Contenu du sommaire : Réceptions de Marx en Europe avant 1914

Revue Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique Mir@bel
Numéro no 114, 2011
Titre du numéro Réceptions de Marx en Europe avant 1914
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Le mot de la rédaction - Anne Jollet p. 3-8 accès libre
  • DOSSIER

    • Introduction. Réceptions de Marx en Europe avant 1914 - Jean-Numa Ducange p. 11-17 accès libre
    • Les premiers éditeurs de Marx et Engels en France (1880-1901) - Jacqueline Cahen p. 20-37 accès libre avec résumé
      L'étude des premiers éditeurs des traductions de Marx et d'Engels contribue à celle de la réception de leurs œuvres, en un temps où commence l'édification d'un marxisme politique français – un processus qui n'est pas sans échos dans les milieux intellectuels. Mais on a là également des éléments qui intéressent l'histoire de l'édition, sur les rapports des éditeurs avec les idées et les organisations politiques. Alors que le militantisme socialiste prime chez les petits éditeurs, à la situation précaire, des années 1880, la publication des textes de Marx et d'Engels est assurée à la fin du siècle par des éditeurs universitaires reconnus qui sont aussi des pionniers dans l'édition des sciences sociales. En inscrivant les ouvrages des deux théoriciens socialistes sous la rubrique « sociologie » de leurs catalogues, ils encouragent leur reconnaissance académique. Tandis que, derrière la vive concurrence qui oppose ces éditeurs pour la parution de Marx et d'Engels, se dessine la lutte idéologique des divers réseaux militants auprès desquels s'engagent ces maisons.
    • L'orthodoxie marxiste de la SFIO : à propos d'une fausse évidence (1905-1914) - Vincent Chambarlhac p. 39-50 accès libre avec résumé
      Il est une évidence dans la littérature sur la SFIO de la Belle époque, la systématique suspicion portée sur son marxisme. Ce doute trouve dans la formule du marxisme introuvable sa pierre de touche, propre au contexte historiographique des années 1970 mais finalement toujours pérenne par le rabat du débat de la IIe Internationale autour du révisionnisme sur le réformisme français. Toujours l'hypothèse se rapporte à la pureté du texte, nonobstant les traductions, les médiations. Un détour par un questionnement issu de l'histoire de l'édition décentre le questionnement. Il s'agit là d'envisager les tentatives de publications de Marx par la SFIO dans l'horizon du marxisme pensé comme langage commun des socialistes français entre eux, dans leur rapport à l'Internationale. Dans cet horizon, certes le marxisme peut, de manière philologique, toujours s'entendre introuvable. Restent une perspective, des propositions, des tentatives, qui toutes indiquent un rapport au marxisme. Point de surmoi marxiste donc pour cette SFIO de la Belle époque, mais l'espérance d'un langage commun à l'Internationale dont le marxisme serait la grille. La Grande Guerre congédie cet horizon.
    • La réception du marxisme par le socialisme espagnol - Michel Ralle p. 51-71 accès libre avec résumé
      Il s'agit de rendre compte du contraste entre la précocité des contacts du socialisme espagnol avec le courant marxiste, et en particulier avec Lafargue puis avec le guesdisme en formation, et la maigreur persistante, au moins jusqu'au premier conflit mondial, de la réflexion sur les thèmes centraux du marxisme dont le parti ouvrier espagnol est, à quelques exceptions passagères près, la seule instance de diffusion. L'apparente raideur de sa reproduction de la thématique des vulgates marxistes a ainsi beaucoup à voir avec la culture politique qui s'est élaborée dans les milieux ouvriers espagnols à partir de la mise en place d'une fédération de l'AIT dont les schémas donnent la priorité à la défense d'une identité purement sociale.
    • Chronique d'un non-lieu: le marxisme en Grande-Bretagne - Emmanuel Jousse p. 73-97 accès libre avec résumé
      La faiblesse de la diffusion du marxisme en Grande-Bretagne avant la Grande Guerre est un trait constaté par les contemporains, vérifié par les historiens, qui participe de la spécificité du travaillisme. Un examen plus approfondi de la question permet en réalité de mesurer l'importance de chronologies différenciées qui, toutes ensemble, empêchent le marxisme de devenir le discours commun du socialisme anglais. Les idées de Marx peinent à s'implanter parce qu'elles sont assez peu adaptées aux réalités politiques et sociologiques du monde ouvrier anglais, qui dispose déjà d'autres cadres d'interprétation pour expliquer son expérience historique. De plus, les partis ouvriers anglais qui apparaissent dans les années 1880 sont éclatés et ne permettent pas à une doctrine marxiste de devenir centrale. Enfin, celle-ci ne peut pas s'appuyer sur une traduction autorisée, dans la mesure où les textes de Marx sont disputés entre des groupes concurrents qui cherchent à asseoir leur légitimité. Le non-lieu britannique peut donc servir, plus généralement, à une histoire de la diffusion du marxisme en Europe en mettant en valeur trois conditions nécessaires : le monde ouvrier doit partager une expérience commune de l'industrialisation et de ses extrêmes, sans disposer pour autant de schémas interprétatifs convenus. Dans cet interstice, le marxisme parvient à s'implanter s'il est porté par un groupe politique qui entreprend sa diffusion à large échelle. Celle-ci, enfin, est possible s'il n'existe qu'un seul canon légitime des textes produits par des traducteurs autorisés.
    • Publications récentes en français sur Marx et l'histoire du marxisme (depuis 2005) - Jean-Numa Ducange accès libre
    • Les traductions et publications de Karl Marx et Friedrich Engels en français avant 1914 - Jean-Numa Ducange accès libre
  • CHANTIERS

