Contenu du sommaire : Sciences de gestion et politique
Revue | Revue française de gestion |
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Numéro | no 245, novembre-décembre 2014 |
Titre du numéro | Sciences de gestion et politique |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Introduction
- Que peuvent apporter les sciences de gestion au politique ? - Olivier Basso, Philippe Very p. 11-17
Partie I - Du privé au public
- Quand l'État s'empare de la comptabilité privée : Quels rôles pour les sciences de gestion ? - Nicolas Praquin, Stéphane Lefrancq, Isabelle Chambost p. 21-34 Sommé de faire évoluer sa gouvernance et ses modalités d'interventions, l'État a pu voir dans les outils de gestion des dispositifs techniques susceptibles de répondre à ses impératifs. Le domaine de la comptabilité, avec les essais d'introduction de la consolidation pour les collectivités territoriales et la mise en place de la Loi organique relative aux lois de finances (LOLF), témoigne des difficultés d'introduction de ces pratiques gestionnaires dans le champ public. Au-delà de la seule reprise des technologies du secteur privé, les sciences de gestion peuvent contribuer, grâce en particulier à certains de leurs courants de recherche, à cette transposition des outils de gestion dans le champ politique.
- Les sciences de gestion, boussole du politique : Étude sur l'émergence d'une nouvelle industrie de l'électromobilité - Carole Donada p. 35-54 Les enjeux de l'émergence d'une industrie de l'électromobilité basée sur une offre de véhicules électriques et de services associés à la mobilité individuelle et collective sont nombreux et complexes. Ces enjeux impliquent tout particulièrement la structuration d'écosystèmes industriels avec des parties prenantes et des nouveaux entrants très hétérogènes, des stratégies territoriales bouleversées et une recherche systématique de création de valeur par l'innovation et l'orientation services. Dans ce contexte, le politique se perd en tentant de répondre aux injonctions contradictoires de tous les acteurs économiques et sociaux qui réclament des aides de soutien à l'offre ou à la demande. La proposition soutenue dans cet article est que des cadres théoriques et méthodologiques solides, développés par les chercheurs en sciences de gestion, peuvent guider le politique à développer une industrie de l'électromobilité 2.0 pour le 21e siècle.
- Communication financière des collectivités locales : L'apport de la théorie de l'agence au politique - Muriel Michel-Clupot, Serge Rouot p. 55-70 Le constat d'une relation d'agence entre élu et citoyen conduit à s'interroger sur l'apport de la théorie de l'agence au politique. Considérée comme un coût de dédouanement, la communication financière peut devenir un outil de gestion pour les exécutifs en place, qu'ils soient contraints par le niveau d'endettement ou tentés par des stratégies d'enracinement. Par une confrontation entre production de communication et durée des mandats, les sciences de gestion avancent des préconisations à destination du politique.
- L'évaluation des politiques publiques et la gestion en France : Un rendez-vous manqué ? - Jean-Pierre Nioche p. 71-84 Les chercheurs en gestion furent à l'origine des premiers développements de l'évaluation des politiques en France, mais y jouent un rôle modeste aujourd'hui. Cet article tente d'expliquer ce paradoxe. D'abord en proposant une typologie de trois paradigmes de l'évaluation qui structurent le champ à travers le monde. Ensuite en analysant les forces sociales, côté demande et côté offre, dont le jeu explique la situation actuelle. Il conclut en suggérant aux chercheurs en gestion d'investir dans l'évaluation, en particulier de celle des politiques publiques qui influencent les entreprises et les organisations qui sont leurs objets de recherche.
- Quand l'État s'empare de la comptabilité privée : Quels rôles pour les sciences de gestion ? - Nicolas Praquin, Stéphane Lefrancq, Isabelle Chambost p. 21-34
Partie II - Interactions public-privé
- Les risques des partenariats public-privé dans le cas des stades : L'exemple du MMArena - Antoine Marsac, Aurélien François p. 87-99 La complexité et l'urgence des projets de construction et modernisation des stades en France ont incité les collectivités publiques, contraintes budgétairement, à recourir aux partenariats public-privé (PPP). Par l'étude du stade du Mans, les auteurs1 pointent toutefois le risque de surfacturation des coûts auquel peuvent aboutir ces dispositifs. L'analyse des rapports entre collectivités et clubs résidents apparaît alors comme indispensable à l'équilibre du contrat entre partenaires publics et opérateurs privés.
