Contenu du sommaire : La question énergétique en Méditerranée
Revue | Confluences Méditerranée |
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Numéro | no 91, automne 2014 |
Titre du numéro | La question énergétique en Méditerranée |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier
- La question énergétique en Méditerranée - Pierre Berthelot p. 9-12
- L'Iran peut-elle devenir une « surperpuissance » énergétique ? - Didier Chaudet p. 13-32 L'Iran est un des plus gros exportateurs de pétrole au monde, et aussi l'un des plus gros producteurs. Il possède les deuxièmes réserves de gaz, et, avec un accès à une technologie moderne adéquate, Téhéran pourrait devenir un très sérieux compétiteur pour la Russie. De là, une question peut légitimement se poser : l'Iran pourra-t-il devenir une « superpuissance » énergétique ? Pour répondre à cette question, l'analyse ne pourra pas porter que sur les questions énergétiques en elles-mêmes, il faudra les associer à la situation géopolitique, et aux orientations diplomatiques de la République islamique, pour savoir si cette dernière saura mener une politique lui permettant d'atteindre cet objectif. Ou si au contraire, ses choix, sur les dossiers énergétiques mais aussi économiques au sens large, de politique étrangère, de sécurité, ces dernières années et jusqu'à aujourd'hui, rendrait le dit objectif inaccessible. Une évolution vers un statut de « superpuissance » énergétique aurait-elle un impact sur le marché méditerranéen et européen ?
- La Turquie au coeur des enjeux géopolitiques et énergétiques régionaux - Jana Jabbour, Noémie Rebière p. 33-51 La position géographique de la Turquie au carrefour de l'Asie, du Moyen-Orient et de l'Europe, entre les pays producteurs d'hydrocarbures à l'Est et les pays consommateurs à l'Ouest lui confère un rôle géostratégique majeur. Frontalière des pays qui détiennent plus de 70 % des ressources mondiales d'hydrocarbures, elle est devenue l'un des principaux territoires de transit pour alimenter l'Union européenne. Ainsi, au regard des changements géopolitiques actuels, en Europe de l'Est avec la crise ukrainienne, et au Moyen-Orient avec les crises en Irak et en Syrie, ainsi qu'en Méditerranée Orientale avec la découverte de gisements d'hydrocarbures au large de l'île de Chypre, on constate que les enjeux énergétiques occupent plus que jamais une place capitale dans la définition de politique intérieure et extérieure de la Turquie.
- Au delà du « hub » géopolitique, la régulation contestée du secteur énergétique en Turquie : L'exemple du marché du gaz naturel - Elvan Arik, Elshan Mustafayev p. 53-66 Dans l'optique de devenir un hub gazier, depuis le début des années 2000, la Turquie a engagé d'importantes réformes structurelles de ses marchés énergétiques internes. Traditionnellement, seules des analyses géopolitiques servent à décrire le hub gazier turc. Après un rappel des principaux enjeux énergétiques régionaux, cet article propose une analyse de la situation interne à la Turquie puis met en perspective les contradictions et les potentiels impacts d'une régulation économique et politique ambivalente du secteur gaz naturel de la part du parti au pouvoir. Ce décentrement scalaire et thématique permet au final de compléter et de réévaluer la pertinence de cette notion de hub appliquée au cas turc.
- Le gaz naturel, nouvel élément structurant du Mare Nostrum - Samuele Furfari p. 67-82 Alors que la transition énergétique est sur toutes les lèvres, c'est bien de gaz naturel que les stratèges mondiaux se préoccupent. Pendant de longues décennies encore, le monde – y compris l'UE – aura besoin de grandes quantités de gaz naturel pour alimenter la machine économique. Tout en restant fortement liée à la Russie pour ses approvisionnements gaziers, l'UE s'intéresse de plus en plus aux ressources sur son front Sud et Sud-Est. La mer Méditerranée devient toujours plus le lieu de passage d'un approvisionnement gazier diversifié mais également un espace de production d'hydrocarbures.
