Contenu du sommaire : Des révoltes de l'Europe à l'Amérique au temps de la Révolution française (1773-1802)
Revue | Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique |
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Numéro | no 94-95, 2005 |
Titre du numéro | Des révoltes de l'Europe à l'Amérique au temps de la Révolution française (1773-1802) |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Le mot de la rédaction - Anne Jollet p. 5-8
DOSSIER
- Des révoltes au temps de la Révolution française - Michel Biard p. 11-15
Approches méthodologiques
- Aperçu des tendances et des enjeux historiographiques : le nécessaire débat - Claude Mazauric p. 19-25 Comparant la conjoncture historiographique différentielle des années présentes et celles d'il y a vingt ans, l'auteur se livre à une analyse serrée des déplacements du « paradigme interprétatif ». Il montre que l'heureuse évolution qui a consisté à placer les « révoltes » et « révolutions » au centre des questionnements est à mettre au crédit des recherches et des travaux entrepris et achevés au cours des années du Bicentenaire, dans les directions indiquées principalement par Michel Vovelle, historien novateur, héritier de toute la tradition historiographique dite « jacobine ».
- Pour une typologie des troubles ruraux en Europe (1760-1802) - Guy Lemarchand p. 27-56 L'étude des mouvements paysans étant développée de façon très inégale selon les nations européennes, une comparaison à l'échelle du continent est difficile. Malgré des ressemblances entre leurs émeutes, on peut distinguer des zones possédant leurs caractères propres sur ce plan. La révolution ne peut aboutir que par l'intervention populaire, tandis que les réformes menées par les monarchies de l'absolutisme éclairé échouent. S'il se produit des mouvements paysans contre-révolutionnaires, ils ne sont pas dirigés, en fait, contre les acquis de la Révolution française.
- Aperçu des tendances et des enjeux historiographiques : le nécessaire débat - Claude Mazauric p. 19-25
Approches régionales
- Les révoltes dans les ports maritimes normands au XVIIIe siècle - Eric Saunier p. 59-68 L'étude des révoltes dans les ports maritimes normands au XVIIIe siècle présente pour intérêt de montrer la diversité des comportements dans les sociétés urbaines d'une même province. À la différence des séditions qui rythment l'histoire de Rouen, c'est une situation de paix sociale qui caractérise la vie des cités du littoral normand jusqu'à la fin du siècle. Malgré une croissance démographique importante, malgré les antagonismes culturels opposant terriens et gens de mer, la domination du négoce dans ces villes moyennes dépourvues de fonction administrative importante permet de mettre en place un système de relations sociales porteur d'une régulation montrant son efficacité jusqu'aux années 1793-1795, moment durant lequel l'intensité de la crise économique et politique provoque une rupture brutale de cette évolution.
- La Grande Rébellion irlandaise de 1798 : répression et tentative d'union - Pascal Dupuy p. 69-76 A partir de quelques études récentes publiées en langue anglaise, l'auteur présente les raisons de la très dure répression qui a suivi la Grande Rébellion irlandaise de 1798, mais fait état également des tentatives d'apaisement du gouvernement anglais et de son représentant en Irlande afin d'y préparer l'Acte d'Union de 1800.
- La répression des révoltes en Amérique espagnole - Pierre Ragon p. 01/01/200877-85 Espace périphérique, l'Amérique espagnole ne demeure pas à l'écart des transformations qui touchent les pays d'Europe et d'Amérique anglo-saxonne à la fin du XVIIIe siècle. Toutefois, elle constitue un espace socialement original qui, de surcroît, reçoit les Lumières selon des modalités qui lui sont propres : à travers l'action réformatrice de l'État, avant tout. Les mouvements de la société civile y prennent donc des formes particulières, alors même que l'autorité monarchique n'y est guère véritablement ébranlée avant 1808.
- Révoltes, factions, catégories juridiques et sociales en Guadeloupe (1789-1794) - Frédéric Régent p. 87-99 Entre 1789 et 1792, la révolte qui gronde en Guadeloupe oppose les municipalités patriotes aux aristocrates de l'assemblée coloniale. Mais, les patriotes des villes échouent en raison de leur incapacité à rallier à leur cause les libres de couleur. Suivent en 1793 deux importantes révoltes : l'une servile et dirigée contre les planteurs aristocrates, l'autre des sans-culottes dans une volonté d'égalitarisme social. Enfin, une troisième et ultime révolte de la période 1789-1794 éclate en août 1793, conduite par plusieurs centaines d'esclaves réclamant la liberté. Réprimée, ce fut un échec. En avril 1794, la colonie est livrée aux Anglais t la Guadeloupe devra attendre juin 1794 et la reconquête des armées républicaines françaises pour bénéficier du décret émancipateur du 4 février 1794.
