Contenu du sommaire : Penser le travail à l'époque moderne (XVIIe-XIXe siècles)

Revue Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique Mir@bel
Numéro no 110, 2009
Titre du numéro Penser le travail à l'époque moderne (XVIIe-XIXe siècles)
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Le mot de la rédaction - Anne Jollet accès libre
  • DOSSIER

    • Penser le travail à l'époque moderne (XVIIe-XIXe siècles): introduction et perspectives - Yannick Fonteneau p. 11-38 accès libre avec résumé
      Le travail a cessé d'être la promesse de la civilisation occidentale de jadis. Il semble retomber dans les signifiés de souffrance d'où les moralistes du XVIIe siècle avaient commencé à le tirer pour en faire une valeur positive, s'affirmant au fil des siècles comme moyen: moyen de la puissance de l'état, moyen de l'ordre public et de l'ordre moral, moyen de la réalisation de soi.
    • Le travail entre labeur et valeur : la corvée royale au XVIIIe siècle - Anne Conchon p. 39-51 accès libre avec résumé
      Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, la corvée, ces journées de travail collectives gratuites dues à la société par les roturiers pour assurer notamment l'entretien des routes, fait l'objet d'un intense débat concernant sa légitimité. Partant des mots la désignant, cet article explore comment la corvée fut progressivement comprise comme une catégorie de travail, sa signification évoluant alors en lien avec la conceptualisation de ce dernier, notamment sous le rapport du salariat et de la propriété : si pour ses détracteurs, les Physiocrates notamment, la corvée n'était rien d'autre qu'un travail forcé, tout le monde ne la percevait pas ainsi. Si le débat fut vif, c'est également parce que la corvée était un objet en lien avec un certain ordre social, potentiellement remis en cause par l'émergence d'une catégorie de travail indépendante des sujets qui l'exercent, d'un travail abstrait considéré d'abord sous son rapport économique.
    • La marchandisation du travail dans la société anglaise de la fin du XVIIe siècle au début du XIXe siècle - Arnaud Diemer, Hervé Guillemin p. 53-81 accès libre avec résumé
      Si la marchandisation du travail sert généralement à décrire les rapports de production et d'échange rattachés au mode de production capitaliste dans la société anglaise du xixe siècle (Engels, 1844; Marx, 1867), il est nécessaire de remonter au xviie siècle pour y voir les prémisses de ce que l'on qualifie aujourd'hui de marché du travail. John Locke (1689-1696) pose les bases du libéralisme économique en définissant la propriété privée à partir du travail. Au cours du xviiie siècle, le travail (la force productive des bras) et le commerce constituent les rouages essentiels de la richesse d'une nation. Adam Smith (1776) vante les mérites de la division du travail et de la sphère des échanges. L'économie politique fait ses premiers pas et revendique déjà une démarche scientifique pour comprendre les faits sociaux. David Ricardo et Robert Malthus insistent sur les lois générales, nécessaires et naturelles de cette nouvelle science. La loi de l'offre et de la demande constitue une caractéristique essentielle du marché, elle s'applique à toutes les marchandises, y compris la monnaie, la terre et le travail. Les économistes vont ainsi constituer une grille d'analyse susceptible d'expliquer les causes et d'apporter des solutions aux problèmes de société. Dès lors, la pauvreté ne relève plus de la charité, de la morale ou de la philosophie politique. Elle repose sur une démarche scientifique. C'est sur cette base que David Ricardo et Robert Malthus engageront un véritable réquisitoire contre les lois sur les pauvres. Accusées de favoriser les mariages imprudents, de générer une explosion démographique et de déstabiliser les forces du marché, elles seront abrogées en 1834. Cette victoire des économistes libéraux ouvre ainsi la voie à l'avènement du système capitaliste et à la naissance d'un véritable marché du travail.
