p. 7-26 Cet article examine la réception de l'eugénisme en Argentine dans les années 1930. Trois facteurs ont particulièrement contribué à la légitimation de la « science raciale » : d'abord, la montée du nationalisme autoritaire liée à la grande dépression et à la crise des régimes parlementaires ; ensuite, la peur de la dépopulation nourrie par la fermeture de l'immigration d'outre-mer et la chute de la natalité de la population blanche d'origine européenne ; enfin, le rôle clé joué par les milieux culturels et scientifiques italo-argentins dans les débats sur l'amélioration de la population. Dans les années 1930, s'appuyant sur l'ancienne et très respectée école lombrosienne d'anthropologie criminelle, les biotypologues argentins trouvèrent dans l'ouvrage de l'endocrinologue italien et sympathisant du fascisme Nicola Pende une source d'inspiration pour le renouvellement démographique du pays.This article explores the reception of eugenics in Argentina in the 1930s. It analyses the interrelationship of three factors contributing to the legitimization of “race science”: first, the rise of authoritarian nationalism as a result of global depression and the crisis of parliamentary regimes; second, the fear of depopulation caused by the closing of overseas immigration and the fall in the birthrate among whites of European descent; and, finally, the prominent role played by Italo-Argentine cultural and scientific networks in the debates on race improvement. In the 1930s, Argentine biotypologists, relying on the old, respected tradition of Lombrosian criminal anthropology, turned to the Italian endocrinologist and fascist sympathizer Nicola Pende in their search for novel ways of coping with Argentina's demographic emergency.
- La coupe est pleine Videla ! Le Mundial 1978 entre politisation et dépolitisation - Jean-Gabriel Contamin, Olivier Le Noé p. 27-46 Cet article vise à interroger, à partir de l'exemple de la campagne française de boycott contre le Mundial de 1978 et des réactions qu'elle a suscitées, les frontières entre espace politique et espace sportif. Contre une lecture évidente des appels au boycott au nom d'une conception politisée du sport et du refus du boycott au nom d'un cloisonnement entre les ordres politique et sportif, il tend à mettre en évidence un espace chiasmatique des argumentations, dans lequel les prises de position de chacun doivent être rapportées non seulement à la concurrence entre les camps, mais aussi à des formes de concurrence au sein de chaque camp, au sein de chaque sous-espace social, à une configuration spécifique et au processus de développement de la polémique. En ce sens, la démarcation entre politisation et dépolitisation apparaît comme une ressource pour les acteurs plutôt que comme une donnée stabilisée qui s'impose à eux.By using the example of the French boycott campaign against the 1978 FIFA World Cup, this article aims to examine the boundaries between politics and sports. It argues against easy links between, on the one hand, appeals to boycott and a politicized conception of sport, and on the other, the rejection of boycott and a depoliticized conception of sport. Instead it highlights a more chiasmatic argumentative logic in which either position must be related not only to the competition between the sides, but also to forms of competition within each side or social subspace, in other words, to a specific configuration and to the precise development of the controversy. In this sense, the boundary between politicization and depoliticization appears to be a resource for the actors rather than a stabilized constraint imposed upon them.
- La génération de la Guerre du Vietnam au Japon : trajectoires académiques - Frédéric Roustan p. 47-64 Au Japon, la période de la Guerre du Vietnam cristallise un vaste courant de contestation sociale, d'aspirations variées, culminant à la fin des années 1960 dans les actions menées par les étudiants. Parmi eux, certains font le choix de pousser leur intérêt pour le Vietnam au-delà du symbole et s'engagent dans la production de recherches. En suivant les trajectoires de ce groupe d'acteurs, il s'agit alors de comprendre comment cette génération de la Guerre du Vietnam s'intègre au centre d'un système institutionnel dominé par un État japonais qui lui est politiquement très hostile, et comment elle modifie la manière de penser la discipline académique des études vietnamiennes au Japon.In Japan, the period of the Vietnam War brought to the surface a large wave of social protest, culminating in the late 1960's with student-led activism. Some of these students chose to carry their interest in Vietnam beyond a symbolic level, and to engage in actual research on this country. By examining the academic careers of this group, we attempt to understand how this generation successfully integrated themselves into an institutional system dominated by a Japanese state profoundly hostile to them and their efforts. We also try to explain how this generation brought considerable changes to the academic field of Vietnamese studies in Japan.