- Rebelles ou brigands ? - Xavier Rousseaux p. 101-132 La « guerre » des Paysans dans les départements « belges » constitue un tournant dans l'intégration de ces régions à la République française. Deux siècles de travaux n'ont pas épuisé les différentes lectures historiographiques de cet événement. L'article se propose de réévaluer l'historiographie du bicentenaire à l'aide de l'analyse de la répression par la justice militaire du Directoire. Résistance à l'occupation militaire, refus de la Révolution, ou brigandages ruraux, la crise d'octobre à décembre 1798 se répercute dans les jugements des conseils de guerre de la 24e et de la 25e Divisions militaires. Neuf cents prêtres seront déportés. Cinq mille « paysans » seront tués sur la champ de bataille, 1800 arrêtés, plus de 1 600 jugés. Parmi eux près de 300 fusillés, les autres renvoyés dans leurs foyers ou incorporés dans l'armée. Événement traumatique surtout en Flandre, la répression de la « Vendée belge » fut l'occasion pour le Directoire de vaincre l'insécurité dans les campagnes et d'assurer la conquête, même si la propagande d'après-Brumaire en attribuera le mérite du retour à l'ordre à Bonaparte.
- Les révoltes dans les ports maritimes normands au XVIIIe siècle - Eric Saunier p. 59-68
Approches thématiques
- L'abolition des droits féodaux en France - Jean-Jacques Clere p. 135-157 Cette courte synthèse a pour objet de retracer succinctement les trois grandes étapes qui ont conduit à l'abolition définitive et sans indemnité des droits féodaux et seigneuriaux le 17 juillet 1793. L'auteur a mis l'accent sur l'aspect juridique des questions féodales qui occupa une place centrale dans l'histoire de la Révolution.
- L'accès à la propriété : une manière d'éviter les révoltes ? - Bernard Bodinier p. 59-68 Dans quelle mesure certaines des révoltes paysannes de l'époque révolutionnaire sont-elles liées aux revendications paysannes de la fin de l'Ancien Régime ? Si l'abolition des droits féodaux, en partie rachetables, semble avoir cristallisé les mécontentements, la vente des biens nationaux ne paraît pas avoir suscité autant de manifestations, malgré la faiblesse des mesures favorisant l'accès à la propriété des plus pauvres.
- Le poids de la nouvelle armée dans la société française en Révolution : l'exemple du département de l'Eure - Engelo Celeri p. 183-196 Pour mener une guerre contre les principales puissances européennes, les révolutionnaires ont été contraints de forger une nouvelle armée aux effectifs jamais atteints auparavant. Les mesures prises visèrent à augmenter les recrutements par la mise en place progressive d'un service militaire obligatoire, mais également à organiser une véritable économie de guerre nationale. Parallèlement, la création d'une armée nationale entraîna des résistances, mais elle fut aussi l'occasion d'un apprentissage de la démocratie par des citoyens appelés à la défense de la patrie, réalisant ainsi l'idéal du citoyen-soldat.
- Presse francophone et Révolution : la lecture de l'événement (1789-1793) - Eric Wauters p. 197-210 Puisant l'information dans quelques grands journaux européens réputés sérieux, la presse étrangère (ici son échantillon francophone) commenta la Révolution au prisme de préoccupations locales et la presse française en analysa les répercussions extérieures à l'aune des espoirs ou des craintes d'une révolution universelle menée par la patrie des Droits de l'Homme. Facteur d'incompréhension, ce double jeu de miroirs engendra des réactions nationales dont la quasi disparition de la presse francophone en 1792-1794 fut l'un des principaux effets à l'étranger.
- L'abolition des droits féodaux en France - Jean-Jacques Clere p. 135-157
- Conclusion - Michel Biard p. 211-220
CHANTIERS
- Réagir aux premiers votes des femmes. Le cas du Parti communiste français - Sandra Fayolle p. 223-239 L'auteur analyse, à partir d'archives variées, la politique du PCF lors des premiers votes des femmes. Conscient des enjeux que représentent les voix féminines, le PCF cherche en particulier à contrer l'influence des organisations catholiques. L'auteur met en évidence les étapes de l'adoption d'un discours nouveau en direction des femmes.
- Réagir aux premiers votes des femmes. Le cas du Parti communiste français - Sandra Fayolle p. 223-239
MÉTIERS
Aux sources de l'Histoire
- Le Guide des sources d'archives de la Commune de Paris et du mouvement communaliste (1864-1880) - René Bidouze p. 243-249 C'est un acteur d'une histoire militante particulièrement passionnée, celle de l'association des Amis de la Commune de Paris, qui présente ici comment, pas à pas, la rencontre, méthodique, consciente des différences, d'une initiative militante et de l'apport scientifique des divers services d'archives, permet d'aboutir à la réalisation d'un nouveau guide des sources, outil de travail fondamental de l'historien, source, soyons-en sûr, de nouvelles lectures, de nouvelles recherches de jeunes et de moins jeunes passionnés.
- Le Guide des sources d'archives de la Commune de Paris et du mouvement communaliste (1864-1880) - René Bidouze p. 243-249
DÉBATS
- La loi du 23 février 2005 : texte et réactions Nous publions ici la première partie de « la loi du 23 février 2005 (5 articles sur13) portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés » ainsi que le texte de la pétition initiée par des historiens pour protester contre cette loi.
- La loi du 23 février 2005 : texte et réactions
LIVRES LUS
FILMS
- L'historien et le cinéaste face à la représentation - Thierry Aprile