Contenu du sommaire : Meilleurs papiers du 25e congrès de l'AGRH à Chester (6-7 novembre 2014)
Revue | @GRH |
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Numéro | no 11, février 2014 |
Titre du numéro | Meilleurs papiers du 25e congrès de l'AGRH à Chester (6-7 novembre 2014) |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Jean-Michel Plane, Peter Stokes, Tim Brown p. 3-6
- La reconnaissance du métier : acte premier d'un management participatif - Nathalie Jeannerod ? Dumouchel p. 7-29 Cette contribution s'inscrit dans une recherche ayant pour objet l'analyse en gros plan du désir de participation et du sentiment d'association des salariés à travers la mise en place de groupes de travail participatifs lors de deux situations d'évolution d'activité dans des groupes de 18 et 24 personnes – respectivement Groupe 1 et Groupe 2, assurant des activités de centre d'appel « haut de gamme » dans un grand groupe de télécommunications. Sans véritable explication, les salariés du Groupe 1 font un lien fort entre participation et reconnaissance, posant la reconnaissance de leur évolution comme un déterminant de leur participation à celle-ci. Ce lien ne se retrouve pas dans le Groupe 2, dont l'activité semble pourtant évoluer de façon similaire, et dans un contexte social traditionnellement plus revendicatif. En marge des groupes participatifs, deux situations conflictuelles apportent des éclairages sur le lien complexe existant entre désir de participation et reconnaissance. Introduisant dans l'analyse la notion de pouvoir d'agir (Clot, 2011), cet article contribue à enrichir la compréhension des conditions nécessaires au management participatif en proposant que la reconnaissance du métier dans l'individu, et pas seulement de l'individu dans le métier, soit un préalable à une véritable participation des salariés. Il considère également que la reconnaissance du métier par l'organisation est un facteur déterminant de la forme de reconnaissance demandée par les salariés. Ce faisant, il pointe la particularité française qui accorde une place importante à la noblesse du métier (D'Iribarne, 2006).This contribution is part of a research on the desire for participation and the feeling of being associated of employees in a participative managerial setting. Two groups of 18 and 24 employees, Group 1 and Group 2, are studied as their activity of high quality call center in a large group of telecommunication evolves over time. Without clear explanation, employees from Group 1 express a strong link between participation and recognition, setting recognition as a requirement for participation. This relationship is not found in Group 2, despite a seemingly similar evolution in activity, and a traditionally more claiming social context. Apart from the studied participative managerial setting, the analysis of two conflicts brings some information on the complex relationship between participation and recognition. Introducing the psychological notion of power to act (Clot, 2011), this article aims at enlarging the understanding of the necessary conditions for participative management. It also proposes that recognition of profession is a determining factor for employees' claims for recognition. Doing so, it raises up a French distinctive characteristic : nobleness of profession.
- La compétence collective dans le contexte de la globalisation du management : retrouver le lien avec la performance - Christian Defélix, Martine Le Boulaire, Vanessa Monties, Thierry Picq p. 31-50 Très usité dans les recherches francophones, le concept de compétence collective ne se retrouve que très peu dans la recherche anglo-saxonne, et semble peu repris par les dirigeants ou les cabinets de conseil. Dans un contexte non plus national mais global, que faire pour trouver ou retrouver le lien entre compétence collective et performance ? L'objet de cette communication est de contribuer à l'étude de cette question en considérant aussi bien des recherches francophones et anglophones que des observations empiriques directes ou indirectes. Sur la base de ces observations, nous proposerons d'enrichir la modélisation de ce concept par de nouveaux axes d'analyse le reliant à la performance.Collective competency is a well-known concept in French language literature, but has a poor occurrence both in the anglo-saxon state of art and in the managerial articles. In a global context, how can we find the link between collective competency and performance ? Review of the literature and empirical observations help us in this article to bring new analysis upon the subject.
