Contenu du sommaire : Varia

Revue Cahiers du monde russe Mir@bel
Numéro volume 55, no 3, juillet-septembre 2014
Titre du numéro Varia
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Articles

    • Ivan IV as Autocrat (samoderzhets) - Charles J. Halperin p. 197-214 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Bien que généralement les historiens qualifient Ivan IV d'« autocrate » et son régime d'« autocratie » (samoderžavstvo), en 1547, Ivan n'a pas été couronné « autocrate » et n'a pratiquement pas eu recours à ce mot dans ses écrits. Ivan IV connaissait au moins trois des acceptions possibles de l'« autocrate », souverain indépendant, pieux, et détenteur d'un pouvoir illimité, mais il appuyait sa légitimité sur son titre de « tsar ». La plupart du temps, par « autocrate », les historiens entendent souverain absolu, cependant, dans la Moscovie d'Ivan, l'acception la plus commune de ce terme était celle de dirigeant pieux.
      Although historians generally refer to Ivan as an “autocrat” (samoderzhets) and his regime as an “autocracy” (samoderzhavstvo), Ivan was not crowned with the title “autocrat” in 1547 and did not use the word very often in his writings. Ivan was familiar with at least three meanings of the word “autocrat,” an independent ruler, a pious ruler, and an unlimited ruler, but he relied upon his title of “tsar” as the basis for his legitimacy. Although by “autocrat” and “autocracy” historians almost always mean an unlimited ruler, the most common usage of the term “autocrat” in Ivan IV's Muscovy was a pious ruler.
    • Oднодворцы в системе прямого налогообложения россии XVIII в. : К вопросу о роли некоронных агентов в управлении государством раннего Нового времени* - Jakov Lazarev p. 215-234 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article analyse les mécanismes de l'administration fiscale en Russie au XVIIIe siècle. L'auteur cherche à reconstruire les raisons qui permettaient un niveau exceptionnellement élevé de collecte de l'impôt direct – la capitation, ou « impôt sur les âmes ». Il souligne le rôle important des agents non gouvernementaux, implantés bien avant les réformes de Pierre Ier, dans le fonctionnement stable du système de l'administration fiscale. Pour illustrer cette proposition, l'auteur examine l'histoire fiscale des odnodvorcy, petits propriétaires terriens à mi-chemin entre les paysans et les nobles. La présence de ces petits contribuables dans le système de collecte de l'impôt direct a révélé l'incapacité des agents administratifs de l'État, trop peu nombreux, à les contrôler de manière efficace et à recouvrer les arriérés. La raison de cet échec réside dans le fait que les odnodvorcy n'avaient pas, comme les paysans, de traditions de responsabilité collective et d'autogestion communautaire sur lesquelles s'appuyait traditionnellement l'administration centrale pour la collecte des taxes et impôts. Contrairement aux paysans, les odnodvorcy solvables refusaient de supporter la charge fiscale de leurs voisins insolvables, étrangers à leur famille. Le problème fiscal constitué par les odnodvorcy en tant que contribuables individuels n'incita pas à élaborer d'autres mécanismes de gestion et de contrôle.
      This paper analyzes the fiscal and administrative mechanisms of the Russian Empire in the eighteenth century. The author tries to explain the reasons for the high level of poll tax collection. He argues that in the eighteenth century, one of the main conditions for the stable operation of the fiscal and administrative system was the presence of efficient non-state tax collectors, in place long before the reforms of Peter I. To substantiate this point of view, the author reconstructs the fiscal history of the odnodvortsy, smallholders with an intermediary status between the nobility and the peasantry. After odnodvortsy were added to the direct tax census, state tax collectors became too few in number and unable to control them and collect taxes efficiently. This is explained by the fact that odnodvortsy did not have the peasantry's tradition of mutual help and refused to redistribute the tax burden of insolvent smallholders among unrelated families. However, the government's development of the bureaucratic apparatus in the eighteenth century failed to address the fiscal problem of odnodvortsy properly.
