Contenu du sommaire : Changement climatique et finance durable

Revue Revue d'économie financière Mir@bel
Numéro no 117, mars 2015
Titre du numéro Changement climatique et finance durable
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • In Memoriam - p. 9 accès libre
  • Une nouvelle rubrique : la chronique d'histoire financière - François Champarnaud, Xavier Mahieux, Olivier Pastré, Thierry Walrafen p. 11-12 accès libre
  • Changement climatique et finance durable

  • Risques climatiques et besoins de financement

    • Quelle stratégie financière pour un accord climatique à Paris 2015 ? - Christian de Perthuis, Pierre-André Jouvet p. 31-48 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le rendez-vous Paris Climat 2015 constitue la date butoir pour poser les bases d'un accord universel. Un accord climatique ambitieux repose sur trois piliers : un engagement des gouvernements, un système indépendant de monitoring, de reporting et de vérification (MRV) et l'instauration d'une tarification internationale du carbone. Dans cet article, nous proposons une méthode mixant taxation et marchés de permis. Il s'agit dans un premier temps d'introduire un bonus-malus carbone international, avec une taxe de l'ordre de 7 $ par tonne de CO2, calculé à partir de l'écart pour un pays entre son niveau moyen d'émission par habitant et la moyenne mondiale. Cette tarification aurait le double objectif d'inciter les pays à faible émission par habitant à rejoindre le système commun de MRV et de faciliter le respect de la promesse d'opérer un transfert annuel de 100 Md$ à destination des pays les moins avancés. Dans un second temps, il faut constituer un marché transcontinental du carbone, à partir des systèmes d'échange de quotas de CO2 en Europe, en Chine et aux États-Unis. Interconnecter ces différents marchés exige de mettre en place une gouvernance commune pour s'assurer que les grands émetteurs s'engagent bien sur des trajectoires compatibles avec l'objectif de limitation du réchauffement climatique à 2 °C. Classification JEL : F53, F59, H23, Q54.
      The Paris climate summer represents the last chance to lay the foundations for a universal agreement. An ambitious climate agreement is based on: (1) a commitment by governments, (2) an independent monitoring, reporting and verification (MRV) system and (3) the introduction of international carbon pricing. In this paper we propose a method combining taxation and allowances markets. First, the introduction of an international carbon bonus-malus system, with a tax of around $7 per tonne of CO2, calculated for each country on the basis of the difference between its average emissions per capita and the world average. This pricing system would have the dual objective of encouraging countries with low emissions per capita to join the common MRV system and of facilitating compliance with the pledge to make an annual transfer of $100 billion to the least developed countries. Second, the creation of a transcontinental carbon market, based on the emissions trading systems being developed in Europe, China and the United States. Interconnecting these markets requires setting up a common system of governance to ensure that major emitters fully commit themselves to trajectories consistent with the objective of limiting global warming to 2°C. Classification JEL: F53, F59, H23, Q54.
    • Objectiver le débat sur le financement de la transition énergétique : quelles leçons tirer du cas français ? - Ian Cochran, Benoît Leguet, Romain Morel p. 49-62 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article traite des enjeux liés à la question du financement de la lutte contre le changement climatique et plus largement de la transition énergétique. Il s'agit d'un débat passionné et passionnant à la fois au niveau national et au niveau mondial. Néanmoins, il s'appuie sur des bases méthodologiques et des données parfois insuffisamment connues ou maîtrisées. Partant de ce constat, cet article reprend les récents résultats d'une étude recensant les flux financiers dédiés à la lutte contre le changement climatique en France. Il aborde ensuite les limites d'un tel exercice, notamment dans le fait de ne traiter qu'une partie de la question en occultant celle, plus générale, de la redirection des flux vers les dépenses cohérentes avec une économie future peu carbonée et résiliente aux événements climatiques extrêmes. Dans ce but, l'article évoque la possibilité d'un changement de paradigme pour raisonner en termes de cohérence et d'incohérence avec une transition plutôt que de se concentrer sur des investissements « dédiés » à la lutte contre le changement climatique. Le recours à des scénarios prospectifs fiables et partagés illustrant une économie peu carbonée et résiliente au climat futur paraît prometteur – et nécessaire. Classification JEL : H54, O44, Q01, Q51, Q54, Q56.
