Contenu du sommaire : L'Angola dans la paix. Autoritarisme et reconversions

Le pouvoir présidentiel angolais est souvent perçu comme l'expression d'une oligarchie basée sur l'accumulation des revenus pétroliers. Cette vision date de l'époque où José Eduardo dos Santos vivait dans son palais de Futungo de Belas. À l'Indépendance, le pays était déjà épuisé par la guerre, mais surtout par des siècles d'un mercantilisme brutal. Ces dernières années est apparue une gestion technocratique de la rente, en articulation avec un capitalisme financier. On peut la relier à l'extraversion adaptative de l'esprit du capital angolais. Le défi pour le pouvoir est à présent d'éviter un éclat entre les groupes en présence lors de la réinjection des capitaux dans la reconstruction, non pas d'un mythe, mais de maisons et de routes avant les prochaines élections de 2008.

Cet article traite des difficultés auxquelles est confrontée l'Unita à l'approche des élections, particulièrement dans le planalto central, où le parti avait obtenu la majorité des votes aux élections de 1992. En tant que mouvement rebelle, l'Unita s'était assurée du soutien de « son peuple » en maniant coercition et clientélisme ; maintenant qu'elle a perdu son pouvoir de coercition et que ses ressources ne sont plus ce qu'elles étaient au temps de la guerre, le parti ne parvient pas à s'adapter aux règles du jeu politique en vigueur dans l'Angola d'après-guerre.

Après avoir défait l'Unita, le gouvernement angolais a retourné son armée contre les mouvements indépendantistes dans l'enclave de Cabinda, tout en cooptant une partie de ceux-ci. Il en résulte dans l'enclave un climat de violence politico-militaire exacerbée, sur fond d'une économie pétrolière en expansion et de menaces écologiques. Majoritairement pro-indépendantiste, l'épiscopat cabindais n'est pas non plus épargné par cette violence et il est travaillé par des divisions. Le Cabinda est aujourd'hui un lieu où sont déployés les pratiques et abus qui minent la transition politique en cours en Angola.

Au moment où l'Angola savoure ses premières années de paix depuis des décennies, l'un des plus importants mouvements religieux du pays vit une importante crise interne. Ce conflit qui déchire l'église kimbanguiste, un mouvement d'origine congolaise dont la plupart des fidèles sont des Bakongo, est né d'un problème de succession après la mort, en 2001, de son leader spirituel Dialungana Kiantani, vivant au Bas-Congo. Comme l'analyse cet article, l'Angola est devenu un espace important de ce conflit, qui transcende désormais la sphère religieuse et suscite des interventions politiques. La crise s'explique en partie par la place ambiguë qu'occupe la culture kongo dans l'espace angolais.

Comme les régimes militaires au Nigeria, l'Angola dispose, pour se repositionner sur la scène régionale et internationale, de sa rente pétrolière et de sa capacité militaire. À la recherche d'un statut de pays leader semblable à celui de l'Afrique du Sud, les dirigeants angolais ont pris conscience de leurs limites et se concentrent sur le Golfe de Guinée et l'Afrique centrale. Leur politique de diversification économique vise à attirer des investissements étrangers en Angola tout en plaçant des capitaux angolais dans les compagnies étrangères présentes dans le pays. C'est, semble-t-il, aujourd'hui plus sur son activité économique que sur sa puissance militaire que s'appuie la présence et l'influence angolaises sur la scène internationale.

Un processus hégémonique est à l'?uvre, dans certains territoires d'Afrique subsaharienne, depuis le moment colonial. La coercition en est l'un des vecteurs par les effets de subjectivation qu'elle induit. Elle entretient avec l'hégémonie un rapport d'immédiation, notamment corporelle. La pratique de la flagellation dans les rapports sociaux et politiques a fourni un mode récurrent de transaction hégémonique, de délimitation de la citoyenneté, d'administration de la force de travail. De provenance composite, elle s'imbrique à la fois dans la violence du moment colonial et dans l'économie morale et politique de la traite esclavagiste. La « chicotte », en tant que dispositif de la gouvernementalité du « ventre », au point de rencontre entre techniques de domination sur les autres et techniques de soi, renvoie aussi bien à la formation de l'État qu'à celle de la valeur économique du travail.

Cet article explore les effets de l'intensification agricole sur le pouvoir local dans le village de Koyra (Nord Mali). Suite aux sécheresses des années 1970 et 1980 et à la création de périmètres irrigués dans la vallée du fleuve Niger, la gestion foncière et la production de riz sont devenus des enjeux économiques majeurs. Cette étude analyse l'émergence politique d'entrepreneurs qui, en contrôlant la distribution de la terre et la réalisation des projets de développement, ont pu constituer des clientèles importantes et ainsi négocier leur place dans l'organisation politique locale.