Contenu du sommaire : Des engagements féminins au Moyen-Orient (XXe-XXIe siècles)
Revue | Le Mouvement social |
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Numéro | no 231, avril-juin 2010 |
Titre du numéro | Des engagements féminins au Moyen-Orient (XXe-XXIe siècles) |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Un autre regard sur les espaces de l'engagement : mouvements et figures féminines dans le Moyent-Orient contemporain - Leyla Dakhli, Stéphanie Latte Abdallah p. 3-7
- Incarcération des femmes palestiniennes et engagement (1967-2009) - Stéphanie Latte Abdallah p. 9-27 L'enfermement est une expérience centrale dans les Territoires palestiniens occupés par Israël en 1967. Depuis cette date, près d'un tiers des Palestiniens ont été incarcérés dans les établissements pénitentiaires israéliens pour des raisons politiques. Ce mouvement concerne aussi les femmes. Plusieurs générations se sont succédé et différents modes d'incarcération ont créé des subjectivités distinctes.Jusqu'à la première Intifada, en 1987, les femmes emprisonnées étaient des politiques engagées dans la résistance à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. Puis les arrestations sont devenues plus massives. L'engagement des premières prisonnières s'est d'abord construit vis-à-vis de leurs pères, comme un héritage ou une transmission ancrés sur des traumatismes d'enfance liés à l'occupation. Le moment carcéral a contribué à élaborer des engagements politiques qui ont aussi été des engagements féministes et la prison reconstruite comme un lieu d'apprentissage affirmant une identité de prisonnière politique, forgée dans les luttes conduites pour améliorer les conditions de détentions et renforçant le corps collectif national palestinien. Ces combats ont fortement mis en jeu les corps féminins particulièrement éprouvés par l'incarcération et les interrogatoires. Parce que le corps des femmes et leur sexualité représentent un enjeu au sein de la société palestinienne, les interrogateurs les ont utilisés comme moyens de pression. En retour, des argumentaires se sont construits pour protéger les femmes de l'opprobre jeté sur les ex-détenues. La prison a été un lieu majeur où la société a fait corps contre l'occupant. Mais avec l'échec des accords d'Oslo, la seconde Intifada en 2000 et le durcissement du système carcéral et les divisions partisanes palestiniens, ce corps collectif est de plus en plus éprouvé par la politique israélienne du tout carcéral.Confinement is a central experience in the Palestinian Territories occupied by Israel in 1967. Since this date, nearly a third of Palestinians have been imprisoned in Israeli penitentiaries for political reasons. As one generation succeeded another, various modes of confinement have created different Palestinian identities. Up until the first Intifada in 1987, female prisoners were political activists engaged in resistance to the occupation of the West Bank and Gaza Strip. After 1987, the arrests became more widespread. The activism of the first generation of prisoners was anchored in the actions of their fathers, becoming a kind of heritage or transmission rooted in the traumas of a childhood linked to occupation. The prison experience itself contributed to the development of political commitments, which were also feminist in nature. The prison was reconstructed as a place of apprenticeship affirming the identity of the political prisoner, which was forged in struggles for better conditions of detention, and which reinforced the strength of the collective national Palestinian body. These struggles posed a strong challenge to the female body, which was particularly targeted in the experience of incarceration and interrogation. Because the female body and female sexuality played such an important role in Palestinian society, the interrogators exploited them as an instrument of pressure. The Palestinian response was to construct arguments which would protect female ex-prisoners from the opprobrium heaped upon them. The prison became a major site in which society gathered against the occupant. With the failure of the Oslo agreements, the Second Intifada in 2000, and the hardening of the prison system as well as partisan divisions among Palestinians, this collective female body has been increasingly weakened by Israeli carceral politics.
