Contenu du sommaire : Histoires croisées du communisme italien et français

Revue Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique Mir@bel
Numéro no 112-113, 2010
Titre du numéro Histoires croisées du communisme italien et français
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Le mot de la rédaction - Anne Jollet p. 5-13 accès libre
  • DOSSIER

    • Histoires croisées du communisme français et italien - Marco Di Maggio p. 17-18 accès libre
    • Problèmes méthodologiques et perspectives historiographiques de l'histoire comparée du communisme - Serge Wolikow p. 19-24 accès libre avec résumé
      Jusqu'à aujourd'hui l'histoire comparée et croisée du communisme, et notamment des plus grands partis communistes de l'Europe occidentale, n'a pas été l'objet de beaucoup de travaux de recherche. À partir de la disponibilité actuelle des archives, Serge Wolikow réfléchit à l'importance de développer ce secteur historiographique nouveau qu'est l'histoire croisée des partis communistes. En effet, au-delà de la simple comparaison, les sources accessibles nouvelles nous permettent d'étudier l'histoire du communisme et des partis communistes nationaux en les situant dans une dimension continentale et mondiale. Par sa réflexion théorique, l'auteur propose plusieurs pistes de recherche possibles en ce sens.
    • PCI, PCF et la notion de « centre ». Enjeux stratégiques et questions identitaires des PC de l'Europe occidentale - Marco Di Maggio p. 25-44 accès libre avec résumé
      L'article envisage, dans une perspective d'histoire comparée, les évolutions parallèles des PC italien et français de 1956 à la fin des années 1970. Les révélations faites par Khrouchtchev lors du XXe Congrès amorcent des trajectoires idéologiques et stratégiques fort différentes. Cependant, ces trajectoires peuvent être analysées comme étant les deux pôles du même processus d'évolution et de crise du communisme en Europe occidentale. À partir de 1956, le PCI opte pour une perspective européenne à distance de Moscou et engage un dialogue avec les mouvements de libération ; le PCF reste solidaire de la politique étrangère soviétique. à la fin des années 1960, la crise tchécoslovaque oblige les PC italien et français à des recentrements nationaux fondés sur des perspectives sérieuses d'arriver au gouvernement. Mais la formulation d'une vision eurocommuniste ne s'est finalement jamais traduite concrètement malgré un rapprochement des deux PC.
    • Le PCF et le PCI face à Khrouchtchev (1953-1964) - Roger Martelli p. 45-55 accès libre avec résumé
      L'article explore, dans un mouvement comparatiste, les réceptions du rapport Khrouchtchev au sein des partis communistes français (PCF) et italien (PCI). En France, Thorez est à la tête d'une structure politique qui doit conjuguer fidélité à l'expérience russe (conçue comme système) et tradition révolutionnaire nationale. Le PCF doit par ailleurs faire face à une situation de concurrence à gauche et se trouve dans une posture défensive. Le PCI est plus ouvert aux voies d'explorations politiques neuves. En Italie, Togliatti, responsable du PCI, incarne une culture politique nouvelle et postfasciste. Les deux dirigeants communistes n'ont, en outre, pas les mêmes positions au sein de leur parti : Thorez dispose d'un magistère sans partage, Togliatti doit négocier avec des contestations internes.
    • Histoire d'une rencontre manquée : PCF et PCI face au défi de la construction communautaire (1947-1964) - Sante Cruciani p. 57-76 accès libre avec résumé
      Dans cet article, l'auteur s'attache à reconstruire les positionnements des partis communistes italien et français face aux premiers temps du processus d'intégration européenne. Sante Cruciani montre que les positions des deux partis pendant la guerre froide étaient essentiellement analogues. Le PCF comme le PCI considéraient toute collaboration et intégration économique et politique de l'Europe comme une partie intégrante de l'hégémonie nord-américaine sur le Vieux Continent et comme une tentative des Etats-Unis de reconstruire la puissance allemande. La situation changea avec la mort de Staline, la déstalinisation khrouchtchévienne et le début de la détente internationale. à partir de ce moment, le PCI de Togliatti, mais aussi la CGIL, commencèrent à prendre de plus en plus en considération l'espace européen comme une dimension importante de leur propre stratégie. Au contraire, le PCF et la CGT continuèrent à refuser toute perspective européenne. à partir du milieu des années cinquante commença à s'instaurer entre les deux PC un rapport qui fit alterner des périodes de rapprochement et d'éloignement. Ce rapport était conditionné par la situation nationale, européenne, mais aussi par celle du mouvement communiste international.
    • Le PCI, le PCF et les luttes anticoloniales (1955-1975) - Marco Galeazzi p. 77-97 accès libre avec résumé