- L'environnement professionnel des enseignants-chercheurs français explique-t-il leurs parcours de carrière ? - Christine Gatignol p. 51-80 Le paysage universitaire français a évolué, modifiant ainsi le contexte dans lequel se déroule la carrière des enseignants-chercheurs. Ces évolutions sont poussées par des objectifs gouvernementaux clairs : faire des universités des outils et des ressources dans la compétition économique internationale (Kogan et al., cités par Musselin, 2009). L'université se doit en effet, selon le gouvernement français, d'être une vitrine de la France en se préoccupant « du transfert et de la valorisation des savoirs qu'elle produit » (Mailhot et al., 2009). Ces évolutions traduisent des mouvements de fond qui proviennent de la société universitaire, de la société civile et de l'approfondissement de l'ancrage international de la France universitaire (Fridenson, 2010). Le métier des enseignants-chercheurs s'en trouve transformé, « le clivage entre les deux activités centrales de l'enseignant-chercheur pouvant se creuser, sous l'impact de la pression à la performance scientifique en particulier » (Courpasson et Guedri, 2007), la pression devenant plus forte (Gingras, 2008), alors que ces évolutions sont sous-tendues par la mise en place d'un pilotage efficient, où la performance devient la clé de voûte de l'organisation, le secteur public utilisant désormais des méthodes de management traditionnellement réservées au secteur privé (Allison, 1983 ; Perry et Kraemer, 1983 ; Commeiras et Georgescu, 2012). Les enseignants-chercheurs sont dépendants de cet environnement qui se révèle être source de contraintes (Becquet et Musselin, 2004). C'est à l'influence de cet environnement professionnel sur les parcours professionnels produits que nous nous intéressons, à travers un échantillon de 44 enseignants-chercheurs rencontrés dans le cadre d'un travail qualitatif. Notre analyse nous a permis de classifier les parcours de carrière en 6 catégories. Nous verrons que si deux d'entre eux sont produits et expliqués par l'influence de l'environnement professionnel sur les choix des individus, les quatre autres ne le sont pas.The professional environment of French academics is moving. Indeed, reforms implemented in the French public higher education system since the 2000's have been numerous. Three main reforms are taken into account in our work. The first reform centers on organizations and is called LRU (Law n° 2007 - 1199 – 10th of August 2007 relative to liberty and responsibility of universities). The second reform impacts the evolution of the academics' status (Statutory order n° 2009-460 – 23th of April 2009). The third reform concerns the research evaluation process (Law of program for research n° 2006?450 – 18th of April 2006). The system underwent transformations touching universities : its autonomy is widened ; academics : the possible careers are modified ; individual and collective practices : the accountability is strengthened. As we met a lot of academics who seemed disrupted by the evolution of the context in which their career took place, we decided to try to understand what was happening. It is consequently to the influence of the professional environment on the career pathways of french academics that we dedicate our contribution. More precisely, we analyze if this environment influences the behavior of academics in terms of choices of careers, and if yes how does this influence play. To do so, we study the behavior regarding mobility, three types of mobilities being studied : the functional mobility (Evolution of the contents of the professional tasks and the basket of activities), the vertical mobility (Promotion) and the geographical mobility (national and international) through a qualitative research with 44 french academics. As a result, we bring to the foreground a typology of 6 possible careers and we show that only two of them are explained by the influence of the professional environment via three types of vectors : a coercive one, a normative one and mimetic one. In fact, other sources of influence can have an effect on the professional behavior of academics. We discuss a part of them at the end of our article.
