Contenu du sommaire : Conflits et conflictualité dans le monde britannique (1815-1931)

Revue Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique Mir@bel
Numéro no 111, 2010
Titre du numéro Conflits et conflictualité dans le monde britannique (1815-1931)
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Le mot de la rédaction - Anne Jollet p. 3-8 accès libre
  • DOSSIER

    • Introduction - Jean Vigreux, Julien Vincent p. 11-16 accès libre
    • Le radicalisme au début du xixe siècle, ou le poids des héritages - Edmond Dziembowski p. 17-33 accès libre avec résumé
      Le radicalisme britannique postérieur à 1815 est le produit d'un faisceau d'influences plongeant en profondeur dans la culture politique britannique du xviiie siècle. En dépit des transformations que le radicalisme connaît au cours des premières décennies du xixe siècle, en particulier dans sa composition sociale, le poids des héritages reste déterminant jusqu'au vote du Great Reform Act. Le programme radical des années 1830 se présente comme le reflet fidèle de la plate-forme démocrate élaborée dès 1780 par John Cartwright. Considéré sous l'angle des moyens d'action, le radicalisme des années 1815-1832 est aussi l'héritier des méthodes mises sur pied par les pionniers du mouvement. Le recours aux pétitions aux temps forts de la campagne pour la réforme parlementaire fait écho à la campagne de Christopher Wyvill menée presque un demi-siècle plus tôt ou encore à l'action des abolitionnistes entre 1787 et 1792. Bien présente et très active dès les débuts du mouvement radical vers 1760-1770, la sphère extraparlementaire reste une donnée fondamentale du mouvement. C'est ainsi que la stratégie préconisée par Henry Hunt, visant à instaurer une instance représentative concurrente du Parlement, s'inscrit dans la droite ligne des initiatives prises par les radicaux de l'époque de la Révolution française qui entendaient réunir une Convention des délégués des sociétés populaires. Examinée dans sa globalité, des années 1760 jusqu'aux années 1830, l'histoire du radicalisme britannique laisse une impression puissante de répétition, l'essentiel ayant déjà été dit et produit entre 1770 et les années 1790.
    • « Erin Go Bragh », Comment l'Irlande nationaliste neutralise la conflictualité sociale (1820—1840) - Laurent Colantonio p. 35-50 accès libre avec résumé
      Dans les années 1820-1840, l'Irlande connaît une mobilisation nationale et populaire, inédite par sa forme et son ampleur, qui s'organise autour de la figure de Daniel O'Connell et réussit le tour de force de faire converger la plupart des contestations sociopolitiques vers un objectif unique – l'émancipation politique de la nation irlandaise. L'article propose de revenir sur le fond de ce projet nationaliste et sur les stratégies mises en œuvre, dans les discours comme dans les pratiques, par les cadres du mouvement o'connelliste afin de neutraliser certaines voix dissonantes – sociétés secrètes, syndicats, chartistes – dont les projets alternatifs étaient jugés incompatibles avec les exigences de solidarité nationale et susceptibles d'enrayer le bel engrenage de la mobilisation interclassiste.
    • Pouvoir colonial et conflictualité ouvrière. L'exemple du logement ouvrier à Bombay (1890-1920) - Vanessa Caru p. 51-62 accès libre avec résumé
      Dans la lignée de la démarche des subalternistes, cet article vise à montrer que l'état colonial en Inde n'a pas seulement été ébranlé par les revendications des élites du parti du Congrès, mais que les mouvements populaires le forcèrent aussi à de constants ajustements pour maintenir sa domination. à partir de la fin du XIXe siècle. À Bombay, les fortes mobilisations des travailleurs de la ville poussent les Britanniques à mettre en place un traitement politique de l'agitation ouvrière, par le biais de programmes de construction de logements. Ces concessions contribuent cependant à faire émerger de nouveaux terrains de conflictualité entre les autorités coloniales et les classes populaires de la ville qui ne tardent pas à les considérer comme des acquis à défendre ou à renforcer. L'analyse des mouvements relatifs à la sphère quotidienne apparaît ainsi comme aussi importante que celle portant sur les conflits du travail pour comprendre le processus de politisation des travailleurs et l'émergence de formes de mobilisation collectives.
    • Le syndicat des gens de mer contre le Péril Jaune: les ressorts d'une campagne oubliée (Royaume-Uni, printemps 1914) - Yann Béliard p. 63-79 accès libre avec résumé
      Au printemps 1914, le syndicat des marins britanniques, la NSFU, se lança dans une campagne virulente contre l'embauche de travailleurs asiatiques dans la marine marchande. En s'appuyant notamment sur les discours prononcés à Hull lors d'un meeting-phare, l'article se propose de montrer que, derrière un arsenal rhétorique au racisme grossier, des calculs tactiques plus subtils étaient à l'œuvre. Le choix de la thématique du Péril Jaune permettait en effet au leader Havelock Wilson d'apparaître aux yeux de sa base comme un opposant radical aux armateurs et à leurs pressions sur les salaires, tout en faisant au patronat maritime et à l'État des appels du pied en vue d'une future collaboration. Pour être enfin invité à la table des négociations, il fallait bien que l'état-major de la NSFU menace de déchaîner toute l'énergie de ses troupes. Mais en pratiquant la surenchère sur le terrain de la xénophobie, il s'affichait surtout comme un champion de l'union nationale et donc comme un allié potentiel dans la guerre qui s'annonçait.
    • Manabendra Nath Roy (1887-1954), « représentant des Indes britanniques » au Komintern ou la critique de l'impérialisme britannique - Jean Vigreux p. 81-95 accès libre avec résumé
      Connu sous le nom du « Brahmane du Komintern », grâce à un documentaire récent, M-N Roy a joué un rôle non négligeable dans le processus de mondialisation et surtout de lutte contre l'impérialisme britannique. Figure de l'Internationale communiste jusqu'en 1929, il s'emploie à défendre l'Inde et les peuples opprimés.
  • CHANTIERS

