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Revue | Annales de géographie |
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Numéro | no 656, 2007/4 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Dépoldériser en Europe occidentale De-polderizing in Western Europe - Lydie Goeldner-Gianella p. 339-360 Un étonnant mouvement de rétrocession des polders à la mer, appelé « dépoldérisation », a vu le jour en Europe occidentale il y a 25 ans. Malgré une ampleur encore limitée, ce mouvement, qui intervient après la constitution de 15 000 km2 de polders depuis le XIe siècle, soulève des questions fondamentales sur les plans écologique, économique, paysager et défensif. Cet article constitue une réflexion sur l'ensemble des enjeux en présence, les acteurs impliqués dans cette politique controversée et les réactions sociales suscitées. Il s'achève par une classification distinguant, par leurs objectifs, leurs acteurs et leur localisation, quatre types majeurs de dépoldérisation.Twenty-five years ago a surprising process of giving back reclaimed land to the sea — called “de-polderization” — has arisen in Western Europe. In spite of its small expansion, this process brings up fundamental questions concerning nature protection, economical interests, landscape and sea defence, because it has developed after the reclamation of 15 000 km2 of tidal marshes since the XIth century. This article puts emphasis on the different stakes involved, on the actors implied in this much debated policy and on the engendered social reactions. It ends with a classification distinguishing four types of de-polderization according to their objectives, their actors and their location.
- Patrimoine : un objet révélateur des évolutions de la géographie et de sa place dans les sciences sociales - Vincent Veschambre p. 361-381 Cet article décrit l'émergence de la problématique du patrimoine en géographie, en situant la discipline parmi les autres sciences sociales. Par rapport aux historiens, urbanistes, ethnologues, sociologues, les géographes sont à la fois moins précocement investis dans ce champ d'étude et moins visibles, alors que la dimension spatiale de la construction du patrimoine a été soulignée dès les années 1980. Objet transdisciplinaire par excellence, le patrimoine révèle à la fois le caractère relativement récent d'une insertion assumée de la discipline dans les sciences sociales et la moindre légitimité qu'elle continue à occuper. Ce travail est également l'occasion de préciser la manière dont le patrimoine est abordé dans la discipline. Nous avons identifié trois grands types d'approches parmi les géographes : l'une axée sur la place du patrimoine dans l'aménagement et le développement local, l'autre sur le patrimoine comme vecteur de construction identitaire, la dernière sur les jeux d'acteurs et les conflits, autour de patrimonialisation. C'est à travers ces deux dernières approches que l'apport des géographes nous semble le plus stimulant. En envisageant le patrimoine comme un des paramètres de la construction des groupes sociaux dans la dimension spatiale, et comme point d'appui pour l'appropriation de l'espace.Heritage, as a significant tool to understand the developments of geography and its place in the social sciences This paper describes the emergence of geographical issues — related to other social sciences — on heritage. Even though the spatial dimension of the construction of heritage has been underlined since the 1980's, geographers, unlike historians, urban planners, ethnologists, sociologists... , have not precociously and notably been involved in this research field. A transdisciplinary topic par excellence, the concept of heritage testifies to the relatively recent — and not yet fully held — integration of geography into social sciences. This paper aims at clarifying the geographical approach to heritage. We identify three major points of view : the first one focuses on the position of heritage in land planning and development, the second gives evidence to the role of heritage in the construction of identities, and the third analyses the relationships of the various actors and their conflicts on the concept of heritage and its implementation. These last two approaches appear to be the most stimulating for geographers, analysing heritage as one of the parameters of the construction of social groups in its spatial dimension and as an asset for spatial appropriation.
- Entre aménagement et environnement, la naissance avortée d'un projet aléatoire : le barrage de Chambonchard - Philippe Garnier, Sylvain Rode p. 382-397 Le barrage de Chambonchard est un exemple de grand projet avorté. Il fut programmé à une période où, culturellement, ce type d'ouvrage correspondait à une vision de l'aménagement du territoire. Au moment où sa création ne suscitait pas d'opposition, le projet ne fut pas porté par un besoin clair et impérieux. Les justifications se sont multipliées, parfois en se contredisant. Lorsque l'idée de barrage est relancée par un organisme structuré et déterminé — l'EPALA —, la donne économique n'est plus la même et le regard de la société sur ce type d'aménagement est en train de changer : le projet est alors vigoureusement contesté par les écologistes. L'abandon récent, après une quasi naissance chaotique, marque probablement dans l'opinion et les politiques publiques une nouvelle lecture de l'environnement.Between regional planning and environment. Failure of a risky project : the Chambonchard dam The Chambonchard dam is a good example of failed great project. It was programmed at a time when culturally this type of work corresponded to a particular vision of regional planning. The project's announcement did not cause much opposition ; it was not anyhow supported by a clear and pressing need. Justifications multiplied, sometimes contradicting one another. When the project was laundered again by action of a structured and determined organization, the economic situation was no longer the same and the vision of society for this type of installation had changed : this project is firmly opposed by ecologists. After nearly coming to life, the project was abandoned ; in the public opinion and public policies it probably marks a new reading of the environment.