- Le secteur électrique palestinien, un enjeu géopolitique - David Amsellem p. 83-93 Le secteur électrique est rarement étudié lorsqu'on aborde l'histoire politique des Palestiniens. Pourtant, l'électricité est un secteur stratégique fondamentalement lié à leur volonté d'indépendance politique. Plus que cela, la situation électrique des Palestiniens révèle les difficultés auxquelles est confrontée la société palestinienne dans son projet d'indépendance nationale.
- La variable énergétique dans la crise syrienne : La question stratégique du contrôle d'un futur gazoduc méditerranéen - David Rigoulet-Roze p. 95-106 La variable énergétique – tout particulièrement gazière – est souvent présentée comme le facteur déterminant, sinon exclusif, qui serait à même de rendre compte du conflit en Syrie lequel a dégénéré en véritable guerre civile, depuis la seconde moitié de l'année 2011, et dont les différents acteurs – qu'il s'agisse des insurgés sunnites ou du régime alaouite de Bachar al-Assad – bénéficient tous, à des degrés divers, de soutiens extérieurs. Au demeurant, s'il convient de ne pas sous-estimer cette variable gazière avec la question stratégique s'il en est du contrôle d'un éventuel gazoduc, il faut dans le même temps se garder de la surestimer dès lors que d'autres variables non moins importantes comme la dimension confessionnelle, induite par la polarisation sunnite versus chiite, intervient également très largement, voire s'y superpose.
- La coopération énergétique israélo-chypriote : Nouvelle source de tensions en Méditerranée orientale ? - Pierre Berthelot p. 107-119 La découverte d'abondantes ressources gazières en Méditerranée orientale pourrait alourdir les contentieux géopolitiques qui y sont déjà très intenses. C'est à partir de l'analyse du rapprochement israélo-chypriote, récent et inédit, que seront évalués ces risques de confrontation alors qu'au départ ce potentiel gazier était censé représenter un atour majeur pour cette zone voire pour l'Europe, par ailleurs peu impliquée dans la recherche d'une solution.
- Les interactions Eau-Énergie : une menace pour la sécurité énergétique des États - Alexandre Taithe p. 121-132 En réponse à une concurrence accrue pour l'eau douce et à une raréfaction de la ressource renouvelable sur les rives Sud et Est de la Méditerranée, les pouvoirs publics ont privilégié les solutions consistant à augmenter la ressource disponible. Fondés sur une gestion par l'offre, ces choix, qu'il s'agisse entre autres du recours au dessalement de l'eau de mer, à l'exploitation des aquifères (à eau renouvelable ou fossile), aux transferts massifs d'eau sur de longues distances, ont pour point commun un coût énergétique très élevé. En 2025, la demande en électricité pour l'eau des pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée devrait représenter près de 20 % de la demande totale en électricité de ces États, tous usages confondus… Les contraintes multisectorielles d'une telle empreinte énergétique, et les pistes de réduction de cette dernière, seront examinées en comparaison avec l'Asie du Sud, où l'intrication eau/énergie/agriculture s'avère encore plus marquée que dans l'espace méditerranéen. A ce triptyque et entrelacs d'enjeux s'ajoute désormais une quatrième dimension, le climat, ce qui réduit encore les marges de manœuvre des acteurs des politiques de l'eau et de l'énergie.
