Contenu du sommaire : Les libéralismes en question (XVIIIe-XXIe siècles)

Revue Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique Mir@bel
Numéro no 123, 2014
Titre du numéro Les libéralismes en question (XVIIIe-XXIe siècles)
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Le mot de la rédaction - Anne Jollet p. 5-9 accès libre
  • DOSSIER

    • La double défaite du libéralisme - Anne Jollet, Jérôme Lamy p. 13-19 accès libre
    • Montesquieu et le « doux commerce » : un paradigme du libéralisme - Catherine Larrère p. 21-38 accès libre avec résumé
      Le « doux commerce » décrit par Montesquieu n'a rien d'une doctrine. Tout au plus s'agit-il d'un mécanisme social qui ne dit rien de la qualité morale de ceux qui commercent. Catherine Larrère reprend le fil tissé par Montesquieu pour repenser la généalogie de son paradigme libéral. Il n'y a pas de volonté, chez Montesquieu, de proposer des lois universelles ; mais plutôt de comprendre des logiques locales, des règles spécifiques. Il s'ensuit que le libéralisme de Montesquieu ne fait pas appel à une anthropologie réductrice et qu'il est d'abord un positionnement politique (bien plus qu'économique) dégagé d'un gouvernement par la peur.
    • Montesquieu, Tocqueville, Boudon : comment écrire l'histoire du libéralisme ? - Christian Laval p. 39-56 accès libre avec résumé
      Christian Laval montre ici comment la doxa idéologique favorable au libéralisme met à son service des ancêtres intellectuels prestigieux. Il illustre ce courant de pensée par les analyses de Raymond Boudon et montre comment ce dernier lit Montesquieu et Tocqueville comme des références légitimantes exprimant l'incontestable puissance théorique du libéralisme, fondé sur l'individualisme. À l'opposé de cette approche, Christian Laval resociologise les pensées de Tocqueville comme de Montesquieu, les analysant pour elles-mêmes, dans leur contexte historique de production, leur rendant leurs contradictions et la diversité de leurs apports aux lectures de notre présent.
    • Les sources libérales de la biopolitique - Jérôme Lamy p. 57-72 accès libre avec résumé
      Défini par Michel Foucault comme une « technologie de pouvoir », le libéralisme s'articule à la biopolitique dans un mouvement que cet article s'efforce de reconstituer. Visant le contrôle des populations par une « frugalité gouvernementale », le libéralisme s'appuie sur des soutènements naturalistes et un déploiement maximal de la force marchande. La philosophie historique de Michel Foucault permet de pointer, derrière les pratiques politiques du libéralisme, l'asservissement du plus grand nombre aux forces du marché. Le dressage des énergies aux fins d'une maximisation des profits passe par une biopolitique faisant des corps la pierre de touche des économies marchandes. Le libéralisme est d'abord un conservatisme, opposé à toutes les formes d'émancipation.
    • Le « moment utilitaire » ? L'utilitarisme en France sous la Restauration - Emmanuelle De Champs p. 73-89 accès libre avec résumé
      La vie politique de la Restauration a souvent été présentée comme un moment fondateur dans l'histoire du libéralisme français. Pourtant, les historiens des idées politiques passent sous silence la réception française de l'utilitarisme anglais. Au cours des années 1820, autour de la figure de Jeremy Bentham, le radicalisme philosophique joue un rôle majeur, aux côtés du whiggisme, dans la redéfinition des termes de la vie politique britannique. Anglophiles, les libéraux français n'ignorent rien de ces débats et prennent position : si Madame de Staël et Benjamin Constant finissent par condamner les postulats utilitaristes, La Fayette et Jean-Baptiste Say, par exemple, entretiennent des liens étroits avec Bentham et ses disciples. Dix ans plus tard, Tocqueville se fera l'écho de l'ambivalence des libéraux français vis-à-vis de l'utilitarisme. à la fin du siècle, Élie Halévy opposera strictement un libéralisme français des droits de l'homme à un libéralisme anglais de l'utilité, contribuant à occulter durablement le rôle joué par l'utilitarisme dans la vie politique française de la chute de Napoléon à la Révolution de Juillet.
    • Du Mont-Pélerin à la Maison-Blanche. Chronique succincte du mouvement néolibéral - Jérémy Perrin p. 91-111 accès libre avec résumé
      La vague intellectuelle qu'on appelle néolibéralisme est née du renouveau, au second tiers du XXe siècle, de la tradition libérale classique. Dominé par la figure de Friedrich Von Hayek, ce mouvement aura d'abord œuvré dans l'opposition, voire la marginalité, en termes politiques mais aussi intellectuels. À la faveur d'appuis importants dans la sphère économique, cette famille de pensée est cependant parvenue à s'imposer à la fin du siècle comme un véritable sens commun. Cet article présente les étapes essentielles de ce processus de conquête intellectuelle et politique. Il propose également certaines explications structurelles de cette diffusion, en soulignant notamment le rôle de la convergence technologique entre les grandes zones de la production mondiale.
  • CHANTIERS