      This article looks at issues related to financing the fight against climate change and the broader energy transition. There is a heated and exciting debate both nationally and globally on these issues today. However, discussions often rely on methodological approaches and data which are sometimes insufficient or poorly understood. With this in mind, this article presents the results of a recent study identifying financial flows dedicated to the fight against climate change in France. It then addresses the limitations of such an exercise, including the difficulty of looking at the more general redirection of flows towards investments coherent with a future low-carbon economy that is also resilient to extreme climate events. For this, the article proposes a paradigm shift towards thinking in terms of consistency and inconsistency related to a “transition” rather than focusing on investments “dedicated” to the fight against climate change. The use of reliable and shared future low-carbon climate resilient scenarios seems promising – and necessary. Classification JEL: H54, O44, Q01, Q51, Q54, Q56.
    • L'analyse macroéconomique de la transition énergétique : difficile mais indispensable - Jean-François Ouvrard p. 63-73 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La transition énergétique mobilise une variété d'instruments (prix, subventions…) qui modifient les équilibres macroéconomiques. L'analyse macro-économique doit donc être au cœur des débats, même si elle se heurte en pratique à plusieurs obstacles. Il apparaît tout d'abord que l'évaluation des conséquences macro-économiques de l'action par rapport à l'inaction en matière de changement climatique est mal aisée. La macroéconomie est en revanche plus outillée pour examiner les conséquences de différentes modalités de mise en œuvre de la transition énergétique. Celles-ci vont dépendre du fonctionnement d'une économie, de ses institutions et de ses rigidités, et le recours à la modélisation macro-économique peut apporter des réponses empiriques. La modélisation doit alors prêter une attention forte à quelques éléments, notamment les mécanismes de bouclage, la prise en compte des mécanismes de financement ou encore les canaux de diffusion du progrès technique. Dans la pratique, les évaluations macro-économiques de la transition énergétique avec différents modèles aboutissent à une variété importante de résultats, illustrant l'aspect crucial de certains mécanismes. Classification JEL : E17, Q01, Q54, Q56.
      The energy transition requires the implementation of various policy instruments (carbon prices, subventions, etc.) which in turn affect the macroeconomic output. For this reason, a sound macroeconomic assessment of the impact of this policy is needed. This assessment is not straightforward. First, the macroeconomic evaluation of the consequences of action versus inaction as regards climate change turns out to be very difficult. Still, macroeconomic analysts are more at ease when they try to analyze the macroeconomic consequences of certain policies compared with others. These consequences will strongly depend on the functioning of the economy, its institutions, its rigidities etc. It is thus almost an empirical question and macroeconomic models can be very useful in this respect. In the case of climate change policies, some key aspects of macroeconomic models must be emphasized, notably sound equilibrium mechanisms, an accurate description of financing capacities, or the impact of technological progress. In practice, different macroeconomic models often lead to very different evaluation of the impact of energy transition policies, which illustrate how crucial certain macroeconomic mechanisms are. Classification JEL: E17, Q01, Q54, Q56.
