Contenu du sommaire : Habermas, le dernier philosophe
Revue | Esprit |
---|---|
Numéro | no 8-9, août-septembre 2015 |
Titre du numéro | Habermas, le dernier philosophe |
Texte intégral en ligne | Accès réservé |
- Le supplice grec - p. 4-5
Habermas, le dernier philosophe
- Une ambition philosophique par gros temps - Michaël Fœssel p. 6-11
- Espace public et sphère publique politique : Les racines biographiques de deux thèmes de pensée - Jürgen Habermas, Christian Bouchindhomme p. 12-25 Dans ce discours inédit, Habermas indique les expériences personnelles à la source de ses intérêts philosophiques : l'expérience de la maladie et les difficultés liées à son handicap l'ont conduit à réfléchir à l'importance de la communication langagière, tandis que la vie politique allemande d'après-guerre a nourri sa réflexion et son engagement pour la démocratie. Il en tire des enseignements sur le rôle de l'intellectuel dans la cité.
- La fin des mandarins allemands - Jean-Marc Durand-Gasselin p. 26-39 La philosophie de Habermas est un contrepoint à une certaine tradition « platonico-allemande », faite d'élitisme intellectuel ou de chantage à l'anarchie démocratique. Pour lui, outre sa dimension conservatrice et ses compromissions avec le fascisme (Carl Schmitt, Heidegger), cette tradition ne peut rendre compte de la physionomie des sociétés modernes.
- Critique et communication : les tâches de la philosophie - Jürgen Habermas, Michaël Fœssel, Lucien Boulaire p. 40-54 Tout au long de son parcours philosophique, Jürgen Habermas a été en dialogue, ou en opposition, avec d'autres traditions, qu'il s'agisse de penseurs allemands comme Heidegger ou Carl Schmitt, des Français Foucault et Derrida, ou de la tradition anglo-saxonne incarnée par Rawls ou Dworkin. Il retrace ces échanges dans cet entretien, tout en revenant sur sa conception de la démocratie, qu'il confronte à sa situation actuelle.
- L'effet Habermas dans la philosophie française - Stéphane Haber, Jean-François Kervégan, Michaël Fœssel p. 55-68 La réception de Habermas en France illustre à bien des égards le décalage intellectuel entre l'Allemagne et la France, en particulier dans les années 1960 et 1970, âge d'or du structuralisme, Habermas ayant lui-même durement critiqué les philosophes « postmodernes » (Foucault, Derrida). Paradoxalement cependant, il est aujourd'hui étudié comme un « classique ».
- Consensus et utopie : Lecture de Habermas par Paul Ricœur - Sébastien Roman p. 69-79 La conception habermassienne de la démocratie semble souvent froide, procédurale, éloignée de la réalité sociale. Or un passage par Ricœur, notamment par son analyse des notions d'idéologie et d'utopie, permet de la réinscrire dans un imaginaire social et de montrer qu'il y a bien, chez Habermas, une dimension utopique de la pensée démocratique.
- Les limites politiques de la philosophie sociale - Mark Hunyadi p. 80-93 Dans la lignée de la Théorie critique, Habermas appréhende la société à travers l'expérience privilégiée des acteurs eux-mêmes, en l'occurrence l'expérience communicationnelle, plutôt que par des principes abstraits. Mais le modèle de Habermas sous-estime la pression exercée par le système sur les acteurs, notamment en matière de modes de vie.
- Habermas citoyen : Les « Petits écrits politiques » du philosophe allemand - Dick Howard p. 94-113 Le philosophe Habermas est aussi un citoyen, qui a publié de nombreux textes, dans la presse ou ailleurs, concernant les débats politiques de son temps. Au fil de cinquante années de cette production, qui ne saurait être déconnectée de son œuvre philosophique, on découvre que le chemin de Habermas n'était pas tout tracé, pas plus que ne l'était celui de la République allemande.
- La démocratie : entre libéralisme et radicalité - Catherine Colliot-Thélene p. 114-126 Dans Droit et démocratie, Habermas interroge la démocratie en essayant de relier théorie philosophique et constats empiriques de sociologie ou de science politique, pour refuser l'opposition entre une normativité idéale et un « réel » nécessairement prosaïque et éclaté. Ce faisant, il a suscité le débat, certains lui reprochant de défendre la démocratie libérale en oubliant la critique sociale héritée de l'École de Francfort.
- Que peut-on espérer du droit international ? - Jean-Claude Monod p. 127-141 Si Habermas reprend l'idéal cosmopolitique kantien d'une union des peuples, il est également sensible au risque d'une instrumentalisation impérialiste et moralisatrice des droits de l'homme au service d'une puissance particulière. Alors que les violences récentes semblent obscurcir l'horizon cosmopolitique, Habermas tente de le maintenir vivant comme instrument critique des politiques de puissance.
Articles
- Les marchés financiers disent-ils la vérité ? - François Meunier p. 142-157 La crise de 2007-2008 a démontré la volatilité des marchés financiers, leur instabilité, en un sens, constitutive. Plutôt que d'en appeler à une hypothétique « refondation » de la valeur, cependant, peut-être vaut-il mieux prendre acte du fait que des systèmes complexes ne peuvent se réguler que de l'intérieur.
- Immigration : un faux problème ? - Nicolas Clément p. 158-163 La remise en question du droit du sol par Nicolas Sarkozy témoigne d'une parole xénophobe décomplexée qui stigmatise certaines parties de la population. Il faut rappeler que l'immigration en France est ancienne, régulière et limitée. Les mouvements de réfugiés récents, notamment ceux qui résultent de la guerre civile en Syrie, concernent principalement les pays de la région. La question de l'immigration est donc une fausse question, qui masque celle, réelle, de l'intégration des plus pauvres.
- Les hommes de la dissuasion - Arthur Sussmann p. 164-178 Comment se passe la vie dans un sous-marin nucléaire ? Au-delà des questions géopolitiques et stratégiques, l'auteur nous livre ici une véritable psychologie du sous-marinier, à travers la description des conditions de vie si particulières des « hommes de la dissuasion ».
- Leonardo Sciascia : L'inquisiteur et l'hérétique - Daniel Chambet p. 179-188 L'œuvre de l'écrivain sicilien Leonardo Sciascia (1921-1989) explore le lien entre violence et pouvoir. Ses romans policiers et ses romans historiques font la chronique fidèle de la résistance impuissante de quelques opinions tenaces contre l'imposture des pouvoirs, que ce soit ceux de l'Inquisition espagnole, des barons siciliens ou des Brigades rouges.
- Lionel Ray : Réveil baroque sur fond de mystique nocturne - Jacques Darras p. 189-193
- Les marchés financiers disent-ils la vérité ? - François Meunier p. 142-157
Journal
- Tsipras, un renouveau politique ? - Olivier Passet p. 194-198
- Les failles de la gouvernance européenne - Anne-Laure Delatte p. 198-200
- Une tragédie gréco-européenne - Michail Dimitrakopoulos p. 200-204
- Uber et les taxis : qui doit s'adapter ? - Jean-Baptiste Soufron p. 204-208
- L'écologie franciscaine du pape - Marc-Olivier Padis p. 208-210
- L'œuvre-fleuve au cinéma - Louis Andrieu p. 211-213
- Jacob Lawrence : une autre histoire de migration - Dick Howard p. 213-216
Bibliothèque
- Bibliothèque - p. 217-238