Contenu du sommaire : Sciences et politique

Revue Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique Mir@bel
Numéro no 102, 2007
Titre du numéro Sciences et politique
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Le mot de la rédaction - Anne Jollet p. 3-6 accès libre
  • DOSSIER

    • Penser les rapports entre sciences et politique : enjeux historiographiques récents - Jérôme Lamy p. 9-32 accès libre avec résumé
      La réflexion des spécialistes des sciences sociales sur la fonction sociale et politique des sciences exactes s'est considérablement développée au cours des dernières décennies. L'auteur de l'article revient ici sur quelques étapes de cette réflexion, montrant comment ces analyses sur la place des sciences dans les sociétés contemporaines ont donné lieu entre chercheurs à de vifs débats critiques. En effet, l'analyse sociale de sciences apparaît aujourd'hui comme une des voies efficaces des lectures globales des développements sociaux. Les sciences, leur maîtrise et leur déplacement apparaissent de plus en plus nettement comme des enjeux sociaux majeurs dont l'interprétation comporte de fortes dimensions idéologiques et politiques.
    • L'empire de l'astronome : Urbain Le Verrier, l'Ordre et le Pouvoir - Fabien Locher p. 33-48 accès libre avec résumé
      Comment le pouvoir politique autoritaire du Second Empire contribue-t-il à favoriser les transformations du fonctionnement d'institutions scientifiques et l'organisation des savoirs eux-mêmes ? L'auteur de l'article répond à cette question en montrant comment, dans un contexte de valorisation croissante des sciences, les savants sont partie prenante des forces politiques et utilisent leur pouvoir politique pour peser sur les formes du développement scientifique. A travers l'exemple de l'astronome Urbain Le Verrier, on assiste à  la transformation des méthodes de travail de l'Observatoire de Paris dans le sens d'une hiérarchisation et à l'évolution des finalités de ce travail dans le sens d'un rapprochement avec l'industrie et les intérêts privés.
    • Une constitution pour l'astronomie française au tournant du siècle. Socio-genèse d'un champ scientifique - Arnaud Saint-Martin p. 49-63 accès libre avec résumé
      Comment se constitue un nouveau domaine scientifique ? Quelles interactions entre les administrations, les pouvoirs politiques et les différents corps du monde savant sont en cause dans la reconnaissance et l'existence sociale des spécialités ? L'auteur montre ici comment convergent, au début du XXe siècle, l'intérêt des pouvoirs politiques pour l'astronomie et l'intérêt des astronomes pour l'institutionnalisation de leur discipline. Il montre comment les savants savent alors utiliser les possibles applications immédiates de leur savoir pour en justifier l'utilité sociale et ainsi contribuer à renforcer l'implication des pouvoirs politiques à leurs côtés.
    • La VIIe Conférence de psychotechnique (Moscou, septembre 1931) - Isabelle Gouarné p. 65-87 accès libre avec résumé
      En s'appuyant sur l'exemple de la psychologie, l'article étudie la façon dont s'est posée dans les années trente la question de l'articulation entre production d'un savoir scientifique et engagement politique, notamment dans l'espace de la pensée et des organisations communistes. Il montre combien la valorisation de la science liée au marxisme, l'existence d'une véritable « épistémologie engagée » amènent des chercheurs nombreux à penser les liens avec l'URSS et ses savants comme une des formes nécessaires du développement scientifique.
    • Les physiciens dans le mouvement antinucléaire : entre science, expertise et politique - Sezin Topçu p. 89-108 accès libre avec résumé
      Cet article analyse la mobilisation d'une partie du milieu physicien contre le programme électronucléaire français lancé en mars 1974. Centrant l'enquête sur l'Appel des 400, la pétition de masse des scientifiques opposés au programme nucléaire et sur le Groupement des Scientifiques pour l'Information sur l'Énergie Nucléaire (GSIEN), groupement créé par des physiciens à l'origine de cette mobilisation, il analyse les conditions de l'émergence de la critique du nucléaire civil à l'intérieur du monde de la physique. Il rend compte des apports ainsi que des limites de la critique scientifique dans l'orientation des décisions techno-politiques. L'auteur soutient que la mobilisation puis la démobilisation rapide du milieu physicien est due, entre autres, à la difficulté à laquelle ce milieu est confronté dans l'articulation de l'activité scientifique et de l'action politique. Cette contribution propose aussi de revisiter la notion de « légitimité », perçue en général comme une catégorie chère à la science, dans un contexte où une division forte entre science et expertise s'impose.
    • Science, politique et démocratie - Dominique Pestre p. 109-126 accès libre avec résumé
      Cet article propose d'étudier la complexité intrinsèque, dans les sociétés démocratiques, des relations entre « techno-science » (comme ensemble de pratiques matérielles et discursives, comme système de normes, comme imposition de futurs particuliers), logiques marchandes et de production, et ordre politique démocratique. L'auteur revient sur la nécessité de décrire tous les arrangements qui existent entre science et politique. Il souligne l'importance d'une opposition principielle entre les logiques de savoirs et les logiques démocratiques. Les pratiques scientifiques ont une efficacité politique qui travaillent les sociétés en fournissant des outils de gouvernement des hommes et des choses. Dans cette perspective il existe une multitude de régulations possibles qui doivent toutes être évaluées et discutées. Enfin, l'auteur invite à une généalogie des ordres discursifs qui sous-tendent, pour chaque époque, la place des sciences en société.
  • CHANTIERS

    • Le cinéma nord-coréen : arme de destruction massive ? - Antoine Coppola p. 129-143 accès libre avec résumé
      La découverte du cinéma nord-coréen est à la fois une plongée dans l'histoire de l'esthétique du réalisme socialiste et une réflexion sur le présent d'un petit pays isolé contrastant avec son aura de menace mondiale. Ce cinéma est aussi une lumière originale sur une culture asiatique qui s'est appropriée les idéologies et les représentations sociales venues d'Occident.
  • DÉBATS

    • Marx, le marxisme et les historiens de la Révolution française au XXe siècle - Julien Louvrier p. 147-167 accès libre avec résumé
      L'auteur adopte une démarche résolument diachronique. Partant des analyses de Marx lui-même sur la Révolution française, il montre combien les écrits de Marx, souvent associé à Engels sur la question, sont toujours précisément contextualisés et liés à la recherche de compréhension du moment présent. C'est l'Histoire socialiste de Jean Jaurès qui, la première, donne une lecture globale des événements révolutionnaires qui prend appui sur la grille d'interprétation proposée par Marx. Une forme de banalisation de cette lecture se fait ensuite à travers le développement de l'histoire économique et sociale par des historiens qui, sans lire beaucoup Marx, gardent de sa pensée l'idée de l'importance déterminante des réalités économiques. Dans le contexte de la Guerre froide, cette interprétation « sociale » de la Révolution est vigoureusement attaquée et condamnée comme expression d'un marxisme réducteur. La remise en cause débouche sur des lectures qui privilégient le politique, mais s'ouvrent à nouveau depuis quelques années à des recherches qui posent la question des appartenances sociales.
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