    • Le risque de maladaptation au changement climatique : un enjeu pour la rentabilité des investissements ? - Pierre Serkine p. 75-90 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Après avoir analysé la littérature dédiée à l'adaptation au changement climatique et montré que la résilience est le concept qui doit être adopté pour réduire le risque de maladaptation, nous introduisons un outil dédié à l'évitement de la maladaptation à l'échelle de projets d'investissement. Cet outil évalue les projets sur quatre thèmes principaux : la ressource en eau, la ressource énergétique, la dépendance structurelle (aux divers réseaux) et la dépendance fonctionnelle des acteurs de la chaîne de valeur du projet au changement climatique. Il pourrait représenter une première étape vers l'adoption d'une démarche complémentaire de l'étude d'impact environnemental, au cours de laquelle serait évalué, non pas l'impact des projets sur leur environnement, mais l'impact possible de l'environnement sur le projet, du fait des changements climatiques à venir. Une telle réflexion semble essentielle, en particulier dans le cadre du FEIS (Fonds européen pour les investissements stratégiques) qui vise à entraîner des investissements à hauteur de 315 Md€ (dont 16 Md€ provenant du budget de l'UE) à travers l'UE d'ici à 2020, ou de la proposition de règlement européen sur les FEILT (Fonds européens d'investissement de long terme), ceci afin d'éviter le gaspillage d'argent public et privé. Classification JEL : E61, Q01, Q54.
      This article outlines the theoretical framework of both adaptation and maladaptation. The literature dedicated to climate change adaptation shows that resilience is the concept that has to be favoured in the reduction of maladaptation risk. A tool dedicated to avoidance of mal-adaptation is briefly exposed in the last section of this article. This tool would evaluate projects on four main themes, namely water uses, energy uses, structural dependence (through networks) and functional dependence to climate change of the various links lying in the project value chain. This could be a first step towards the adoption of a complementary approach of the environmental impact study, in which would be assessed, not the impact of projects on the environment, but the possible impact of the environment on the project, due to future climate changes. Such reflection seems essential, particularly in the framework of the EFSI (European Fund for Strategic Investments) which aims to result in investments of €315 billion (of whom €16 billion come from the EU budget) across the EU by 2020, or European regulation proposal on ELTIFs (European Long Term Investment Funds) in order to avoid waste of public and private money. Classification JEL: E61, Q01, Q54.
    • Exposition aux risques naturels et marchés immobiliers - Amélie Mauroux p. 91-103 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'ampleur des pertes humaines et matérielles causées par les catastrophes naturelles est intimement liée aux choix d'implantation et de résidence des populations. Les risques imposent une sorte de servitude aux biens immobiliers, des différences d'exposition devraient donc se refléter dans les prix de marché. Il s'agit néanmoins d'une caractéristique aléatoire, les agents ne feront des choix éclairés que s'ils perçoivent correctement ce risque. Le modèle des prix hédoniques appliqué en environnement incertain prédit un écart de prix entre logements exposés et non exposés égal aux dommages anticipables plus une prime de risque. Comparées au coût moyen des sinistres inondations catastrophes naturelles en France, les rares estimations de cette décote par la méthode de prix hédoniques suggèrent que les marchés immobiliers français ne capitalisent pas ou peu les risques naturels, sauf les années suivant immédiatement une crue majeure. Système d'assurance catastrophe naturelle, information imparfaite, biais de perception des risques extrêmes et effet du vécu sont autant de pistes d'explications. Classification JEL : D81, Q54, R21, R52, Q54.
      Casualties and material losses caused by natural catastrophes are mainly driven by geographical patterns and residential choices. Environmental hazards impose a kind of easement to homes, so housing prices should reflect the different hazard levels. Nevertheless, this housing characteristic is random, so agents will make informed choices only if they have a correct perception of the risk. The hedonic price model in uncertainty predicts a price differential between at risk and not at risk homes equal to the expected damages plus a risk premium. The flood hazard discount price estimated on French data, compared to the average cost of flood natural catastrophe damages, suggests that housing market does not or barely capitalize natural hazards, except in the immediate aftermath of a major flooding. The Cat' Nat' insurance system, imperfect information, perception bias and memory effect are possible explanations. Classification JEL: D81, Q54, R21, R52, Q54.