    • Du travail de la nature au travail dans la société chez les Physiocrates - Romuald Dupuy p. 83-98 accès libre avec résumé
      Le travail représente un concept essentiel dans la formation de l'économie politique classique au xviiie siècle. Si Smith affirme qu'il est la source de la valeur économique, il n'en va pas de même pour les Physiocrates. L'article montre que pour ces derniers le travail se combine toujours aux forces de la nature. Le travail de l'homme constitue une force mécanique qui agit pour décupler un processus de production naturelle. Le concept économique de travail des Physiocrates reste encore imprégné de propositions augustiniennes et néocartésiennes, et s'accorde avec les théories naturalistes de l'époque. À l'acte de production s'ajoute la dimension sociale qui façonne la société. Le travail rejoint alors la théorie du droit naturel. Il est à l'origine de la théorie de la propriété qui structure la société autour de l'activité agricole et de la propriété foncière. Dans ce dispositif le statut du travailleur est secondaire et il importe avant tout que le fermier mobilise les capitaux productifs.
    • Le travail discipliné : genèse d'un projet technologique au XIXe siècle - François Jarrige p. 99-116 accès libre avec résumé
      Face à l'effritement des anciennes régulations du travail, les économistes et les fabricants du début du XIXe siècle s'efforcent de trouver des moyens pour lutter contre « l'oppression du travail » et discipliner la main-d'œuvre qui inquiète à l'ère des Révolutions. Durant la première moitié du XIXe siècle, en France comme en Grande-Bretagne, le travail et l'invention technique sont au cœur d'un important processus de réévaluation. La mécanisation industrielle apparaît de plus en plus comme le moyen de faire advenir un travail discipliné et moralisé. À travers l'examen de quelques univers productifs britanniques et français de la première industrialisation, et en confrontant les discours et les pratiques des manufacturiers, il s'agit de suivre comment la recherche de la discipline au travail s'affirme progressivement comme un élément majeur de légitimation du changement technique.
    • Le « travail physique » comme valeur mécanique (xviiie-xixe siècles) - François Vatin p. 117-135 accès libre avec résumé
      Cet article tente une synthèse de deux siècles d'une histoire croisée de la théorie physique et de la théorie économique, nouée autour du concept de « travail mécanique ». Le premier paragraphe présente la genèse de la notion de « travail » en soulignant le fondement explicitement économique, celui d'une « valeur mécanique », que lui ont donnée les ingénieurs qui l'ont élaborée au début du xixe siècle dans le cadre d'une discipline à vocation pratique : la mécanique industrielle. Le second paragraphe expose l'influence du cadre paradigmatique de la mécanique industrielle sur la pensée économique au xixe siècle. Le troisième paragraphe montre plus généralement les analogies entre les problèmes métrologiques posés par la mécanique industrielle et ceux que rencontre la théorie économique de la valeur au xixe siècle. L'exposé se conclut par quelques réflexions sur les relations épistémologiques entre économie et physique mises en valeur par cette histoire et débouche sur la question de l'économie de la nature, qui nourrit actuellement la problématique écologique.
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    • Pelloutier, Pouget, Hamon, Lazare et le retour de l'anarchisme au socialisme (1893-1900) - Guillaume Davranche p. 139-161 accès libre avec résumé
      Le socialisme européen est secoué, dans les années 1890-1893, par l'éclosion d'une aile gauche de sensibilité antiparlementaire – SDB aux Pays-Bas, Jungen en Allemagne, POSR en France. Une fraction du mouvement anarchiste va s'y intéresser et tenter une alliance voire une recomposition avec ce courant socialiste, qui permettrait de contester l'hégémonie de la social-démocratie. Du congrès de Zurich (1893) à celui de Paris (1900), un groupe de militants – Pouget, Pelloutier, Lazare, Hamon – va être au cœur de ce processus. La tentative va échouer, mais est révélatrice d'une volonté de l'anarchisme français de « retour au socialisme » à cette époque, et constitue un prélude méconnu à sa période syndicaliste.
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