Contenu du sommaire : La crise financière
Revue | Revue d'économie financière |
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Numéro | no 3, décembre 1987 |
Titre du numéro | La crise financière |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Jacques Delmas-Marsalet p. 1 page
Table ronde
- La crise financière : causes et conséquences - Michel Aglietta, Michel Cicurel, Bertrand Jacquillat, Gérard Maarek, Jean Peyrelevade, Christian De Boissieu, Yves Ullmo p. 26 pages
Articles
- Les transformations des systèmes financiers - Philippe Lagayette p. 10 pages Les systèmes financiers sont en profonde évolution ; les opérations se diversifient et s'internationalisent, la fonction financière se développe dans les entreprises et dans les banques. A cela s'ajoute en France la substitution d'un mode d'ajustement par les mécanismes de marché à un mode d'ajustement par les taux administrés et le contrôle quantitatif de la distribution du crédit. Ces transformations résultent de l'apparition de besoins nouveaux liés à la crise, de l'évolution de la géographie des balances de paiements, des innovations technologiques et de l'action des pouvoirs publics. Cette « nouvelle donne » financière conduit notamment à s'interroger sur les questions suivantes : le développement du système financier s'opère-t-il au détriment de l'économie réelle ? Le système financier qui se met en place est-il instable par nature ? Les mutations en cours ont-elles un caractère réversible ou irréversible ?Changes in Financial Systems Financial systems are substantially changing. Operations are increasingly diversified and internationalized. The financial function plays a growing part in firms and banks. In France, moreover, there is a change from adjustment by rate regulation and credit control to adjustment through market mechanisms. Several reasons can explain such evolutions. New needs were generated by the crisis, and balance of payments deficits can be seen in other countries than before. The impact of technological innovation and of public policies should also be accounted for. This financial "new deal" raises quite a few questions. Is the development of the financial system an obstacle to economic growth? And is today's financial system intrisically instable? Finally, are these mutations going to be reversible or irreversible?
- Les enjeux du grand marché intérieur européen - Daniel Lebègue p. 7 pages La construction d'un marché unique répond à une nécessité. L 'objectif est de permettre à tout intermédiaire financier en Europe d'offrir ses prestations dans les autres pays et cela sans dépendre d'une autre autorité que celle de son pays d'origine. La démarche proposée par la Commission européenne comprend trois éléments. La liberté des mouvements de capitaux, qui demande la fin des clauses de sauvegarde, la libération des acquisitions et émissions de titres, et une dernière étape qui devrait supprimer les autres restrictions sur les prêts financiers, les opérations sur le marché monétaire, les dépôts et avoirs en comptes courants. Deuxièmement, la libre circulation des services et des produits financiers, déjà une réalité pour les valeurs mobilières et la libre prestation transfrontalière (arrêt de la Cour de Luxembourg du 12.12.86), est en projet dans le domaine bancaire (crédit hypothécaire en particulier). Le troisième élément enfin est la recherche d'une harmonisation en matière prudentielle, de protection et d'information des consommateurs, de moyens de paiement et transferts électroniques de fonds, et de protection de l'épargne publique. Le succès de l'intégration financière européenne repose sur trois conditions principales. D'abord la nécessité probable pour chacun des pays d'évoluer dans le sens de l'ouverture. La France est à cet égard très active. Ensuite d'assurer une harmonisation par le haut, en veillant à la protection des épargnants et en évitant le recours, à la moindre difficulté, aux dispositifs de sauvegarde nationaux. Enfin de faire progresser l'Europe sous tous ses aspects, sans négliger les autres domaines, en particulier la dimension monétaire.The Unified European Market at Stake The achievement of a unified european market is a necessity. Eventually, any financial intermediary in Europe should be able to make business in other countries without being submitted to other authorities than his own country's. The European Commission's approach is based on three points. Firstly a free circulation of capital, which implies the end of safeguard clauses, the freedom of emitting and buying securities, and a last step that should suppress all remaining restriction on financial loans, on monetary market operations, and on deposits and assets on bank accounts. Second point, the free circulation of services and financial products. This is already done for securities and transborder operations, according to the Luxemburg Court's decision on december 4th 1986. The banking sector-especially mortgage credit- is under study. The third point consists in harmonizing legal regulations, consumer protection and information, and electronic fund transfers, and protection of public savings. The success of european financial integration depends on three main conditions. First, each country should work towards this opening; France's efforts in this direction are quite important. Second, there should be a harmonization from the top, by means of protection of savers and by avoiding, when difficulties arise, a return to national protectionist measures. The third condition is that all aspects must be considered important for the making of Europe. No sectors can be neglected. The monetary dimension, especially, should not be left apart.