  • Outils et mécanismes financiers en réponse aux risques climatiques

    • Adapter les marchés financiers aux changements climatiques - Carlos García Paret, Santiago Lorenzo p. 107-126 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les technologies liées aux énergies renouvelables deviennent plus compétitives que celles des combustibles fossiles et l'impératif climatique pousse les responsables politiques vers les politiques régulatrices qui intègrent les externalités environnementales négatives. Le coût de l'inaction étant plus grand que le coût nécessaire pour s'opposer au changement climatique, le secteur financier doit tenir compte dans ses décisions de la nécessité d'adapter l'économie à une réalité plus stressante et de traiter avec des créneaux importants et prometteurs. D'autre part, l'engagement de la finance dans la lutte contre le changement climatique va l'aider à retrouver une légitimité publique très contestée depuis la Grande Récession. Cet article explore les premières étapes d'un changement systémique des marchés financiers pour qu'ils soient prêts à répondre aux défis du changement climatique. Comment les finances publiques doivent-elles changer à court terme et comment le financement privé peut-il innover et élargir les moyens pour mieux faire face à ces défis ?Classification JEL : G18, Q38, Q54.
      We are witnessing an energy transition where renewable energy is becoming a more competitive technology than traditional fossil fuels. Besides, the climate imperative is pressing policy makers to internalize negative environmental externalities. Scientific evidence demonstrates that the cost of inaction is larger than the cost to face the challenges posed by climate change. In this sense, adapting the economy to a more stressful reality and dealing with huge and promising niches compose the new environment that needs to be assumed by the financial community in their investment decisions. On the other hand, engagement with climate change solutions will aid finance to recover the public legitimacy highly damaged since the Great Recession. On the eve of Paris agreement this paper explores the first steps required to make a systemic change in financial markets ; to make them fitter to deal with the challenges of climate change. How public sources are expected to move in the short term and how private finance can innovate and scale up means to best deal with these changes. Classification JEL: G18, Q38, Q54.
    • Prévention des catastrophes naturelles : viser le long terme sans attendre - Céline Grislain-Letrémy, Bertrand Villeneuve p. 127-136 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'urbanisation des zones exposées aux risques naturels est importante et ira croissant. L'analyse économique propose plusieurs outils pour maîtriser ce phénomène : une tarification de l'assurance ajustée au risque, et un zonage et des normes de construction dans les zones exposées. Ces deux outils sont théoriquement équivalents, mais leurs applications respectives soulèvent différentes difficultés, et les incitations financières ont été excessivement réduites en France. Dans les deux cas, une plus grande rigueur rencontrera des oppositions, car elle touchera plus spécifiquement certains lieux. Nous discutons cette difficile gestion de l'existant et expliquons que les droits du grand-père ou les expropriations ne peuvent être considérés comme des réponses durables. Classification JEL : H23, G22, R52, Q54.
      Urbanization in areas prone to natural hazards is massive and will grow. Economic analysis offers several tools to contain this phenomenon: insurance pricing in relation to risk, and zoning and building standards in exposed areas. Both approaches are theoretically equivalent, but their applications pose different challenges, and financial incentives were exaggeratedly reduced in France. In both cases, a more rigorous policy will meet opposition, because it will affect more specifically certain places. We discuss the difficult management of the past, and we explain why the grandfather rights or expropriation can not be considered sustainable responses. Classification JEL: H23, G22, R52, Q54.
    • Élargir le champ de l'analyse du risque de crédit - Bob Buhr p. 137-154 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les catégories de risques traditionnellement couvertes par la recherche crédit – risque opérationnel et risque financier – peuvent prendre en compte un grand nombre d'enjeux ESG (environnement, social et gouvernance). Toutefois, certains risques demeurent difficiles à évaluer dans ce cadre, en particulier parce que les catégories ESG elles-mêmes ne sont pas particulièrement efficaces (ni même significatives) en tant que catégories analytiques. Nous estimons qu'une meilleure analyse de ces risques peut être obtenue en classant ce que l'on appelle aujourd'hui les risques ESG en trois catégories de risques spécifiques : les risques opérationnels ou de gestion, les risques climatiques, en particulier les risques d'atténuation et d'adaptation, et les risques liés aux ressources naturelles. Cette dernière catégorie permet de prendre en considération l'épuisement des ressources naturelles, le risque de perte de subventions ainsi que certains risques géopolitiques, les risques associés aux ressources en eau constituant peut-être le meilleur exemple de risque lié aux ressources naturelles. Classification JEL : G21, M14, Q32, Q56.