- Perspectives énergétiques en Méditerranée et en Europe - Denis Simonneau, Pierre Berthelot p. 133-139
Variations
- La place du Sinaï au sein des rivalités de pouvoir en Egypte (2011-2013) - Ivan Sand p. 143-163 La péninsule du Sinaï est généralement présentée comme une « zone de non droit » dans la plupart des médias locaux et internationaux. Alors que les causes de cette dégradation sécuritaire paraissent multiples, les acteurs politiques égyptiens semblent s'intéresser à cette région dans l'unique but de discréditer leurs adversaires. L'analyse des termes employés dans la presse, et dans les discours officiels des dirigeants du pays, met en lumière le rôle majeur joué par la violente insurrection dans la péninsule au sein des bouleversements à la tête du pays. Les affrontements pour le pouvoir au Caire ont en effet donné lieu à une véritable instrumentalisation de ces évènements, notamment au cours de l'année 2013. Dans un contexte d'internationalisation des luttes politiques entre les Frères musulmans et les autorités militaires égyptiennes, le Sinaï semble avoir focalisé une partie de l'attention des acteurs de la région sans que de réelles solutions adaptées aux causes locales de cet embrasement ne soient pour autant envisagées.
- Le mythe de l'indépendance du Kurdistan irakien - Adel Bakawan p. 165-179 Le Gouvernement Régional du Kurdistan (GRK) dispose d'institutions étatiques : pouvoir exécutif, pouvoir législatif, pouvoir judicaire, armée, appareils de sécurité. Il dispose également d'une forte sympathie internationale (44 pays soutiennent les peshmergas contre l'organisation de l'État Islamique) et d'un territoire reconnu dans la Constitution irakienne. Toutefois, une triple fragilité politique, économique et militaire éloigne le GRK de son rêve d'indépendance.
- Quand la Grèce montre la voie à la gauche européenne - Christophe Chiclet p. 181-194 Dans l'ensemble de l'UE, les forces de gauche organisées autour des partis socialistes ont adopté la politique de l'offre et ont pris le tournant social-libéral, soutenant ou mettant en place des politiques d'austérité et de rigueur dans leurs pays. En Grèce, il n'en est rien à cause de la spécificité historique des forces de gauche dans ce pays très particulier.C'est le parti communiste lié à Moscou (KKE) qui a incarné la gauche grecque jusqu'en 1974. Mais après la chute de la dictature militaire, un nouveau venu est apparu sur la scène politique de la gauche, les socialistes atypiques du PASOK. Mélangeant marxisme, populisme, clientélisme, nationalisme, ces socialistes ont phagocyté en grande partie cet espace politique et le pouvoir pendant plus de vingt ans. Passés à la social-démocratie, ils n'ont pas eu le temps de passer au social-libéralisme, s'étant effondrés lors des élections de 2012. Cette chute dans l'opinion a été précipitée par une autre force de gauche, ni communiste à l'ancienne, ni socialiste usée par le pouvoir et les affaires : la Syriza. Issu du mouvement communiste de la résistance et de la guerre civile, ce parti est une spécificité historique grecque né de la scission du KKE dès 1968. Les pères de la Syriza avaient vingt ans d'avance sur Gorbatchev. Leurs fils n'ont plus rien à voir avec les dérives, les défaites, les tragédies de leurs pères et grands-pères. Il s'agit d'une nouvelle gauche qui prône la résistance sociale contre le libéralisme et la finance qui ont gravement paupérisé la Grèce, revenue près de quarante ans en arrière en niveau de vie. Aux dernières élections de 2014, la Syriza est devenue la première force politique du pays, ce qui ne fait pas que des heureux d'Athènes à Bruxelles, du Pirée à la City.À l'heure où l'ensemble du paysage politique de l'Europe se droitise, en Grèce on semble ne rien faire comme sur le reste du vieux continent. Une expression grecque semble illustrer ceci. Lorsqu'un Grec va à Rome, Londres ou Varsovie, il dit : « Pao stin Evropi » (Je vais en Europe), souvenir d'un passé byzantin, puis ottoman. C'est ainsi que l'histoire du socialisme et du communisme en Grèce a de très fortes spécificités que l'on ne retrouve nulle part ailleurs.
- La place du Sinaï au sein des rivalités de pouvoir en Egypte (2011-2013) - Ivan Sand p. 143-163
Opinion
- Le scandale permanent de l'instrumentalisation des identités ethniques et religieuses au Proche-Orient - Georges Corm p. 195-200
Notes de lecture
- Notes de lecture - p. 202-204