Contenu du sommaire : Pour en finir avec le socialisme "utopique"

Revue Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique Mir@bel
Numéro no 124, 2014
Titre du numéro Pour en finir avec le socialisme "utopique"
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Le mot de la rédaction - Anne Jollet p. 5-10 accès libre
  • DOSSIER

    • Introduction : « Socialistes utopiques », les mal-nommés - Nathalie Brémand p. 13-24 accès libre
    • L'internationalisation de la question sociale au cours du premier XIXe siècle : de l'internationalisme des « utopistes » à l'Association internationale des - Olivier Chaïbi p. 25-44 accès libre avec résumé
      Les histoires récentes des pensées liées au socialisme au XIXe siècle ont permis de revenir sur de nombreux postulats marxistes, notamment l'opposition entre socialismes scientifiques et socialismes utopistes. Plus globalement, le terme même de socialisme est réinterrogé par la relecture de ceux qui furent considérés comme ses fondateurs. En soulignant l'intérêt des apports historiographiques récents, cet article a pour objet de revenir sur quelques polémiques de l'histoire du socialisme (la place des femmes, le rapport à la colonisation), mais surtout de sortir des cadres nationaux pour ébaucher quelques cheminements intellectuels de la question sociale à travers l'Europe, voire le monde. À travers les parcours et les échanges de quelques penseurs qualifiés par Karl Marx d'utopistes (Owen, Saint-Simon, Fourier), on constate que ces pensées ont joué un rôle prépondérant dans la mise en place d'associations internationales de travailleurs. Et si elles visaient également la suppression des antagonismes de classes et la justice sociale, les moyens qu'elles proposaient pour y parvenir, par leur pacifisme, leur rejet de l'autoritarisme ou l'association des droits individuels aux droits sociaux, étaient souvent aux antipodes de la pensée marxiste.
    • Penser l'impôt au XIXe siècle. Controverses fiscales et contributions saint-simoniennes dans la France des années 1830 - Clément Coste p. 45-62 accès libre avec résumé
      Cet article ambitionne de questionner le rapport que les disciples de Saint-Simon entretiennent avec la question fiscale. À l'aube de la monarchie de Juillet, les préceptes révolutionnaires en matière d'impôt sont relégués au rang des principes de jadis. Il est alors intéressant de rendre compte des réactions saint-simoniennes au sein d'une société en pleine ébullition où se mêlent héritage révolutionnaire, restaurations monarchiques et révolution industrielle. Le nouvel ordre économique prophétisé par les saint-simoniens consacre finalement l'emprunt au détriment de l'impôt. Certains dissidents occupés à « édifier » la toute jeune république ne partagent pas les conséquences fortes de ce système.
    • Travailler chez les fouriéristes : du travail « attrayant » à la participation aux bénéfices - Bernard Desmars p. 63-77 accès libre avec résumé
      L'article concerne le travail, non tel qu'il est prévu dans les communautés phalanstériennes imaginées par Fourier, mais tel qu'il est pratiqué dans les entreprises dirigées par quelques-uns de ses disciples. En effet, si la faible longévité des communautés phalanstériennes est souvent mise en avant, plusieurs entreprises fondées par des fouriéristes ont connu une existence de plusieurs décennies : outre la fabrique de poêles par Godin à Guise, l'établissement créé à la fin des années 1820 par Jean Leclaire et la coopérative Le Travail établie en 1882 par Henry Buisson. De façon générale, les dirigeants de ces entreprises modifient peu l'organisation du travail. Leurs convictions fouriéristes se traduisent principalement par la volonté « d'associer capital, travail et talent », selon la formule de Fourier, d'abord par la participation des salariés aux bénéfices, puis au capital et à la direction de l'entreprise.
    • Les premiers socialistes français, la question coloniale et l'Algérie - Jean-Louis Marçot p. 79-95 accès libre avec résumé
      Après avoir évoqué la formation en France, à l'issue de la Révolution, d'un nouveau projet colonial débarrassé de l'esclavage, l'auteur s'applique à montrer comment la création de l'Algérie (par la conquête et la colonisation de la Régence d'Alger) s'inscrit dans ce projet, et comment les premiers socialistes y participent. Combattant les libéraux alors opposés au nom de l'économie politique, ils s'engagent en faveur d'une « Algérie française » qui, à leurs yeux, offre la possibilité d'expérimenter et de vérifier la supériorité de l'association, de créer des emplois et des ressources nouvelles pour l'industrie et l'agriculture, de contribuer à la mise en valeur de la planète au titre de « l'exploitation du globe ». De nombreuses preuves et exemples de cet engagement sont cités.
    • Utopistes et exilés français aux États-Unis, 1848-1880 - Michel Cordillot p. 97-113 accès libre avec résumé
      Cet article examine la trajectoire politique des exilés politiques français partis aux États-Unis entre 1848 et 1880 et les formes diverses de leur engagement (colonies « utopistes », organisations politiques et sections francophones de l'AIT), avant d'esquisser un bilan de l'impact qu'ils ont pu avoir outre-Atlantique, concernant en particulier le processus qui entraîna une véritable révolution conservatrice dans l'opinion publique américaine au lendemain de la guerre de Sécession.
  • CHANTIERS