      Traditional risk categories embodied in credit research – business risk and financial risk – can capture a number of Environmental, Social and Governance (ESG) issues. However, there are some risks that are difficult to assess in this framework, primarily because ESG categories themselves are not particularly efficient, or even meaningful, as analytical categories. We propose that a better analysis of these risks can be obtained by categorizing what are currently called ESG risks into three specific risk categories: operational or management risks, climate risks, primarily mitigation and adaptation risks, and natural capital risks, a category intended to capture natural capital depletion, subsidy loss risks, and certain geopolitical risks-risks associated with water resources perhaps being the best example of a natural capital risk. Classification JEL: G21, M14, Q32, Q56.
    • Le développement d'une « finance 2 °C » et l'exemple des green bonds - Zoe Knight p. 155-174 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Répartir le capital tout en respectant l'engagement pris à Copenhague en 2010 de contenir l'augmentation de la température globale à 2 °C relève du véritable défi. Le secteur financier reste fortement lié au carbone. Toutefois, plusieurs facteurs se combinent et pourraient constituer un environnement encourageant la « finance 2 °C » (c'est-à-dire compatible avec le scénario d'un réchauffement limité à +2 °C). Le développement des obligations vertes est le premier exemple de ce tournant. Classification JEL : G11, G12, M14, Q54, Q56.
      It is difficult to allocate capital consistent with ensuring that temperature will rise to less than 2°C as agreed in Copenhagen in 2010. However, a combination of factors are aligning and may provide the right environment for 2°C finance (the financing of a 2°C world) to gain momentum. The development of green bonds is a prime example of this shift. Classification JEL: G11, G12, M14, Q54, Q56.
    • Les indices low carbon : entrée des investisseurs institutionnels dans la lutte contre le réchauffement climatique - Mats Andersson, Patrick Bolton, Frédéric Samama p. 175-188 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Le réchauffement climatique est de plus en plus considéré par les investisseurs institutionnels comme un facteur de risque à long terme, susceptible d'avoir un impact négatif sur la valorisation des actifs. Compte tenu des spécificités du risque climat pesant sur les actifs financiers et des contraintes des investisseurs, nous proposons une stratégie de couverture qui permet aux investisseurs de long terme de réduire leur exposition à ce risque tout en minimisant les risques de sous-performance à court terme. La mise en place d'indices low carbon à faible erreur de suivi vis-à-vis des indices de référence permet ainsi de mobiliser les investisseurs avec des instruments financiers simples, transparents et permettant de gérer les fortes incertitudes inhérentes au climat. Ces stratégies génèrent une réallocation du capital des sociétés les plus exposées au risque climatique vers les sociétés plus adaptées à l'émergence d'une économie sobre en carbone. Elles constituent un point d'entrée pour les investisseurs sur une base économique de réduction des risques, et représentent ce faisant l'émergence d'une nouvelle force potentiellement importante, aux côtés des États dans la lutte contre le réchauffement climatique. Classification JEL : G11, Q54, Q56.
