Contenu du sommaire : Les Gauches en Égypte (XIXe-XXe siècles)

Revue Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique Mir@bel
Numéro no 105-106, 2008
Titre du numéro Les Gauches en Égypte (XIXe-XXe siècles)
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Le mot de la rédaction - Anne Jollet p. 5-8 accès libre
  • DOSSIER

    • Histoire de la gauche en Égypte (1870-1965): expériences, contributions et enjeux - Didier Monciaud p. 11-16 accès libre
    • Intellectuels, militants et travailleurs: la construction de la gauche en Égypte, 1870-1914 1 - Ilham Khuri-Makdisi p. 17-45 accès libre avec résumé
      À la fin du xixe siècle, un certain nombre d'idées radicales de gauche commencèrent à circuler dans l'est de la Méditerranée, et plus spécifiquement en Égypte. Ces idées, que l'on pourrait qualifier d'adaptations sélectives des principes anarchistes et socialistes, comprenaient de multiples appels à la justice et à l'égalité sociale. Cette orientation partait d'un point de vue internationaliste et international. Cet article vise à réhabiliter une période, grosso modo de 1870 à 1914, et une expérience négligées dans l'histoire de la gauche en Égypte. Cette période représente, pour l'auteur, la clef de voûte de l'histoire de la gauche égyptienne. C'est durant cette période qu'un grand nombre d'idées de gauche furent articulées et diffusées sous la forme de projets, dont quelques-uns furent mis en œuvre ultérieurement. L'étude souligne la multiplicité des gauches qui ont existé dans les deux décennies précédant la Première Guerre Mondiale. L'approche choisie associe histoire intellectuelle, histoire du travail et l'histoire sociale. Elle discute des idées et des pratiques sans négliger les limites de leur impact sur la société égyptienne.
    • Socialisme en Égypte avant la Première Guerre mondiale : la contribution des anarchistes - Anthony Gorman p. 47-64 accès libre avec résumé
      En dépit de plus de cinquante ans d'activité, le mouvement anarchiste en Égypte reste très méconnu. Or les anarchistes ont joué un rôle pionnier dans l'introduction d'une pensée politique radicale en Égypte. Leurs idées se sont enracinées au départ au sein des communautés étrangères résidant dans le pays mais au cours de la période qui précède la Première Guerre mondiale, leur impressionnante activité politique réussit à avoir un impact plus large sur la société égyptienne. L'anarchisme représenta un apport critique significatif sur les questions du nationalisme et du colonialisme. L'article s'intéresse aux développements et aux différentes formes de cette contribution en les restituant dans le contexte plus large du développement du mouvement socialiste dans une société coloniale au début du XXe siècle.
    • La gauche et le mouvement ouvrier au début des années 1920 1 - Zachary Lockman p. 65-83 accès libre avec résumé
      L'Égypte des lendemains de la Première Guerre mondiale a vu émerger un modeste mais dynamique courant de gauche. Un parti socialiste, qui rapidement se transforma en un parti communiste, fut créé et développa des liens étroits avec un certain nombre de syndicats au travers de la fédération syndicale qui lui était affiliée. Cette tendance radicale au sein du mouvement ouvrier égyptien a eu une influence limitée mais néanmoins importante sur le mouvement dans son ensemble. Il propagea des conceptions de la société égyptienne et de l'identité de la classe ouvrière qui défièrent celles du Wafd, la gauche critiquant son nationalisme bourgeois. L'article examine les relations complexes et finalement tendues entre le premier mouvement communiste et le nationalisme égyptien incarné par le Wafd. Le PCE devait finalement être réprimé et le mouvement ouvrier épuré des influences de gauche. Mais le travail ouvrier des communistes eut des conséquences au-delà des cercles qui étaient directement en contact avec lui.