- Du bon usage des réserves obligatoires - Jean-Pierre Patat p. 9 pages Les réserves obligatoires, instituées en France en 1967, y ont connu une utilisation diversifiée. D'abord assises sur les dépôts, elles ont été étendues aux encours de crédit. De 1972 à 1986, leur taux progressif en a fait un instrument de pénalisation, auxiliaire d'un système d'encadrement du crédit. Avec le décloisonnement du marché des capitaux, les réserves proportionnelles deviennent un instrument de la politique monétaire. Les réserves obligatoires sont un moyen d'accroître les besoins de liquidité des banques, mais aussi l'incertitude sur les coûts de ceux-ci. Elles jouent donc sur l'offre de crédit des banques, les incitant à réduire les crédits nouveaux et à rechercher des ressources non monétaires. En France, leur rôle a surtout été d'agir sur le coût du crédit. Elles n'ont pu véritablement freiner l'expansion monétaire. Les réserves obligatoires proportionnelles ont donc été quelque peu mises en sommeil, puis, en 85, ont vu leurs taux relevés, en raison de la mutation financière - essor des instruments négociables, ouverture sur l'extérieur, qui rendaient caduc ce type de contrôle monétaire. La Banque de France voit une double utilité aux réserves obligatoires. Elles facilitent la politique de taux d'intérêt de la Banque centrale et elles modifient le comportement des banques. Celles-ci sont incitées à gérer leurs actifs - pour en éviter le gonflement - et leur passif. Pour y réduire les ressources soumises à réserves dans un sens conforme aux objectifs généraux de la politique monétaire, les établissements de crédit, s'ils assurent davantage leur liquidité par des ventes de titres sur les marchés secondaires, et moins par le « refinancement » (en fait endettement auprès de la Banque centrale) favoriseront la destruction de monnaie, une diminution de l'assiette des réserves et de la demande de monnaie. Ainsi, en intervenant sur les marchés de capitaux, ils pourraient renforcer une politique d'open market. Ce point n'est pas encore atteint. La situation actuelle est transitoire : si les réserves obligatoires sont en déclin, on note encore de nombreux exemples d'utilisation. Dans la perspective du marché européen des capitaux, il s'agira surtout d'éviter qu'elles ne créent des conditions de concurrence disparates entre les systèmes nationaux.On the Proper Use of Requirement Reserves Requirement reserves were established in France in 1967 only, and have been used since for various purposes. First they were based on deposits, then were extended to credit. From 1972 to 1986, a progressive rate turned them into a penalty, as an auxiliary of credit control system. Together with the regrouping of capital market, they are becoming a tool for monetary policy. Requirement reserves are a means to increase the bank's need for liquidity, as well as the uncertainty about the costs of such needs. In a way they have an effect on banks's credit supply, by prompting them to cut on new credits and seek for non monetary income. In France, their main part was to act on credit cost. They could not actually slow down monetary expansion. Proportional requirement reserves therefore were somewhat forgotten, when in 1985 their rates were increased because of the financial mutation - creation of financial instruments, opening of markets, thanks to which this kind of monetary control became obsolete. The Banque de France intend to use them for two reasons. First of all, they can contribute to the central bank's interest rates policy. On the other hand they contribute to modify the attitude of banks. It can incite them to manage their assets and liabilities (to reduce the amount submitted to reserves, i.e. the monetary income) in a way compatible with the main issues of monetary policy. Credit institutions will have to assess their liquidity by selling securities on secondary markets, and no longer by "refinancing" (which comes down to an indebtment to the central bank). So doing, it helps suppressing money, and diminishing the base of reserves and the demand for money. Through their action on money markets, credit institutions would then back up an open market policy. We haven't reached this point yet. We stand in a transitory situation: indeed even if requirement reserves decline, there are still many instances of them. In the perspective of the european financial market, the main point will be to prevent them from creating unequal competition between different national systems. by selling securities on secondary markets, and no longer by "refinancing" (which comes down to an indebtment to the central bank). So doing, it helps suppressing money, and diminishing the base of reserves and the demand for money. Through their action on money markets, credit institutions would then back up an open market policy. We haven't reached this point yet. We stand in a transitory situation: indeed even if requirement reserves decline, there are still many instances of them. In the perspective of the european financial market, the main point will be to prevent them from creating unequal competition between different national systems.