      Marco Galeazzi analyse un aspect particulier mais fondamental pour comprendre la stratégie internationale du PCF et du PCI, celui des lectures faites des luttes coloniales. Il reconstruit sur un arc chronologique large les différents aspects de la stratégie des deux PC face aux luttes anticoloniales, en liant les dimensions nationales à celles de l'appartenance au mouvement communiste international et à celle du poids des intérêts de la politique de l'URSS.
    • Le PCF et le PCI face au mouvement étudiant de 1968 - Giulia Strippoli p. 99-112 accès libre avec résumé
      Le PCF et le PCI sont tous les deux pris à contre-pied par le mouvement étudiant de 1968. Les luttes que le deux partis n'avaient pas cessé d'invoquer dans les années soixante éclatent finalement dans des formes et avec des mots d'ordre qui ne sont pas ceux des communistes. Dans cet article, l'auteure reconstruit la réaction des deux partis communistes face aux étudiants comme protagonistes nouveaux des luttes sociales. Elle fait une comparaison entre les langages et les stratégies du PCF et du PCI face au mouvement étudiant de 1968. à travers cette analyse, Giulia Strippoli met en lumière les différences culturelles existant à ce moment-là entre les deux partis.
    • Washington et la « réformabilité » du communisme dans les années soixante-dix - Giorgio Caredda p. 113-138 accès libre avec résumé
      L'engagement soviétique dans la détente des années 1970 est jugé avec une certaine circonspection par les services secrets et diplomatiques américains. L'article étudie l'évolution des prises de position américaines quant à l'influence communiste en Europe. Kissinger reste longtemps persuadé du double jeu soviétique dans la détente : l'objectif de Moscou serait d'entraver le potentiel militaire américain. Le rapprochement de Washington avec la Chine communiste témoigne de la prudence américaine sur le sujet. Ce contexte géopolitique complexe sert de toile de fond à une évaluation sans cesse actualisée du rôle des partis communistes en Europe occidentale. Leur indépendance vis-à-vis de Moscou est perçue des deux côtés comme un danger : les Américains redoutent leur montée en puissance et leur possible arrivée au pouvoir et les Soviétiques craignent qu'ils n'ouvrent une perspective marxiste de gouvernement à l'écart de la leur. La normalisation progressive du PC italien et son intégration dans le jeu politique dissipe en partie les inquiétudes américaines.
    • Le PCF et l'Union de la gauche vus par le PCI - Marco Di Maggio p. 139-149 accès libre avec résumé
      Le rapport présenté par Giancarlo Pajetta au Bureau politique du PCI sur son séjour en France lors des élections législatives de 1973 fournit une perspective novatrice sur le PC français, ses forces et ses faiblesses, ainsi qu'une comparaison avec le PCI. Pajetta souligne le centralisme bureaucratique, l'absence de démocratie interne et le désintérêt pour les questions internationales des dirigeants communistes français. Il pointe également le monolithisme idéologique très éloigné de la diversité italienne nourrie du gramscisme. La campagne pour les législatives de 1973 lui permet de souligner le double discours des dirigeants sur la possible victoire de la gauche et le désenchantement des militants qui s'ensuit. La mise à l'écart des mouvements gauchistes et la quasi-autonomie (malgré l'Union de la gauche) vis-à-vis du Parti socialiste témoignent principalement de la peur du PCF de perdre le leadership à gauche. Le diagnostic de Pajetta, qui annonce la crise future du PCF, pointe enfin l'absence de questionnement sur les institutions et le retard concernant la politique étrangère.
    • Archives
      • Les archives du Parti communiste français. Les relations entre le PCF et le PCI dans les années 60 et 70 - Pierre Boichu p. 151-165 accès libre avec résumé
        Dans les deux textes de cette rubrique, Pierre Boichu, archiviste aux archives départementales de Seine-Saint-Denis, et Cristiana Pipitone, archiviste à la Fondation Institut Gramsci de Rome, présentent une partie du patrimoine archivistique du PCF et du PCI. Notamment, ils s'attachent à décrire les fonds les plus intéressants du point de vue de l'histoire comparative et croisée des deux partis. En présentant ces archives, les auteurs ouvrent aussi de nouvelles pistes de recherche.
      • Les archives du Parti communiste italien - Cristiana Pipitone p. 166-176 accès libre avec résumé
        Dans les deux textes de cette rubrique, Pierre Boichu, archiviste aux archives départementales de Seine-Saint-Denis, et Cristiana Pipitone, archiviste à la Fondation Institut Gramsci de Rome, présentent une partie du patrimoine archivistique du PCF et du PCI. Notamment, ils s'attachent à décrire les fonds les plus intéressants du point de vue de l'histoire comparative et croisée des deux partis. En présentant ces archives, les auteurs ouvrent aussi de nouvelles pistes de recherche.
    • Table ronde
  • CHANTIERS