- Entre silence et fracas : émergence et affirmation des luttes féministes dans les communautés juives orthodoxes en Israël (1970-2009) - Valérie Pouzol p. 29-43 Né dans le sillage de la Guerre du Kippour en 1973, le féminisme israélien s'est essentiellement concentré sur la déconstruction des mythes égalitaristes nationaux et sur l'aide aux femmes en difficulté dans une société militarisée. Dans cette lutte, le mouvement, dans sa grande majorité laïc et déjà fortement divisé entre les différentes composantes ethniques du pays, a peu dirigé ses efforts vers les femmes religieuses. L'action des femmes juives orthodoxes est pourtant réelle et ancienne.Cet article propose une analyse sociologique du profil militant de ces femmes et retrace l'itinéraire de leurs luttes dans la société israélienne, qui ne se limitent pas à l'orientation politique traditionnelle du monde religieux israélien, souvent favorable au Grand-Israël.En effet, dès le début des années 1990, face au durcissement du nationalisme religieux et aux dérives violentes de certains colons, une centaine de femmes religieuses ont organisé une conférence alternative pour faire le point sur la radicalization des forces religieuses dans le pays et évoquer leur difficulté à trouver un lieu de militantisme contre la guerre. En 1998, des femmes religieuses franchissent un pas supplémentaire en créant un groupe de femmes religieuses contre la guerre, les Femmes pour la sainteté de la vie. Cet article veut montrer la complexité de l'engagement des femmes orthodoxes en Israël à travers leur difficulté à s'affirmer et à s'engager aux côtés des femmes laïques mais également leur danger à être dans un monde religieux qui accepte mal le changement et qui place la pureté des femmes et de la terre au centre de son appareil idéologique.Born in the wake of the Yom Kippur War in 1973, the Israeli feminist movement has focused on the deconstruction of national egalitarian myths as well as on charity to women in need in a militarized society. In this struggle, the movement, secular for the most part and sharply divided among various ethnic groups, has directed little of its energy towards orthodox women. The activism of Jewish orthodox women, however, is a strong, time-honored tradition. This article presents a sociological analysis of the militancy of these orthodox women by retracing the itinerary of their struggles in Israeli society. These struggles are not limited to the traditional political orientation of the Israeli religious world, which is often in favor of a « Greater Israel ». Indeed, from the movement's beginning in the 1990s, as religious nationalists have hardened their position and colonists have drifted towards violence, orthodox women have organized an alternative effort to review the radicalization of religious forces in the country and to foreground how difficult it is for them to take a position and militate against war. In 1998, they went one step further by creating a group against the war called Women for the Sanctity of Life.. This article aims to demonstrate the complexity of female orthodox political engagement in Israel by exploring the difficulties they have experienced in affirming and aiding secular women, as well as the dangers they have faced by virtue of their position in an orthodox world which is resistant to change and which places the purity of women at the center of its ideological apparatus.
- Compléments ou alternatives ? : Associations de femmes et partis politiques arabes palestiniens en Israël - Élisabeth Marteu p. 45-62 L'étude des mobilisations féminines en Israël/Palestine met au jour des relations complexes entre lutte de genre et lutte nationaliste. Les relations entre associations de femmes et partis politiques arabes en Israël illustrent la multiplicité des formes de coopération, d'autonomisation et de tensions entre ces deux sphères d'engagement. En analysant l'évolution de ces relations depuis 1948, cet article souligne combien les associations féminines et/ou féministes entretiennent des rapports pluriels avec le/la politique. Souvent issues des mouvements communiste et nationaliste, certaines dirigeantes pensent l'associatif comme une pratique alternative professionnelle à la politique conventionnelle et un espace autonome de politisation des questions de genre. Leurs carrières militantes révèlent une articulation conflictuelle entre légitimité professionnelle et proximité partisane. D'autres, au contraire, telles les associations islamiques de femmes, continuent d'œuvrer sous la tutelle du mouvement politique tout en développant un discours social non militant. En articulant l'étude des relations avec les partis et la perception que les femmes engagées ont du/de la politique, cette recherche souligne la mobilité et la porosité des frontières entre sphère associative féminine et sphère partisane.The study of women's mobilization in Israel/ Palestine highlights complex relationship between gender and nationalist struggles. Relations between Arab women's organizations and Arab political parties in Israel reveal a multiplicity of forms of cooperation, autonomization and tensions between those two spheres of involvement. In analysing the evolution of those relations since 1948, this article underlines how feminist and women's organizations relate differently to the concepts of politics and the political. Often originating from communist and nationalist movements, some women leaders perceive associations as professional alternatives to conventional politics and an autonomous space for the politicization of gender issues. Their militant careers reveal a conflict between professional legitimacy and partisan closeness. On the contrary, Islamic women's organizations continue to work under the leadership of the political movement through developing a non-militant social discourse. By articulating the study of relations with political parties and the perception of women activists regarding the concepts of politics and the political, this research points out the mobility and porosity of borders between women's organizations and the partisan sphere.