- Commentaire : Les réserves obligatoires ne sont plus ce qu'elles étaient - Dominique Lacoue-Labarthe p. 4 pages
- Monnaie et finance en Allemagne Fédérale - Virginie Coudert p. 13 pages La mise en place d'une politique de taux d'intérêt en France incite à se pencher sur l'expérience de l'Allemagne fédérale qui pratique ce type de régulation depuis des décennies. Le secteur financier allemand dominé par des banques universelles présentes à la fois sur les marchés financiers, sur le marché du crédit et au sein même des grandes entreprises permet à la politique monétaire allemande de fonctionner en agissant seulement sur la liquidité bancaire. L'utilisation d'instruments quantitatifs permet à la Bundesbank de compléter son action sur les taux d'intérêt et éventuellement de déconnecter l'évolution des taux de l'orientation de la politique monétaire. Cependant la pratique de ces dernières années montre les difficultés de ce type de politique à contrôler la liquidité interne en présence de forts mouvements de capitaux.Currency and Finance in West Germany With a new interest rate policy now taking place in France, a look at West Germany's experience can be interesting, since this kind of regulation has been in use there for decades. The german financial sector is led by big banks which deal on money markets as well as on credit market and within big compagnies, so that german monetary policy can work by acting on bank liquidity only. In using quantitative instruments the Bundesbank has complete control over interest rates, and is able to separate interest rates evolution from monetary policy when necessary. However, as can be seen in the last few years, there are some difficulties, for this kind of policy in handling domestic liquidity when strong capital movements happen.
- L'État et la dynamique du capital-risque européen - Patrice Geoffron p. 18 pages Quelques années après l'essor du venture capital aux Etats-Unis, le capital risque connaît en Europe un développement important depuis le début de la décennie 80. Ce développement, s'il s'inspire des structures et des méthodes élaborées outre-atlantique, revêt une forme originale en raison de contraintes socio-économiques propres aux pays européens. Ces contraintes expliquent également que le capital risque européen ne présente pas encore des résultats aussi brillants que le venture capital américain en termes de rentabilité des fonds investis et de reproduction du tissu industriel. Toutefois, la sphère des financements à risque américaine - rançon de son succès - montre depuis quelques années certains excès et limites de son mode de fonctionnement. Les acteurs européens du capital risque pourraient donc prendre quelques distances avec la référence américaine et orienter leurs efforts vers une homogénéisation des pratiques entre les marchés nationaux. Cet objectif est à inscrire dans la perspective de la constitution du grand marché européen à partir de 1992. Il reste qu'aujourd'hui l'Europe du capital risque présente plutôt des caractères d'hétérogénéité et que les relations entre des opérateurs de nationalités différentes restent rares, sinon expérimentales. Si la progression de l'activité décrit une courbe exponentielle dans la plupart des pays, le concept de « marché européen du capital risque » n'a pas encore de réalité tangible, en dépit des nombreuses réflexions conduites, notamment, au niveau de la CEE.Governments and the Dynamics of European Venture Capital A few years after the US, venture capital is developing quickly in Europe since the beginning of the 80s. Although the structures and methods look like those created in the United States, venture capital in Europe develops its own peculiar way, due to local socioeconomic conditions. For the same reason, venture capital is not as brilliant in Europe as in the States, in terms of profitability of invested funds and reproduction of industrial scape. However, US risk financing - as a counterpart to its success - has shown some excesses and limits. European venture capital could therefore tend towards homogeneous systems between national markets. This is an aim to be reached through the making of the European financial market in 1992. However, today in Europe venture capital is rather heterogeneous, and there is scarcely any contact between traders from different countries. If the increase of activity is exponential in most countries, the concept of a "European venture capital market" has no reality, in spite of many attempts particularly at executive level in the European Community.