    • L'abolition du crime de sodomie en 1791 : un long processus social, répressif et pénal - Thierry Pastorello p. 197-208 accès libre avec résumé
      L'abolition du crime de sodomie en 1791 résulte d'un long processus social et répressif. D'abord, on observe un glissement dans la définition de sodomie, qui vers la fin du xviiie siècle désigne globalement l'homosexuel masculin. D'autre part, on observe au cours du xviiie siècle une mutation des discours sur les pratiques sexuelles et affectives entre hommes. Celles-ci sont analysées dans le cadre d'un débat sur la nature. De même, l'apparition de la sodomie masculine dans la littérature licencieuse semble bien avoir pour motivation de distinguer des plaisirs ressentis particuliers. D'autre part, le crime de sodomie est très rarement appliqué : pour sodomie pure, la dernière fois en 1750. La répression policière prend le dessus, dans un contexte de visibilité des subcultures sodomites. Finalement l'abolition du crime de sodomie en 1791 consacre une évolution faisant passer la sodomie d'un acte interdit à un personnage stigmatisé.
  • MÉTIERS

    • Transmettre l'Histoire
      • Bientôt un dictionnaire Maitron des anarchistes - Guillaume Davranche p. 211-213 accès libre avec résumé
        La célèbre collection de dictionnaires biographiques du mouvement ouvrier créée par Jean Maitron s'est ouverte à de nouveaux développements chronologiques (l'après-guerre), géographiques et thématiques. Dans le cadre du volet thématique de ses publications, elle va s'enrichir d'une nouvelle production, entièrement consacrée aux militantes et aux militants libertaires.
      • L'empreinte communiste dans la société française (1920-2010) - Marco Di Maggio p. 215-224 accès libre avec résumé
        Roger Martelli vient de publier un livre sur L'empreinte communiste dans la société française, de la création du PCF à nos jours. Dans l'interview qui suit, Marco di Maggio, auteur d'une thèse récente sur l'histoire du communisme français, discute avec l'auteur de différentes problématiques développées dans cet ouvrage, notamment des raisons historiques de la montée et de la crise du communisme en France.
  • DÉBATS

    • Une histoire mondiale des peuples noirs - Chloé Maurel p. 227-235 accès libre avec résumé
      Patrick Manning, spécialiste de l'histoire de l'Afrique, un des pionniers de l'histoire mondiale et de l'histoire globale, professeur d'histoire mondiale à l'Université de Pittsburgh et directeur de son Centre d'histoire mondiale (créé sous son impulsion 1994), auteur du manuel d'histoire mondiale Navigating World History (2003) et président du Réseau d'histoire mondiale (World History Network), aborde ici ce que, depuis les années 1950, on a appelé les Black Studies.
  • LIVRES LUS