Contenu du sommaire : Le "modèle américain"

Revue Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique Mir@bel
Numéro no 108, 2009
Titre du numéro Le "modèle américain"
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Le mot de la rédaction - Anne Jollet p. 3-6 accès libre
  • DOSSIER

    • Introduction - Romain Huret, Alexandre Rios-Bordes, Jean-Christian Vinel p. 9-11 accès libre
    • L'américanisme de Reagan : brève histoire des politiques du patriotisme - Joseph A. McCartin p. 13-40 accès libre avec résumé
      Spécialiste d'histoire ouvrière et politique, Joseph A. McCartin est connu pour ses travaux sur les rapports entre l'État et les ouvriers pendant la Première Guerre mondiale (Labor's Great War, 1998). Il revient dans cet article sur l'une des questions récurrentes à propos des États-Unis au xxe siècle : y a-t-il un exceptionnalisme américain, caractérisé par un consensus politique et un fort nationalisme ? En esquissant une histoire sociale et politique de la notion « d'américanisme » et de son utilisation au cours de l'histoire, McCartin met au jour des luttes peu apparentes aux regards européens, mais pourtant essentielles à la construction et à la légitimation des politiques publiques aux États-Unis.
    • Repenser la gauche américaine - Michael Kazin p. 41-59 accès libre avec résumé
      Des Wobblies au Black Power, l'histoire du radicalisme politique aux États-Unis est probablement l'une des parties de l'histoire américaine les mieux connues en France. Mais comment insérer ces contestations à la trame de l'histoire américaine ? Dans cet article, l'historien Michael Kazin, (The Populist Persuasion, 1995, A Godly Hero : the Life of William Jennings Bryan, 2006), co-rédacteur en chef du magazine Dissent, propose dans une perspective gramscienne de distinguer deux gauches au xxe siècle : la gauche « politique » dont les succès dans les urnes et dans la rue furent assez rares, et une gauche « culturelle » dont l'influence sur les mentalités aux États-Unis ne doit pas être mésestimée.
    • Les Intellectuels américains et l'idéal démocratique - Daniel Geary p. 61-94 accès libre avec résumé
      Daniel Geary examine, à travers quatre figures marquantes, la manière dont les intellectuels américains ont interrogé, éprouvé et participé à la construction de la démocratie depuis la fin du xixe siècle, s'engageant sur le terrain public pour porter une critique sociale et culturelle centrée sur l'idéal démocratique. Quatre portraits successifs déploient les parcours singuliers, les prises de position politiques et les ambiguïtés du positionnement social et de l'engagement d'« intellectuels » parvenus à imposer leurs voix dans le débat public : William James (1842-1910), figure majeure d'une philosophie pragmatiste fondée sur la recherche empirique et collective de la vérité, devenu défenseur du pluralisme religieux et du libre-arbitre ; W. E. B. Du Bois (1868-1963), sociologue afro-américain que ses travaux sociologiques et historiques transforment en avocat de la démocratisation raciale des États-Unis ; Noam Chomsky (né en 1928), linguiste de renom dont la notoriété s'est construite par une critique incessante de l'« impérialisme » du gouvernement américain et de la complicité des élites ; Susan Sontag (1933-2004), dont la critique culturelle conteste l'étroitesse des interprétations savantes de l'art et revendique la relativisation des hiérarchies des goûts, sans résoudre la tension ouverte entre la démocratisation de la culture et sa propre autorité en la matière.
    • L'Amérique rencontre les immigrants : passé, présent, futur - Gary Gerstle p. 95-110 accès libre avec résumé
      Afin d'éclairer les récents débats autour de la gestion des flux migratoires vers les États-Unis, Gary Gerstle propose une interprétation de l'histoire des politiques de l'immigration américaine sur la longue durée. Le « pacte » révolutionnaire à l'origine de la nation a fait des États-Unis une terre d'immigration ouverte aux peuples du monde – bien qu'excluant d'emblée une partie de sa propre population selon des critères raciaux. Les Américains, par principe autant qu'en raison de considérations pratiques, lui sont restés fidèles durant le premier siècle de leur histoire (1776-1882), avant d'adopter le comportement des nations comparables et de céder à une logique restrictionniste (1882 à nos jours). Cette remarquable stabilité des politiques de l'immigration s'explique par la grande difficulté à mener toute réforme à son terme, qu'elle prône la limitation ou l'ouverture : tout changement d'envergure nécessite la formation de coalitions politiques entre des groupes habituellement en désaccord. C'est à l'aulne de cette configuration structurellement défavorable qu'il faut comprendre les blocages de la période récente. L'auteur achève sa réflexion en esquissant ce que devrait être, s'il se révélait possible pour l'administration Obama de s'engager sur ce terrain, une approche progressiste de la réforme en la matière.
    • Le « modèle américain » de la consommation de masse - Emily S. Rosenberg p. 111-142 accès libre avec résumé
      Emily Rosenberg propose une perspective historique et comparative du modèle américain de consommation de masse en interrogeant les différentes échelles (nationales et internationales) mobilisées dans le déploiement de ce système d'organisation des rapports marchands. Ce modèle auquel adhère, non sans critiques, la société américaine de l'entre-deux guerres via l'essor de la publicité, devient un enjeu de l'affrontement idéologique entre les États-Unis et l'URSS durant la guerre froide. La diffusion de l'« American Way of Life », qui accompagne la reconstruction de l'Europe et sert de contrepoint au communisme, démontre sa remarquable flexibilité et lui permet de se traduire moins par une « américanisation » des modes de vie que par un déploiement d'un consumérisme multi-local s'adaptant à tous les contextes nationaux. La montée en puissance récente de la Chine permet à l'auteur de souligner combien cette dernière travaille à une acclimatation des éléments principaux de la consommation de masse tout en maintenant une tension ouverte entre les intérêts nationaux et les enjeux internationaux.
  • CHANTIERS