    • Être internationaliste dans une société coloniale : le cas des grecs de gauche en Égypte (1914-1960) - Katérina Trimi-Kirou p. 85-117 accès libre avec résumé
      Cet article étudie un échantillon particulier de la population qui résidait en Égypte et appartenait aux catégories suivantes : à la gauche, à la nation hellénique, à la population étrangère et privilégiée d'Égypte et, en règle générale, aux couches moyennes. L'identité politique, internationaliste de ces Égyptiotes (Grecs d'Égypte) de gauche, s'oppose idéologiquement, et dans une certaine mesure objectivement, à leur identité social-colonialiste, mais aussi à leur identité nationale, des identités acquises inconsciemment, non choisies mais très tôt assimilées et fortes. Les parikiès (colonies grecques) en Égypte, leur structure sociale, sont présentées à travers l'examen des sentiments d'appartenance et de la mentalité de leurs membres ainsi qu'à travers leur évolution au cours d'une période qui s'étend de la Première Guerre mondiale à l'exode massif d'Égypte lors de l'indépendance. L'article examine ensuite l'action politique et sociale de ces Grecs de gauche ainsi que des mouvements orientés à gauche auxquels ils participaient.
    • Un travaillisme égyptien autour de ‘Esâm Hefnî Nâsef, ou la production d'un marxisme indépendant et modéré dans l'entre-deux-guerres1 - Anouar Moghith p. 119-128 accès libre avec résumé
      La réception du socialisme en Egypte s'inscrit dans un courant plus large qui vise à réveiller le monde arabe de son sommeil civilisationnel. Dans un tel contexte, ‘Isâm Ed-Dîn Hifnî Nâsif constitue un bon exemple de ces intellectuels modernistes qui ont été gagnés aux idées socialistes. Sa trajectoire et sa contribution occupent une place spécifique dans l'histoire des sensibilités de gauche et de leur expression. Son approche cherchait à établir un lien entre les apports propres à l'histoire égyptienne et des valeurs comme le rationalisme, les Lumières ou le parlementarisme. Cette étude propose un examen critique de l'œuvre de Nâsif qui met en évidence les difficultés intellectuelles d'une telle articulation.
    • Le marxisme égyptien (1936-52) : nationalisme, anti-impérialisme et réforme sociale - Joël Beinin p. 129-143 accès libre avec résumé
      La renaissance du marxisme égyptien dans la seconde moitié des années 1930 se fit sur un arrière-plan de défaite, de dispersion organisationnelle et de trouble idéologique après l'échec du premier parti communiste au début des années 1920. La gauche marxiste renaissante à partir du milieu des années 1930 se trouva confrontée à des questions essentielles. En premier lieu, se posa la question du lien entre les luttes pour la justice sociale et le mouvement nationaliste qui, jusqu'au départ du dernier soldat britannique d'Egypte en 1956, se focalisa sur la revendication d'une fin complète de l'occupation britannique. La seconde question concerne les relations, au sein du mouvement marxiste, entre les Égyptiens musulmans et coptes d'une part, et les Arméniens, les Grecs, les Italiens et en particulier les juifs d'autre part. Enfin, une troisième dimension est l'histoire du morcellement organisationnel qui, pour une grande part, a émergé des deux autres aspects.
    • Marxisme et patriotisme dans les régimes militaires de libération nationale : les « Officiers Libres » et les communistes égyptiens - Sherif Younis p. 145-174 accès libre avec résumé
      Cet article interprète les complexes relations entre les marxistes égyptiens et le régime nassérien au travers d'une double analyse structurelle et idéologique du mouvement. Il examine les fondements politiques et sociaux qui conduisent à l'auto-dissolution des organisations communistes en 1965 en soutien au régime nassérien, sur la base de son caractère patriotique et progressiste. L'hypothèse est que cet appui du mouvement marxiste égyptien au pouvoir de Nasser s'explique tant par l'orientation idéologique de ce dernier que par sa nature sociale.
