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Revue | La Revue de l'IRES |
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Numéro | no 81, 2014/2 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Le « non-recours » à la couverture maladie universelle et sa mise à l'agenda de l'Assurance maladie : un phénomène qui travaille l'institution - Héléna Revil p. 3-32 Depuis quelques années, le non-recours, à savoir le fait que des personnes ne bénéficient pas des droits ou des offres publiques auxquels elles peuvent prétendre (Warin, 2010), fait l'objet d'une attention croissante en France. La lutte contre le non-recours est notamment inscrite parmi les objectifs stratégiques de la branche maladie de la Sécurité sociale. Le déploiement par l'institution d'une politique en la matière ne va toutefois pas de soi. La mise en œuvre d'actions visant à limiter et à prévenir le phénomène interroge en effet les organismes d'Assurance maladie dans leurs principes d'action les plus fondamentaux et dans leur rapport aux publics. Elle questionne en parallèle les compétences des agents et l'organisation du travail pensées pour mettre en œuvre des droits de nature initialement assurantielle. Cet article revient sur le processus de mise à l'agenda du non-recours à la couverture maladie universelle (CMU) et s'intéresse à la manière dont le phénomène « travaille » l'Assurance maladie.Non-take-up of French Universal Healthcare Coverage and Agenda-setting at the National Health Insurance Fund. Over the past few years, non-take-up, i.e. the failure to avail oneself of rights or public services one is entitled to (Warin 2010), has become the focus of increasing study in France. Combating non-take-up is, for instance, one of the key strategic objectives of the health division of France's social security service. However, institutional involvement in policy-making is not necessarily the best solution in this arena : implementing programmes designed to limit and prevent non-take-up raises questions about the National Health Insurance Fund's most fundamental principles and its relationship with various sectors of the public. It also raises questions about the competence of its employees and work organisation, planned to implement rights that are initially insurance-related in nature. The article looks at the process of agenda-setting when it comes to non-take-up of universal healthcare coverage in France and studies how the issue represents a challenge for the National Health Insurance Fund.
- S'arracher à sa condition d'ouvrier : de l'engagement syndical à l'encadrement intermédiaire - Baptiste Giraud p. 33-58 Cet article étudie les trajectoires militantes et professionnelles de deux ouvriers d'une petite et moyenne entreprise (PME) industrielle devenus agents de maîtrise après avoir occupé un mandat de représentant syndical. L'analyse de ces deux parcours biographiques permet de rendre compte des tensions et des contradictions qui opposent ces deux positions ouvrières, mais aussi ce que les modalités de leur engagement syndical et de leur promotion par la voie hiérarchique ont de commun dans la manière de s'accommoder de leur condition ouvrière. Ce faisant, cet article entend montrer l'intérêt de réintégrer l'analyse des ressorts de l'engagement et du désengagement syndical des salariés d'exécution, dans une perspective attentive à la diversité des voies de salut et des motifs de satisfaction qu'ils peuvent trouver dans l'exercice de leur activité professionnelle.Rising Up Out of the Working Class: Journeys from Union Activism to Middle Management
The article focuses on the militant and professional trajectories of two workers in an industrial SME who started out as union reps before taking on supervisory roles. An analysis of the two biographical trajectories sheds light not only on the tensions and contradictions that differentiate the two working-class positions, but also on the shared features of their union activism and rise up the hierarchical ladder. This also questions how these individuals negotiate with their working-class status. The article thus aims to demonstrate the interest of returning to analyses of the characteristics of participation in and disaffection with union activity among shop-floor workers in a perspective that pays due attention to the diversity of ways up the ladder and reasons for satisfaction that individuals may find in carrying out their professional activity. - Revenus du travail et emploi atypique, comparaison entre les analyses sociétales et individuelles - François Ghesquière, Jacques Wels p. 59-84 L'objectif de cet article est de comparer la relation entre l'emploi atypique et les revenus du travail aux niveaux sociétal (macro) et individuel (micro). Les données des enquêtes européennes SILC et EFT sont utilisées pour comparer successivement ces deux approches. À partir d'une approche descriptive utilisant des corrélations (macro), nous montrons qu'il n'existe pas de lien entre emploi atypique et revenu du travail. Une forte proportion d'emplois atypiques par pays ne conduit pas à une augmentation (ou une diminution) des inégalités de revenu du travail au sein du pays. Inversement, au niveau micro, on observe dans la majorité des pays européens un lien fort et significatif entre emploi atypique et faiblesse du salaire : les emplois instables ou à temps partiel ont très souvent une faible rémunération. Par le biais d'une régression logistique réalisée pour trois pays (la France, les Pays-Bas et le Royaume-Uni), on met en évidence, non seulement les effets négatifs du travail à temps partiel et de l'emploi instable sur le revenu du travail, mais également l'impact du sexe, du niveau de formation et du secteur d'activité sur le risque d'occuper un emploi à faible revenu.Earned Income and Non-standard Employment: Comparing Societal and Individual Analyses
The article set out to study the relationship between non-standard employment and earned income at the societal macro level and individual micro level, drawing on data from the EU-SILC and EU-LFS surveys to compare the two. The authors take a descriptive approach, using macrolevel correlations to demonstrate the absence of any link between nonstandard employment and earned income. A high proportion of non-standard income in a given country does not lead to a rise – or decrease – in inequality of earned income. Conversely, at the micro level, the majority of European countries reveal a strong, significant bond between non-standard employment and low wages : unstable and part-time employment often correlate with low wages. The article draws on a logistic regression for three countries – France, the Netherlands, and the UK – to demonstrate not only the negative effects of part-time work and unstable employment on earned income, but also the impact of gender, level of education, and sector of activity on the chances of being in low-waged employment. - Quel régime salarial optimal pour la zone euro ? - Odile Chagny, Michel Husson p. 85-120 Cet article vise à définir une règle salariale optimale pour la zone euro qui permettrait de rendre compatibles les objectifs de cohésion sociale et de convergence et le respect des contraintes inhérentes à une zone monétaire. Dans la majorité des pays, à l'exception notable de l'Allemagne, les régimes salariaux assuraient avant la crise une progression des salaires relativement homogène entre secteurs abrité et exposé. Toutefois, les régimes salariaux étaient loin d'être optimaux, et depuis la crise, on tend à s'éloigner d'un régime salarial optimal et notamment de la norme de croissance relativement homogène des salaires qui prévalait auparavant. Un système européen de salaire minimum serait un instrument utile pour faire obstacle à une fragmentation accrue des marchés du travail, et il devrait être combiné avec des politiques coopératives assurant une meilleure convergence productive.Looking for an “Optimal Wage Regime” for the Euro Zone?
The article aims to figure out how an “optimum wage rule” for the euro area could look like. An optimal wage regime should be able to offer a way out of the crisis alternative to that of internal devaluations, their recessionary impacts and the new divergences across countries they encourage. With the notable exception of Germany, prior to the crisis, wage regimes provided wage progressions that showed little difference between sheltered and exposed sectors. However, wage regimes were far from optimal and since the crisis the general trend has been to move away from an optimal wage regime and the rule that prevailed in most countries of rather homogeneous wage increases across sectors. We argue that any progress toward an optimum wage rule requires to clearly recognize the incompleteness of the European construction, and to implement economic policies aimed both at enforcing balanced wage regimes and ensuring a convergence in productive performances.