    • Woodrow Wilson, L'Humanité et la SFIO, décembre 1918-juin 1919 - Dominique A. Laurent p. 101-113 accès libre avec résumé
      La venue en France du président des Etats-Unis, Woodrow Wilson, en décembre 1918 afin de participer à la conférence de la paix fut un événement sans précédent. C'était la première fois, en effet, qu'un président américain en exercice se rendait dans un pays étranger. Le rôle joué par Wilson dans l'élaboration du Traité de Versailles a fait l'objet de nombreuses études. On connaît bien en particulier les conflits qui l'opposèrent à Georges Clemenceau et les compromis qui en sont issus. Ce qui est en revanche relativement moins connu est le rôle joué, à cette occasion, par le président des Etats-Unis dans une étape importante de l'histoire du mouvement socialiste en France. En effet, le soutien apporté par la SFIO aux thèses américaines a, dans un premier temps, permis aux socialistes français de retrouver leur unité. Mais les concessions que Wilson fut forcé de faire face aux exigences de Clemenceau amenèrent la majorité des leaders de la SFIO à abandonner les thèses du président américain et à reporter leurs espoirs de paix sur la Troisième Internationale. S'appuyant sur une sélection d'articles, d'éditoriaux et de documents iconographiques, cet article examine l'évolution de la pensée politique de certaines personnalités de la SFIO entre novembre 1918 et juin 1919, évolution qui aboutit, en décembre 1920, au congrès de Tours et à la naissance du Parti communiste français. Cette recherche s'inscrit dans le cadre d'un projet plus vaste qui vise à analyser l'image du président Wilson à travers la presse française et à montrer ce que l'évolution de cette image révèle sur la mentalité des Français de l'immédiat après-guerre, toutes tendances politiques confondues.
  • MÉTIERS

    • Transmettre l'Histoire
      • « Nantes-Histoire» - Alain Croix, Philippe Daumas p. 119-132 accès libre avec résumé
        Depuis plus de vingt ans, l'association «Nantes-Histoire» propose à un large public des activités variées: cours, ateliers, rencontres citoyennes, avec l'objectif de faire sortir l'Histoire du cercle restreint des universitaires et de permettre à de simples citoyens de s'approprier cet instrument incomparable de compréhension du monde et des problèmes de notre société. Alain Croix, professeur émérite à l'université de Rennes-2, co-fondateur et ancien président de cette association, a bien voulu nous confier ses réflexions sur une expérience particulièrement riche et originale. Il précise dans quelles conditions l'association a été créée, rappelle ses objectifs, et pose un regard sans complaisance sur ses multiples activités, soulignant ses réussites sans masquer ses échecs ou ses faiblesses, en un bilan critique finalement très positif. L'interview a été réalisée par Philippe Daumas lors des «Rendez-vous de l'Histoire» à Blois, le 16 octobre 2010.
    • Aux sources de l'Histoire
  • DÉBATS

    • Bad-Godesberg dans le langage social-démocrate en 1959 - Karim Fertikh p. 137-151 accès libre avec résumé
      « Bad-Godesberg » est un congrès mythique du Parti social-démocrate allemand: le congrès de la rupture avec le marxisme. En 1959 cependant, lorsqu'est voté le nouveau programme fondamental du SPD, les rapports du « socialisme démocratique » et du marxisme ne sont pas fixés dans ces termes. Notamment, les dirigeants du Parti continuent à revendiquer le marxisme, à contester ses usages par le Parti socialiste unifié (SED) d'Allemagne de l'Est. Des sociaux-démocrates, y compris les dirigeants du Parti, disent Bad-Godesberg dans le langage marxiste. Lors du congrès, l'enjeu est bien de ne pas dilapider l'héritage du SPD et de marquer la fidélité du Parti à sa tradition, y compris marxiste. Bad-Godesberg n'est pas présenté comme une rupture du SPD avec lui-même, ni avec le marxisme. Le sens de Bad-Godesberg comme rupture ne se fixe que postérieurement.
  • LIVRES LUS