Contenu du sommaire : La Réconciliation franco-allemande : les oublis de la mémoire

Revue Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique Mir@bel
Numéro no 100, 2007
Titre du numéro La Réconciliation franco-allemande : les oublis de la mémoire
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Le mot de la rédaction - Anne Jollet p. 5-7 accès libre
  • DOSSIER

    • La symbolique franco-allemande en panne d'idées ? - Mathias Delori p. 11-21 accès libre
    • La réconciliation franco-allemande : crédibilité et exemplarité d'un « couple à toute épreuve » ? - Valérie Rosoux p. 23-36 accès libre avec résumé
      Valérie Rosoux pose dans cette contribution la question de l'exemplarité du grand récit de la réconciliation franco-allemande. Après avoir souligné qu'elle s'inscrit dans une perspective pragmatique – « l'appel à la mémoire est avant tout ce qu'on en fait » –, elle souligne que le cas franco-allemand apparaît en première analyse comme un cas d'école d'usage du passé à des fins de rapprochement. Depuis le début des années 1960, les responsables officiels des deux pays se sont efforcés de promouvoir un récit qui prend le contre-pied des romans nationaux et apaise le souvenir du passé conflictuel. La question de l'exemplarité de cette représentation narrative ne prend toutefois toute sa dimension que si l'on se départ d'une conception purement instrumentale des mises en récits publiques du passé. La mémoire officielle ne peut exister que dans un dialogue permanent avec les mémoires vives.
    • Quelle place pour une histoire et une mémoire critique en France et en Allemagne ? - Sonia Combe p. 37-49 accès libre avec résumé
      L'entretien, réalisé le 16 novembre 2005 à la BDIC, apporte un point de vue critique sur les débats mémoriels (historiographiques et sociaux) en France et en Allemagne. Sonia Combe explore tout d'abord la question des rapports entre recherche historique et pouvoir dans les deux pays. La comparaison débouche sur un tableau dégrisant de la recherche française : la législation sur les archives et la centralisation de la recherche influence l'écriture de l'histoire et offre peu d'espace pour une histoire critique. Il suffit pour s'en convaincre de constater l'orientation de la plupart des travaux français sur Vichy ou sur l'Occupation. La deuxième partie de l'entretien élargit la perspective aux débats contemporains sur le passé dans les deux sociétés. Sonia Combe souligne alors que la France n'a pas tiré toutes les leçons de Vichy. De son côté, la République fédérale peine à intégrer les mémoires vives des citoyens de l'ex-RDA.
    • La mémoire d'une autre réconciliation : le récit des anciens collaborationnistes au lendemain de la Seconde Guerre mondiale - Fritz Taubert p. 51-65 accès libre avec résumé
      Fritz Taubert s'intéresse dans cet article à une autre mémoire vive des relations franco-allemandes : celle portée après la guerre par d'anciens collaborateurs. Il montre comment ces hommes ont tenté de justifier a posteriori leur action pendant l'Occupation en opérant une équivalence sémantique entre la Collaboration, le rapprochement, et la réconciliation franco-allemande. Fritz Taubert souligne que ce discours social n'est pas resté cantonné aux cercles de nostalgiques de la Collaboration. Sous la guerre froide, l'anticommunisme lui a offert une caisse de résonance de telle sorte qu'il a participé à la construction du sens en marge des récits officiels sur la construction européenne.
    • Les prisonniers de guerre allemands en mains françaises dans les mémoires nationales en France et en Allemagne après 1945 - Fabien Théofilakis p. 67-84 accès libre avec résumé
      Massivement présents en France entre 1945 et 1948 mais longtemps considérés comme les oubliés de l'histoire, les prisonniers de guerre allemands en mains françaises occupent une place particulière dans les mémoires française et allemande. Les silences comme les regains d'intérêt dont ils ont fait (et font) l'objet sont liés aux évolutions du régime d'historicité des deux pays depuis 1945. Dans quelle mesure l'Allemagne et la France ont-elles pu/voulu ménager une place à ces fantômes d'hier dans leurs histoires nationales ? Selon les usages de leur passé (de vainqueur/vaincu) qu'elles ont faits, à usage interne pour affirmer une identité nationale, à l'échelle européenne pour parvenir au rapprochement franco-allemand et individuelle selon l'attention accordée aux témoins, quatre moments peuvent être définis depuis les années 1950 qui analysent le traitement de la mémoire de cette captivité de guerre en temps de paix.
    • L'histoire et la mémoire des Allemands communistes dans la Résistance en France - Guilhem Zumbaum-Tomasi p. 85-97 accès libre avec résumé
      L'article de Guilhem Zumbaum-Tomasi porte sur l'histoire des Allemands communistes dans la Résistance en France et sur la réception de leur mémoire en France et dans les deux Allemagnes. C'est finalement à une histoire des blocages mémoriels des trois sociétés que l'auteur nous convie. En France, la mémoire de cette lutte contre l'Occupation s'est heurtée à une mauvaise conscience collective et au mythe d'une Résistance franco-française. Beaucoup décidèrent par conséquent d'émigrer une deuxième fois et de retourner en Allemagne, notamment en RDA. Mais aucun des deux États allemands ne réserva un accueil respectueux à leur expérience et à leurs récits.
    • La mémoire de l'exil et de la résistance antifasciste comme ciment d'une identité supranationale - Mathias Delori p. 99-117 accès libre avec résumé
      Prenant acte du caractère convenu et institutionnalisé de la symbolique franco-allemande, l'article s'interroge sur ce que pourrait être une représentation narrative moderne de cette relation. Afin de ne pas donner un caractère trop abstrait à l'argumentation, il part d'un exemple existant de contre-récit dont quelques institutions se sont faites les vecteurs. Cette autre histoire du rapprochement franco-allemand voit dans la participation d'Allemands à la Résistance en France le symbole possible d'une identité commune. L'article s'interroge sur le caractère éthique de cette mémoire et avance quelques arguments socio-historiques en faveur de sa reconnaissance.
  • CHANTIERS

