Contenu du sommaire : Homosexualités européennes (XIXe-XXe siècles)
Revue | Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique |
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Numéro | no 119, 2012 |
Titre du numéro | Homosexualités européennes (XIXe-XXe siècles) |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Le mot de la rédaction - Anne Jollet p. 3-8
DOSSIER
- Introduction - Sylvie Chaperon, Christelle Taraud p. 11-18
- Homosexualité et vie intime en Angleterre à la fin du XIXe siècle - Sharon Marcus
- Modernités et homosexualités belges - Wannes Dupont p. 19-34 Cet article propose de réévaluer l'histoire des homosexualités à partir du cas belge. Le cas belge apporte des observations qui semblent être en désaccord avec la production discursive d'une notion médicale et « moderne » de l'homosexualité dans « l'Occident » entier à la fin du xixe siècle. Il sera question d'examiner comment on peut dépasser des épithètes souvent réductrices comme « moderne » et « occidental » pour servir une historiographie plus diversifiée et moins apte à reproduire une narratologie assez unidirectionnelle de l'histoire des (homo)sexualités.
- Le journal de Mireille Havet (1898-1932), source pour une histoire des sexualités lesbiennes et féminines en France, de la Belle Époque aux Années folles - Emmanuelle Retaillaud-Bajac p. 35-49 Découvert par hasard en 1995, le journal intime de l'écrivaine Mireille Havet (1898-1933) s'est révélé une source de premier ordre pour l'histoire du lesbianisme et de la sexualité féminine. Tenu de 1913 à 1929, riche de plusieurs millions de signes, il déploie toute la palette des sentiments et des désirs d'une femme sans tabou, dans un style d'une grande richesse et d'une liberté jusque-là inégalée. Instituant, en résonance avec les bouleversements du premier xxe siècle et le phénomène « garçonne », une nouvelle écriture de la sexualité, il invite à penser le lien entre l'individuel et le singulier, entre document d'exception et porte-voix de nouvelles normes, de nouveaux comportements.
- Des amours bisexuelles dans le Paris des années 1920 aux années 1940 : le parcours de Charlotte - Anne-Claire Rebreyend p. 51-64 Cet article s'appuie sur le récit autobiographique de Charlotte, qui relate un parcours amoureux bisexuel dans le Paris des années 1920 aux années 1940. Il permet de s'interroger sur la nature des sources et les méthodes mises en œuvre pour faire l'histoire des pratiques bisexuelles. Il conduit aussi à réfléchir à la notion d'identité sexuelle. Enfin, il brosse un tableau de la liberté des mœurs sexuelles dans le milieu bourgeois-bohème parisien.
- Le « milieu » homosexuel suisse durant la Seconde Guerre mondiale - Thierry Delessert p. 65-78 Cette contribution s'intéresse à l'existence de lieux de sociabilité helvétiques entre hommes qualifiés comme étant homosexuels ou encore homoérotes selon le point de vue militant. Dans un pays resté neutre au cours de la Seconde Guerre mondiale et replié sur lui-même par « Défense nationale », fédéral depuis 1848 en unifiant trois cultures linguistiques, la capitale économique, Zürich, ressort sans conteste comme étant celle de l'homosexualité. Aussi cet article expose-t-il les conditions pénales expliquant l'existence dans cette ville de l'unique association homosexuelle qui va perdurer au-delà du conflit mondial. Il analyse aussi son mode de fonctionnement et revendicatif excluant progressivement les femmes de son sein. Toutefois, le monde associatif ne représente que la surface des événements, et cette étude s'attache à montrer les fortes différences existant selon les régions : la Zürich de la guerre ne s'est pas substituée au Berlin d'avant 1933, et les contrées latines, bien que profondément influencées par le code Napoléon, n'apparaissent pas comme des enclaves de liberté. Tolérance sociale relative et discrétion volontaire des intéressés, tels sont les mécanismes de cette histoire.
- La trajectoire révolutionnaire du militantisme homosexuel italien dans les années 1970 - Massimo Prearo p. 79-97 Le militantisme homosexuel révolutionnaire italien des années 1970 constitue un exemple particulièrement stimulant qui illustre la complexité des pratiques auxquelles l'activisme homosexuel a donné lieu dans l'histoire récente. Autour des tensions entre idéologie révolutionnaire et stratégies réformistes, se jouent la création d'espaces d'expérimentation culturelle et existentielle, la circulation de discours dissidents et la concrétisation de pratiques collectives d'autoconscience. Peu enclin à une approche revendicative en termes d'égalité des droits, cet archipel militant homosexuel prône, au contraire, une politique de l'expérience.
CHANTIERS
- L'influence du Vatican et des réseaux catholiques à l'Unesco (1945-1974) - Chloé Maurel p. 101-120 Dès la création de l'Unesco en 1945, le Vatican a œuvré pour devenir une force d'influence au sein de cette organisation culturelle internationale. Cet article retrace les moyens et les réseaux utilisés par le Vatican pour exercer son influence sur l'Unesco et montre avec quelle efficacité les services pontificaux ont infléchi dans un sens procatholique plusieurs programmes de l'Unesco, comme le vaste projet éditorial de l'Histoire de l'Humanité.
- L'influence du Vatican et des réseaux catholiques à l'Unesco (1945-1974) - Chloé Maurel p. 101-120
MÉTIERS
Aux sources de l'Histoire
- Sur les publications des archives départementales - Pierre Crépel p. 123-125
Transmettre l'Histoire
- Des nations obscures. Une histoire populaire du tiers monde, de Vijay Prashad - Chloé Maurel p. 127-137
DÉBATS
- Histoire africaine de langue française et mondialisation - Catherine Coquery-Vidrovitch p. 141-152 Aujourd'hui la plupart des historiens français rejettent le concept d'africanisme, pour des raisons semblables au rejet par Edward Said de l'Orientalisme, ou par Valentin Mudimbe de l'invention de l'Afrique. Plusieurs générations d'historiens africains formés aux Écoles de Dakar, de Dar es Salaam, ou d'Ibadan, nous rappellent désormais que ce que nous, Occidentaux, pensons être évident est loin de l'être pour l'Autre, et inversement. Même si le manque de ressources et la fuite des cerveaux pèsent sur les centres africains de recherche, les historiens africains de l'Afrique et de la diaspora sont désormais beaucoup plus nombreux que les Français. Les études africaines ne sont plus unilatérales. Elles sont aussi afrocentrées (ce qui ne signifie pas afrocentriques). C'est ce que rappellent les analyses dites postcoloniales.
- Histoire africaine de langue française et mondialisation - Catherine Coquery-Vidrovitch p. 141-152
LIVRES LUS
Lectures des homosexualités
L'Histoire en cours
Histoire pour la jeunesse