- Commentaire - Dominique Nouvellet p. 3 pages
- Les transformations des systèmes financiers - Philippe Lagayette p. 10 pages
Conjoncture étrangère
- États-Unis - Scott Pardee p. 2 pages
- Japon - Koichi Inamura p. 3 pages
- R.F.A. - Hans-Helmut Kotz p. 6 pages
- Royaume-Uni - Christopher Johnson p. 3 pages
L'Histoire au présent
- Égalité et privilège : le monopole des Agents de change (1305-1987) - Jean-Marie Thiveaud p. 5 pages
Indicateurs
- Indicateurs financiers. Commentaire - Jean Cheval p. 4 pages
- Indicateurs de comportement d'épargne. Commentaire - CREP p. 7 pages
Sélection bibliographique
- Les politiques monétaires à l'aventure - Jean-Paul Pollin p. 12 pages
- Résumés des articles en français et en anglais - p. 3 pages
- Éditorial - Jacques Delmas-Marsalet p. 3
- La crise financière : causes et conséquences - Yves Ullmo, Christian de Boissieu, Jean Peyrelevade, Gérard Maarek, Bertrand Jacquillat, Michel Cicurel, Michel Aglietta p. 4-29
- Les transformations des systèmes financiers - Philippe Lagayette p. 30-39 Les systèmes financiers sont en profonde évolution ; les opérations se diversifient et s'internationalisent, la fonction financière se développe dans les entreprises et dans les banques. A cela s'ajoute en France la substitution d'un mode d'ajustement par les mécanismes de marché à un mode d'ajustement par les taux administrés et le contrôle quantitatif de la distribution du crédit. Ces transformations résultent de l'apparition de besoins nouveaux liés à la crise, de l'évolution de la géographie des balances de paiements, des innovations technologiques et de l'action des pouvoirs publics. Cette « nouvelle donne » financière conduit notamment à s'interroger sur les questions suivantes : le développement du système financier s'opère-t-il au détriment de l'économie réelle ? Le système financier qui se met en place est-il instable par nature ? Les mutations en cours ont-elles un caractère réversible ou irréversible ?Changes in Financial Systems Financial systems are substantially changing. Operations are increasingly diversified and internationalized. The financial function plays a growing part in firms and banks. In France, moreover, there is a change from adjustment by rate regulation and credit control to adjustment through market mechanisms. Several reasons can explain such evolutions. New needs were generated by the crisis, and balance of payments deficits can be seen in other countries than before. The impact of technological innovation and of public policies should also be accounted for. This financial "new deal" raises quite a few questions. Is the development of the financial system an obstacle to economic growth ? And is today's financial system intrisically instable ? Finally, are these mutations going to be reversible or irreversible ?
- Les enjeux du grand marché intérieur européen - Daniel Lebègue p. 40-46 La construction d'un marché unique répond à une nécessité. L 'objectif est de permettre à tout intermédiaire financier en Europe d'offrir ses prestations dans les autres pays et cela sans dépendre d'une autre autorité que celle de son pays d'origine. La démarche proposée par la Commission européenne comprend trois éléments. La liberté des mouvements de capitaux, qui demande la fin des clauses de sauvegarde, la libération des acquisitions et émissions de titres, et une dernière étape qui devrait supprimer les autres restrictions sur les prêts financiers, les opérations sur le marché monétaire, les dépôts et avoirs en comptes courants. Deuxièmement, la libre circulation des services et des produits financiers, déjà une réalité pour les valeurs mobilières et la libre prestation transfrontalière (arrêt de la Cour de Luxembourg du 12.12.86), est en projet dans le domaine bancaire (crédit hypothécaire en particulier). Le troisième élément enfin est la recherche d'une harmonisation en matière prudentielle, de protection et d'information des consommateurs, de moyens de paiement et transferts électroniques de fonds, et de protection de l'épargne publique. Le succès de l'intégration financière européenne repose sur trois conditions principales. D'abord la nécessité probable pour chacun des pays d'évoluer dans le sens de l'ouverture. La France est à cet égard très active. Ensuite d'assurer une harmonisation par le haut, en veillant à la protection des épargnants et en évitant le recours, à la moindre difficulté, aux dispositifs de sauvegarde nationaux. Enfin de faire progresser l'Europe sous tous ses aspects, sans négliger les autres domaines, en particulier la dimension monétaire.The Unified European Market at Stake The achievement of a unified european market is a necessity. Eventually, any financial intermediary in Europe should be able to make business in other countries without being submitted to other authorities than his own country's. The European Commission's approach is based on three points. Firstly a free circulation of capital, which implies the end of safeguard clauses, the freedom of emitting and buying securities, and a last step that should suppress all remaining restriction on financial loans, on monetary market operations, and on deposits and assets on bank accounts. Second point, the free circulation of services and financial products. This is already done for securities and transborder operations, according to the Luxemburg Court's decision on december 4th 1986. The banking sector-especially mortgage credit- is under study. The third point consists in harmonizing legal regulations, consumer protection and information, and electronic fund transfers, and protection of public savings. The success of european financial integration depends on three main conditions. First, each country should work towards this opening; France's efforts in this direction are quite important. Second, there should be a harmonization from the top, by means of protection of savers and by avoiding, when difficulties arise, a return to national protectionist measures. The third condition is that all aspects must be considered important for the making of Europe. No sectors can be neglected. The monetary dimension, especially, should not be left apart.
