Contenu du sommaire : L'Histoire de France, regards d'historiens américains

Revue Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique Mir@bel
Numéro no 96-97, 2005
Titre du numéro L'Histoire de France, regards d'historiens américains
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Le mot de la rédaction - Anne Jollet p. 5-8 accès libre
  • DOSSIER

    • Regards d'historiens américains sur l'histoire contemporaine de la France - David Shafer p. 11-17 accès libre
    • Du bon usage de la littérature en histoire - Priscilla Parkhust p. 19-29 accès libre avec résumé
      Priscilla Parkhust montre à travers une réflexion très personnelle comment des spécialistes de la littérature française aux États-Unis ont été amenés en s'interrogeant sur le statut de la production littéraire à travailler dans le cadre d'une compréhension globale des sociétés et, ainsi, à contribuer à l'élaboration de l'histoire. Les textes littéraires, abondants et divers du XIXe siècle français, constituent une des manifestations sociales de l'époque, pas seulement miroir de la société, mais créations elles-mêmes singulières, inscrites dans les formes du fonctionnement social et actrices à part entière de celui-ci.
    • L'histoire de l'art français aux États-Unis - Hollis Clayson p. 31-40 accès libre avec résumé
      L'histoire sociale de l'art domine l'enseignement de l'art français aux États-Unis. De ce fait, cet art est envisagé de façon plus thématique, contextuelle qu'esthétique. «L'adulation du contexte», à la suite des travaux de T. J. Clark dans les années soixante-dix, s'est appuyée à la fois sur une analyse marxiste et une approche liée aux analyses de Michel Foucault et de Roland Barthes sur le thème de la mort de l'auteur. Elle a été également renforcée par le développement de l'histoire de l'art féministe. Ces lectures sont aujourd'hui remises en cause par le retour à la prise en compte de l'individualité de l'artiste et de la complexité des liens entre contexte et production artistique, approches renouvelées qui s'inspirent de la Nouvelle biographie ainsi que des études sur le genre donnant une importance nouvelle aux corps. Plus récemment, c'est la confrontation aux tenants de la «culture visuelle» qui a renouvelé les interprétations. Tout ceci témoignant de la grande vitalité des études de l'art français du XIXe siècle aux États-Unis, souvent au coeur des débats théoriques et de la réflexion historiographique.
    • L'histoire du genre : trente ans de recherches des historiennes américaines de la France - Victoria E. Thompson p. 41-62 accès libre avec résumé
      Victoria E. Thompson présente ici une synthèse des travaux réalisés par les historiennes de la France aux États-Unis en histoire des femmes et du genre depuis une trentaine d'années. Elle met en évidence la richesse de cette production et son évolution en fonction des contextes à la fois sociaux (notamment les luttes féministes) et intellectuels (notamment des renouvellements interprétatifs fournis par les penseurs français). Son analyse montre que la problématique du genre est sortie de sa marginalité et a contribué au renouvellement des approches de l'histoire de France, notamment du XIXe siècle, dans nombre de domaines traditionnels de cette histoire comme les conflits politiques, le développement urbain ou les politiques de la famille. Le grand apport de cette historiographie peut être caractérisé par la mise en évidence des interactions, le décloisonnement entre des sphères longtemps considérées séparément, notamment entre privé et public, entre famille et État.
    • Universalisme, différence et invisibilité. Essai sur la notion de race dans l'histoire de la France contemporaine - Tyler Stovall p. 63-90 accès libre avec résumé
      L'auteur, conscient d'aborder un thème très sensible de l'identité française, s'interroge sur la difficulté des historiens français à prendre en compte l'importance de la réflexion raciale comme dimension de leur histoire nationale. Pourtant, affirme-t-il, à partir de la domination par la France de populations noires dans le cadre des colonies, la question de la dimension raciale de l'identité française s'est trouvée posée et elle est présente au sein de toutes les pensées du social des Lumières à l'époque contemporaine. Stovall met notamment en évidence les liens étroits qui se sont noués sous des formes diverses, entre l'idée de nation et celle de race, notamment dans ce qu'il appelle le « paradoxe du républicanisme impérial ». Puis il suit les étapes des expressions nouvelles et l'impact social des distinctions de race à travers les grands heurts de l'histoire française du XXe siècle, guerres mondiales, expansion coloniale, immigration des Trente Glorieuses, difficultés de la jeunesse dite de «seconde génération » aujourd'hui.
    • « Impenser » l'histoire de France. Les études coloniales hors de la perspective de l'identité nationale - Gary Wilder p. 91-119 accès libre avec résumé
      Gary Wilder propose une réflexion ancrée dans les analyses contemporaines de la colonisation montrant comment le fait colonisateur a non seulement partie liée avec les formes économiques, politiques et sociales du fonctionnement des métropoles, mais aussi comment celles-ci sont transformées par les formes de la colonisation. Il s'agit, en s'appuyant sur la production historique récente aux États-Unis en même temps que sur les expériences pédagogiques de certains enseignants, de ne plus considérer les métropoles comme strictement européennes à partir du moment où l'expansion coloniale est une des dimensions de leur existence et de comprendre comment cette dimension y imprègne à peu près l'ensemble des fonctionnements sociaux.
    • Enseigner l'histoire à l'âge du multimédia - Gregory S. Brown p. 121-134 accès libre avec résumé
      Les technologies nouvelles permettant de mettre en ligne à la disposition des étudiants des connaissances, des sources, des cours entiers sont appelées à renouveler profondément l'enseignement de l'histoire. Gregory Brown explique que ces évolutions, pour avoir été plus lentes dans le domaine des études sur l'histoire de France que dans d'autres, n'en sont pas moins rapides et à même de favoriser de nouvelles formes d'apprentissage. Il esquisse ici un état des lieux, côté américain, de ces innovations qui bousculent les habitudes des enseignants dans leur rapport au savoir et à sa diffusion, présentant le contexte juridique, des exemples de ressources existantes (des sites) ainsi que des éléments de sa propre pratique d'enseignant.
  • CHANTIERS

