Contenu du sommaire : Des migrants birmans dans la ville

Revue Moussons : Recherche en Sciences Humaines sur l'Asie du Sud-Est Mir@bel
Numéro no 22, 2013
Titre du numéro Des migrants birmans dans la ville
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Dossier thématique "Des migrants birmans dans la ville"

    • Articles
      • Présentation - Renaud Egreteau, Julie Baujard p. 5-7 accès libre
      • Presentation - Renaud Egreteau, Julie Baujard p. 8-10 accès libre
      • India's Vanishing “Burma Colonies”. Repatriation, Urban Citizenship, and (De)Mobilization of Indian Returnees from Burma (Myanmar) since the 1960s - Renaud Egreteau p. 11-34 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Cet article s'intéresse aux communautés indiennes rapatriées de Birmanie entre les années 1960 et 1980. À partir de terrains de recherche récemment effectués en Inde, il examine l'environnement sociopolitique créé par ces populations indo-birmanes dans les espaces urbains (appelés Burma Colonies), spécialement aménagées par les autorités indiennes, en particulier à Madras, Calcutta et New Delhi. Les interviews ont révélé que ces populations ont su se mobiliser autour d'enjeux urbains les concernant directement dans ces lieux qu'ils ont ainsi cherché à se réapproprier : droit au logement, accès à la propriété, assainissement des espaces d'habitations, et formation de syndicats et associations défendant leurs intérêts économiques émergents autour de marchés illégaux (Burma Bazaars). Par ce processus mobilisateur que cette étude décrypte, ces rapatriés indo-birmans ont ainsi affiché leur volonté d'appartenance à la communauté urbaine locale, mais aussi par extension, à retrouver une citoyenneté indienne qu'ils avaient perdue après plusieurs générations passées en Birmanie. Cependant, redevenue citoyenne, la seconde génération de rapatriés s'est fortement démobilisée et ces espaces urbains ont rapidement perdu leur fonction intégratrice pour se fondre dans le paysage indien.
        This article examines the social and political mobilization of Burmese communities of Indian origins, who repatriated from Burma (Myanmar) back to India between the 1960s and 1980s. Drawing on recent fieldwork carried out in several Indian cities, this paper explores the sociopolitical world subsequently created by these repatriated communities within the urban and peri-urban spaces they were resettled in — spaces thereafter known throughout India as “Burma Colonies”. Interviews have revealed how the returnees have mobilized around issues of urban housing, land and property rights, and organized themselves to protect their emerging business interests in local “Burma Bazaars,” and to secure the welfare of their community. The research suggests that their struggle has proved a critical component of their search for urban, and subsequently national, citizenship rights in the erstwhile homeland they were returning to. Political activism and social mobilization using specific urban spaces have therefore greatly facilitated the (re)integration of these returnees into the wider Indian public realm. However, most Burmese repatriate settlements have progressively been absorbed by a sprawling “Indian” urban and political landscape. Furthermore, the second generation of returnees — now well integrated into India's citizenry — has mostly demobilized. India's “Burma Colonies” have therefore today lost much of their significance as specific sites of mobilization for citizenship, the article concludes.
      • Urbanity, Precarity, and Homeland Activism. Burmese Migrants in Global Cities - Susan Banki accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Cet article interroge le lien entre urbanité et précarité du lieu chez des populations non-citoyennes, en s'appuyant sur des données tirées des activités transnationales de migrants birmans en direction de leur pays d'origine, à partir de deux villes globales (Bangkok et Tokyo). L'article s'appuie d'abord sur la littérature sur la précarité et les villes globales pour détailler la complexité de la relation entre espaces urbains et migration. Il s'inspire ensuite des recherches sur la mobilisation politique pour expliquer l'activisme tourné vers le pays d'origine de la part de populations diasporiques non-citoyennes. L'étude se porte respectivement sur Bangkok et Tokyo et montre ainsi la façon dont des migrants venant de Birmanie, en situation de plus ou moins grande précarité dans ces deux villes globales, utilisent ou au contraire renoncent aux structures urbaines qu'elles proposent. Cet article conclut que la précarité ne réduit pas forcément l'activisme vers le pays d'origine mais peut en changer son apparence. À différents degrés, les structures urbaines influencent ainsi cette relation.