- Du bon usage des réserves obligatoires - Jean-Pierre Patat p. 47-55 Les réserves obligatoires, instituées en France en 1967, y ont connu une utilisation diversifiée. D'abord assises sur les dépôts, elles ont été étendues aux encours de crédit. De 1972 à 1986, leur taux progressif en a fait un instrument de pénalisation, auxiliaire d'un système d'encadrement du crédit. Avec le décloisonnement du marché des capitaux, les réserves proportionnelles deviennent un instrument de la politique monétaire. Les réserves obligatoires sont un moyen d'accroître les besoins de liquidité des banques, mais aussi l'incertitude sur les coûts de ceux-ci. Elles jouent donc sur l'offre de crédit des banques, les incitant à réduire les crédits nouveaux et à rechercher des ressources non monétaires. En France, leur rôle a surtout été d'agir sur le coût du crédit. Elles n'ont pu véritablement freiner l'expansion monétaire. Les réserves obligatoires proportionnelles ont donc été quelque peu mises en sommeil, puis, en 85, ont vu leurs taux relevés, en raison de la mutation financière - essor des instruments négociables, ouverture sur l'extérieur, qui rendaient caduc ce type de contrôle monétaire. La Banque de France voit une double utilité aux réserves obligatoires. Elles facilitent la politique de taux d'intérêt de la Banque centrale et elles modifient le comportement des banques. Celles-ci sont incitées à gérer leurs actifs - pour en éviter le gonflement - et leur passif. Pour y réduire les ressources soumises à réserves dans un sens conforme aux objectifs généraux de la politique monétaire, les établissements de crédit, s'ils assurent davantage leur liquidité par des ventes de titres sur les marchés secondaires, et moins par le « refinancement » (en fait endettement auprès de la Banque centrale) favoriseront la destruction de monnaie, une diminution de l'assiette des réserves et de la demande de monnaie. Ainsi, en intervenant sur les marchés de capitaux, ils pourraient renforcer une politique d'open market. Ce point n'est pas encore atteint. La situation actuelle est transitoire : si les réserves obligatoires sont en déclin, on note encore de nombreux exemples d'utilisation. Dans la perspective du marché européen des capitaux, il s'agira surtout d'éviter qu'elles ne créent des conditions de concurrence disparates entre les systèmes nationaux.On the Proper Use of Requirement Reserves Requirement reserves were established in France in 1967 only, and have been used since for various purposes. First they were based on deposits, then were extended to credit. From 1972 to 1986, a progressive rate turned them into a penalty, as an auxiliary of credit control system. Together with the regrouping of capital market, they are becoming a tool for monetary policy. Requirement reserves are a means to increase the bank's need for liquidity, as well as the uncertainty about the costs of such needs. In a way they have an effect on banks's credit supply, by prompting them to cut on new credits and seek for non monetary income. In France, their main part was to act on credit cost. They could not actually slow down monetary expansion. Proportional requirement reserves therefore were somewhat forgotten, when in 1985 their rates were increased because of the financial mutation - creation of financial instruments, opening of markets, thanks to which this kind of monetary control became obsolete. The Banque de France intend to use them for two reasons. First of all, they can contribute to the central bank's interest rates policy. On the other hand they contribute to modify the attitude of banks. It can incite them to manage their assets and liabilities (to reduce the amount submitted to reserves, i.e. the monetary income) in a way compatible with the main issues of monetary policy. Credit institutions will have to assess their liquidity by selling securities on secondary markets, and no longer by "refinancing" (which comes down to an indebtment to the central bank). So doing, it helps suppressing money, and diminishing the base of reserves and the demand for money. Through their action on money markets, credit institutions would then back up an open market policy. We haven't reached this point yet. We stand in a transitory situation: indeed even if requirement reserves decline, there are still many instances of them. In the perspective of the european financial market, the main point will be to prevent them from creating unequal competition between different national systems. by selling securities on secondary markets, and no longer by "refinancing" (which comes down to an indebtment to the central bank). So doing, it helps suppressing money, and diminishing the base of reserves and the demand for money. Through their action on money markets, credit institutions would then back up an open market policy. We haven't reached this point yet. We stand in a transitory situation: indeed even if requirement reserves decline, there are still many instances of them. In the perspective of the european financial market, the main point will be to prevent them from creating unequal competition between different national systems.