    • Clarté (1919-1928) : du refus de la guerre à la révolution - Alain Cuénot p. 115-136 accès libre avec résumé
      Diverses formes de résistance à la guerre et de rejet de l'ordre capitaliste s'expriment avec force parmi les intellectuels combattants regroupés autour d'Henri Barbusse au sein de la revue Clarté dans l'immédiat après-guerre. Leurs cris de révolte contre un gouvernement et un état-major qui les ont précipités dans le chaos de 1914-1918 débouchent sur un révolutionnarisme contestataire. Tournant leurs regards vers la révolution bolchevique victorieuse, tirant les leçons de la Troisième Internationale, ils se situent très tôt parmi les sympathisants du PCF naissant. Leur démarche politique et culturelle repose sur un antipatriotisme et un anticapitalisme ambitieux qui jamais ne faiblit tout au long des années d'existence de Clarté de 1919 à 1928. Leur idéalisme prolétarien, leur soif de radicalité révèlent une conscience politique et artistique d'une richesse insoupçonnée. La violence des réquisitoires dressés à l'encontre des représentants du parlementarisme bourgeois qui ont engendré la guerre et ses massacres traduit la profondeur et la férocité de leurs ressentiments comme soldats des tranchées. Tout au long de cette expérience inédite, les écrivains soldats se sont appliqués, malgré les obstacles surgis sur leurs routes comme l'opposition du PCF en pleine bolchevisation en 1926, ou l'arbitraire de Moscou placé sous l'autorité de Staline, à servir avec constance la cause de l'intelligence révolutionnaire et du prolétariat.
  • MÉTIERS

  • DÉBATS

    • Recherche historique et engagement militant : les Cahiers d'histoire de l'Institut Maurice Thorez dans le dispositif culturel du PCF - Marco Di Maggio p. 165-186 accès libre avec résumé
      Cet essai reprend en partie une étude sur le rôle des intellectuels dans le Parti communiste français dans les années soixante et soixante-dix, publiée en mars 2013 aux Éditions sociales sous le titre Les intellectuels et la stratégie communiste. Une crise d'hégémonie (1958-1981). Dans cet article, l'auteur reconstruit le rôle des Cahiers d'histoire de l'Institut Maurice Thorez puis de l'Institut de recherches marxistes dans le dispositif culturel du PCF depuis 1972, année de naissance de la revue, jusqu'au début des années 1980. La relation entre la production historiographique des Cahiers et l'évolution de l'identité du communisme français est analysée en même temps que le lien entre la politique et l'engagement militant des intellectuels à travers les fluctuations de la politique de l'Union de la gauche.
  • LIVRES LUS

    • Sur la Guerre d'Algérie
  • UN CERTAIN REGARD

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