        This article interrogates the link between urbanity and “precarity of place” for non-citizen populations, relying on evidence drawn from the transnational homeland activities of Burmese migrants in two global cities (Bangkok and Tokyo). First, the article builds upon literatures of precarity and global cities to detail the complexity of urban spaces in relation to migration, and draws upon understandings of political mobilisation to explain homeland activism among non-citizen populations. It then focuses respectively on Bangkok and Tokyo, demonstrating the ways in which migrants from Burma of varying precarity utilise or forgo urban structures in each city. The article concludes that precarity does not necessarily reduce homeland activism, but may change its outward appearance. Urban structures, to a greater or lesser extent, influence that relationship.
      • « Nous sommes des femmes dangereuses ! »… en danger. Mobilisation des réfugiées birmanes à Delhi - Julie Baujard  p. 57-73 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        En venant demander l'asile à Delhi, les Birmans entrent au cœur d'un « dispositif-réfugié », soit l'ensemble des acteurs intervenant auprès d'eux, les valeurs qu'ils véhiculent et les interactions qu'ils engendrent. Cette situation très complexe projette les réfugiés dans un monde transnational, aux référents et aux logiques multiples. Les organisations féminines réfugiées constituent un groupe cible de ce dispositif et sont au cœur de cet article. On analyse l'effet produit par la ville de Delhi sur les réfugiés birmans, et plus particulièrement les femmes chin, au travers des actions des multiples acteurs sur les problèmes vécus par ces dernières. On observe que la ville génère tout autant des problèmes (précarité, violence) et exacerbe la vulnérabilité des femmes dans la cité qu'elle crée des opportunités nouvelles et qu'elle renforce, via la multitude des leviers offerts par la présence des différents acteurs, la capacité de mobilisation des femmes.
        While coming to Delhi to seek asylum, Burmese enter a refugee-apparatus, i.e. the different actors that deal with them, the values they carry and the interactions they create. This very complex situation places the refugees in a transnational world made of multiple references and logics. Refugee women organizations represent a target-group of this apparatus and are at the core of this paper. We analyze the importance of the city of Delhi on the Burmese refugees and more precisely on Chin women through the actions of the multiple actors on the problems these women face. We observe that the city creates problems (precariousness, violence) and exacerbates women's vulnerability and at the same time generates new opportunities and reinforces the women's mobilization capacity via the multiple levers provided by the different actors.
    • Notes
      • Les Rohingya à Chittagong (Bangladesh) : enjeux d'une invisibilité - Samuel Berthet p. 75-86 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Les Rohingyas en exil ont attiré l'attention des médias, des ONG et des universitaires pour leur migration périlleuse dans la baie du Bengale et leur installation dans les camps du HCR près de la frontière bangladaise. La plupart de ces migrants vivent toutefois en dehors de ces camps dans la région de Chittagong. Aucune étude n'a été consacrée à leur présence dans la capitale éponyme où la partie la plus importante d'entre eux réside dans des conditions précaires mais certainement en route vers une (ré)integration.
        The Rohingya in exile has attracted the attention of the world media, the NGOs and the scholars for their hazardous migrations in the Bay of Bengal and their settlement under the UNHCR near the Bangladesh border. But the biggest part of the migrants lives outside those camps in the region of Chittagong. No studies have been carried out regarding their presence in the eponimous capital city where the most important part of the migrants remain in a very precarious manner but most probably on their way towards (re)intégration.
      • La migration birmane à travers ses monastères de Singapour - Alexandra de Mersan p. 87-98 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Le phénomène migratoire qui touche la Birmanie depuis le début des années 2000 se traduit notamment par l'établissement de monastères à Singapour par des populations boud-dhistes du pays. Cette note est une première présentation de ces lieux de la migration birmane, adaptés au contexte spécifique de la cité-État et qui témoignent d'une relative intégration d'une catégorie de migrants à celle-ci. À travers les monastères, se déploient des activités sociales et religieuses, tant à Singapour que tournées vers la société d'origine. Des réseaux transnationaux se sont constitués par lesquels circulent des moines invités à délivrer des prêches, mais aussi des objets, de l'argent et autres biens.
        The foundation of monasteries in Singapore (a dozen) by Buddhist migrants from Burma, is part of the migratory phenomenon common to the whole of contemporary Burma. This note is a first presentation of these places, adapted to the specific context of Singapore. Most of them were founded within the last decade, doubtlessly by permanent residents (monks and laymen), which indicates a degree of implantation or integration in Singapore society. Through these monasteries and their religious activities, migrants maintain also strong links with their society of origin in accordance with their values. Transnational networks have been elaborated through which circulate invited monks, money and other goods.