- Analyse des contraintes et conditions d'émergence d'un mouvement des plus précaires : le cas du mouvement de défense des sans-abri au Japon - David Antoine Malinas p. 65-78 Au Japon, la question de la pauvreté s'est progressivement imposée comme une question sociale majeure et, consécutivement, l'actualité du mouvement contre la pauvreté, dans ses actions et ses acteurs, est présentée minutieusement par la presse au détriment, sinon à la méconnaissance, de ses origines qui demeurent encore faiblement analysées. À travers le cas de la Shinjuku Renraku Kai (SRK), une des premières organisations de soutien aux sans-abri, l'objectif de cet article est d'analyser les conditions et les contraintes à la fondation de ce mouvement aujourd'hui mature. Le cas japonais vient confirmer que l'action collective des plus pauvres est particulièrement dépendante de soutiens extérieurs. Une particularité cependant : ces soutiens, jusqu'alors mobilisés sur d'autres terrains, s'intéressent, pour la première fois, à la cause des sans-abri, ce qui permet de s'interroger sur les conditions de conversion de ces militants, une perspective de recherche encore rarement évoquée.In recent years, Japanese poverty has increasingly become a major social concern. As a consequence, the actions and leaders of anti-poverty activism have been meticulously followed by the press — to a point where the movement's origins, never closely studied, have become misunderstood. Through a case study of the Shinjuku Renraku Kai (SRK), one of the first organizations to support the homeless, we analyse the conditions and constraints of the emergence of this now-mature social movement. This Japanese case study confirms the fact that collective action of the very poor depends highly on external sources of support. Prior to the origins of the movement, its external donors were dedicated to other charitable endeavors, and became interested in the cause of the homeless for the first time. Because of this fact, they provide us with the opportunity to examine why and how social activists become converted to a new cause — an innovative research perspective.
- La quête de l'égalité aux Antilles : la départementalisation et les manifestations des années 1950 - Jacques Dumont p. 79-98 Les grèves de février-mars 2009 en Guadeloupe et Martinique ont attiré l'attention sur des problèmes sociaux que la France semblait découvrir. Mais les thématiques soulevées sont loin d'être nouvelles. En se centrant sur la période qui suit immédiatement la transformation de vieilles colonies en départements français, l'objet de cet article est de montrer l'ancrage des motifs de mécontentement et le décalage entre les représentations des deux côtés de l'Atlantique. Le but n'est pas d'effectuer une genèse des mouvements sociaux aux Antilles mais plutôt, à l'occasion de différentes mesures sociales et de leurs effets entre 1948 et 1953 en Guadeloupe et Martinique, d'examiner les logiques à l'œuvre, la lenteur des réponses, l'écart entre les attentes et les mesures prises, ainsi que la bascule rapide qui s'opère. En effet, bien que l'assimilation politique soit en théorie réalisée, le statut de département est loin d'apporter les signes de l'égalité et la reconnaissance attendues.The strikes which occurred during February and March of 2009 in Guadeloupe and Martinique concentrated media attention on problems which, although far from new, seemed to be newly discovered in France. The aim of this paper is to concentrate on the period just after the status change from French colony to department in order to show the motives for local unrest in these regions, as well as the difference in how these regions are seen on the two sides of the Atlantic world. The purpose is not to construct a genesis of the social protests in the French Antilles, but rather to focus on certain social measures during the period 1948 to 1953 with an eye to their logic, their slow implementation, the gap between expectations and measures taken, as well as the context of rapid change in which they took place. Although at that time political assimilation was considered to be achieved, the transition to departmental status did not bring the recognition or equality one hoped it would accomplish.
- La (non)-assimilation des Aborigènes dans la Nouvelle-Galles du Sud - Bastien Bosa p. 99-125 La notion d'assimilation a fait l'objet de nombreuses discussions ces dernières années à la fois en histoire coloniale et dans des travaux portant sur l'immigration. Cet article a précisément pour ambition d'éclaircir l'usage de ce terme dans un contexte particulier, celui de la Nouvelle-Galles du Sud dans le Sud-Est de l'Australie. Il s'agira tout d'abord de revenir brièvement sur la genèse de cette politique, en insistant sur le fait qu'il a longtemps existé une incertitude, d'une part, autour du sens même de l'idée d'assimilation et, d'autre part, sur sa date d'introduction comme politique officielle. On montrera ensuite que si l'Aboriginal Welfare Board a cherché à faire admettre, à partir des années 1940, que les « métis » ne devaient pas être classés parmi les « Aborigènes » mais parmi les « Blancs », cette tentative de transformation du système de classification raciale a été un échec : elle butta sur des résistances de part et d'autre de la « frontière raciale » et, de façon générale, sur les nombreuses contradictions de la politique du Board.The notion of “assimilation” has been widely debated in recent years in the fields of both colonial history and migration studies. This article aims precisely to clarify the uses of this term “assimilation” in the specific context of New South Wales (NSW) in South-East Australia. First it briefly presents the genesis of assimilationist politics, emphasizing the fact that such a politics has long been characterised by ambiguity, both in the meaning of the idea of “assimilation” and in its date of introduction as an official policy. It then shows that if the Aboriginal Welfare Board promoted the idea, beginning in the 1940s, that the so-called “mixed-bloods” were to be classified as “Whites” rather than as “Aborigines”, this attempt at changing the system of racial classification was a failure: the policy met with resistance on both sides of the “racial divide” and suffered as a result of numerous conflicts in the politics of the Board.
Chronique audiovisuelle
- Le territoire des images : pratique du cinéma et luttes ouvrières en Seine Saint-Denis (1968-1982) - Tangui Perron p. 127-143
Controverse
- Comment écrire une histoire qui tient ? À propos de l'opinion publique - Brigitte Gaïti p. 145-150
Notes de lecture
- Notes de lecture - p. 151-177
Informations et initiatives
- Informations et initiatives - p. 179-184