    • Officiers libres et officiers communistes : collaborations et confrontations - Tewfik Aclimandos p. 175-202 accès libre avec résumé
      L'auteur analyse les relations complexes entre les officiers marxistes et l'organisation des officiers libres (OL) de 1936 à 1952, organisation qui devait prendre le pouvoir en juillet 1952. Il s'intéresse aux appartenances préalables, aux formes de collaboration, sans oublier les tensions entre ces deux groupes de force inégale. Mais il montre aussi les différences d'appréciation et de positionnement politique qui traversent ces deux groupes d'officiers.
    • L'élaboration d'un modernisme autoritaire : les intellectuels de gauche et la réforme de la société égyptienne dans les années 1950 - Roel Meijer p. 203-234 accès libre avec résumé
      Cet article explore les façons dont les intellectuels égyptiens libéraux, socialistes et communistes ont soutenu et aidé à formuler le discours du modernisme autoritaire dans la seconde moitié des années 1950. Ce modernisme autoritaire était déjà en cours de formation avant la mise en place du régime nassérien. Un tel discours gagna sa position hégémonique avec leur ralliement. Ces intellectuels ont renforcé la tendance autoritaire dans leur propre discours et affaibli son contenu démocratique. L'étude montre comment les fondements d'une telle orientation ont participé de la mise en place d'un autoritarisme réformateur dans lequel l'État joue un rôle central. Les intellectuels réformistes ont élaboré un discours et un rôle d'avant-garde pour leur groupe social dans un projet présenté comme porteur de la libération nationale et de l'émancipation du peuple.
    • Une trajectoire féminine dans la gauche égyptienne : dimensions et enjeux des engagements de Soraya Adham (1926—2008) - Didier Monciaud p. 235-258 accès libre avec résumé
      La participation des femmes à la gauche égyptienne est un phénomène peu connu du lectorat francophone. Et pourtant, nombre d'Égyptiennes se sont investies dans ce que l'on a nommé en Égypte « le second mouvement » communiste, du milieu des années 1930 au milieu des années 1960. Cet article propose d'étudier un exemple à travers la riche trajectoire d'une militante, Soraya Adham. L'article aborde en premier lieu son itinéraire individuel dans le contexte politique et social de l'Égypte, dès les années 1940 à nos jours, puis analyse les formes d'un tel engagement et les rapports compliqués entre la gauche et la question des femmes.
  • MÉTIERS

    • Aux sources de l'Histoire
    • Transmettre l'Histoire
      • 1939-1940: la drôle de guerre et la débâcle vues par le caporal-chef Marcel Gibert - Roger Bourderon p. 265-285 accès libre avec résumé
        Le 28 septembre 2005, parmi les nombreuses rencontres que permet le Village du livre de la fête de l'Humanité, j'ai fait la connaissance de Julien Blanc-Gras, qui m'a parlé des carnets de guerre tenus par son grand-père, Marcel Gibert, de septembre 1939 à juin 1940. La transcription qu'il m'en envoya peu après me persuada de l'intérêt de ce texte, dont les Cahiers d'histoire publient aujourd'hui la plus grande partie. Les renseignements biographiques m'ont été communiqués par Julien Blanc-Gras.
  • DÉBATS

    • L'Amérique… selon Marx 1 - Vincent Bontems p. 289-305 accès libre avec résumé
      Les États-Unis n'occupent encore qu'une position périphérique au sein du système capitaliste au XIXe siècle. Toutefois, Marx n'a pas manqué de relever l'importance et l'originalité du développement économique et politique de « l'Amérique ». Notre étude entend restituer les cohérences et l'évolution des références géopolitiques au sein du corpus marxiste. Dans cette seconde partie, nous examinons comment Marx a traité la « guerre civile américaine » (la Guerre de Sécession) dans ses travaux journalistiques à travers quelques questions précises (Le Sud avait-il le droit de faire sécession?, etc.) et l'évolution du jugement de Marx sur les institutions américaines dans le cours des événements qui ont suivi la guerre.
  • LIVRES LUS