- Le rôle du réseau dans le développement de l'entrepreneuriat féminin : cas d'un centre entrepreneurial au sein d'une business school - Juliane Santoni, Isabelle Barth p. 81-113 Les scènes publiques et académiques portent une attention croissante à l'entrepreneuriat des femmes. Les recherches francophones et anglophones se sont engagées dans cette tendance. Un état de la littérature sur l'entrepreneuriat féminin fait apparaître les spécificités des femmes entrepreneures ainsi que les obstacles genrés auxquelles elles sont confrontées. Le principal obstacle identifié est l'accès aux réseaux.Pour mieux comprendre le rôle du réseau dans le projet entrepreneurial, nous présentons une étude de cas portant sur la constitution d'un réseau autour d'un Centre entrepreneurial créé au sein d'une Business School française. Nous mettons en avant les différentiels homme-femme dans leurs pratiques de réseautage à travers une recherche qualitative. Nos résultats valident la sous-représentation des projets entrepreneuriaux féminins, leur plus grande fragilité, et montrent des attentes différenciées vis-à-vis des réseaux. Nous proposons une catégorisation des porteurs de projets et distinguons quatre types de profils de femmes pré-incubées au sein du Centre (la fidèle, la dilettante, l'asynchrone, la désengagée) pour cinq profils d'hommes (l'hyper-engagé, le fidèle, le visitant, l'opportuniste, le curieux). Il apparaît que les femmes sont surreprésentées dans la catégorie des « désengagées ».A growing interest is given to women entrepreneurs in the public and academic arena. English-speaking as well as francophone research are following this trend. This working paper presents first an English and French-speaking literature review on women's entrepreneurship so as to emphasize the transatlantic specificities of women entrepreneurs and the gendered hurdles linked to them. One main obstacle is highlighted by the literature : access to formal and informal networks. This paper will discuss this second issue. In order to understand the role of networking in an entrepreneurial project, we present a case study on the creation of a network around an Entrepreneurial Center within a French Business School. Gender differences in network practices appear in the results of our qualitative research. The results show that women are under-represented in this center, and their expectations about networking differ from men's. We present an emerging gendered classification of the project developers within the center : the faithful, the dilettante, the asynchronous, the disengaged for women, and the hyper-engaged, the faithful, the visiting, the opportunistic, the curious for men.
- MA-6-T-VA pas CRACK-ER : L'intention d'entrepreneuriat social de 6 femmes dans les quartiers - Amélie Notais, Julie Tixier p. 115-140 Le développement de l'entrepreneuriat social des femmes dans les quartiers dits sensibles ou prioritaires représente un enjeu sociétal majeur. Plus qu'un challenge, c'est bien souvent une utopie qui se dessine quand on recoupe ces thèmes car l'entrepreneuriat féminin révèle des spécificités, des singularités qui s'avèrent souvent des handicaps (Cornet et Constantinidis, 2004). Ce constat est ici pris à contre-pied en s'appuyant sur les travaux d'Alter (2012). Cet auteur propose dans son ouvrage, La force de la différence, une thèse intéressante. A partir des itinéraires de patrons atypiques, il tente de comprendre comment les « différents » parviennent à « transformer l'identité pour soi en identité sociale, ce qui suppose de reconnaître sa différence, de la faire accepter par les normaux et les autres différents. » (Alter, 2012, p. 38). Il démontre la possibilité d'inverser et de réinventer son destin, d'échapper aux mécanismes de reproduction et/ou de discrimination. Il creuse ainsi l'idée que sous certaines conditions, la différence peut devenir une force. C'est dans cet esprit que cette recherche s'intéresse à des entrepreneurs « différents ». Différents puisque ce sont des femmes (souvent issues de l'immigration), qui vivent dans des quartiers et souhaitent y entreprendre autrement. Les récits de vie de six femmes engagent une réflexion pour mieux saisir leur intention d'entreprendre socialement. Plusieurs questions se posent alors. Cette intention entrepreneuriale présente-t-elle des spécificités ? L'analyse de ces spécificités pourrait-elle guider un mode d'accompagnement adapté à la création d'entreprise sociale ?Après une revue de littérature sur les trois sources de spécificités/différences de ces entrepreneures, un cadre conceptuel et des descripteurs opérationnels de l'intention entrepreneuriale sont proposés. Ce cadre est confronté aux récits de vie de six femmes rencontrées au cœur de « la Cité des 4000 » de la Courneuve. Leurs histoires témoignent d'un désir d'émancipation économique et de motivations sociales profondément ancrées dans leur territoire.Social entrepreneurship in sensitive areas represents a major societal issue. Women entrepreneuses, contrary to the classical cliché, could take up this challenge. This research analyses life stories of six women, met in the heart of the “cité des Quatre-Mille”, a deprived area in the city of La Courneuve, to highlight social entrepreneurial intention. Several questions arise. Is this entrepreneurial intention specific ? Could we analyse these characteristics support the creation of social enterprise ?After a literature review focused on the three specificities of those women (gender, social entrepreneurship, and entrepreneurship in deprived area context), a conceptual framework and operational descriptors of entrepreneurial intention are proposed. Empirical results underline that the entrepreneurial intention of women is essentially based on a desire to improve their every day life and their immediate environment. The life stories emphasize a desire for economic emancipation and social motivations deeply anchored in their territory rather than in their cultural roots.