- Les politiques publiques sous l'influence des entreprises : Un regard « gestionnaire » - Mourad Attarça, Hervé Chomienne p. 101-130 Cet article se propose de montrer l'utilité d'un regard « gestionnaire » sur un phénomène sociopolitique qui ne concerne pas seulement les entreprises : le lobbying ou l'influence directe des décisions publiques. Les auteurs montrent qu'un regard gestionnaire permet de mieux appréhender les stratégies d'influence des acteurs du lobbying. Une telle approche est utile non seulement pour les entreprises dont les activités économiques dépendent – ou peuvent dépendre – d'une décision publique, mais aussi pour les décideurs publics, cibles du lobbying, qui doivent prendre en compte ces pratiques d'influence dans les activités décisionnelles. La contribution, basée sur une revue de littérature du phénomène de lobbying, des groupes d'intérêt et des pratiques d'influence des entreprises, présente l'étude de deux cas : la réglementation des détecteurs de radars pour automobilistes et celle concernant l'ouverture dominicale des magasins de bricolage.
- Les risques des partenariats public-privé dans le cas des stades : L'exemple du MMArena - Antoine Marsac, Aurélien François p. 87-99
Partie III - Évolutions conjointes
- La contribution de la RSE aux objectifs d'un développement durable de l'ONU : Cadre d'analyse et propositions pour les pouvoirs publics des « pays les moins avancés » - Marielle Audrey Payaud, Alain Charles martinet, Fulbert Géro Amoussouga p. 133-158 Comment des actions publiques portant sur un levier « micro » comme la responsabilité sociale des entreprises (RSE), peuvent-elles viser un objectif « macro » tel que le développement des « pays les moins avancés »1 ? Cet article présente une contribution possible, aujourd'hui, de la recherche en management stratégique et en RSE aux politiques publiques de développement, principalement inspirées, depuis l'après-guerre par la théorie et la doctrine macroéconomiques.
- Démocratiser l'entreprise ? : Réflexion critique sur la contribution des sciences de gestion à un argument rawlsien - Sandrine Blanc, Anne-Laure Boncori, Éric Braune p. 159-177 L'approche libérale égalitaire a récemment défendu une démocratisation de l'entreprise. Cette dernière garantirait une répartition plus équitable des biens premiers et permettrait d'affermir le sens civique des individus. Mais il apparaît que ces arguments reposent sur des hypothèses théoriques non vérifiées. Les auteurs1 examinent ces propositions au regard des acquis des sciences de gestion, en adoptant une démarche réflexive sensible aux difficultés du dialogue interdisciplinaire qu'elle cherche à établir. Face au constat d'un décalage entre les connaissances disponibles en sciences de gestion et celles requises par les hypothèses rawlsiennes, ils suggèrent des pistes pour le surmonter, tant du côté du libéralisme égalitaire que de celui des sciences gestion. Ils dégagent ainsi les conditions auxquelles une réponse libérale égalitaire empiriquement informée pourra être apportée à la question politique de la démocratisation de l'entreprise.
- Repenser les finalités de l'entreprise : La contribution des sciences de gestion dans un monde post-hégélien - Kevin Levillain, Blanche Segrestin, Armand Hatchuel p. 179-200 L'entreprise est souvent perçue comme un acteur à vocation exclusivement économique et comme une personne privée. Or son activité est indissociable de finalités qui dépassent les intérêts privés. Dans cet article, nous montrons qu'en créant de nouveaux « communs », l'entreprise bouleverse les représentations qui opposent public et privé, ou économique et social. Elle participe ainsi à l'émergence d'un monde que nous qualifions de « post-hégélien ». Et les sciences de gestion constituent un élément clé pour les nouvelles théories du politique contemporain.
- La contribution de la RSE aux objectifs d'un développement durable de l'ONU : Cadre d'analyse et propositions pour les pouvoirs publics des « pays les moins avancés » - Marielle Audrey Payaud, Alain Charles martinet, Fulbert Géro Amoussouga p. 133-158
Entretien
- L'entreprise en société : de nouvelles articulations à inventer : Interview de Frédéric Monlouis-Félicité - Olivier Basso, Philippe Very p. 201-206