- Évolution de la gouvernance métropolitaine à Sydney - Gérald Billard, François Madoré p. 398-417 Sydney est la plus grande aire métropolitaine d'Australie, avec ses quatre millions d'habitants, soit un cinquième de la population du pays. Elle est tout à fait exemplaire d'un modèle urbain hybride, avec d'un côté une dynamique d'accession à la propriété d'un pavillon support d'un étalement urbain de type nord-américain et, de l'autre, une division sociale atténuée couplée à une valorisation des espaces les plus proches du downtown, caractéristiques d'une métropole européenne. Par ailleurs, l'article explore l'histoire et les effets de la gouvernance spatiale métropolitaine, en montrant les espoirs mais aussi et surtout les limites des multiples tentatives de planification urbaine à Sydney, afin de réduire ou de contrôler l'étalement spatial.Evolution of the metropolitan governance in Sydney Sydney is the largest metropolitan area in Australia with 4,1 millions inhabitants : 20 % of the Australian population. Sydney is a perfect example of a hybrid urban model. On the one hand, the metropolitan morphology is characterised by the low density of housing (property owners) in the suburbs like in North-American cities. On the other hand, the mitigated social polarization and the attractive inner city remind the profile of European cities. This paper investigates the history and the impacts of the spatial metropolitan governance with the aim of showing the limits of several tries of the urban planning action to reduce or control the urban sprawl.
- Densité, pauvreté et politique. Une approche du surpeuplement rural en Éthiopie - Sabine Planel p. 418-439 Les campagnes éthiopiennes, et plus particulièrement celles du Sud éthiopien, connaissent une accumulation démographique ancienne à laquelle les populations rurales font face avec des difficultés croissantes. Dans un nouveau contexte marqué par une paupérisation grandissante, l'intégration à des politiques de développement agricole impulsées par l'État central, et la raréfaction des ressources foncières, la capacité de réaction des sociétés rurales à des crises conjoncturelles — notamment climatiques — diminue. Le dérèglement des mécanismes d'ajustement interne entre fortes densités et développement économique pose la question d'un surpeuplement structurel de ces espaces. Or dans la recherche des causalités du surpeuplement, les facteurs strictement démographiques pèsent peu au regard de l'impact des politiques de développement agricole mises en œuvre régionale-ment. Il s'agit ainsi d'étudier les manifestations d'un surpeuplement complexe et polymorphe à travers le constat d'une forte pénurie foncière, la variété des symptômes du surpeuplement et les recours migratoires mis en place par les populations locales comme par l'État éthiopien.Population density, poverty and politic. How to look over rural overpopulation in Ethiopia Overpopulation is a multi-causal phenomena primarily relating to economical and political spatial organization, rather than strictly depending on high human densities. Ethiopian rural societies, and especially those living in the south, are accustomed to high population pressure that used to lead them to agricultural intensification. Nowadays, economical context has changed and peasants find themselves incapable of supporting such densities. Compared to previous decades, reacting capacity of rural societies has decreased, thus weakening rural spaces. Overpopulation seems to define Ethiopian's countryside situation. But this situation is less due to high pressure population than to the political and economical context created by the modern Ethiopian State ; the impact of agricultural development politics decided by the central government are partly responsible for this evolution. The aim of this article is therefore double : describing the complexity of Ethiopian overpopulation process, the decreasing of rural societies' adaptabilities, while pointing out that this kind of overpopulation is not mainly linked to population pressure but rather to frame structures. In the first part, we will measure the lack of arable land and its consequences on agrarian practices, then, we will present some aspects of this overpopulation, stressing on those depending on economical and political frames evolution. In the last part we will focus on a specific answer to such land pressure, the migration process, including the population resettlement programs put into effect since Derg's government.
- Comptes rendus - p. 440-448