- Prédicatrices de salon à Héliopolis : vers la salafisation de la bourgeoisie du Caire ? - Sofia Nehaoua p. 63-76 Lancés au début des années 1990, les « cercles » ou halaqât ont de plus en plus de succès dans les environs bourgeois du Caire. Loin de produire un discours nouveau et progressiste, comme on l'attendrait de femmes actives, lettrées et pionnières dans la prise de responsabilités dans le domaine religieux, les prêcheures égyptiennes diffusent plutôt un message de rigueur morale, et de patience dans l'épreuve. Elles refusent catégoriquement d'investir l'espace public, qu'elles délèguent définitivement aux hommes, conformément à leur représentation segmentaire et sexuée de l'espace. Pour autant, ces femmes ne correspondent pas tout à fait au stéréotype de l'épouse soumise à la tutelle masculine, et argumentent et réfutent, versets et hadîth à l'appui, sur les sujets de société les plus divers. Par ailleurs, leur dynamisme et leur place désormais centrale dans le champ religieux, ainsi que leur conscience politique déployée, nous amènent à redéfinir leur rôle effectif dans l'espace public, et leur fonction dans le processus de réislamisation par le bas impulsé dans la société égyptienne à partir des années 1980 par les mouvements islamistes. L'analyse des discours et des pratiques de ces femmes permettra peut-être de soulever l'hypothèse finale d'un féminisme « informel » dans ces espaces féminins.Begun in the early nineties, the “circles” or halaqat have found increasing success in the bourgeois neighborhoods of Cairo. Far from producing a new, progressive discourse, as one might expect of educated, activist women who are pioneers in the taking up of religious responsibilities, the Egyptian preachers spread a conservative message of moral discipline and patience in struggle. This expression of religious feeling takes place in large meetings in female prayer rooms, as well as in private meetings conducted by rich, pious women in Cairo's bourgeois neighborhoods. In conformity with their sexualized, segmented notion of space, these women categorically refuse to insert themselves into public spaces, instead delegating these to men. Despite all this, however, these women hardly conform to the stereotype of the wife who is submissive to male supervision; they argue and dispute a variety of social subjects. Their dynamism, their political consciousness, and their increasingly central role in religious matters, lead us to redefine what role they really play in the public sphere as well as their function in of « re-Islamicizing » Egyptian society, a process which has been underway since the 1980s. Analysing the discourse and practice of these women permits us to explore the notion of an « informal » feminism in female spaces.
