Contenu du sommaire : Emeutes
Revue | Sociétés |
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Numéro | no 94, 2006/4 |
Titre du numéro | Emeutes |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Contributions
- Avant-propos - Raphaël Josset, Fabio La Rocca p. 5-8
- La société de consumation... - Michel Maffesoli p. 9-17
- Langage visuel et émeute - Fabio La Rocca p. 19-25 Dans le monde contemporain dominé par l'image, le langage visuel exprime une manière de visibilité. Les événements qui ont enflammé la France en novembre 2005 ont conquis les écrans du monde entier et les médias sont devenus l'agora de la mise en spectacle de notre société. Cet ancien thème qu'est la violence continue à être présent dans notre culture et suscite l'intérêt du regard des « specta(c)teurs ». La violence devient image, s'esthétise, est consommée et nous communique ce désir de reconnaissance d'une partie de notre société mise aux marges. Lors des émeutes s'établit ce double rapport entre violence et société médiatique, le langage visuel donc a été un instrument de communication forte et puissante pour faire ressortir cette pulsion émotionnelle émeutière et rendre visible les oubliés de la République.
- Quand la ville se défait : Entretien avec Jacques Donzelot - Fabio La Rocca, Raphaël Josset p. 27-34
- Nihil : Meutes, émeutes, anomie et postmodernité - Raphaël Josset p. 35-44 À partir de l'observation assidue des affrontements, scènes d'émeutes, casse et autres violences collectives qui s'exercèrent à la faveur du mouvement dit « anti-cpe » cet article traite plus spécifiquement du phénomène de « swarming de meute ». Violence anomique et stratégie de la meute exercée par les bandes de jeunes des cités à l'encontre des manifestants dotés sinon d'une « conscience politique » et d'une « morale de classe » du moins d'un objectif, d'une cause et de revendications s'appuyant sur des justifications et actions se voulant rationnelles en finalité. C'est donc l'observation de ce « mode opératoire » prédateur, pirate et parasite, particulièrement cruel mais redoutablement efficace, à savoir la stratégie de la meute, de l'essaim et du lynchage que l'on évoque dans ce travail pour en dégager la socialité essentielle et faire valoir ses éléments prospectifs. Ce travail met donc en évidence la radicalisation des tensions, le tracé de plus en plus net des lignes de fracture et de partage, l'état de fragmentation, de décomposition avancée du corps social, d'anomie post-politique, du devenir-fauve ou de l'animalité prédatrice en devenir d'une bonne part de nos « concitoyens », toutes choses évoquant l'implosion et l'agonie d'un Ordre mortifère, la saturation et l'anéantissement de ses valeurs devenues obsolètes et le chaos inhérent à toutes les périodes transitoires où quelque chose d'autre est en gestation.
- La stigmatisation du quartier : terrain miné ou passerelle vers l'extérieur ? Entretien avec les jeunes - Mounira Zermani p. 45-54 En reprenant les passages d'une enquête menée à Strasbourg, cet article tente de contribuer, à partir de quelques éléments contenus dans le discours des jeunes, au débat concernant le phénomène des violences urbaines. À travers la notion de territoire et sa forme stigmatisante, il s'agit ici d'apporter un regard1 supplémentaire sur un phénomène soumis à toutes sortes de « spéculations », d'analyses poussées, la parole est donnée aux jeunes que j'ai pu interroger. En ces temps de sur-médiatisation, il me semblait intéressant de souligner la forme des discours et du sens, voire de l'absence de sens.
- Les formes techno-sociales de la subversion. En deçà et au-delà des émeutes - Vincenzo Susca p. 55-65 Les tumultes des banlieues ne sont pas l'expression la plus pertinente de l'esprit subversif qui anime l'imaginaire postmoderne, mais un signe de ses émergences et de ses paroxysmes. Ils indiquent ce qui peut se passer lorsqu'un ordre de vie quotidienne très amalgamé est agressé par la volonté de l'intégrer à l'intérieur des cages identitaires abstraites et verticales. Le néo-tribalisme contemporain et ses formes de communications horizontales nous suggèrent que rien ne peut plus être mis au-dessus des groupes qui tissent la vie sociale.
- La violence en hors-sol : les émeutes dans le contexte de la globalisation - François Gaudin p. 67-76 Le texte se propose de replacer les émeutes de 2005-2006 dans le contexte de la globalisation. Il s'agit de repérer deux formes de violences, « guerrière » et « terroriste », et de montrer que la globalisation et les émeutes relèvent de la seconde, plus que de la première. Le raisonnement se fait en trois temps : l'on donne quelques exemples de l'incapacité d'une grille de lecture rationaliste à rendre compte d'un grand nombre d'événements contemporains ; on en vient à ce qui distingue la globalisation des formes antérieures du capitalisme ; on s'interroge sur le type de violence qui la traverse.
- La « performance » de la police dans l'espace public - Nicolas Camerati p. 77-90 Cet article donne un aperçu d'une étude de cas approfondie sur la police de proximité, menée entre 2004 et 2005 dans le quartier de la Goutte d'Or à Paris. Partant d'une observation approfondie et systématique d'un point d'implantation parisienne des forces de police de proximité et des entretiens avec un de leurs responsables et des vendeurs de drogue opérant à proximité, cet article montre l'engagement qui se construit entre la police et le public qui se trouvent face à face, en identifiant leurs accords tacites et leur communication dans cette situation de coexistence particulière.
Marges
- Interfaces baroques - Frédéric Lebas p. 91-103 Cet article a pour objet d'ouvrir une piste de réflexion sociologique et esthétique sur la démultiplication des interfaces reliant les frontières entre nous-même et le monde. À cet égard, nous définirons la nature de ces relations comme baroque. Ce type de sensibilité nous mènera à sentir et par là même appréhender les liaisons qui se tissent entre l'extérieur et l'intérieur de soi, entre l'organique et l'inorganique et enfin entre ce qui est réel et virtuel, au regard de la notion fondamentale pour appréhender le baroque : le pli. Pour ce faire, nous nous appuierons sur quelques artistes contemporains, dont les ?uvres cristalliseraient cette pensée baroque.
- Transmis, transporté, transcrit : le corps érotisé - Johanna Järvinen-Tassopoulos p. 105-110 Dans divers espaces virtuels, le corps est érotisé, visualisé et verbalisé. La réalité et l'imaginaire fusionnent dans ces lieux non physiques pour engendrer une virtualité réelle. Ayant cette virtualité comme décor, les amateurs du cybersexe mettront en scène leur corporéité et leur sexualité. Les rencontres virtuelles témoignent d'une socialité vivace et mystérieuse où les jeux de rôles, les intrigues, les identifications et les images donnent une nouvelle forme à la relation à autrui. La présence de l'imaginaire dans le quotidien et la vie sociale est devenue indéniable.
- L'imaginaire cinématographique : une représentation culturelle - Cristiane Freitas Gutfreind p. 111-119 Ce texte fait partie d'une recherche sur l'imaginaire brésilien dans les médias en France et vice versa. Nous allons proposer une réflexion sur le cinéma entendu dans sa capacité d'articulation entre un système socioculturel, qui l'organise, et l'imaginaire.
- Interfaces baroques - Frédéric Lebas p. 91-103
Activités sociologiques
- Activités sociologiques - p. 121-128