Contenu du sommaire : L'évaluation des politiques publiques
Revue | Revue française d'économie |
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Numéro | Vol. XXVII, no 1, juillet 2012 |
Titre du numéro | L'évaluation des politiques publiques |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Choix familiaux et politiques publiques - Catherine Sofer p. 9-45 Les modèles d'économie de la famille ont connu dans les trente dernières années un grand développement, en se centrant sur les intérêts potentiellement conflictuels des différents individus qui composent la famille et sur le partage des ressources en son sein. Cet article a pour but de recenser les différentes approches de la prise de décision dans la famille dans les modèles économiques récents, en se centrant particulièrement sur le « modèle collectif » qui est devenu le modèle dominant dans ce champ de recherche, compte tenu des importants développements tant théoriques qu'empiriques qu'il a suscités.
- Dualisme des contrats de travail et rotation de la main-d'?uvre - Pierre Cahuc, Olivier Charlot, Franck Malherbet p. 47-64 Cet article propose un modèle permettant d'expliquer le choix entre CDI et CDD ainsi que la durée extrêmement courte de la plupart des CDD. Ce modèle simple tient compte d'une caractéristique importante de la protection de l'emploi en Europe, négligée par la littérature existante, et montre que la rigueur de la protection des emplois en CDI a des effets importants sur les incitations des firmes à offrir des CDD, ainsi que sur la durée de ces contrats, induisant ainsi une importante rotation de la main-d'?uvre sur ces emplois.
- Le contrôle de la recherche d'emploi est-il efficace ? - Bart Cockx, Muriel Dejemeppe, Bruno Van Der Linden p. 65-106 Depuis juillet 2004, l'effort de recherche des chômeurs de longue durée est contrôlé en Belgique. Nous développons une approche structurelle afin d'évaluer l'impact de cette réforme sur les chances de sortie vers l'emploi et sur les rémunérations. Nous élaborons un modèle de prospection d'emploi et nous estimons ses paramètres sur un échantillon de participants âgés de 25 à 29 ans. Après avoir validé le modèle, celui-ci est simulé pour estimer l'impact sur les participants. Cette réforme accroît les sorties vers l'emploi sans réduire nettement les rémunérations en cas de recherche fructueuse. En raison du risque de sanction si la recherche est insuffisante et parce que son coût augmente, cette réforme réduit néanmoins légèrement le flux attendu de revenu des participants. Du point de vue du secteur public et de la société dans son ensemble, la réforme apparaît bénéfique.
- Une évaluation expérimentale d'un micro-programme social - Yannick L'Horty, Emmanuel Duguet, Pascale Petit p. 107-127 L'intérêt des méthodes expérimentales d'évaluation d'impact est de mesurer de façon rigoureuse les effets d'un programme social même en l'absence de bases de données préexistantes et de cadre théorique structurel sur les mécanises en ?uvre, tout en identifiant les effets spécifiques du programme indépendamment des caractéristiques observables et inobservables de ses bénéficiaires. Nous illustrons ces vertus avec une étude de cas qui porte sur un dispositif de petite taille, innovant, complexe et destiné à des populations très spécifiques, autant de caractéristiques qui le rendent a priori non évaluable par d'autres méthodes. Il s'agit d'un programme d'accompagnement à la recherche d'un stage destiné aux élèves de troisième qui résident dans des quartiers prioritaires de la politique de la ville. L'expérimentation porte sur six collèges classés Réseau ambition réussite, soit 28 classes et 550 élèves, dans deux départements, l'Essonne et les Yvelines. Pour remédier aux différences de compositions entre le groupe test et le groupe témoin sur un si petit échantillon, nous avons reconstruit le groupe témoin avec la méthode du score de propension proposée par Rosenbaum et Rubin.
- Changements au sein des entreprises et accès des seniors à la formation continue dans les années 1990 et 2000 - Nathalie Greenan, Mathieu Narcy, Stéphane Robin p. 129-162 Cet article examine si les contextes professionnels dynamiques dans l'industrie sont associés à des profils de formation selon l'âge spécifique. On observe, au cours des années 1990, un déficit de formation à l'informatique pour les ouvriers et employés entre 50 et 59 ans dans les entreprises ayant un usage avancé des TIC, qui n'est plus visible pendant la décennie suivante où l'on identifie en revanche un moindre accès des seniors à la formation à la tâche principale. Ces résultats invitent à réfléchir aux spécificités des besoins en formation des salariés ayant accumulé plus d'expérience face aux changements du travail.
- L'effet de l'âge sur la distribution des salaires - Sarah Le Duigou p. 163-185 La distribution des salaires varie avec l'âge des travailleurs. Dans cet article, nous présentons les principes permettant de construire un modèle en mesure d'expliquer cette évolution. Fondé sur le cadre théorique de Burdett et Mortensen [1998], ce modèle considère deux périodes de vie, celle des juniors et celle des seniors. Il prend en compte trois canaux d'évolution des salaires : la mobilité professionnelle ascendante, l'évolution du rapport de force, et l'accumulation de capital humain. Sur données américaines, nous montrons que ces trois canaux permettent de reproduire en même temps la distribution agrégée des salaires ainsi que son évolution au cours du cycle de vie des travailleurs. Les deux premiers canaux permettent d'expliquer la baisse du nombre des bas salaires avec l'âge. L'accumulation de capital humain, elle, explique pourquoi les seniors détiennent la majorité des très hauts salaires.
- Taux de cotisation patronale à l'assurance chômage et dynamique du marché du travail - Julien Albertini p. 187-208 Cet article étudie les effets dynamiques de la modulation des cotisations patronales sur l'assurance chômage aux Etats-Unis. Dans ce système, le taux de cotisation dépend de l'historique des licenciements de l'entreprise et plus particulièrement du coût des nouveaux chômeurs indemnisés induit par ces licenciements. En revanche, le taux de cotisation ne s'ajuste pas parfaitement : chaque entreprise ne supporte pas la totalité des coûts que ses décisions de licenciement font peser sur la caisse d'assurance chômage. Cette modulation incomplète provient de délais dans l'ajustement du taux de cotisation et de l'existence d'un taux plancher et plafond. L'objectif de cet article est d'analyser dans un cadre d'équilibre général dynamique comment l'ajustement du taux de cotisation affecte les fluctuations du marché du travail. On évalue, dans un modèle calibré sur le cas des Etats-Unis, comment des changements du degré de modulation des cotisations patronales comparables à ceux déjà effectués par l'assurance chômage peuvent affecter les comportements d'embauche et de licenciement au cours du cycle économique.