- Les cercles féminins de la Qubaysiyya à Damas - Aurelia Ardito p. 77-88 À partir d'un lien purement individuel qui s'installe et grandit entre une enseignante – an?sa – et ses disciples, les cercles féminins de la Qubaysiyya sont actuellement en train d'œuvrer pour un grand changement social en Syrie. À travers son engagement de prêche dans les maisons et dans les mosquées, son activisme dans des œuvres caritatives et de bienfaisance et sa présence constante auprès des jeunes filles et des femmes, la Qubaysiyya est en train d'affirmer sa propre autorité religieuse, d'abord auprès des femmes et ensuite chez l'autorité religieuse reconnue – traditionnellement composée par des hommes – à Damas. Cette présence, particulièrement active à Damas depuis les années 1980, s'impose de plus en plus sur la scène publique et donne un nouvel espace d'action aux femmes qui va au-delà des liens familiaux et des frontières nationales syriennes.The intensive relationship between a teacher – An?sa – and her disciples forms the foundation of the Qubaysiyya or female religious circles of Damascus. Strong commitment to education within homes, mosques and schools, activism in philanthropic initiatives, and constant support for women and girls — all these factors have made the Qubaysiyya key to social changes occurring in Syria. At present these circles are consolidating their religious authority both among women and recognized religious authorities which are traditionally male-dominated. Particularly active in Damascus since the 1980s, the circles are now increasingly gaining a public presence and are providing women with a range of action which goes beyond both family bonds and Syrian national borders.
- Shaikha Saida, une femme d'honneur au Yémen - Maggy Grabundzija p. 89-99 Cet article présente l'analyse des actes de conciliation accomplis par une femme yéménite, Shaikha Saida. Son exemple offre un aperçu d'une pratique de résolution de conflits pour laquelle la littérature anthropologique, dans le contexte tribal yéménite, est silencieuse. Les anthropologues, s'intéressant exclusivement au « jugement », ont occulté les « conciliations » qui pourtant occupent une place centrale dans le règlement de nombreux litiges quotidiens. Par ailleurs, juger étant une fonction attribuée à une catégorie spécifique d'hommes d'honneur, l'exemple de Shaikha Saida suppose de repenser le concept d'honneur et donc de reconsidérer l'exclusion presque immanente des femmes de la sphère juridique. Nous montrerons qu'une femme peut s'approprier les qualités de l'honneur et juger, même si Shaikha Saida arbitre au nom de sa « respectabilité », au fondement des valeurs sociales, plus peut-être que l'honneur. Enfin, l'exemple d'une conciliatrice affichant une forte visibilité en toute légitimité dans les espaces publics permettra de redéfinir l'occupation sexuée des espaces privés et publics ainsi que leurs limites.This article presents an analysis of acts of conciliation carried out by a Yemenite woman, Shaikha Saida. Her example provides a sketch of the practice of conflict resolution which has received no attention in the anthropological literature concerning Yemenite tribal society. Because they are exclusively interested in « judgment », anthropologists have overlooked these « conciliations ». Nevertheless, the latter occupy a central place in the regulation of numerous daily disputes. In addition, given that judgment is a function given to a specific category of honorific men, the example of Shaikha Saida urges us to rethink the concept of honor and to reconsider the exclusion of women from the legal sphere. We shall show that a woman can appropriate qualities of honor and that she can judge, even if Shaikha Saida arbitrated in the name of her “respectability” — a value which is perhaps even more fundamental than honor. Finally, the example of a conciliator enjoying a great deal of visibility for legitimate acts in public places will allow us to redefine the sexual division of private and public spaces as well as their limits.