    • Relégués en rébellion : révoltes, grèves et évasions à Saint-Martin-de-Ré et Saint-Jean-du-Maroni, de la fin du XIXe siècle aux années 1930 - Jean-Lucien Sanchez p. 117-138 accès libre avec résumé
      De 1887 à 1953, la loi sur la relégation des récidivistes du 27 mai 1885 a frappé près de 17 375 individus d'un internement à perpétuité en Guyane. La plupart des relégués, déçus par leur sort et éprouvant leur peine comme une injustice, observèrent des grèves et des rébellions, le plus souvent à leur arrivée au pénitencier, et ce afin d'obtenir, en vain, l'application régulière de leur régime. Mais ces tentatives, toutes exemptes de violence, n'aboutirent pas et sont à réinscrire dans un processus plus global qui a trait aux différentes étapes qui rythment leur installation au sein d'une institution particulièrement contraignante. Face aux moyens de coercition, mais également de conciliation, dont dispose l'administration pénitentiaire, le recours à la révolte apparaît comme une impasse qui se résume à une simple modalité d'adaptation, une expérience essuyée douloureusement. Elle précède ainsi une phase d'installation dans le pénitencier qui permet ensuite aux relégués d'en soutirer toutes sortes de privilèges, ou bien de s'en évader.
  • MÉTIERS

    • Transmettre l'Histoire
      • Démonter le discours idéologique sur l'histoire de l'Europe - Chloé Maurel p. 141-145 accès libre avec résumé
        Compte rendu de l'atelier sur l'histoire de l'Europe organisé par Transform ! Europe, le 14 février 2014 à l'Espace Niemeyer (Paris). Avec les interventions d'Élisabeth Gauthier, Marie-Christine Vergiat, Francis Wurtz, Jean-Numa Ducange, Gilles Pécout, Serge Wolikow et Sia Anagnostopoulou. Débat transcrit avec la collaboration de Jean-Numa Ducange.
    • Aux sources de l'Histoire
      • Pour une histoire du travail ! - David Hamelin p. 147-158 accès libre avec résumé
        L'Association française pour l'histoire des mondes du travail (AFHMT) a été constituée le 15 juin 2013. Cette nouvelle structure, initiée par Nicolas Hatzfeld, Michel Pigenet et Xavier Vigna, rencontre aujourd'hui un vif succès auprès de la communauté des historiens et plus largement encore, témoignant au passage du retour de la question du travail dans la sphère historienne. Retour avec ces trois chercheurs reconnus sur la création de l'AFHMT et ses enjeux, les projets de celle-ci et les collaborations naissantes.
  • DÉBATS

    • Marx, un spectre qui ne hante plus les Science studies ? - Jérôme Lamy, Arnaud Saint-Martin p. 161-182 accès libre avec résumé
      Les Science studies ont émergé comme discipline syncrétique centrée sur les savoirs dans le sillage des mouvements de contestation des années 1960 et 1970. Le marxisme est alors une référence incontournable des historiens et sociologues des sciences qui explorent - et dénoncent - les modes de domination et d'aliénation associés aux pratiques scientifiques. Les campus bouillonnants des Trente Glorieuses sont l'espace principiel d'une forme de contestation épistémologique radicale. Les sciences ne sont plus quadrillées par les questionnements philosophiques classiques mais par un retour sur les pratiques et la matérialité des formes de connaissance. Peu à peu cependant, un glissement s'opère au sein des Science studies : le référentiel politique contestataire s'estompe et la pensée marxiste, si elle est encore parfois mobilisée, est singulièrement transformée et même trahie. Dans les années 1980 et 1990, une série d'études sur les machines témoignent de cette rupture progressive avec le socle subversif du marxisme.
  • LIVRES LUS

  • UN CERTAIN REGARD

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