    • La représentation du terroriste anarchiste dans quelques romans français de la fin du XIXe siècle - Caroline Granier p. 137-157 accès libre avec résumé
      Entre 1892 et 1894 se déroule une série d'attentats anarchistes qui marquent durablement les esprits et l'évolution politique du mouvement ouvrier français. Cet article s'intéresse à la façon dont la littérature s'empare de ces faits et se pose la question des motivations du terroriste. Caroline Garnier montre qu'au-delà des clivages politiques (romanciers anarchistes ou anarchisants et romanciers bourgeois), il s'agit déjà d'un débat autour de la compréhension des faits. Ce dernier oppose ceux qui repoussent le terroriste vers la folie, la pathologie et le mal pour mieux ignorer les problèmes sociaux profonds qu'il soulève et ceux qui, sans l'avaliser, voient dans sa violence une révolte désespérée qui tire ses origines d'un véritable sentiment d'oppression.
  • MÉTIERS

  • DÉBATS

    • Où en est le mouvement contre la réhabilitation du colonialisme et pour l'autonomie de l'histoire ? - Claude Liauzu p. 181-186 accès libre avec résumé
      Le texte de Claude Liauzu publié ci-dessous a été écrit avant que le Président de la République décide d'abroger l'article 4 de la loi du 23 février. Cependant, la réflexion de l'auteur, replaçant la loi dans le contexte global des affrontements politiques et mémoriels, conserve toute son actualité. Le débat ouvert sur la fonction de l'histoire et de son enseignement, notamment à propos du passé colonial, se poursuit comme l'annonce l'auteur.
    • Loi du 23 février : des manuels scolaires bien disciplinés ? - Sébastien Jahan p. 187-189 accès libre avec résumé
      Les programmes sont une chose. Les manuels en sont une autre, dit-on couramment. Les manuels scolaires sont bien ces outils de travail qui mettent les programmes en œuvre, leur donnent forme concrète, atteignent enseignants, élèves et parfois parents. Leur importance nécessite que l'historien se soucie fort de la façon dont ils convertissent les savoirs et en font des contenus d'apprentissage. La découverte faite par Sébastien Jahan dans le Nathan de 5e, monture 2005, a de quoi inquiéter et appelle à redoubler de vigilance.
    • Manifeste du Comité de Vigilance face aux Usages publics de l'Histoire (CVUH) - p. 191-194 accès libre avec résumé
      Comme beaucoup d'historiens, ceux qui se sont réunis au printemps 2005 au sein d'un Comité de vigilance, ont été vivement secoués par la loi votée par les autorités françaises le 23 février instituant une lecture officielle de l'histoire de la colonisation et imposant aux enseignants de valoriser les aspects positifs de cette dernière. Mais au-delà de cet événement, ils pensent que la question du rapport de l'histoire et des historiens aux diverses forces sociales, État dans ses formes diverses, organisations politiques, associations, entreprises, doit être l'objet d'une analyse réflexive constante, vigilante quant aux formes de l'appropriation publique de l'histoire. Les initiateurs de ce Comité de Vigilance face aux Usages publics de l'Histoire (CVUH) ont précisé le sens de leur propre intervention publique dans un « manifeste » que nous publions ci-dessous. Les activités et les débats du Comité, qui organise une journée-débat le 4 mars, sont ouverts à tous ceux qui se reconnaissent dans ces préoccupations et peuvent être retrouvées sur son site http://cvuh.free.fr/.
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