    • L'histoire des chaires du CNAM concernant l'Homme au travail (1900-1945) entre production de savoirs et engagement politique - Régis Ouvrier-Bonnaz p. 99-122 accès libre avec résumé
      Après avoir présenté succinctement la situation du Conservatoire National des Arts et Métiers à la fin du xixe siècle, à un moment où la question du travail devient une affaire d'État, l'article étudie l'histoire dans cet établissement des chaires d'enseignement et des laboratoires concernant les sciences de l'homme au travail. L'objectif poursuivi est de mieux comprendre les liens qui se sont tissés entre science et politique sous la iiie République autour de la question du travail et de la production de connaissances propres à ce domaine. L'étude aborde la position de l'Église et de la franc-maçonnerie et des différents acteurs politiques et scientifiques de cette histoire. L'analyse est l'occasion de préciser l'organisation actuelle des chaires traitant de l'homme au travail à l'Institut national d'étude du travail et d'orientation professionnelle.
  • MÉTIERS

  • DÉBATS

    • Critique du capitalisme et théories de la décroissance en Italie : Miseria dello sviluppo (Misère du développement) de Piero Bevilacqua - Marco Di Maggio p. 139-148 accès libre avec résumé
      Miseria dello sviluppo (Laterza Rome-Bari, 2008, éd. de poche 2009) de Piero Bevilacqua est l'une des plus récentes contributions italiennes au débat en cours sur le capitalisme contemporain, sa crise et la reconstruction d'une alternative possible à ce dernier. L'auteur, historien spécialiste de la période contemporaine, enseigne à l'université La Sapienza de Rome. Intellectuel engagé, il est l'une des figures majeures de l'univers fragmenté qu'est la gauche anticapitaliste italienne d'aujourd'hui. Dans un langage clair et discursif, il élabore une analyse de la phase actuelle du capitalisme en unissant la reconstruction historique à l'analyse politico-économique. Bevilacqua fait référence à la tradition marxiste italienne, et notamment à son versant historiographique, où sont pris en compte l'histoire économique comme le rôle joué par les idéologies et les phénomènes culturels et politiques. Mais l'auteur s'appuie également sur les récentes théories de la décroissance en les abordant de façon critique et originale.
  • LIVRES LUS