- Commentaire : Les réserves obligatoires ne sont plus ce qu'elles étaient - Dominique Lacoue-Labarthe p. 55-58
- Monnaie et finance en Allemagne Fédérale - Virginie Coudert p. 59-71 La mise en place d'une politique de taux d'intérêt en France incite à se pencher sur l'expérience de l'Allemagne fédérale qui pratique ce type de régulation depuis des décennies. Le secteur financier allemand dominé par des banques universelles présentes à la fois sur les marchés financiers, sur le marché du crédit et au sein même des grandes entreprises permet à la politique monétaire allemande de fonctionner en agissant seulement sur la liquidité bancaire. L'utilisation d'instruments quantitatifs permet à la Bundesbank de compléter son action sur les taux d'intérêt et éventuellement de déconnecter l'évolution des taux de l'orientation de la politique monétaire. Cependant la pratique de ces dernières années montre les difficultés de ce type de politique à contrôler la liquidité interne en présence de forts mouvements de capitaux.Currency and Finance in West Germany With a new interest rate policy now taking place in France, a look at West Germany's experience can be interesting, since this kind of regulation has been in use there for decades. The german financial sector is led by big banks which deal on money markets as well as on credit market and within big compagnies, so that german monetary policy can work by acting on bank liquidity only. In using quantitative instruments the Bundesbank has complete control over interest rates, and is able to separate interest rates evolution from monetary policy when necessary. However, as can be seen in the last few years, there are some difficulties, for this kind of policy in handling domestic liquidity when strong capital movements happen.
- L'État et la dynamique du capital-risque européen - Patrice Geoffron p. 72-89 Quelques années après l'essor du venture capital aux Etats-Unis, le capital risque connaît en Europe un développement important depuis le début de la décennie 80. Ce développement, s'il s'inspire des structures et des méthodes élaborées outre-atlantique, revêt une forme originale en raison de contraintes socio-économiques propres aux pays européens. Ces contraintes expliquent également que le capital risque européen ne présente pas encore des résultats aussi brillants que le venture capital américain en termes de rentabilité des fonds investis et de reproduction du tissu industriel. Toutefois, la sphère des financements à risque américaine - rançon de son succès - montre depuis quelques années certains excès et limites de son mode de fonctionnement. Les acteurs européens du capital risque pourraient donc prendre quelques distances avec la référence américaine et orienter leurs efforts vers une homogénéisation des pratiques entre les marchés nationaux. Cet objectif est à inscrire dans la perspective de la constitution du grand marché européen à partir de 1992. Il reste qu'aujourd'hui l'Europe du capital risque présente plutôt des caractères d'hétérogénéité et que les relations entre des opérateurs de nationalités différentes restent rares, sinon expérimentales. Si la progression de l'activité décrit une courbe exponentielle dans la plupart des pays, le concept de « marché européen du capital risque » n'a pas encore de réalité tangible, en dépit des nombreuses réflexions conduites, notamment, au niveau de la CEE.Governments and the Dynamics of European Venture Capital A few years after the US, venture capital is developing quickly in Europe since the beginning of the 80s. Although the structures and methods look like those created in the United States, venture capital in Europe develops its own peculiar way, due to local socioeconomic conditions. For the same reason, venture capital is not as brilliant in Europe as in the States, in terms of profitability of invested funds and reproduction of industrial scape. However, US risk financing - as a counterpart to its success - has shown some excesses and limits. European venture capital could therefore tend towards homogeneous systems between national markets. This is an aim to be reached through the making of the European financial market in 1992. However, today in Europe venture capital is rather heterogeneous, and there is scarcely any contact between traders from different countries. If the increase of activity is exponential in most countries, the concept of a "European venture capital market" has no reality, in spite of many attempts particularly at executive level in the European Community.
- Commentaire - Dominique Nouvellet p. 89-91
- États-Unis - Scott E. Pardee p. 93-94
- Japon - Koichi Inamura p. 95-97
- R.F.A. - Hans-Helmut Kotz p. 97-102
- Royaume-Uni - Christopher Johnson p. 102-104
- Égalité et privilège : le monopole des Agents de change (1305-1987) - Jean-Marie Thiveaud p. 105-109
- Indicateurs financiers. Commentaire - Jean Cheval p. 110-113
- Indicateurs de comportement d'épargne. Commentaire - CREP p. 114-120
- Les politiques monétaires à l'aventure - Jean-Paul Pollin p. 121-132
- Résumés des articles en français et en anglais - p. 134-136