      Climate change is now increasingly recognized as a major financial threat. We develop a simple dynamic investment strategy that allows long-term passive investors to hedge climate risk without sacrificing financial returns. Our proposed hedging strategy goes beyond a simple divestment of high carbon footprint or stranded assets stocks. This is just the first step. The second step is to optimize the composition of the low carbon portfolio so as to minimize the tracking error with the reference benchmark index. By investing in such an index investors are holding, in effect, a “free option on carbon”: as long as the introduction of significant limits on CO2 emissions is postponed they are essentially able to obtain the same returns as on a benchmark index, but the day when CO2 emissions are priced the low carbon index will outperform the benchmark. This Low TE low CO2 strategy can mobilize investors on financial grounds, support disciplining pressure to reduce CO2 emissions, and contribute to build an investor constituency in support of climate change mitigation policies. Classification JEL: G11, Q54, Q56.
    • La quantification des émissions de gaz à effet de serre des institutions financières - Anne Gerardi, Alain Grandjean, Emmanuel Martinez p. 189-204 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Pour répondre aux enjeux du changement climatique, une réorientation massive des flux de financements privés et publics est nécessaire. Le secteur financier apparaît comme un acteur incontournable pour engager la transition énergétique. L'un de ses premiers objectifs dans le cadre de cette transition bas carbone est de disposer de méthodes et d'outils permettant d'estimer ces émissions (directes et indirectes) de gaz à effet de serre (GES). Cette estimation permet au secteur de mieux appréhender ses risques liés au changement climatique et d'identifier des opportunités financières de développement en rapport avec les émissions de GES. Pour les émissions indirectes du secteur financier, la problématique essentielle relève de la quantification des émissions financées, c'est-à-dire des émissions induites par la détention d'un actif financier. Il s'agit donc de présenter les pratiques existantes de quantification des émissions financées de GES des institutions financières à travers les deux types d'approches méthodologiques existantes, à ce jour.
      To answer the challenges of climate change, a massive reorientation of private and public financing flows is required. The financial sector appears to be a key player to engage the energy transition. One of its first objectives in the context of this low-carbon transition is to have methods and tools to estimate emissions of greenhouse gases (direct and indirect). The estimate of GHG emissions enables the financial sector to better understand and manage its exposure to climate change and to identify development business opportunities related to greenhouse gas emissions. Among the indirect emissions of greenhouse gases in the financial sector, the key issue is to quantify financed emissions, i.e. caused by the detention of a financial asset. The purpose is to present the existing practices for quantifying GHG financed emissions of financial institutions across the two types of existing methodological approaches, to date. Classification JEL: G12, Q54, Q56.
  • Addenda sur le thème de la finance durable

    • Gouvernance et responsabilité sociétale des entreprises : nouvelle frontière de la finance durable ? - Patricia Crifo, Antoine Rebérioux p. 205-223 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article analyse les relations entre gouvernance et responsabilité sociétale des entreprises (RSE) comme nouvelle frontière de la finance durable. On identifie notamment trois forces motrices en matière de finance durable et RSE : la structure du capital (identité des actionnaires), la composition des conseils d'administration et le cadre réglementaire en matière de gouvernance et responsabilité sociétale des entreprises. Nous montrons comment les évolutions dans la gouvernance ces trois dernières décennies ont conduit à une montée en puissance des enjeux RSE et finance durable. Classification JEL : G34, M14.
      This article investigates the relationships between corporate governance and Corporate Social Responsibility (CSR) at the fore-front of sustainable finance. The underlying intuition is that governance factors are major determinants of CSR policies and extra-financial performance. More precisely, we identify three main factors that determine the strength of CSR engagement and sustainable finance: the structure of equity ownership (identity of shareholders), the composition and structure of board of directors, and the regulatory framework on corporate governance and CSR. We show how evolutions regarding corporate governance over the three previous decades have paved the way and shaped the rise of CSR and sustainable finance. Classification JEL: G34, M14.