      • Les employées de maison indonésiennes et philippines à Hong Kong en quête de visibilité - Laurence Husson p. 99-109 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
        Cette note résume trente ans d'exportation de main-d'œuvre féminine à Hong Kong, à un moment où l'Indonésie, un des principaux pourvoyeurs, décide de mettre un terme à cette pratique. Elle met en évidence l'ambiguïté et le paradoxe du statut de domestique étrangère à Hong Kong : discrète jusqu'à l'invisibilité chez son employeur durant la semaine et ultra-visible et militante le week-end. Cette quête de visibilité, qui s'est traduite par une mise en lumière des difficultés inhérentes au statut de domestiques immigrées, étant certainement une des principales causes de la remise en question de ce type d'emplois.
        This note summarizes thirty years of exporting female labor forces in Hong Kong at a time when Indonesia, a leading provider, decides to put an end to this practice. It highlights this ambiguity and paradox of the status of foreign domestic helper in Hong Kong : discreet or even invisible at the employer's home during the week and highly visible and activist during the weekend. This quest for visibility, which has resulted in highlighting the difficulties inherent in the status of migrant domestic workers, is certainly one of the main causes for the questioning of the opportunity of such jobs.
    • Comptes rendus
  • Articles hors dossier

    • The Osing Agricultural Spirit-Medium - Robert Wessing p. 111-124 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans le passé, les communautés de l'Est de Java ont coordonné leurs activités agricoles, y compris le respect des obligations rituelles du peuple à l'esprit tutélaire chargé du maintien de la fertilité des terres de la communauté. La personne en charge de cela était le fondateur de la communauté ou de l'un de ses descendants, le membre de la lignée qui entra le premier dans une relation d'obligations avec l'esprit-propriétaire des terres du village. Au cours des cinquante dernières années, l'évolution politique, agricole et religieuse ont entraîné des changements dans la façon dont ces obligations rituelles sont remplies. Aujourd'hui, l'entité adressée, si les anciennes obligations rituelles sont satisfaites du tout, est souvent caractérisée comme la déesse du riz ou Dieu. Ceci est facilité par l'idée que les entités spirituelles sont indissociables catégoriellement, et l'aspect souligné dépend des besoins du moment.
      In the past communities in East Java coordinated their agricultural activities, including fulfilling the people's ritual obligations to the tutelary spirit charged with maintaining the fertility of the community's lands. The person in charge of this was the community's founder or one of his/her descendants, the member of the line that first entered into a relationship of obligations with the spirit-owner of the village's lands. In the past fifty years political, agricultural, and religious developments have brought about changes in the way that these ritual obligations are fulfilled. Today the entity addressed, if the old ritual obligations are met at all, is often characterized as the rice goddess or God. This is facilitated by the idea that spirit-entities belong together categorially, and the aspect emphasized depends on the needs of the moment.
    • Rythmes et euphonies dans les jeux mains-bouche. Un zoom ethnographique sur la sociabilité entre enfants (Cambodge) - Steven Prigent p. 125-151 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Cet article prend au sérieux la pratique enfantine des jeux de tape-mains chantés, dans un village de riziculteurs au Cambodge. Dans ces jeux, les enfants scandent des textes assonancés et se tapent dans les mains. Ils jouent avec les mots, et mettent en scène des chorégraphies particulières. Lorsque l'on se penche sur une partie, et que l'on considère les textes verbaux et gestuels, quels changements de rythme en marquent le déroulement ? De quoi parlent les enfants dans ces jeux et quelles en sont les règles ? On observe à chaque fois deux temps forts : un temps de scansion (avec percussion des mains), un duel des mains. La scansion peut précéder le duel, ou inversement, selon le type de jeu. Dans tous les cas, la partie se résout par un relâchement émotionnel : les enfants se frappent, se pincent, se chatouillent, se piquent en riant.
      This article takes a serious look at the childish practice of hand-clapping singing games in a village of rice growers in Cambodia. In these games the children chant assonant verses while they clap hands. They play with words and play out special choreographies. When we examine one of these games and we consider the verbal and gestural scripts, what rhythm changes mark the playing out of the game? What do the children talk about in these games and what are the rules? Each time, we observe two high points : a period of rhythmic chanting (with hand percussion) and a duel of hands. The chanting can precede the duel or the other way round, according to the type of game it is. In all cases, the game finishes with an emotional release : the children hit one another, they pinch and tickle one another and poke one another while laughing.
  • Comptes rendus