- Umm Irînî (1936-2006) : l'engagement monastique copte au féminin - Catherine Mayeur-Jaouen p. 101-121 Les moniales coptes tiennent aujourd'hui une place de choix dans la communauté copte et dans la société égyptienne. Cette visibilité sociale et ce succès sans précédent sont dus au Renouveau copte et à l'action plus particulière de la charismatique Umm Irînî, morte en odeur de sainteté en 2006. Abbesse du monastère d'Abû Sayfayn au Vieux-Caire, fondatrice de trois autres couvents – annexes du précédent – et bâtisseuse d'églises, elle a rendu l'entrée au couvent attractive pour des jeunes filles coptes diplômées et militantes. Elle a contribué ainsi à affirmer un nouveau rôle social et religieux des femmes, y compris pour les laïques. Inspirée en partie par le modèle des congrégations missionnaires catholiques latines du XIXe siècle, Umm Irînî a participé au réveil de la tradition copte orthodoxe qui caractérise la deuxième moitié du XXe siècle et à son entrée dans la modernité. Irînî est devenue dès son vivant un modèle moderne d'engagement pour les femmes coptes – en partie contre le modèle patriarcal de la société et de l'Église. Morte en 2006, trente-cinq ans après le saint pape Kyrillos, elle en est l'alter ego féminin : le culte rendu à son tombeau et ses hagiographies sont une manière d'attester la promotion toute nouvelle de rôles féminins dans la communauté copte.The Coptic enclosed nuns enjoy a privileged place in both the Coptic community and in contemporary Egyptian society. The social visibility and unprecedented success of the moniales are owed to the Coptic Revival, in particular to the actions of the charismatic leader Umm Irînî who died in odour of sanctity in 2006. Abbess of the monastery of Abû Sayfayn in Old Cairo, founder of three other convents, and builder of churches, she made the entry into the convent attractive for young Coptic girls. She asserted a new social and religious role for women, including lay women. Inspired in part by the model of the Latin Catholic missionary congregations of the nineteenth century, Umm Irînî participated in the awakening of the orthodox Coptic tradition which characterized the second half of the twentieth century and helped usher that tradition into the modern age. Even during her lifetime, Irînî became a model of engagement for Coptic women, one which stood apart from the patriarchal model of society and the Church. She died in 2006, thirty-five years after the holy pope Kyrillos, in relation to whom she is considered to be a feminine alter ego. Both the attention given to her grave and the hagiography which surrounds her memory testify to a new promotion of feminine roles in the Coptic community.
- Beyrouth-Damas, 1928 : voile et dévoilement - Leyla Dakhli p. 123-140 Cet article cherche à comprendre comment, à la fin des années 1920, à la suite de deux décennies de militantisme tourné vers l'émancipation nationale auquel les femmes étaient largement associées, la « question féminine » s'est polarisée en Syrie et au Liban autour de la tenue vestimentaire et particulièrement du hijâb (voile islamique), faisant surgir des oppositions nouvelles entre musulmanes et non-musulmanes, citadines et rurales. L'analyse de ce moment d'invention d'une tradition islamique s'intéresse particulièrement à l'ouvrage d'une jeune théologienne musulmane, Nazîra Zayn al-Dîn, Al-sufûr wa-l-hijâb (Voile et dévoilement), et à sa réception. Réponse à la volonté politique d'imposer le port du hijâb dans les villes, il rencontre un grand succès de librairie en 1928. Par son contenu et la manière dont il est porté par une femme de 20 ans, il engage un débat théorique sur la spiritualité féminine et sur sa visibilité sociale.C'est parce qu'elle transforme la cause nationale en question sociale que Nazîra, héritière d'une tradition féministe jeune encore, trace une voie nouvelle dans la défense de la cause féminine : celle d'une action pour les droits des femmes qui n'est ni alternative, ni subordonnée à la défense de la nation, mais un instrument politique efficace pour affirmer les objectifs du nationalisme.This article seeks to understand how, at the end of the 1920s, following two decades of militancy towards national emancipation in which women were strongly active, the “feminine question” in Syria and Lebanon came to center on clothing, in particular the hijâb or Islamic headscarf. The hijâb issue created new conflicts between Moslems and non-Moslems, city-dwellers and rural folk. This analysis of the invention of an Islamic tradition focuses, in particular, on a young Moslem theologian, Nazîra Zayn al-Dîn, her work al-sufûr wa-l-hijâb (Veil and unveiling) and its reception. A response to the political imposition of the wearing of the hijâb in cities, the book became a bestseller in 1928. Both in its content and its authorship by a 20-year-old woman, the book engaged a theoretical debate concerning feminine spirituality and social visibility. Heir to a nascent feminist tradition, Nazîra transformed this national issue into a social question. Because of this fact, she blazed a trail in the defense of a feminine cause: that of the rights of women as neither alternative nor subordinate to the defense of the nation, but rather as an effective political instrument to assert nationalist objectives.
Notes de lecture
- Notes de lecture - p. 141-164
- Informations et initiatives - p. 165-169