    • L'Unesco : un âge d'or de l'aide au développement par l'éducation (1945-1975) - Chloé Maurel p. 145-170 accès libre avec résumé
      De sa création en 1945 jusqu'au milieu des années 1970, l'Unesco s'est de plus en plus activement consacrée à l'aide au développement dans le monde. Cet essor a culminé dans les années 1960, avant un certain reflux lié à l'évolution du contexte économique international. Plusieurs conceptions successives ont guidé les projets d'aide au développement de l'Unesco, de l'« éducation de base » des années 1940 à l'« alphabétisation fonctionnelle » des années 1960. L'article étudie le déroulement et les résultats de ces projets sur le terrain et met au jour l'influence déterminante de certains acteurs (états, missionnaires, Nations unies, Banque mondiale, entreprises privées) sur les changements d'inspiration et de stratégie opérés à l'Unesco au cours de ces trois décennies.
  • DÉBATS

    • Regard sur l'historiographie marxiste italienne : étude de l'ouvrage de Paolo Favilli sur marxisme et histoire - Marco Di Maggio p. 173-182 accès libre avec résumé
      L'auteur développe ici une analyse du livre récent de l'historien italien Paolo Favilli. Ce livre revient, de façon originale dans le panorama intellectuel actuel, sur les rapports entre histoire et marxisme depuis les lendemains de la Seconde Guerre mondiale. Il veut revenir sur la situation qu'il qualifie d'hégémonique de l'analyse marxiste dans ces décennies et en même temps permettre de comprendre comment cette hégémonie s'est défaite, du fait de quelles évolutions sociales. Le livre, dense, cherche à développer une interprétation globale de ces évolutions historiographiques, en retrouvant « la sinuosité » d'une évolution d'un « Âge d'or » à la « crise de la raison » de la philosophie des Lumières.
  • LIVRES LUS