    • Pourquoi faut-il une finance durable et soutenable ? - Esther Jeffers p. 225-236 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La finance, dans sa conception actuelle, est-elle inévitable ? Existe-t-il une alternative plus soutenable ? Et si oui, quelles en seraient les conditions ?Dans une première partie, cet article discute de l'instabilité financière, génératrice de comportements cycliques et de prises de risques qui ont abouti à une crise majeure dont les coûts s'avèrent massifs pour la société. Comprendre les causes de cette instabilité est une des conditions nécessaires afin de concevoir un autre modèle de la finance, une finance durable et responsable, c'est-à-dire utile sur le plan économique, social et environnemental. Dans une deuxième partie, nous évoquons des réformes du système bancaire et financier nécessaires pour sortir de la crise et assurer des financements à long terme, notamment pour accompagner la transition écologique. Enfin, cet article plaide pour une finance capable d'œuvrer à une meilleure prise en considération des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance dans les décisions d'investissement et la recherche de rendements soutenables sur la durée. Classification JEL : G01, E5, D62.
      Is the present conception of finance inevitable? Is there a more sustainable alternative? And if so, what does it look like? In the first part, this article discusses why, when deregulated, finance suffers from pronounced recurring financial cycles, favoured by a strong procyclicality of risk perception with a highly negative impact on the real economy. Understanding how this led to a major crisis is one of the preconditions for conceiving what a sustainable and responsible financial system would look like. In the second part, we point to the necessary reforms of the financial and banking system to lead us out of the crisis and allow for investments with a long-term perspective, particularly important for the coming ecological transition. Finally, this article argues in favour of a model of finance capable of better taking into consideration environmental, social and governance risks in the investment decisions being made – long-term investments, capable of generating new dynamics in different sectors of the economy, whether industry, agriculture or services. Classification JEL: G01, E5, D62.
    • Mettre la finance au service de la société ? - Jean Boissinot p. 237-244 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      S'appuyant sur un certain nombre d'ouvrages et d'articles récents, cet article vise à mettre en évidence ce que la société est en droit d'attendre de la finance et les fondements qui lui assureraient le bénéfice des retombées positives de ses activités. S'il est nécessaire de disposer d'un solide cadre institutionnel encadrant les activités financières, ce à quoi se sont attelés les pouvoirs publics depuis la dernière crise, il apparaît que l'éthique, son enseignement et sa mise en œuvre effective, est indispensable pour que la société bénéficie pleinement des bienfaits de la finance. Classification JEL : A23, G00, G01, M14.
      Relying on recent articles and books, this paper aims to highlight how finance could serve society and which bases could allow financial activities to actually benefit society. In the aftermath of the crisis public authorities have been reshaping the regulatory framework to prevent finance abuses and their dangerous consequences. However, if a sound framework is necessary, ethics appears unavoidable from its place in finance curriculums to its effective implementation in financial corporations. Classification JEL: A23, G00, G01, M14.
    • Chronique d'histoire financière : Introduction au régime de banque libre aux États-Unis - Matthew S. Jaremski p. 245-248 accès libre
  • Articles divers

    • La crise financière a-t-elle affecté le débat « lean » versus « clean » chez les banquiers centraux ? - Emmanuel Carré p. 251-276 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La crise financière a-t-elle causé un changement de paradigme de politique monétaire ? En particulier, la stratégie des banques centrales en matière de stabilité financière a-t-elle changé ? Le consensus d'avant-crise des banquiers centraux sur la stratégie de lutte ex post contre l'éclatement de la bulle financière (cleaning up the bust afterwards) prévaut-il encore ? Désormais les banquiers centraux préfèrent-ils au contraire agir ex ante contre la montée de la bulle (leaning against the wind) ?L'article examine si la crise a modifié ce débat clean versus lean sur la base des méthodes de la littérature de la communication des banques centrales. Quatre-vingt-quatorze discours de membres de la Réserve fédérale américaine (Fed), de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque d'Angleterre portant sur ce débat sont étudiés sur la période 2002-2012.L'analyse et le codage de ces discours apportent deux résultats majeurs. En premier lieu, le consensus sur la stratégie de clean est moins marqué qu'avant la crise dans les trois banques centrales considérées. La BCE devient clairement favorable à la stratégie opposée de lean. Cependant, en second lieu, le changement de paradigme de politique monétaire n'apparaît pas pour autant car la Fed et la Banque d'Angleterre continuent de préférer la stratégie de clean. Classification JEL : D83, E52, G01.