    • Controverse universitaire sur les violences en Chine - William Guéraiche p. 121-134 accès libre avec résumé
      Le suicide d'une journaliste sino-américaine, auteur d'un ouvrage à succès sur le massacre de Nankin, a provoqué un débat passionnant sur H—Net, le plus grand réseau d'historiens au monde. Pendant plus d'un mois, des chercheurs ont échangé leurs points de vue sur les violences en Chine au XXe siècle et sur leurs représentations. L'Empire du Milieu a-t-il été un espace propice à la violence depuis la guerre du Pacifique ? pourquoi cette violence a-t-elle été minimisée dans l'historiographie américaine ? Cette controverse historiographique, d'une très haute tenue intellectuelle, montre que la mise en réseau de chercheurs professionnels ouvre des perspectives nouvelles dans la conception même du métier d'historien.
  • MÉTIERS

  • DÉBATS

    • Liberté-égalité-laïcité. Genèse, caractères et enjeux de la loi de 1905 - Jean-Paul Scot p. 161-183 accès libre avec résumé
      La séparation des Églises et de l'état parachève la laïcité française. La loi du 9 décembre 1905 confirme des principes aussi précieux que la liberté de conscience et l'égalité de dignité de toutes les convictions philosophiques et religieuses, en même temps qu'elle garantit la liberté de culte. Elle instaure une séparation stricte du politique et du religieux avec la fin de toute religion reconnue et subventionnée. Elle constitue un acquis essentiel de la République démocratique en mettant pleinement en œuvre sa devise « Liberté, Égalité, Fraternité ». C'est cette difficile conquête qu'analyse et met en perspective l'historien Jean-Paul Scot  en replaçant la laïcité au cœur des combats pour la consolidation de la République. Cette question d'histoire reste inscrite dans les enjeux contemporains en France, en Europe et dans le monde
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