    • Дискурсивные практики большого террора на урале (1936-1938) - Anna A. Kolduško, Oleg L.. Lejbovič p. 235-266 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article présente les pratiques sociales de la Grande Terreur dans l'Oural dans les années 1936-1938. Sur la base de documents d'archives, il analyse les narratifs qui ont accompagné les campagnes de répression dans leur lien étroit avec les pratiques publiques quotidiennes.L'article établit des parallèles entre la réalisation des plans de modernisation et les pratiques répressives et met en évidence l'univocité de la rhétorique, des méthodes industrielles et des procédures. Les méthodes industrielles, inopérantes dans le domaine de la production (travail à la chaîne, émulation socialiste, etc.), se révèlent pleinement efficaces dans le cadre des répressions de masse. Dans la société soviétique des années 1930, les nouvelles technologies industrielles s'opposaient aux pratiques traditionnelles, « antisoviétiques », qui devaient être éradiquées.
      The article presents the social practices of the Great Terror (1936-1938). The ana­lysis is based on archival materials. It focuses on the discourse accompanying the repressive campaign and relating directly to public and everyday practices. The article draws parallels between the implementation of the modernization plan and repressive practices. Both used similar rhetoric, industrial methods and procedures. However, while industrial production methods (assembly line, socialist competition, etc.) were ineffective, they turned out to be quite successful in the implementation of mass repressions. In Soviet society of the 1930s, new industrial technologies were set against traditional practices, which were declared anti-Soviet and condemned to eradication.
    • Советский атомный проект в системе «командной экономики»* - Евгений Т. Артемов p. 267-294 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'article examine les conditions préalables à l'élaboration et à la mise en œuvre du projet nucléaire soviétique en tant que phénomène de l'économie planifiée. L'étude porte sur la seule année 1953. Elle montre le fonctionnement véritable du système économique socialiste pendant cette période dite classique, et comment cela a permis de réaliser des tâches ambitieuses. Sont analysés les mécanismes de gestion de la prise des décisions, les principes d'organisation et de planification du travail, les méthodes de motivation. Ces analyses permettent de conclure que si la mise en œuvre du projet nucléaire a pesé lourd sur l'économie, elle a cependant donné une impulsion au développement des sciences, des techniques et des industries de haute technologie. Cependant, ces effets positifs n'avaient d'impact que sur une partie limitée de la production et, de fait, ne pouvaient constituer la garantie d'une croissance économique stable.
      The paper reviews the preconditions for the development and implementation of the Soviet nuclear project as a phenomenon of centrally planned economy. The study focuses on the year 1953. It shows how the “socialist economic system” in its “classical period” actually operated and identifies the factors enabling it to address ambitious challenges. The author analyses the authorities' decision‑making processes, the principles governing the organization and planning of work, and incentives schemes. He concludes that, on the one hand, the nuclear project implementation created a significant additional burden for the economy, but that, on the other hand, it provided a strong impetus for the development of science, technology, and research‑intensive industries. However, these positive developments concerned only one segment of production and could not guarantee stable economic growth.
    • Du cinéma muet au cinéma parlant : La politique des langues dans les films soviétiques - Gabrielle Chomentowski p. 295-320 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dès après la révolution de 1917, le cinéma a été un outil de communication privilégié par les autorités. Selon les responsables de l'éducation et de la propagande d'Union soviétique, il permettait, grâce aux images qui constituaient un film, de transmettre les messages politiques du parti communiste à une population majoritairement analphabète et surtout fortement diversifiée sur le plan linguistique. Cette croyance dans le caractère internationaliste du cinéma allait très vite se heurter à différentes considérations pratiques : muet, le cinéma était composé de cartons écrits dans une langue précise ; sonore et donc parlant, le cinéma perdait de son internationalité. Cet article rend compte des difficultés économiques, politiques et organisationnelles avec lesquelles le pouvoir soviétique fut en prise pour répondre à l'exigence d'un cinéma accessible à tous. Il décrit les incohérences du système soviétique des années 1920 et 1930 quant à la politique des nationalités et le développement de l'industrie cinématographique.
      In the immediate aftermath of the 1917 Revolution, film was considered as the most powerful communication tool by the Bolchevik government. Indeed, it allowed the broadcasting of political messages by using self-explanatory pictures well suited for illiterate and diverse peoples in a multilingual country. However, this belief in film's international specificity soon faced practical hurdles: silent movies integrated intertitles written in specific languages; with the advent of talking movies, film lost its international specificity. This article describes the economical, political and organizational difficulties the Soviet Power had to face in its effort to make cinema accessible to everyone. It points to the Soviet System's inconsistencies regarding nationality policy and the development of the Soviet film industry during the 1920s and 1930s.
  • Comptes rendus