      Has the financial crisis led to a paradigm shift in monetary policy? In particular, has central banks' strategy to deal with financial stability changed? Does the central bankers' pre-crisis consensus on dealing ex post with the financial instability during the bust of the bubble (cleaning up the bust afterwards) still prevail? Or on the contrary do central bankers now prefer acting ex ante against the growth of the financial bubble (leaning against the wind)?We examine whether the financial crisis has impacted this debate clean versus lean. We use the methods of the central bank communication literature. Ninety-four speeches on this debate, from members of the European Central Bank (ECB), the Federal Reserve (Fed) and the Bank of England, are studied over the period 2002-2012.Two main results emerge from the analysis and coding of these speeches. First, following the crisis the consensus on the ‘clean' strategy is relaxed in the three central banks inspected. The ECB particularly becomes clearly favorable to the opposite strategy of ‘lean'. Secondly, yet, there is no signal of a new central banking paradigm on financial stability as the Bank of England and the Fed remain favorable to the ‘clean' strategy. Classification JEL: D83, E52, G01.
    • La crise financière : enseignements et perspectives - Olivier Klein p. 277-293 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les causes de la crise financière majeure qui s'est fait jour en 2007 sont identiques à celles de la quasi-totalité des crises survenues depuis le XIXe siècle – crise du crédit et de l'endettement, bulle spéculative sur les actifs patrimoniaux (en l'occurrence l'immobilier) et crise de liquidité –, mais la dernière crise a pour spécificité d'avoir été considérablement aggravée par un élément nouveau, une titrisation débridée. Phénomène qui a tout à la fois facilité la montée de l'endettement et intensifié considérablement la crise de liquidité. Macro-économiquement, il s'agit d'une crise de surproduction et de surendettement causée par une mondialisation mal régulée. La crise de la zone euro, qui a débuté en 2010, n'est pas la simple conséquence de la crise financière qui la précède. Elle est essentiellement due à la construction d'une zone monétaire incomplète. Les critères de convergence n'ont pas empêché une divergence profonde des balances courantes entre les pays du Nord et ceux du Sud, ni une polarisation industrielle croissante. Symétriquement, l'espoir d'un renforcement ultérieur du degré de fédéralisme de la zone a été déçu. Comment, dès lors, éviter l'écueil d'un fédéralisme illusoire comme celui d'un retour aux critères de convergence par des politiques de dévaluation interne qui peuvent accroître le risque politique et social au sein même de la zone euro et mettre en cause jusqu'à son existence ? Classification JEL : F36, F55, G01.
      The causes of the major financial crisis that surfaced in 2007 are identical to those of virtually all crises that have occurred since the beginning of the 19th century – a credit and debt crisis, a speculative asset bubble (in this case real estate) and a liquidity crisis – but the latest crisis had the particular feature of being significantly accentuated by a new element, namely unbridled securitisation. A phenomenon which at the same time facilitated higher indebtedness and considerably intensified the liquidity crisis. Macro-economically, it was a crisis of overproduction and over indebtedness caused by poorly regulated globalisation. The euro-zone crisis, which began in 2010, is not simply a consequence of the financial crisis that preceded it. It is essentially the result of having constructed an incomplete monetary zone. Convergence criteria prevented neither a profound divergence in current account balances between the countries of the north and those of the south, nor a growing industrial polarisation. Symetrically, the hopes of subsequent deeper federalism within the zone were dashed. How can we avoid the pitfalls of illusory federalism and of a return to convergence criteria via policies of internal devaluation which may increase the political and social risk within the eurozone itself, potentially undermining its very existence? Classification JEL: F36, F55, G01.