Contenu du sommaire : Varia
Revue | Revue française d'économie |
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Numéro | Vol. XXV, no 4, avril 2011 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- La France a-t-elle causé la Grande Dépression ? - Douglas A Irwin p. 3-10
- La finance islamique : modèle alternatif, postiche ou pastiche ? - Patrick Allard, Djilali Benchabane p. 11-38 La crise de 2007-2009, immédiatement perçue comme de gravité historique, a suscité un ardent désir de rédemption : « keynésienne » pour conjurer ses conséquences catastrophiques; « régulatrice », pour briser le cycle de crises récurrentes ; « éthique », pour moraliser la finance. Dans ce contexte, beaucoup de regards, notamment en occident, se sont tournés vers les principes de l'économie et de la finance islamiques, promus comme modèle d'économie et de finance éthiquement responsable, véritable alternative au modèle traditionnel (c'est-àdire occidental). Dans sa pratique, pourtant, la banque et la finance islamiques, incapables de se passer des méthodes de valorisation de la banque et de la finance traditionnelles, dont elles se différencient par des méthodes visant à respecter littéralement les interdits de la charia tout en les contournant. Aussi, loin d'être un modèle alternatif à la banque et à la finance traditionnelles, la banque et la finance islamiques entretiennent avec elles un rapport mimétique qui dément les prétentions éthiques dont la parent, surtout à l'intention des non-musulmans, ses partisans les plus zélés à défaut d'être les plus désintéressés.
- Stress, anxiété et dépression au travail : existe-t-il des différences entre entreprises ? - Nicolas Gérard Vaillant, François-Charles Wolff p. 39-74 En dépit du coût social très élevé du stress au travail, les déterminants des risques psycho-sociaux des salariés demeurent encore largement méconnus en France. Les études portant sur le stress professionnel sont généralement des études de cas, ce qui ne permet pas d'appréhender d'éventuels écarts entre les firmes. Le présent travail étudie les déterminants du stress, de l'anxiété et de la dépression sur la base d'un échantillon collecté par l'Institut français d'action sur le stress sur la période allant de la fin de l'année 2000 à 2007, comprenant 10 125 salariés de six grandes entreprises françaises. Le genre des enquêtés, leur diplôme, leur fonction, leur ancienneté ainsi que la firme dans laquelle l'activité est exercée sont autant d'éléments qui viennent rendre compte de façon pertinente non seulement du stress auto-reporté, mais aussi de l'anxiété et de la dépression. Les risques psycho-sociaux mesurés sur le lieu de travail dépassent toutefois la seule dimension professionnelle comme l'atteste la présence bénéfique d'un conjoint sur le stress et la dépression.
- Interactions science-technologie : quelles politiques publiques ? - David Encaoua p. 75-119 L'objet de cet article est d'analyser les relations entre la science et la technologie selon un double prisme. Le premier, de nature historique, cherche à comprendre comment s'est opéré le passage des savoir-faire fondés sur des connaissances prescriptives (techniques) à des savoir-faire fondés sur des connaissances scientifiques (technologies) et quelles en sont les conséquences sur le plan économique. Le détour historique permet également de caractériser les relations contemporaines comme relevant davantage d'un processus coévolutif science-technologie plutôt que d'une relation verticale où le développement des applications technologiques en aval serait entièrement dépendant des progrès de la recherche fondamentale en amont. Le deuxième prisme, plus orienté vers les questions de choix publics en matière de politiques scientifiques et technologiques, avance quelques explications de l'écart persistant de croissance entre l'Union européenne et les Etats-Unis avant la dernière crise. Sont ainsi successivement examinés les rôles respectifs de l'université, en tant qu'acteur économique, de l'écart éventuel entre le niveau d'avancement dans la production des connaissances et celui de leur diffusion dans l'économie, de l'insuffisance des efforts de recherche et développement et enfin des spécificités de la dynamique industrielle en termes de destruction créatrice et de la démographie des entreprises innovantes.
- Une analyse empirique de la dispersion des prix sur Internet - David Bounie, Bora Eang, Marvin SIRBU, Patrick Waelbroeck p. 121-145 Une analyse empirique de la dispersion des prix sur Internet La dispersion des prix reste un paradoxe pour l'économie de l'Internet. Dans cet article, nous testons les effets d'un ensemble de facteurs identifiés dans la littérature théorique et empirique et relatifs à la dimension temporelle, aux stratégies des vendeurs, à la structure du marché et à la différenciation des vendeurs. Nous mesurons et nous estimons les effets de chaque facteur à l'aide de données collectées sur la plate-forme de vente française Amazon Marketplace sur les marchés du livre, des CD et DVD sur la période de mars à novembre 2006. Nous montrons que i) les vendeurs n'utilisent pas de stratégies de prix aléatoires et n'ajustent pas leurs prix fréquemment ; ii) la dispersion des prix augmente avec le nombre de vendeurs et dans le temps ; iii) les caractéristiques des vendeurs n'expliquent qu'une faible partie de la dispersion des prix en ligne ; iv) une part non négligeable de la dispersion des prix observée reste inexpliquée.
- Incitations à l'entrée et incitations aux investissements dans le secteur des télécoms - Marc Bourreau, P?nar Do?an, Matthieu Manant p. 147-181 L'échelle de l'investissement est une méthode pratique de régulation proposée par Cave [2006], et largement adoptée aujourd'hui par les régulateurs européens dans le secteur des télécommunications, en vue de promouvoir l'entrée de concurrents efficients face aux opérateurs historiques. Le principe est de proposer successivement aux opérateurs entrants différents niveaux d'accès aux infrastructures existantes (les « barreaux » de l'échelle) et d'inciter ces entrants à passer d'un niveau à l'autre par unetarification de l'accès croissante dans le temps ou en laissant les opérateurs historiques libres de fixer le tarif d'accès (une suspension de la régulation de l'accès).L'échelle de l'investissement introduirait une complémentarité entre la concurrence par les services et la concurrence par les infrastructures, qui étaient jusqu'alors considéréescomme des formes alternatives de concurrence. Malgré le fort intérêt des régulateurs pour ce concept, ses justifications économiques n'ont pas été clairement énoncées.Dans cet article, nous présentons les positions des régulateurs et des opérateurs européens au sujet de l'échelle de l'investissement. Nous proposons ensuite une analysecritique de cette méthode de régulation à l'aune de la littérature économique et nous montrons que le concept de l'échelle de l'investissement est imparfaitement fondééconomiquement.